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[Webinaire] D’où viennent nos légumes ? La journée d’information SNHF, partie 4/4

Partie 4 : Les légumes originaires d’Amérique
Webinaire

Programme

  • La patate douce, par Alain Bonjean
  • La tomate, par Mathilde Causse
  • Les piments, par Véronique Lefebvre
  • Le haricot, par Dominique Bleton

Ces journées d’information s’organisent en une conférence en présentiel le 16 novembre suivie de trois webinaires : les 5, 12 et 19 décembre 2023.

Toutes les informations sur les journées d’information de la SNHF 2023

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La tomate, par Mathilde Causse

Les piments, par Véronique Lefebvre

La patate douce

Les intervenants

Grâce à ses formes, ses couleurs et son goût caractéristiques, la tomate est un des légumes les plus populaires dans le monde. L’espèce cultivée, Solanum lycopersicum, fait partie de la famille des solanacées. Elle est originaire d’Amérique du Sud où elle a été domestiquée à partir de l’espèce S. pimpinellifolium. La tomate de type cerise, S. lycopersicum var. cerasiforme, a été très tôt décrite comme l’ancêtre domestiquée de la tomate cultivée.

La domestication a entraîné une augmentation de la diversité de la forme et de la couleur des fruits et une augmentation de leur taille. Elle a conduit dans un second temps aux types à gros fruits qui ont été ramenés à partir du XVIe siècle en Europe. La caractérisation moléculaire d’un grand nombre d’accessions a permis de confirmer cette évolution en deux temps. À partir du XXe siècle, la tomate s’est répandue dans le monde entier et a commencé à être sélectionnée. Cette sélection a porté depuis ses débuts sur des caractères comme le rendement, les résistances aux maladies, la qualité des fruits.

Les 12 espèces sauvages apparentées à la tomate peuvent être croisées de façon plus ou moins aisée avec la tomate cultivée et ont joué un rôle capital dans l’amélioration variétale. Les espèces sauvages ont été la source de nombreux gènes de résistance aux maladies et d’adaptation aux conditions adverses, et des variétés résistantes à une ou plusieurs maladies ont été développées, conduisant à une très grande diversité de variétés. Nous décrirons l’évolution de cette espèce au fil des siècles et comment l’amélioration poursuit sa diversification.

Mathilde Causse est directrice de recherche à l’Unité de Génétique et Amélioration des Fruits et Légumes du Centre INRAE d’Avignon. Elle dirige un groupe de recherche sur la génétique et les bases moléculaires de la qualité des fruits de tomate.  Son groupe a cartographié et caractérisé plusieurs gènes/QTL contrôlant la qualité des fruits de la tomate. Elle est désormais davantage impliquée dans l’analyse de l’impact des stress environnementaux sur la qualité et la production des tomates et dans l’utilisation de la sélection génomique à des fins de sélection. Elle a publié plus de 100 articles dans des revues internationales. Elle est membre correspondante de l’Académie d’agriculture de France.

Consommé dans le monde entier et utilisé par les industries agroalimentaire, cosmétique et pharmaceutique, le piment (Capsicum spp.) est la troisième espèce de légume la plus largement cultivée à l’échelle mondiale avec 3,6 millions d’hectares en 2021, et sa production ne cesse d’augmenter. Sa vaste répartition géographique dans le monde fait qu’il est confronté à une diversité d’environnements et d’agents pathogènes qui provoquent des pertes de rendement significatives.

Les espèces cultivées et sauvages de piment et poivron montrent une diversité phénotypique très riche, source de nouveaux gènes d’intérêt. L’exploration des ressources génétiques intra- et interspécifiques permet de déchiffrer les bases génétiques des caractères agronomiques et ouvre des voies vers une agriculture durable. Une analyse phylogénétique de 311 accessions de C. annuum, l’espèce la plus cultivée, a permis de décrire différents groupes d’accessions et l’émergence de ces groupes au cours des processus de domestication et de l’histoire de la création variétale du piment (1). Plusieurs gènes de domestication, des introgressions et des fixations d’allèles expliquent la transition entre les groupes.

Une seconde analyse a porté sur la diversité génotypique (à l’aide de ~26 000 SNP, single nucleotide polymorphism) au sein de plus de 10 000 accessions de Capsicum spp. provenant de dix banques de gènes. L’étude de la similarité génétique entre pools de diversité géographique a révélé qu’après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb au XVe siècle, le piment s’est propagé dans l’ancien monde en suivant les routes commerciales historiques, maritimes et terrestres (2). Sachant que les caractéristiques de développement du fruit et de la plante qui déterminent le rendement et la grande diversité des types variétaux sont fortement dépendantes des conditions environnementales, nous avons phénotypé une core collection de 423 accessions couvrant la variabilité à l’échelle mondiale pour une trentaine de traits phénotypiques dans cinq environnements contrastés (France, Italie, Turquie, Israël et Taiwan). Nous avons ainsi identifié plus de 700 associations phénotype-SNP significatives, qui se regroupent en 423 QTL (Quantitative Trait Loci). Au total, 114 de ces QTL sont détectés dans différents environnements et ont un fort niveau de confiance ; ils deviennent donc des cibles privilégiées en création variétale. La centaine de gènes candidats identifiés pour ces QTL constitue une ressource essentielle pour sélectionner des variétés a priori capables de faire face au changement climatique (3).

  • Cao et al. 2022, Mol Plant
  • Tripodi et al. 2021, PNAS
  • McLeod et al. 2023, Plant J

Ingénieure agronome de l’INA-PG et après un DEA en Amélioration des plantes de l’université Paris XI–Orsay–INA-PG, Véronique Lefebvre fait un séjour à l’université de Cornell aux USA puis une thèse à l’INRA d’Avignon qu’elle défend en 1993. Recrutée chargée de recherche INRA, elle conduit des recherches sur les bases génétiques, moléculaires et fonctionnelles des caractéristiques agronomiques clés du piment et de la pomme de terre. Elle dirige l’Unité Génétique et Amélioration des Fruits et Légumes (GAFL) d’Avignon de 2011 à 2017. Aujourd’hui, ses travaux visent à identifier les gènes clés de domestication-adaptation des espèces cultivées et des interactions plantes-agents pathogènes-environnements.

Les haricots sont arrivés d’Amérique dans les cales des galions espagnols et portugais. Ils n’ont commencé à être cultivés et consommés en Europe qu’au bout d’un siècle. Pour des raisons linguistiques, ils ont longtemps été confondus avec d’autres légumineuses alimentaires à grosses graines comme les pois, les fèves ou les gesses (pois carrés), tous originaires de l’ancien monde. Espèce rarissime en Europe jusqu’au mariage de Catherine de Médicis en 1533 qui l’a répandu dans le Lauragais où il est à l’origine du fameux cassoulet. Le botaniste Fuchs ne les a identifiés botaniquement qu’en…1542. Et il a fallu attendre 1651 pour que l’espèce soit reconnue comme telle et non plus confondue avec d’autres légumineuses à graines.

Parmi celles-ci, le haricot commun (Phaseolus vulgaris) a un statut très particulier.  Consommé en gousse, son image est très valorisée. Il accompagne traditionnellement les viandes rouges dans les repas de fête. À l’état sec, son image est celle d’un aliment de pauvre, protéine végétale, bon marché, trop calorique, dure à cuire et provoquant des flatulences inacceptables. Sous son statut de légume vert (de legumen = gousse en latin), l’inévitable question posée au semencier ou au sélectionneur est : « Y a-t-il du fil dans vos variétés ? » On oublie totalement qu’en Amérique, cette espèce était à l’origine consommée exclusivement en grains. Donc leurs gousses comportaient du fil et du parchemin.

Pour Jean PERNES, (disciple de HARLAN, chercheur au CNRS et professeur de génétique à la faculté d’Orsay), la domestication à des fins alimentaires des espèces végétales comme les graminées ou les légumineuses neutralise les gènes impliqués dans leur dissémination. Pour les graminées, ce sont les zones d’abscission du rachis qui sont concernées. Pour les légumineuses, c’est le fil de la gousse qui provoque leur éclatement à maturité et la projection de leurs graines loin de la plante mère. Toutes les espèces sauvages de Phaseolus sont à fil. Par ailleurs, elles sont la plupart du temps à croissance indéterminée (pour assurer leur compétitivité en conditions naturelles) et photopériodiques de jours courts en raison de leur origine tropicale.

Le centre d’origine du genre Phaseolus est incontestablement l’Amérique latine. Il s’étend du nord du Mexique au nord-ouest de l’Argentine. La Faculté de Gembloux a étudié de façon approfondie le pool génétique de ce genre et Daniel Debouck a décrit pas loin de 70 espèces. Cinq d’entre elles ont été domestiquées :

  • Phaseolus vulgaris ou Haricot commun : c’est celui que nous consommons.
  • Phaseolus dumosus ou Haricot acalete : beaucoup plus rare et limité à l’Amérique centrale.
  • Phaseolus coccineus ou haricot d’Espagne : surtout cultivé en Grande-Bretagne ou comme plante ornementale.
  • Phaseolus acutifolius : localement proche de l’acalete et marginal comme lui.
  • Phaseolus lunatus ou haricot de Lima, utilisé exclusivement en grain et consommé aux USA à l’état demi-sec.

Paul Gepts a beaucoup étudié les caractéristiques et les relations entre les deux principaux centres d’origine de P. vulgaris : à savoir le pool méso-américain et le pool andin.

Globalement, les anciennes variétés de nos haricots cultivés seraient plutôt d’origine andine, et l’amélioration génétique des variétés modernes serait due, entre autres, à des gènes, donc des caractères trouvés dans le pool méso-américain.

Durant tout le XVIIe et XVIIIe siècle, leur acclimatation en Europe et en Amérique du Nord a d’abord été le fait des producteurs maraîchers qui ont appliqué la seule méthode connue à l’époque : la sélection massale. Cette histoire est très mal connue, car elle a donné lieu à très peu de littérature.

Les premiers génotypes multipliés étaient obligatoirement des types grains. D’origine tropicale, ils fleurissaient sans doute très tardivement et donnaient probablement des goussettes juste avant les premières gelées. C’est sans doute là l’origine des haricots verts qui comportaient donc du fil et ont abouti aux variétés locales que nous connaissons encore comme « Triomphe de Farcy » ou « Fin de Bagnols ».

Il aura fallu le blocus de la Grand Bretagne et la réaction de Napoléon pour que des botanistes et jardiniers éclairés comme Vilmorin et d’autres sélectionneurs découvrent la sélection généalogique pour accélérer l’adaptation de l’espèce à notre environnement et à nos attentes.

Il aura ensuite fallu la collaboration entre la recherche publique et privée pour oser tenter des hybrides interspécifiques entre des espèces sauvages et nos variétés cultivées afin de créer des types totalement nouveaux comme les mangetouts extra-fins récoltables mécaniquement.

Aujourd’hui, différentes banques de gènes dans le monde conservent des dizaines de milliers d’entrées de différentes origines, dont beaucoup existent encore à l’état spontané dans la nature. Les deux plus importantes sont probablement celle du CIAT (Centro International de Agronomia Tropical) et celle d’une Université américaine.

Il est aujourd’hui techniquement possible de réaliser des OGM de Phaseolus vulgaris, mais la faible importance économique des semences de haricots et la mauvaise cote de cette technologie ont découragé toute initiative en ce domaine.

Cependant, la fantastique biodiversité et l’immense intérêt alimentaire et agronomique de ce genre lui laissent espérer un bel avenir.

Dominique Bleton

  • DEA d’Amélioration des Plantes en 1978 (Yves Demarly, Jean Pernes, Rosine Depaepe)
  • DT chez Blainco à St Rémy de Provence de 1978 à 1981.
  • Sélectionneur de pois et de haricots chez Clause à Cambrai de 1982 à 1990.
  • Sélectionneur de pois protéagineux chez Pioneer à Oucques de 1991 à 1992.
  • Sélectionneur de haricots indépendant depuis 1993.

Les intervenants

Yvette Dattée

Docteur d’État, Yvette Dattée a été enseignant/chercheur à l’Ecole Normale Supérieure puis à l’Université pendant les 20 premières années de sa carrière. Elle est ensuite entrée à l’INRAe où elle a dirigé le GEVES (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences). Elle a présidé EUCARPIA l’association européenne d’amélioration des plantes de 1989 à 1992.
Aujourd’hui retraitée, elle est membre de l’Académie d’Agriculture de France et Présidente du conseil scientifique de la SNHF.

Noëlle Dorion

Noëlle Dorion est ingénieur horticole et docteur en physiologie végétale. Elle est Professeur honoraire Agrocampus Ouest, spécialisée en biologie cellulaire et physiologie du développement des plantes ornementales. Elle a été présidente de la section plantes ornementales, à parfum, aromatiques et médicinales du CTPS (comité technique permanent de la sélection).

Alain Toppan

Après des études de phytopathologie et biochimie, il poursuit en tant que chercheur au CNRS, puis intègre une société de biotechnologie, en charge de projets de création de plantes transgéniques résistantes aux champignons pathogènes.  Il poursuit ensuite au sein de groupes coopératifs, responsable du développement de maïs transgéniques et enfin dirige une société de recherches en biotechnologies végétales, spécialisée en transgénèse et génomique. 

Jeu de noël de la bibliothèque

Gagnez des livres

La bibliothèque de la Société nationale d’Horticulture de France (SNHF) vous invite à célébrer la fin de l’année en participant à son JEU-CONCOURS de fin d’année. Du 4 au 31 décembre 2023, tentez votre chance pour remporter l’un des trois ouvrages exceptionnels sous le sapin. Un grand merci à l’équipe des bénévoles de la bibliothèque pour l’organisation de ce concours !

Les lots en jeu sont les suivants :

  • « Le Grand Larousse des 15000 plantes et fleurs de jardin » de Patrick MIOULANE. Une édition Larousse de 2015, un beau livre de 1104 pages, d’une valeur de 79,95€.
  • « À Rebours » de Joris-Karl HUYSMANS. Une édition Gallimard, livre d’art de 256 pages, d’une valeur de 35€.
  • « Abeilles sauvages » de Philippe BOYER. Édité par Ulmer, ce livre de 144 pages est d’une valeur de 24.90€.

Comment participer ?

Pour participer, suivez ces simples étapes :

  1. Rendez-vous à la bibliothèque de la SNHF avant le 31 décembre. Pour prendre rendez-vous et préparer votre venue, contacter bibliotheque@snhf.org
  2. Remplissez le bulletin de participation qui se trouve en salle de lecture. Une face recto du bulletin pour noter vos coordonnées et une face verso pour laisser s’exprimer votre créativité. Exprimez-vous librement en remplissant le verso du bulletin avec un dessin, une citation, ou toute autre création artistique de votre choix en lien avec les jardins ou le végétal. Dessins, croquis, citations, humour, etc. Vous avez le choix des armes !
  3. Placez le bulletin dans l’urne et patientez jusqu’à début janvier.

Les résultats seront dévoilés de la manière suivante :

Tirage au sort : Le 3 janvier 2024, Anne-Marie Slézec, vice-présidente de la SNHF en charge de la bibliothèque, procédera au tirage au sort de trois bulletins dans l’urne. Le 5 janvier, les bénévoles de la bibliothèque évalueront et classeront les trois dessins sélectionnés par ordre de préférence, attribuant ainsi les trois lots.

Les heureux gagnants recevront leurs lots en main propre à la bibliothèque de la SNHF en janvier. Participez et laissez libre cours à votre créativité pour tenter de remporter l’un de ces passionnants ouvrages !

Pour aller plus loins

[Webinaire] D’où viennent nos légumes ? La journée d’information SNHF partie 3/4

Partie 3 : Les légumes originaires d’Asie.
Webinaire

Programme

  • L’aubergine, par Marie-Christine Daunay
  • L’ail, l’échalote et l’oignon, par Jacky Brechet
  • La carotte, par Emmanuel Geoffriau

Toutes les informations sur les journées d’information de la SNHF 2023

REVOIR LES CONFÉRENCES

L’aubergine, par Marie-Christine Daunay

L’ail, l’échalote et l’oignon, par Jacky Brechet

La carotte, par Emmanuel Geoffriau

Les intervenants

Origine et diversification

L’aubergine (Solanum melongena L.) est originaire du sud-est asiatique. Ce sont les civilisations anciennes d’Inde et de Chine qui ont, successivement ou peu ou prou concomitamment, procédé aux premières sélections et mises en culture de types moins épineux, produisant de plus gros fruits, moins amers, de formes variées (de rond à très long), et de coloration diversifiée (blanc, vert, plus ou moins anthocyané, uniforme ou bigarrée).

Bien que la domestication de l’espèce soit donc ancienne, on trouve encore des formes sauvages (plutôt pseudo-sauvages, ou spontanées) dans l’arc géographique qui court du Pakistan aux Philippines, essentiellement à proximité des champs et des villages.  Comme l’aubergine est un légume commun très cultivé et consommé en Asie, ces formes « sauvages » coexistent à proximité des variétés cultivées, et du fait d’une morphologie florale favorisant l’allogamie, s’intercroisent spontanément avec elles. Ces flux de gènes naturels ont abouti à une « pollution » du compartiment sauvage, observable en particulier de l’Inde à l’ancienne Indochine, où les formes spontanées présentent parfois, dans une grande variété de nombres et de combinaisons, des caractères domestiqués.

D’autre part, si les préférences des populations locales ont à la fois créé au fil des siècles des variétés cumulant des caractères domestiqués (spinosité réduite, gros fruits solitaires, de formes et couleurs diversifiées, faiblement amers), elles ont aussi créé des variétés locales combinant diversement caractères domestiqués et caractères sauvages (comme une très forte spinosité, et/ou des inflorescences à fleurs multiples, et/ou des fruits sphériques, de très petit calibre – inférieur à 2-3 cm –, et/ou de couleur verte réticulée). Les marchés de légumes thaïlandais sont très illustratifs de l’absence de frontière claire entre les deux compartiments, « sauvage » et cultivé, de l’aubergine. Dans ce pays, les villageois établissent, parmi les plantes d’aubergine poussant spontanément dans leur environnement immédiat, une distinction étonnante entre celles qu’ils considèrent comme « sauvages » et qu’ils détruisent parfois (à petits fruits ronds, verti-réticulés, ternes, très amers, et souples sous la dent), et celles qu’ils récoltent à l’occasion, dont les fruits ont un aspect un peu moins terne, sont peu amers et croquent sous la dent.

Statut botanique des formes sauvages

Après des controverses sur le statut taxonomique des formes sauvages, il est actuellement admis qu’elles méritent, pour plusieurs raisons, d’appartenir à l’espèce Solanum insanum L. et d’être distinguées de l’aubergine cultivée, Solanum melongena L.  Leur régime « naturel » (libre) de reproduction, très distinct de celui des variétés cultivées actuellement (sélectionnées par l’Homme dans un régime de reproduction totalement artificiel et contraint), est le principal argument en faveur de ce statut.

Voyages de l’aubergine

Les traces textuelles les plus anciennes de l’aubergine sont chinoises et indiennes. Remontant au tournant de l’avènement de l’ère chrétienne, elles relatent l’usage à la fois médicinal et alimentaire de l’espèce, et mettent souvent aussi en garde contre ses effets néfastes sur la santé. Poésie, dictionnaires, traités médicaux-botaniques et agronomiques ultérieurs, permettent ensuite de suivre les voyages de l’aubergine vers l’est (elle aurait atteint le Japon au VIIIe siècle apr. J.-C.), et vers l’ouest. Sur ce long trajet, son arrivée au Moyen-Orient n’est pas encore documentée précisément à ce jour, du fait de la difficulté d’identification, d’accès (et de compréhension) des sources anciennes locales. L’espèce n’était connue ni des Grecs ni des Romains, alors qu’ils firent des incursions et conquêtes à l’est de la Méditerranée. L’aubergine est mentionnée dans certains ouvrages médicaux perses tardifs, comme ceux des érudits Rhazès (865-925) et Avicenne (980-1037), mais on peut supputer que l’aubergine atteignit le Moyen-Orient plus tôt que les IXe ou Xe siècles, à une période située entre la scission de l’empire romain à la fin du IVe siècle et l’hégire (570-632).

En effet, la suite des voyages de l’aubergine vers l’Afrique et l’Europe est liée au fulgurant expansionnisme arabe, par terre et mer, entre les VIIe et VIIIe siècles. Dès le VIIIe siècle, l’espèce est mentionnée en Éthiopie où de nombreux termes linguistiques la décrivent. Son premier signalement en Europe du Sud se trouve dans un abrégé de médecine rédigé vers 850 apr. J.-C. à Cordoue (Andalousie) par Abd al-Malik ibn Habib où elle est mentionnée par son nom arabe badhinjan. Au XIIe siècle, en Andalousie, le médecin Averroes et l’agronome Ibn Al Awam la décrivent comme un légume commun et apprécié dans le sud de l’Espagne. En Italie, à la même période, l’aubergine est décrite dans le Circa instans (De simplici Medicina ou livre des simples médecines) de Matthaeus Platearius (11..-1161). Ce médecin de l’école de Salerne compila en un seul traité tous les savoirs et traditions médicaux et thérapeutiques grecs, arabes et de Salerne. Comme les érudits perses, Platearius mentionne les dangers sanitaires de l’aubergine, tout comme ses vertus médicinales ou alimentaires moyennant des précautions d’emploi qu’il détaille. En Europe septentrionale, un peu plus tard, Albertus Magnus (v. 1200-1280), philosophe, théologien et scientifique germain, mentionne l’aubergine dans son De Vegetabilibus.

Représentations graphiques de l’aubergine en Europe

Les premières illustrations (colorées !) européennes d’aubergine se trouvent dans de nombreux herbiers illustrés à partir de la fin des années 1200, début des années 1300, et dérivés des compilations textuelles antérieures. Leurs dessins colorés sont botaniquement peu précis, mais ils nous donnent l’opportunité de voir les aubergines de l’époque, avec leurs fruits ronds ou ovoïdes, blancs, mauves ou plus foncés. Les plus belles illustrations d’aubergine se trouvent dans des manuscrits tardifs, connus sous le nom de Tacuinum Sanitatis ou Tables de Santé. Ces ouvrages, illustrés de miniatures magnifiques, dérivés du traité médical Taqwim al-sihha bi al-ashab al-sitta (renforcer la santé par six causes) du médecin bagdadi Ibn Butlan (XIe siècle), ont été composés entre 1380 et 1450 pour des familles aristocratiques du nord de l’Italie.

Le réalisme des représentations d’aubergine (et de toutes les plantes) sera cependant nettement amélioré dans les herbiers peints de Leonhardt Fuchs (1543) et de Georg Oellinger (1553), respectivement médecin et apothicaire. L’invention de l’imprimerie (v. 1455) permettra la création et une large diffusion des herbiers imprimés, dont le texte sera illustré de gravures sur bois qui, pour l’aubergine, reprendront souvent le dessin de Fuchs avec des petits fruits. Les premiers fruits longs sont représentés dans le Historiae Generalis Plantarum de Dalechamps (1586). À partir du XVIe siècle, les supports sur lesquels des aubergines sont représentées deviendront de plus en plus des œuvres de valeur artistique, beaux livres, fresques peintes, bas-reliefs, tableaux et vélins. À partir de la fin du XVIIIe siècle, de nouveaux types de représentation graphique apparaissent avec les premiers catalogues de semences, comme ceux de Vilmorin, qui révèlent brutalement la présence en France d’une diversité de tailles, formes et couleurs de fruits invisible jusque-là, mais sans doute déjà introduite via l’intensification des échanges commerciaux au fil des siècles et la curiosité européenne pour toutes les nouveautés exotiques.

Représentations graphiques de l’aubergine en Asie

Les plus anciens dessins datent des XIe et XIIe siècles et représentent des fruits sphériques. On peut supposer qu’ils sont blancs en l’absence de remplissage des formes. Le premier dessin coloré (dans le Lüchanyan Bencao, 1220 – Dynastie Song du sud) représente une couleur de fruit absente du matériel européen de la même époque : le calice est violet foncé, tout comme l’épiderme du fruit, sauf à la lisière du calice où l’épiderme est presque blanc. Ce dernier caractère, contrôlé par un gène récessif, est caractéristique du matériel d’Extrême-Orient. Cette couleur particulière est également représentée sur un écran pliable coréen du XVIe siècle. Les estampes de l’époque Edo (1603-1868) ou plus tardives apportent les représentations les plus stylisées de l’aubergine, y associant souvent le faucon et le mont Fuji, en illustration du proverbe japonais selon lequel le plus heureux présage pour la nouvelle année est un rêve associant le Mount Fuji, le faucon et l’aubergine.

L’aubergine aujourd’hui

La sélection sur des bases scientifiques, à partir d’hybridations dirigées pour des objectifs d’amélioration précis, commencera vraiment au XXe siècle, avec les premiers hybrides F1 créés au Japon avant 1935. En France, les premiers hybrides d’aubergine seront créés par l’Inra au début des années 1970, avec F1 Bonica (globuleuse pourpre) et F1 Baluroi (demi-longue pourpre) et cette structure génétique s’est rapidement généralisée, en France et ailleurs, dans la gamme des variétés cultivées. En Europe de l’Ouest, la sélection se concentre sur les formes intermédiaires, la fermeté de la chair, l’absence de graines, la couleur très noire et brillante de l’épiderme du fruit, l’absence d’épines sur la plante et le calice, et l’adaptation à la culture intensive, notamment sous abris et sur de longs cycles de culture, contre-saison comprise. En Asie, les objectifs de sélection sont plus diversifiés, du fait de types variétaux très divers selon les pays, et du fait de l’existence de résistances génétiques à quelques maladies tropicales.

Marie-Christine Daunay

Après une première formation à l’ENITH d’Angers (Ecole nationale des ingénieurs des techniques horticoles, 1974-1977), puis un diplôme d’Etudes approfondies (DEA, 1982) suivi d’une thèse de doctorat (1986) soutenus à l’Université d’Aix Marseille, Marie-Christine Daunay a fait carrière à l’INRAe, Unité de Génétique et Amélioration des plantes de Montfavet (Vaucluse) en tant qu’ingénieur d’étude puis de recherche jusqu’en 2021. Ses domaines de prédilection ont été la sélection, la diversité génétique, les espèces apparentées ainsi que la domestication et l’histoire des solanacées, avec une approche plus particulière sur l’aubergine. Elle a animé plusieurs réseaux de gestion des ressources génétiques des solanacées, en France et en Europe.

  • Partir de la forme sauvage dans les centres d’origine
  • Décrire les introductions jusqu’en Europe au cours du temps
  • Décrire les points forts de la domestication et de la sélection (aspects technique et/ou méthodes) 

L’ail, l’oignon et l’échalote

Ces trois légumes à vocation essentiellement condimentaire sont classés dans les Alliums alimentaires.

Ce genre Allium comprend un très grand nombre de plantes, plus de 700 espèces, parmi lesquelles ces trois-là prennent une place notable dans l’alimentation humaine.

La taxonomie n’est pas définitivement arrêtée dans ce genre, comme on le verra d’ailleurs dans certains exemples évoqués.

On présentera tout d’abord quelques généralités propres à ces trois espèces, avant de situer leur origine historique et leur domestication, ce qui a conduit aux produits que nous consommons actuellement. Les méthodes actuelles de sélection seront précisées.

  1. Quelques chiffres pour situer l’importance alimentaire de ces trois espèces en France

– L’ail, c’est 18 000 tonnes de production/an en France (10 fois moins que l’Espagne). On exporte vers l’UE 10 000 t/an mais on importe (d’Espagne, Chine et Argentine) 28 000 t/an. Au final, 36 000 t sont consommées annuellement dans notre pays.

– L’oignon, dont près de 600 000 t sont produites en France chaque année, a progressé très significativement ces dernières saisons. Avec des exportations en hausse (100 000 t) et des importations stables (135 000 t/an). Au final, la consommation s’établit autour de 635 000 t/an.

Pour rappel, 6 millions de tonnes sont produites dans l’UE dont environ la moitié par l’Espagne et les Pays-Bas.

– L’échalote se situe un peu au-dessus de l’ail en quantités consommées. À une production nationale d’échalote dite traditionnelle proche de 40 000 t/an, viennent s’ajouter environ 4 000 tonnes d’échalote issue de semis.

En comparaison de la quantité totale de légumes consommée en France (plus de 5 millions de tonnes), cela peut paraître assez modeste (à peine 15 %). Mais ces trois plantes ont une vocation principalement condimentaire (un peu moins toutefois pour l’oignon), apportant aux mets avant tout un complément de goût auxquels s’ajoutent quelques arguments bénéfiques sur la santé. Ce qui conduit à relativiser leur importance et leur donne de ce fait une présence conséquente dans l’alimentation humaine.

Leurs propriétés singulières expliquent le travail d’amélioration et de domestication entrepris de longue date par les humains depuis la découverte de ces plantes sauvages dans leurs aires d’origine et au gré des échanges commerciaux.

  1. Un goût et une odeur bien spécifiques

Quand on broie ces trois produits, une odeur forte assez typique de chaque espèce se dégage, due à des précurseurs soufrés qui se transforment en sulfures volatils (par le biais d’une enzyme. Exemple, l’alliinase dans le cas de l’ail).

  1. Les Alliums alimentaires. De quelles plantes parle-t-on ?

Ce sont des plantes généralement herbacées vivaces à bulbes, à feuilles simples, basiques engainantes et aux fleurs formant une ombelle à l’extrémité d’une hampe nue.

Ce sont des monocotylédones hermaphrodites de la famille des amaryllidacées (anciennement liliacées). Les fleurs comportent six étamines entourant un style émergent. Le fruit est une capsule contenant les graines.

Certaines, en plus de leur tendance à la reproduction sexuée par graines, se multiplient végétativement à partir de bulbilles, en général provenant de la souche, parfois des inflorescences.

Parmi les Alliums alimentaires, outre l’ail, l’oignon et l’échalote, on peut citer l’importance du poireau (180 000 t produites en France) et en moindre importance, des produits comme la ciboulette, la ciboule, etc.

  1. L’ail. Aire d’origine de l’ail (Allium sativum)

Le centre de primo-diversification se situerait en Asie centrale, autour de Samarcande en Ouzbékistan (Kazakhstan, Tadjikistan, Xingjiang) avec une branche secondaire en Méditerranée et dans le Caucase et une autre en Afghanistan et au nord de l’Inde. Ces souches sauvages seraient à l’origine des divers cultivars sur lesquels s’appuiera plus tard la sélection moderne.

Ces plantes étant présentes spontanément dans l’environnement de nos ancêtres, leurs propriétés gustatives particulières suscitèrent très vite de l’intérêt. On trouve trace de la présence de l’ail très anciennement, en Mésopotamie, en Égypte, en Grèce et chez les Romains. Peu à peu, leur goût singulier assez puissant suscita l’imagination (en leur attribuant des propriétés souvent favorables : bienfaits sur la santé, sécurité, protection). On peut penser que la relative aisance avec laquelle il était possible de multiplier ces plantes l’année suivante à partir de petits bulbes conservés (gousses, caïeux) fut un facteur d’amélioration notable qui permit de passer progressivement à des formes plus évoluées aux performances accrues. Plus ou moins sciemment sans doute au début, mais beaucoup plus volontairement à partir de 1600 comme on le constate dans la publication de l’agronome français Olivier de Serres : Théâtre de l’agriculture.

  1. La sélection de l’ail

Cette domestication de la plante sauvage par l’homme se poursuivit peu à peu, non seulement dans les aires d’origine mais aussi au fur et à mesure que les échanges commerciaux s’établirent à travers pays et continents.

Des caractères comme la grosseur du bulbe, l’intensité du goût, le comportement cultural plus ou moins aisé (adaptabilité au secteur cultivé avec les aspects de longueur de jour influant sur la tubérisation…) et d’autres propriétés recherchées des utilisateurs, conduisirent à la création de clones sur lesquels le travail de sélection moderne s’installa à partir du milieu du siècle dernier.

Dans les années 1980, un travail collectif de spécialistes physiologistes, sélectionneurs et phytopathologistes a recensé les groupes variétaux d’ail que l’on peut répertorier sur la planète (Les Alliums alimentaires reproduits par voie végétative, ouvrage coordonné par C.M. Messiaen, paru en 1993).

  1. Reproduction par graines et reproduction par voie végétative

Les chercheurs botanistes qui se sont appuyés d’abord sur des caractères comme la morphologie des feuilles pour classer les Alliums, admettent qu’il faut pour cela aller plus loin dans l’étude de leurs organes floraux. Leur mode de reproduction vers la voie végétative, orientation imposée par l’homme chaque fois qu’il en a ressenti l’intérêt, est une tendance toutefois spontanée dans certaines de ces espèces.

Le retour à une production de graines a été favorisé récemment par le travail des sélectionneurs en vue de faire avancer la création moderne dans certains exemples, comme on l’évoquera pour l’ail et l’échalote.

  1. Sélection massale puis clonale de l’ail

Les populations anciennes cultivées traditionnellement à partir de reproduction de bulbes réservés en tant que « semences » pour l’année suivante, étaient par nature très hétérogènes. Les tentatives pour améliorer leurs performances, les homogénéiser en ne gardant que les bulbes les mieux conformés montrèrent vite leurs limites. Aussi il s‘avéra nécessaire d’introduire la notion de sélection clonale à partir de bulbes prometteurs sur plusieurs générations, à même de confirmer cette amélioration, pour se limiter à la culture de ces derniers. Cette méthode fut facteur d’amélioration pour les principaux clones cultivés.

  1. Étape suivante : la régénération par culture de méristèmes

La présence de virus quasi généralisée sur les plantes d’ail en France a amené les chercheurs à utiliser la culture de méristèmes pour une amélioration sanitaire immédiatement perceptible en production. Dans les années 1980, cette technique de laboratoire a permis d’obtenir des résultats probants. Ces petits amas de jeunes cellules situées dans les bourgeons étant quasi exempts de particules virales, leur reproduction en conditions stériles, puis leur culture en tubes à essai et bocaux pour recréer des plants viables, furent le moyen le plus rapide de régénérer des variétés fortement virosées. Les progrès furent importants en ce qui concerne l’assainissement contre l’OYDV (Ognon Yellow Dwarf Virus) ou la « bigarrure de l’oignon ».

  1. L’obtention de plants certifiés à partir de ces variétés améliorées

En pointe dans ces techniques et disposant de bon matériel cultural, la France a mis au point dans les années 1970 en ail (1980 pour l’échalote) une production contrôlée de plants certifiés, destinée ensuite aux agriculteurs cultivant de l’ail de consommation. Un schéma sur plusieurs années (afin de disposer du potentiel de quantité suffisant) fut proposé. Chaque génération servira de plants à la suivante, avec des préconisations culturales strictes et ce sous contrôle d’organisations structurées (Gnis, Soc, Prosemail, Inra…). Ce schéma permit d’assurer aux plants une maîtrise sanitaire indiscutable et donna des garanties de sécurité au produit commercialisé.

  1. Nouvelles techniques de création variétale

L’obtention de nouveaux clones par semis de graines est une voie prometteuse pour les sélectionneurs et a déjà abouti à des nouveautés, cultivées désormais à grande échelle.

Cherchant à poursuivre l’amélioration des variétés proposées aux agriculteurs, de nouvelles techniques furent et continuent de faire l’objet d’innovations parmi les chercheurs travaillant sur cette espèce. Le recours aux biotechnologies ne garantit toutefois pas une réussite aisée de ces programmes, certains étant abandonnés après tentatives infructueuses (mutagénèse par irradiation, mutagénèse chimique). D’autres sont en cours de réalisation (variabilité in vitro…) et pourraient conduire à l’introduction de nouvelles variétés sur le marché, détentrices de caractères intéressants.

  1. L’oignon. Aire d’origine de l’oignon (Allium cepa gr. cepa)

Elle est difficile à situer avec exactitude, les plantes d’origine se situant en Asie centrale très probablement, car sa présence dans l’alimentation remonte à très loin dans toute la région allant de la Palestine au nord de l’Inde (Baloutchistan). On en consommait en Mésopotamie, en Égypte, chez les Grecs et les Romains. Il était conseillé d’en manger dans notre pays en l’an 800 (recommandé dans le Capitulaire de Villis de Charlemagne au début du IXe siècle) et l’oignon était très courant dans la nourriture en Sicile au cours du Xe siècle.

L’oignon était très prisé comme condiment mais aussi, du fait de sa relative douceur pour certaines variétés, en tant que légume, souvent associé à d’autres dans de nombreux plats.

  1. Reproduction par graines de l’oignon

Une graine d’oignon semée au printemps donne généralement un bulbe unique qui est récolté de l’été à l’automne, selon le caractère de précocité de la variété en question. Si on devait la laisser sur place, en conditions pas trop rigoureuses tout l’hiver, on obtiendrait une repousse de la plante au printemps suivant (année N+1) à l’origine du développement d’une hampe florale produisant des graines en cours d’été. Le caractère bisannuel de cette plante est sa caractéristique principale, mais dans la pratique, la production de semences est réalisée à partir des bulbes récoltés l’été et mis en terre au printemps suivant.

C’est une plante dite sensible à la photopériode, classée comme plante de jours longs, avec un renflement de son bulbe situé à sa base. Sa bulbification (parfois appelée tubérisation) intervient de ce fait en été sous nos latitudes pour la majorité des variétés cultivées.

Pour ces raisons, des variétés cultivables plus au nord comme aux Pays-Bas, de même que plus au sud en Espagne par exemple, ne se trouvent pas forcément adaptées aux conditions de culture du Val de Loire, du fait d’une longueur de jours estivale différente. Les sélectionneurs tiennent compte aujourd’hui de ce fait pour proposer sur la planète des variétés adaptées à chaque territoire.

  1. Méthodes traditionnelles d’amélioration

Au fil des siècles, les cultivateurs ont sans aucun doute laissé en terre ou bien conservé à partir de leurs récoltes quelques bulbes utilisés l’année suivante comme futurs porte-graines. Sur deux saisons, une même variété, souvent une population assez hétérogène, s’entretenait ainsi, avec un large brassage de gènes. La fécondation croisée entre ces plantes allogames (surtout entomophile, par les insectes) se combine en effet avec une certaine dose d’autofécondation.

Un travail de sélection plus abouti a débuté au moment où les agronomes ont recommandé de sélectionner les plus beaux sujets pour obtenir les graines au potentiel plus performant. L’exemple des conseils d’Olivier de Serres en 1600 peut de nouveau ici être cité.

Les variétés « populations » issues de ces bonnes pratiques liées à l’observation, furent donc exclusives jusqu’au milieu du siècle précédent (XXe), avant que n’apparaissent les premières nouveautés obtenues volontairement de façon hybridée.

  1. Les variétés hybrides d’oignon

Les établissements semenciers s’appuyèrent sur un travail conséquent pour proposer aux agriculteurs des variétés hybrides dont le principal argument était d’obtenir une homogénéité de plus en plus forte. Cela donnera à la culture un niveau de régularité désormais amélioré, facteur d’accroissement très significatif des rendements. Ainsi, dans leurs catalogues, une multitude de variétés toujours plus compétitives fut offerte aux producteurs qui mirent au point en parallèle, avec les équipementiers, des techniques de culture toujours plus poussées. Cela conduira à des améliorations de performances très significatives.

Avec ces nouvelles variétés, les cultures d’oignons, longtemps cantonnées à des bassins modestes, s’élargirent de ce fait aux grandes plaines céréalières, avec des méthodes qu’on peut qualifier aujourd’hui de résolument industrielles.

L’obtention de ces variétés hybrides de première génération, puis avec des variantes selon des méthodes plus sophistiquées, fait l’objet de travaux de recherches et de mise au point que seules des firmes très spécialisées sont à même d’entreprendre, en parallèle et en relation parfois avec la recherche publique.

En oignon, les critères recherchés sont nombreux, allant de la couleur des tuniques et de celle de la chair, du calibre des bulbes à la fermeté avec des taux variés de matières sèches, l’aptitude à la longueur de jours, les résistances aux maladies (champignons foliaires ou telluriques par exemple), etc. Et le panel de nouveautés proposées chaque année est large désormais, en considération de la puissance des firmes qui œuvrent dorénavant sous toutes les latitudes.

  1. L’échalote. Aire d’origine de l’échalote (Allium cepa gr. aggregatum)

Au sein des Allium cepa, on distingue botaniquement l’oignon (groupe cepa) de l’échalote (groupe aggregatum). Longtemps on a évoqué pour cette dernière une espèce spécifique intitulée Allium ascalonicum, mais désormais la relative proximité avec l’oignon ne semble plus faire de doute au sein de la taxonomie récente. Ce consensus scientifique fut consolidé avec l’inscription distincte des variétés sur le Catalogue officiel des variétés de l’Union européenne dans les années 1990. Et un oignon de forme allongée, au léger goût d’échalote, fut classé d’autre part dans une rubrique spéciale intitulée « échalion » en 1995 au sein de ce même catalogue oignon.

La grande différence entre l’échalote et l’oignon (tout au long de leur histoire ancienne et commune) c’est, outre leur goût bien distinct, la tendance naturelle de l’échalote à se reproduire de façon végétative, quand l’oignon préfère la reproduction sexuée. Si l’aire géographique, difficile à définir avec précision, semble bien recouper celle de l’oignon, (des plantes apparentées existent au Turkestan), nos ancêtres au fil du temps ont probablement remarqué ces propriétés singulières des plantes originelles, qu’ils ont su reproduire pour conduire peu à peu aux types cultivés variés, présents au début du siècle dernier.

La ville d’Ascalon en Judée lui aurait donné son nom (…), mais il est certainement faux d’expliquer que les Croisés sont à l’origine de sa présence en Europe occidentale, alors qu’on trouve l’échalote dans le Capitulaire de Villis dès l’an 800.

On distingue aujourd’hui couramment deux types majeurs d’échalotes, l’échalote rose dite de type « Jersey » et l’échalote grise, plus rare et dont la similarité de caractères la conduise à être classée en tant qu’Allium oschaninii (avec tunique très coriace, chair violacée, racines puissantes, quasi-absence de montaison à graines).

Les chercheurs en systématique ont tenté de préciser les relations de proximité botanique entre échalote et oignon, comparant diverses espèces sauvages regroupées en Alliums et s’en tiennent désormais à cette taxonomie. Les nombreuses appellations populaires des variétés fermières sont facilement source de confusion, nécessitant une certaine prudence pour savoir de quoi on parle.

  1. Les débuts de la sélection de l’échalote en France

Au début des années 1980, des premiers clones collectés à partir de variétés populations fermières, sont régénérés sur le plan sanitaire, à partir de cultures de méristèmes. Débarrassées du virus OYDV, une demi-longue de Jersey (Mikor) et une longue de Jersey (Jermor) issues des travaux de l’Inra, commencent à être cultivées. Leurs performances sont rapidement constatées à la hausse, avec un rendement amélioré de l’ordre de 25 %.

D’autres sont laissés en l’état, car de moindre intérêt commercial (type bretonne ronde, néerlandaise de divers coloris, longue qui monte…).

Les types tropicaux, très cultivés dans des pays comme l’Indonésie, ou chinois, ou encore africains, ne présentent pas non plus d’intérêt en culture dans nos régions.

  1. La production de semences certifiées d’échalote

Similaire à l’ail commencé dans les années 1960, un schéma de production de semences certifiées d’échalote se met en place sous l’impulsion de quelques acteurs au début des années 1980. Inra, Gnis et Soc, Prosemail et organisations professionnelles mettent au point un schéma qui permet en cinq à six générations d’obtenir une quantité de plants (*) certifiés équivalente aux besoins de la profession spécialisée.

(*) En échalote on parlera plus tard couramment de plants plutôt que de semences du fait d’un conflit autour de la détermination botanique, survenant lors de l’arrivée sur le marché d’échalote de semis.

Des règles strictes d’isolement des parcelles de plants, de rotation de terrain, d’épuration et de contrôles par analyses sont imposées, auxquelles s’ajoute une traçabilité précise de tout ce matériel végétal.

L’objectif est de mettre en mains des cultivateurs acquéreurs de ce plant certifié une quasi parfaite garantie sanitaire (contre virus et champignons telluriques…). Les résultats, comme en ail, s’avérèrent rapidement très probants, encourageant à la généralisation de ce schéma, et progressivement des nouveautés variétales furent proposées par un nombre toutefois limité de sélectionneurs.

  1. La création de variétés d’échalote se cultivant à partir de graines

Au tout début des années 2000, un sélectionneur néerlandais propose à la vente des variétés d’échalotes se cultivant de façon relativement similaire à l’oignon, à partir de semis de graines. Au-delà d’un conflit (qui n’est d’ailleurs pas définitivement clos), portant sur la légitimité d’appeler échalote des plantes qui peuvent s’avérer pour certaines botaniquement plus proches de l’oignon, car issues de croisement intra-spécifiques (entre groupe cepa et groupe aggregatum), c’est un enjeu à la fois commercial et de défense de l’authenticité de l’échalote et de son goût qui se joue. Une proportion notable d’échalote issue de semis est à ce jour constatée en consommation, à côté des échalotes dites traditionnelles, fleuron de la production nationale.

Mais au-delà de ce problème, c’est par la production de graines, en provoquant la montaison de clones, que sont passés nos chercheurs nationaux, à l’origine de variétés récentes qui sont cultivées désormais, de retour en reproduction végétative.

  1. L’ail, l’oignon et l’échalote, trois Alliums condimentaires « importés » d’Asie centrale

Originaires des régions du centre de l’Asie, ces trois Alliums représentent une part importante de notre alimentation. Il est loin le temps où nos ancêtres, constatant la particularité du goût et de l’odeur de ces plantes singulières et attrayantes, travaillèrent peu à peu à leur amélioration au fil des siècles.

Leur connaissance scientifique de plus en plus approfondie permet aujourd’hui aux semenciers d’offrir aux agriculteurs des variétés toujours plus performantes, au grand plaisir des consommateurs. Et un travail de fond semble entrepris pour rechercher et sauvegarder des plantes sauvages proches et dont le potentiel génétique est à même de fournir des caractères utiles à la création des variétés de demain.

Jacky Bréchet

  • Ingénieur des techniques agricoles (Enita Bordeaux 1973)
  • Spécialisé en protection des plantes puis en productions légumières
  • Carrière professionnelle en Anjou (1975/2013). Conseils techniques et développement des productions de légumes (Chambre d’Agriculture puis Coopération agricole)
  • Appui aux exploitations et animation responsable du service technique de la SCA Fleuron d’Anjou. Destination d’une large gamme vers le marché du frais : oignons, échalotes, melons, tomates, asperges, radis …. Porteur principal du dossier IGP échalote d’Anjou.
  • Secrétaire technique national de la Section échalote de Prosemail.
  • Membre de la Section potagère du CTPS (représentant les Utilisateurs de semences et plants)
  • Retraité senior bénévole (Ecti 49) depuis 2013 en tant qu’expert légumes (10 missions en Chine…)
  • Engagé dans diverses organisations para-professionnelles agricoles
  • Rédaction récente d’un ouvrage illustré de 180p. « 30 années d’ambition collective pour le développement des légumes en Anjou ».

La carotte n’a pas toujours été consommée pour sa racine et n’a pas toujours été orange. Il s’agit même d’un légume récent. À partir de l’Asie centrale, la carotte a fait le tour du monde avec des évolutions de formes et de couleurs que l’on peut retracer grâce à de l’iconographie, des écrits, mais aussi des marqueurs moléculaires. Grâce à ses maraîchers de ceinture verte, la France est considérée comme un centre de diversification secondaire de la carotte. La riche histoire évolutive de cette espèce se traduit par une importante diversité génétique, encore insuffisamment connue et valorisée.

Emmanuel Geoffriau

Emmanuel Geoffriau est professeur en diversité génétique et agronomie des cultures légumières à l’Institut Agro et chercheur à l’Institut de recherche de l’horticulture et des semences à Angers. Ses recherches portent sur la diversité génétique, la gestion des ressources génétiques et le déterminisme génétique combiné à l’adaptation à l’environnement des caractères de qualité. Il est responsable de la collection française de ressources génétiques de carotte et du groupe de travail ISHS Carrot and other Apiaceae.

Les animateurs

Yvette Dattée

Docteur d’État, Yvette Dattée a été enseignant/chercheur à l’Ecole Normale Supérieure puis à l’Université pendant les 20 premières années de sa carrière. Elle est ensuite entrée à l’INRAe où elle a dirigé le GEVES (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences). Elle a présidé EUCARPIA l’association européenne d’amélioration des plantes de 1989 à 1992.
Aujourd’hui retraitée, elle est membre de l’Académie d’Agriculture de France et Présidente du conseil scientifique de la SNHF.

Daniel Veschambre

Daniel Veschambre, ingénieur horticole, a fait sa carrière au Centre Technique des Fruits et Légumes (Ctifl) ; après un temps de travail de R&D dans le secteur légumes et fraisier, il a occupé divers postes notamment   à la direction du département Qualité des F&L et Protection de l’environnement. Il a finalement dirigé le département Légumes et fraisier du Ctifl pendant 12 ans, en développant notamment les travaux visant à réduire et à trouver des alternatives à l’emploi des produits phytosanitaires de synthèse.

Philippe Morel-Chevillet

  • Diplômé de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs des Techniques Horticoles (ENITHP) d’ Angers, Ingénieur d’étude INRA de 1985 à 2007, Ingénieur de recherche INRA, de 2008 à 2019;
  • 1982-86 : Directeur technique d’une station régionale d’expérimentation en fruits et légumes en Corse
  • 1986-96 : Responsable d’un programme de recherche appliquée puis directeur technique d’une station d’expérimentation en horticulture ornementale (Comité National Interprofessionnel de l’Horticulture à Angers)
  • 1996-2008 : Responsable d’un programme de recherche sur l’agronomie horticole et les supports de culture (INRA d’Angers)
  • De 2008 à 2019 : Co-responsable d’un programme de recherche sur le déterminisme génétique et environnemental de l’architecture du buisson (Institut de Recherche en Horticulture et Semences d’Angers)
  • De 2014 à 2019 : Président du Conseil Scientifique de l’Institut Technique de l’Horticulture ASTREDHOR
  • De 2017 à 2019 : Co-animateur de l’Unité Mixte Technologique STRATège.

Sécheresse et scolytes dans les forêts d’épicéas

La situation

Les conditions climatiques extrêmes de ces dernières années en France ont engendré de multiples crises sanitaires en forêt. Ces dernières prennent la forme d’une importante prolifération de parasites, insectes et champignons, qui provoquent de sérieux dépérissements dans les peuplements. Ainsi, les effets conjugués des printemps et des étés depuis 2018, exceptionnellement chauds et secs, ont entraîné une prolifération de scolytes dans les pessières (forêts d’épicéas).

Les scolytes

Les scolytes constituent un large groupe d’espèces de coléoptères. La plupart des scolytes sont spécifiques d’une essence en particulier.

  • Pour l’épicéa commun (Picea abies), on parle du typographe et du chalcographe,
  • pour le pin sylvestre du sténographe,
  • et pour le sapin pectiné du curvidenté.

Ces insectes, dont la taille varie entre deux et sept millimètres, sont naturellement présents dans notre écosystème.

Le Bostryche typographe

Le Bostryche typographe (Ipst ypographus) est donc une espèce d’insectes coléoptères de la famille des Curculionidae, et de la sous-famille des Scolytinae (originaire d’Eurasie).

Les différents stades du typographe (Image domaine public Wikipédia)

Des scolytes en pleine action (photo Administration de la Nature et des Forêts)

Le typographe n’attaque que les épicéas, ou presque. Il colonise généralement les arbres malades, stressés ou récemment abattus. On parle alors d’épicéas attractifs ou d’épicéas propices à la ponte (ou simplement arbres de ponte). Les mâles partent en pionniers à la recherche de tels arbres. Ils sont attirés par des substances odorantes émanant des tissus corticaux de ces arbres (kairomones) et par les substances attractives sécrétées par leurs congénères (phéromones).

Les mâles forent un couloir de pénétration et après s’être accouplés, les femelles creusent des galeries dans le cambium (une fine couche sous l’écorce) pour y déposer leurs œufs, formant ainsi une nouvelle génération.

C’est le scolyte qui commet les plus gros dégâts dans les forêts d’épicéas, notamment dans le Grand Est, mais aussi dans de nombreuses régions comme le sud du Massif-central.

Les dégâts

Le scolyte est largement visible depuis quelques années dans les peuplements d’épicéas qui rougissent et sèchent. Il se développe rapidement dès que les conditions lui sont favorables, particulièrement dès que les chaleurs s’installent, et il peut y avoir plusieurs vagues de reproduction de ces scolytes.

ONF

Une forêt atteinte dans les Vosges.

photo Anne Lommel

Forêt au sud du Luxembourg.

Il faut rappeler que l’aire de spontanéité de l’épicéa dans nos régions est l’étage montagnard supérieur et le subalpin inférieur humides, en ubac ce qui correspond à son optimum. Les plantations (nombreuses !) en dehors de cette aire le rendent vulnérable à la sécheresse. De plus, l’évolution climatique actuelle tend à remonter les étages de végétation et le met en danger à basse altitude, ce qui fait le bonheur des typographes. D’où l’intérêt de bien respecter l’écologie des essences introduites et de prendre en compte les enseignements des arboretums anciens pour les essences exotiques.

L’arbre a une capacité naturelle pour se défendre contre le scolyte : quand l’insecte le pique, il produit de la résine qui englue le typographe et le tue. Mais quand le temps est à la fois sec et chaud, l’arbre ne contient plus assez d’eau pour produire de la résine, il devient alors vulnérable.

Les peuplements qui ont encore un approvisionnement en eau à peu près correct sont épargnés, au-delà de 500 à 600 m d’altitude les arbres se portent mieux, parce que les températures sont moins élevées…

À noter que même dans les plantations mixtes, résineux et feuillus, le scolyte lorsqu’il est présent provoque le dépérissement notable des épicéas.

L’épicéa devrait se maintenir dans les pays scandinaves et les montagnes dont il est originaire et disparaître dans les plaines de l’Europe centrale, et d’Allemagne, ainsi qu’en France, en basse altitude, dans les régions est, centre et sud-ouest. En effet, ce problème se généralise en raison du changement climatique.

Une détection précoce est nécessaire.

Les résineux de plaine, en versant sud et ouest, et plus généralement dès qu’un manque d’eau ou d’humidité se fait senti, sont les plus rapidement touchés.

L’insecte se propage ensuite en volant d’arbre en arbre. On reconnaît un arbre infesté à de nombreux trous de quelques millimètres accompagnés de dépôts de sciures sur le tronc et au pied de l’arbre. Habituellement, et pour l’instant, ce sont des peuplements d’au moins 25 ans qui sont touchés.

Il faut remarquer que le scolyte transporte un champignon de bleuissement de la famille des ascomycètes qui colonisent l’aubier sans pour autant avoir une incidence notable sur les caractéristiques technologiques du bois lorsque l’abattage des arbres est suffisamment précoce.

 La surveillance doit donc être constante dès le printemps pour ne pas laisser proliférer cet insecte parasite et le champignon qui l’accompagne.

Des coupes sanitaires indispensables 

La seule solution pour limiter l’expansion de l’épidémie est l’abattage et l’enlèvement rapide des bois en respectant un périmètre de 10 à 15 m autour de ces bois, puisque le scolyte adulte ne vole que sur quelques mètres.

Pour « neutraliser » les épicéas abattus scolytés et pour préserver les arbres encore sains, la technique la plus efficace serait l’écorçage, car l’épicéa n’est alors plus attractif, l’opération détruit la majorité de la population de scolytes et le bois se conserve plus longtemps.

L’alternative de pulvériser des produits phytosanitaires est déconseillée, compte tenu de l’impact de ces produits sur l’environnement et la santé humaine.

Dans certaine région, l’ONF réalise et encadre ces opérations.

Photo JC Villain – SNHF

Forêt mixte scolytée sud du Tarn à 450 m d’altitude.

Photo JC Villain – SNHF
Photo JC Villain – SNHF

Coupe « à blanc » d’une parcelle scolytée sud du Tarn.

Photo JC Villain – SNHF

Le piégeage aux phérormones

Au printemps 2019, le département de la Santé des forêts a mis en place un autre stratagème : les pièges à phéromones. Cette technique a été réitérée à la fin du mois de mars 2020. Quand les températures sont plus favorables, ces pièges à phéromones sont installés pour attirer les scolytes femelles. Ainsi, il est possible d’étudier les courbes de vol en fonction des températures. Cela a permis de suivre la dynamique des insectes mois par mois. C’est ainsi que pour 2020, on a observé une activité plus forte qu’en 2019.

Christophe Villain, section Arbres et Arbustes d’Ornement. Relecture de Christian Bock, Alain Leborgne, Mary Fruneau et André Bervillé.

Voyage d’études en Anjou

Chaque année, la Section Potagers et fruitiers de la SNHF organise une sortie ou un voyage d’études thématique. En 2023, un voyage sur 2 jours en Anjou a permis de visiter le potager remarquable du Château Colbert à Maulévrier et de découvrir la production de semences potagères et de plants de légumes avec la visite de la Ferme de Sainte Marthe et des Établissements Taugourdeau JCT Plants.

La visite de la Ferme de Sainte Marthe a été conduite par Dominique Velé, le directeur de cette entreprise spécialisée dans la production de semences biologiques d’une grande diversité de plantes potagères et de plantes aromatiques. Elle a été l’occasion de mieux connaître les activités de l’entreprise et les spécificités de la production des semences potagères, avec la visite des parcelles de multiplication sous tunnels et de plein champ, ainsi que des locaux de nettoyage, de séchage, de triage (selon le poids, la densité ou la forme de la graine) et de conditionnement, jusqu’à l’expédition aux jardiniers. A noter que l’entreprise a la volonté d’accueillir des groupes, y compris des scolaires, pour des visites pédagogiques et ainsi de partager leur métier, leur passion et leur savoir-faire.

Visite de la Ferme de Sainte Marthe

Nous ne présentons plus le potager du Château Colbert, un jardin remarquable, de 8.000 m², réaménagé selon les plans d’origine datant du 18ème siècle. Il présente une incroyable diversité de légumes, de plantes aromatiques, de fleurs et de variétés cultivés avec un mariage réussi entre les légumes et les fleurs, des agencements harmonieux entre les cultures et une maitrise au niveau culturale qui explique ce très beau résultat. La présentation et les explications de Mickaël Vincent au cours de notre découverte sont passionnantes. A la fin de la visite, Guy Tournellec a fait une démonstration pédagogique de taille de fruitier. La soirée au Château Colbert et le dîner sur la terrasse du potager a été un grand de convivialité et d’échanges dans un cadre idyllique.

Visite du Potager Colbert / Maine et Loire

L’entreprise Taugourdeau JTC plants, spécialisée dans la production de plants de légumes et de plantes aromatiques, dispose de trois sites de production avec 250 tunnels.  Accueillis par Frédéric Beaussier, responsable des cultures, nous découvrons le site de production de Beaufort en Vallée et les nombreux équipements et matériels spécifiques nécessaires à la production de plants. C’est un travail très technique et complexe, avec beaucoup d’interventions manuelles pour produire des plants de qualité d’une grande diversité d’espèces et de variétés potagères et aromatiques, parfois pour de très petites quantités demandées par les jardineries.  L’activité est très saisonnière et se concentre principalement au printemps. Malgré des chaînes de production moins active à cette période de l’année, les explications très pédagogiques ont permis de comprendre la succession des étapes nécessaires pour produire des jeunes plants, du choix de la semence jusqu’à la commercialisation aux jardineries, en passant la préparation du support de culture, la réalisation du semis, puis du repiquage et la culture en serres, où les contions sont gérés pour contrôler le développement des plants et maîtriser les maladies et ravageurs. L’objectif est d’obtenir des plants au stade optimum lors de la commercialisation et de leurs utilisations par les jardiniers. En fin de visite, la présentation des démarches d’engagement éco-responsable a été l’occasion de cerner le très grand nombre de critères et d’exigences pris en compte pour apposer le label Fleurs de France et Plante bleue.

Visite du producteur de plants Taugourdeau

[Webinaire] D’où viennent nos légumes ? La journée d’information SNHF partie 2/4

Partie 2 : Les légumes originaires de l’Ancien Monde et d’Afrique intertropicale.

Webinaire
Date : 5 décembre 2023 de 14h30 à 17h00
Tarif et inscription : gratuit

Originaires de l’Ancien Monde (Europe, Asie occidentale, Afrique du Nord)

  • La chicorée, par Bruno Desprez
  • Les choux, par Anne-Marie Chèvre
  • Les lentilles, par Nadim Tayeh

Originaires d’Afrique intertropicale

  • Le melon, la pastèque, par Michel Pitrat

Ces journées d’information s’organisent en une conférence en présentiel le 16 novembre suivie de trois webinaires : les 5, 12 et 19 décembre 2023.

Les journées d’information de la SNHF 2023

Revoir les conférences

La chicorée, par Bruno Desprez

Les choux, par Anne-Marie Chèvre

Les Lentilles par Nadim TAYEH

Le melon, la pastèque, par Michel Pitrat

Les intervenants

Bruno Florimond Desprez, Florimond Desprez Veuve & Fils SAS, 3, Rue Florimond Desprez, 59242 Cappelle-en-Pévèle

Comment cette jolie plante aux fleurs bleues qui peuple nos campagnes et borde nos routes peut-elle être l’ancêtre sauvage de nos chicorées « légumes » ? Car c’est bien de cela dont il s’agit… des chicorées cultivées pour leurs « différentes parties » et pour de « multiples usages ».

Les chicorées (du genre Cichorium L.) appartiennent à la famille des astéracées, qui représente la plus grande famille de plantes parmi les angiospermes apparue récemment au cours de l’évolution, au cours de l’éocène dont le début est marqué par l’émergence des premiers mammifères modernes. La grande diversification observée et son côté ubiquiste proviendraient de la présence caractéristique d’inflorescences attractives pour les insectes pollinisateurs, permettant l’extension de cette famille. Parmi les astéracées, on compte de nombreuses sous-familles dont l’une des plus abondantes, les Cichorioideae. On y retrouve ainsi de nombreuses espèces cultivées pour différents usages (alimentaire, médicinal, ornemental, cosmétique…).

L’origine de la culture des chicorées viendrait probablement du bassin méditerranéen que l’on peut considérer comme le centre d’origine.

Les trois « espèces » (C. spinosum, C. endivia, C. intybus) cultivées en Europe sont reconnues pour leur amertume et sont principalement consommées en salade, crues ou cuites, ou comme ingrédient alimentaire via l’exploitation de leurs feuilles ou de leurs racines.

Les feuilles de C. spinosum que l’on retrouve sur les bords de la Méditerranée, sont par exemple consommées en Grèce en salade. Elles sont récoltées par les autochtones, mais elles ne font l’objet d’aucune sélection. L’espèce C. endivia est également cultivée pour la consommation de ses feuilles sous forme de salade, notamment les deux cultigroupes importants (« scaroles » et « frisées ») sont sélectionnés depuis l’Antiquité pour la consommation des feuilles en salade. Il en existe de nombreuses variétés locales, mais aucune forme sauvage ne leur ressemble vraiment. L’espèce C. intybus présente quant à elle un plus grand intérêt agroalimentaire puisqu’elle est consommée à la fois pour ses feuilles (sylvestre et foliosum) et pour sa racine (sativum). Elle est, de loin, l’espèce la plus répandue à l’état sauvage, de l’Europe à l’Asie, naturalisée en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique du Sud, en Australie et en Inde. Elle est très commune en France, où elle pousse sous toutes les formes, annuelle, bisannuelle et pérenne. Cette espèce a, de tout temps, été utilisée dans l’alimentation humaine ou animale et pour ses vertus médicinales. Le cultigroupe qui ressemble le plus à la forme sauvage de C. intybus est celui des chicorées dites « sauvages améliorées » et spécialement de la ‘Barbe de Capucin’ consommée pour ses feuilles comme le pissenlit.

D’autres cultigroupes sont utilisés soit pour leurs feuilles, soit pour leurs racines. On distingue, en outre, les chicorées à feuilles récoltées au champ ou au jardin et les chicorées cultivées en deux étapes : au champ, puis en conditions artificielles (forçage) pour obtenir un étiolement des tissus foliaires. On prélève les feuilles des premières pour la consommation en frais (chicorée verte ‘Pain de Sucre’, chicorées rouges ‘Chioggia’ et ‘Vérone’) ou pour la consommation après cuisson (chicorée ‘Catalogne’). Les cultigroupes cultivés en deux étapes peuvent être rouges comme la ‘Trévise’, panachés comme les Variegato di Castelfranco ou verts comme la fameuse ‘Barbe de Capucin’ ou la ‘Witloof’ (ou chicon, improprement appelée « endive »).

On peut cultiver les chicorées pour leurs racines étroites et cylindriques que l’on consomme cuites comme un salsifis (chicorées ‘Soncino’). Un important cultigroupe est celui des chicorées à « grosses » racines récoltées au champ, que l’on dénomme « industrielles » (variété sativum), chez lesquelles les mêmes cultivars peuvent avoir deux usages différents : les chicorées « à torréfier ou à boisson » et les chicorées « à sucres » (inuline, un polymère de fructose) très utilisées en agroalimentaire.

En fait, ces trois espèces peuvent s’intercroiser ; toutes entomophiles, elles correspondent à ce que l’on appelle un complexe d’espèces. C. spinosum et C. intybus sont allogames avec mise en place de systèmes d’autoincompatibilité. C. endivia est autogame. Les plantes hybrides (C. endivia x C. intybus) sont difficiles à obtenir, même expérimentalement, du fait de l’autogamie préférentielle de C. endivia et de la quasi-impossibilité de castrer les chicorées. Par ailleurs, les plantes hybrides entre ces deux espèces, quel que soit le sens du croisement, présentent des déficiences importantes (pertes de vigueur) que l’on attribue à une incompatibilité nucléo-cytoplasmique.

Au cours de cet exposé, nous essayerons de retracer quelques moments d’histoire de ces chicorées, des Égyptiens, aux Grecs et aux Romains, puis, en passant par le Moyen Âge, à une époque plus récente, l’époque napoléonienne, puis de la fin du XIXe siècle au XXe siècle… Nous examinerons ensuite les différents cultigroupes sous l’angle de la domestication et de la sélection, sélection massale à celle des populations, synthétiques ou pas, des hybrides utilisant les systèmes d’incompatibilité ou de stérilité-mâle issue du tournesol… et enfin des outils génétiques qui permettront peut-être d’y voir plus clair sur ce légume !

Bruno DESPREZ

  • Doctorat es Sciences et Ingénieur Agronome ENSARennes, Spécialisé en génétique et amélioration des plantes.
  • Responsable de la Recherche du Groupe Florimond Desprez (Sélection de Plantes de Grandes Cultures),
  • Président de HDFID (Hauts-de-France Innovation Développement),
  • Exploitant Agricole et Entrepreneur – SCEA SIRPHE (obtenteur de Rosiers) et SCEA Roseraies GUILLOT.
  • Président de l’Association des Sélectionneurs Français (ASF),
  • Vice-Président du Pôle de Compétitivité Clubster Nutrition Santé Longévité (CNSL), 
  • Co-Dirigeant d’une Equipe Mixte /Université de Lille : CHIC41H (chicorée et une seule santé).
  • Membre de l’Académie Royale d’Agriculture de Suède et de la Société des Sciences de l’Agriculture et des Arts de Lille.

Les choux sont originaires du pourtour du bassin méditerranéen. Ils appartiennent à la famille des brassicacées (anciennement crucifères). Ils présentent des types morphologiques très différents suite au développement d’un organe particulier de la plante (bourgeon terminal, bouton floral, bourgeons axillaires, ou tige).

Les choux européens, que nous trouvons sur nos marchés, appartiennent à l’espèce Brassica oleracea à 18 chromosomes. Leur très grande diversité a conduit les botanistes à les classer parfois dans différentes espèces, mais comme ils sont interfertiles, le choix a été fait de les garder dans la même espèce mais de distinguer des cultigroupes ou sous-espèces (subsp.). Les principaux types sont les choux pommés (subsp. capitata), les choux-fleurs (subsp. botrytis), les brocolis (subsp. italica), les choux de Bruxelles (subsp. gemmifera) ou le chou-rave (subsp. gongyloïdes). Plus récemment, nous pouvons trouver sur le marché du chou kale (subsp. sabellica ou acephala selon les classifications). La sous-espèce acephala ou choux fourragers a été également très largement utilisée comme alimentation pour le bétail, mais il s’agit d’un chou haut à larges feuilles. Il existe également quelques formes qui sont très appréciées dans certains pays comme le chou à grosses côtes ou chou Tronchuda (subsp. sabellica), cultivé au Portugal, ou les Mugnoli (subsp. italica), proches des brocolis, cuisinés en Italie. La domestication a probablement eu lieu au Moyen-Orient il y a environ 3 000 ans, mais l’espèce ancestrale fait encore l’objet de discussions scientifiques. Différentes théories ont été proposées : soit il s’agit des formes sauvages de choux qui poussent sur les falaises en Angleterre, en France et en Espagne, soit il s’agit d’une ou de quelques espèces apparentées au chou qui poussent en zone méditerranéenne, et en particulier Brassica cretica. Les dernières données moléculaires privilégient cette dernière hypothèse.

Par ailleurs, deux autres légumes asiatiques sont apparus plus récemment sur nos marchés. Il s’agit du chou chinois et du pakchoï. Ces deux légumes appartiennent à une autre espèce, Brassica rapa à 20 chromosomes. Ils sont classés dans deux sous-espèces, respectivement subsp. pekinensis et chinensis. Leur ancêtre aurait été introduit à partir de l’Europe-Asie centrale vers l’Asie du Sud et l’Est, où il a été domestiqué il y a 1 200 à 2 100 ans. Cependant, nous connaissons mieux, au sein de cette espèce, le navet (Brassica rapa subsp. rapa) qui a été sélectionné indépendamment et antérieurement, il y a environ 2 700 ans à partir de formes européennes.

L’exposé sera l’occasion de découvrir la très grande diversité de ces deux espèces, mais également de voir comment elles ont donné naissance à d’autres espèces en s’intercroisant.

Anne-Marie Chèvre

Anne-Marie Chèvre est directrice de recherche INRAE à l’Institut de Génétique Environnement et Protection des Plantes au sein de l’équipe : Diversité, Évolution et génomique des Interactions Biotiques.

 Elle consacre ses recherches à la régulation de la recombinaison homologue et homéologue chez les espèces polyploïdes. Ses travaux portent principalement sur les Brassiceae à travers l’analyse de la diversité et de son introduction via la recombinaison dans le colza de gènes d’intérêt par hybridation interspécifique.

L’origine de la lentille cultivée

Les légumineuses à graines, y compris le pois, la féverole, le pois chiche et la lentille, représentent des sources importantes de protéines végétales et fournissent des services écosystémiques de grande valeur. Cela les place parmi les espèces les plus recherchées pour concrétiser les transitions alimentaires et agroécologiques souhaitées. Cultivée aujourd’hui sur les 5 continents dans des contextes pédoclimatiques très variés et retrouvant un regain important des surfaces cultivées et des parts de consommation dans l’alimentation humaine, la lentille confirme sa position en tant que composante principale des systèmes de culture. Mais d’où vient la lentille ? Que sait-on sur la domestication de la lentille telle que nous la connaissons aujourd’hui et sur la diversité génétique existante ? Cette présentation reviendra sur l’origine de la lentille, de son nom scientifique Lens culinaris subsp. culinaris, en s’appuyant sur des données archéologiques, phénotypiques et moléculaires. Il sera montré qu’un seul évènement de domestication se serait produit, très vraisemblablement dans la région du Croissant fertile et que L. culinaris subsp. orientalis serait l’ancêtre direct de la lentille cultivée. Les fouilles archéologiques montrent en effet des stocks de graines de lentille datant de plus de 10,000 ans. La structuration de la diversité génétique sera, quant à elle, exploitée pour l’associer à l’histoire démographique et sélective liée à la diffusion de la lentille depuis le Croissant Fertile vers l’Asie, vers l’Europe et vers l’Afrique. Enfin, l’hypothèse de croisements entre des ressources génétiques issues à la fois du bassin méditerranéen et d’Asie accompagnant la diffusion de la lentille à travers le continent américain depuis le 15ème siècle sera discutée. Les connaissances livrées aujourd’hui grâce à l’essor de la génomique permettent de mettre en évidence les gènes impliqués dans la domestication. Les principaux gènes contrôlent la déhiscence des gousses, la dormance et la taille des graines.

Nadim TAYEH

Nadim Tayeh est chargé de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Il dirige l’équipe génétique et génomique des espèces cibles protéagineux à l’UMR Agroécologie à Dijon. L’expertise de Nadim Tayeh porte sur la génétique, la génomique et la biologie moléculaire. Ses recherches sont dédiées à l’amélioration des légumineuses à graines, notamment pour les systèmes de production agroécologiques. Elle se concentre sur la diversité génétique, la découverte de gènes et les approches comparatives. Nadim Tayeh a piloté de nombreux projets de recherche dont le projet RésiLens en lien avec la mise en place et l’évaluation d’une collection de ressources génétiques de lentille pour identifier des sources de résistance à la pourriture racinaire et les dégâts de bruches.

Il n’est pas toujours aisé de distinguer dans les textes anciens ni même dans l’iconographie les genres et les espèces de cucurbitacées. Les formes de fruits et les usages sont souvent très proches. Des incertitudes existent entre melon, concombre, pastèque, calebasse (Lagenaria) et éponge végétale (Luffa), dues en grande partie à la diversité des formes cultivées.

La pastèque est très peu cultivée en France métropolitaine, mais est assez couramment consommée en été et appréciée comme fruit désaltérant et rafraîchissant. Toutes les espèces du genre Citrullus, y compris la pastèque [Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai] sont africaines. L’espèce sauvage la plus proche est C. mucosospermusd’Afrique de l’Ouest. La domestication de la pastèque aurait pu avoir lieu en Afrique de l’Ouest ou plus probablement en Afrique du Nord-est. En effet, des formes plus ou moins sauvages existent au Soudan (C. lanatus subsp. cordophanus) et peuvent être utilisées comme source d’eau dans les régions désertiques. Des graines de Citrullus (lanatus ou colocynthis) datant de 4 000 av. J.-C. ont été identifiées dans des sites archéologiques en Lybie, et plus récemment en Égypte et au Soudan. Il semble que les graines étaient consommées ; les graines ne contiennent pas de cucurbitacines responsables de l’amertume. L’un des premiers effets de la domestication a été la contre-sélection de l’amertume de la chair.

La pastèque est mentionnée dans la Bible : « Qui nous donnera de la viande à manger ? Ah ! Quel souvenir ! Le poisson que nous mangions pour rien en Égypte, les concombres, les melons, les laitues, les oignons et l’ail ! Maintenant nous dépérissons, privés de tout… » (Nombres 11:5). Les melons mentionnés dans ce texte sont très probablement des pastèques (et les concombres des melons, cf. infra). Sous le nom de pepon en grec classique, la pastèque est citée par Hippocrate, Dioscoride, Galien… De même, les auteurs latins (Pline, Apicius) citent la pastèque sous les noms de pepo, peponon mais aussi citrium. Sous l’empire romain, les pastèques consommées pour leur chair sucrée étaient répandues dans le bassin méditerranéen. On retrouve des représentations de pastèque dans des mosaïques byzantines au Proche-Orient vers 350-600 apr. J.-C., dans des manuscrits du Moyen Âge, chez Fuchs (1542). Deux types de pastèque sont décrits par De Combles (1749) : l’un à chair sucrée et juteuse et l’autre à chair non sucrée et ferme pour faire des confitures.

La sélection a permis d’avoir des fruits sucrés, juteux, de différentes tailles. La chair, qui est généralement rouge, peut aussi être orange ou jaune. Des résistances aux maladies ont été introduites dans de nombreuses variétés. On trouve maintenant dans le commerce des variétés parthénocarpiques (fruits sans graines incluses dans la chair).

La situation est plus complexe dans le cas du genre Cucumis. Il était classiquement admis que la plupart des espèces sauvages de Cucumis avec n = 12 chromosomes étaient africaines et que celles du concombre (C. sativus n = 7) et C. hystrix (n = 12) étaient asiatiques. Mais deux publications indépendantes parues simultanément en 2007 ont redéfini le genre Cucumis en y incluant d’autres genres (Mukia, Dicaelospermum, Oreosyce, Cucumella, Myrmecosicyos), ce qui déplacerait le centre d’origine du genre Cucumis vers l’Asie. Il en résulte qu’il aurait pu y avoir des migrations dans un sens et dans l’autre entre l’Afrique et l’Asie.

Le concombre, originaire du nord de l’Inde, a migré vers l’ouest et était présent en Asie occidentale (Turquie, Iran, Irak) vers le VIe siècle. Il aurait pénétré en Europe de l’Est et du Nord avant la conquête islamique. Une seconde introduction aurait eu lieu par voie maritime par les arabes dans le sud-ouest de l’Europe (Andalousie) vers les VIII-IXesiècles. Il n’y a aucune preuve de l’existence du concombre en Europe avant ces dates et les mentions plus anciennes de cucumis ou cucumer s’appliquent en fait à des formes allongées et non sucrées de melon.

L’origine du melon (Cucumis melo) reste plus incertaine. Des formes sauvages, qui ont parfois été décrites comme des espèces différentes (C. callosus, C. trigonus…), se rencontrent aujourd’hui en Afrique, en Asie et en Australie. Elles se caractérisent par de très petits fruits (20-50 g). Dans les textes ou l’iconographie, le melon peut être confondu avec la pastèque (gros fruits ronds ou ovales sucrés) ou le concombre (fruits allongés non sucrés).

Les melons représentés dans des peintures en Égypte (XIV-XVe siècles av. J.-C.) sont allongés et très probablement à chair non sucrée, correspondant aux groupes Chate et Flexuosus. Ces types de melon étaient présents plus tardivement dans tout le bassin méditerranéen. Des ex-voto en terre cuite représentant typiquement des melons de type flexuosus et datant du VIe siècle av. J.-C. ont été retrouvés dans le sud de l’Italie. Pline (Ier siècle) cite un melopepo aromatique, à fruit jaune et se détachant de la plante à maturité ; c’est la plus ancienne mention de melons à fruits sucrés en Europe.

À partir de 900-1000, plusieurs textes mentionnent des melons très sucrés en Asie centrale ainsi qu’en Andalousie. Les citations et illustrations se multiplient au Moyen Âge et à la Renaissance, par exemple dans les Tacuinum sanitatis. De Combles (1749) décrit plusieurs variétés (Melon des Carmes, M. de Tours, M. de Langeais…). La monographie de Jacquin (1832) décrit et illustre une grande diversité de variétés de melon.

La domestication principale aurait pu avoir lieu en Inde. Des formes à petites graines ayant ensuite été sélectionnées en Extrême-Orient et des formes à plus grosses graines en Asie occidentale puis autour de la Méditerranée. Ceci n’exclut pas la possibilité d’autres domestications en particulier dans le nord-est de l’Afrique et le Proche-Orient.

En conclusion, la pastèque est originaire de l’Afrique, a été domestiquée dans le nord-est de l’Afrique, s’est rapidement répandue dans tout le bassin méditerranéen, était connue des Grecs et des Romains, est citée et représentée dans des ouvrages européens du Moyen Âge et de la Renaissance. Le concombre, originaire du nord de l’Inde, n’est pas arrivé en Europe avant les VII-VIIIe siècles. Le melon, sous sa forme non sucrée, a peut-être été domestiqué en Égypte ou au Proche-Orient et il était connu dans l’Antiquité dans toute la zone méditerranéenne. Les melons sucrés seraient connus en Europe depuis le début de l’ère chrétienne, mais surtout à partir du milieu du Moyen Âge. Ils auraient d’abord été sélectionnés en Asie centrale en provenance de l’Inde, principale zone de domestication.

Michel Pitrat

1969-1972 : Ingénieur agronome spécialisation Pathologie végétale.

1972-2013 : Chercheur à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) dans le département de Génétique et Amélioration des Plantes, affecté à Avignon. Recherches sur la résistance des plantes maraîchères (piment, fraisier, melon, courge) aux maladies (virus, champignons, insectes). Entretien et évaluation des ressources génétiques pour les résistances aux bio-agresseurs. Animation du réseau de ressources génétiques du melon avec huit sélectionneurs privés.

1999-2000 : Année sabbatique à la banque de gènes de l’IPK (Institut für Pflanzengenetik und Kulturpflanzenforschung) à Gatersleben (Allemagne).

PITRAT M. et C. FOURY (sous la direction de). 2003. Histoires de légumes, des origines à l’orée du XXIe siècle. Editions Quae (Paris).

Les animateurs

Yvette Dattée

Docteur d’État, Yvette Dattée a été enseignant/chercheur à l’Ecole Normale Supérieure puis à l’Université pendant les 20 premières années de sa carrière. Elle est ensuite entrée à l’INRAe où elle a dirigé le GEVES (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences). Elle a présidé EUCARPIA l’association européenne d’amélioration des plantes de 1989 à 1992.
Aujourd’hui retraitée, elle est membre de l’Académie d’Agriculture de France et Présidente du conseil scientifique de la SNHF.

Georges Sicard

Georges Sicard, ingénieur agronome PG 75, jeune retraité, a réalisé toute sa carrière dans la filière semence, d’abord à la Fnams (fédération des agriculteurs multiplicateurs de semences) où il a eu en charge la direction technique, puis au GEVES où il a dirigé le secteur d’étude des variétés, dans le cadre notamment de l’inscription au catalogue officiel.

Georges a rejoint le conseil scientifique de la SNHF en 2020.

Jean-Louis Hilbert

Professeur à l’Université de Lille et directeur adjoint de l’UMR transfrontalière 1158 INRAE BioEcoAgro.
Directeur de l’Institut Charles Viollette composée de 4 tutelles que sont l’Université de Lille, l’Université d’Artois, l’ULCO et le groupe YNCREA-ISA Lille. Ses activités de recherches concernent le métabolisme spécialisé des végétaux.

[CNJP23] PALMARÈS DES LAURÉATS DU CONCOURS NATIONAL DES JARDINS POTAGERS

Chaque année, le Concours National des Jardins Potagers récompense des jardins potagers remarquables en termes de diversité des légumes cultivés, des bonnes pratiques de jardinage et de l’esthétique même du jardin. 

Ouvert à tous les jardiniers, ce rendez-vous annuel est organisé conjointement par l’Association Jardinot, la Société Nationale d’Horticulture de France, SEMAE (l’interprofession des semences et plants) et la Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs. 

Le jury, composé de personnalités du jardin et représentants des organisations partenaires, ont désigné les lauréats en fonction de différents critères de sélection en examinant de façon très attentive les dossiers des jardiniers dans chacune des catégories suivantes : 

  •  jardin potager privatif,
  •  potager dans un ensemble collectif de jardins (centre de jardins, jardins familiaux…), 
  •  jardin potager privatif situé dans un environnement paysager (château, grand parc…), 
  •  jardins ou parcelles pédagogiques, réalisés sur initiative individuelle ou avec la participation d’associations de jardiniers ou de sociétés d’horticulture, 
  • potagers partagés, mis en place et cultivés au sein d’une entreprise ou par une association.,
  • potagers sur un balcon ou une terrasse (nouveau).

Les membres de notre jury vous emmènent à la rencontre des grands prix de l’édition 2023 et de leurs potagers remarquables ! 

© SNHF / CNJP2023

Nous remercions l’Académie du Climat qui nous a ouvert ses portes pour cette 23e cérémonie de remise des prix du Concours National des Jardins Potagers et à Monsieur Christophe NAJDOVSKI, Adjoint à la Maire de Paris chargé de la végétalisation de l’espace public, des espaces verts, de la biodiversité et de la condition animale qui nous a accueilli et présenté cette institution.

Christophe NAJDOVSKI - © SNHF / CNJP2023

Découvrez la remise des prix 2023 en vidéo

LES GRANDS PRIX 2023

CATÉGORIE 1 : JARDINS PRIVATIFS

GRAND PRIX :  Corinne et Philippe RIGAUX  – Saint-Michel d’Euzet  (Gard)

À leur installation, Philippe et Corinne Rigaux trouvent un verger d’abricotiers malades et des asperges, sur un terrain sablonneux et en pente. Après un stage chez « Terre et Humanisme » en 2010, Philippe, fils de paysan lorrain, découvre de nouvelles méthodes de culture. Et c’est la naissance de son potager en carrés (16 planches) posé sur deux restanques bâties de ses mains. Comment fait-il pour avoir cette verdure en plein mois d’août ? « Nourrir la terre pour nourrir les hommes » c’est la devise qu’il met en pratique, en y apportant un mélange d’argile (la Bentonite) et de zéolite (chabasite) afin d’améliorer la rétention en eau du sol et surtout en utilisant beaucoup de compost.

© SNHF / CNJP2023

Les 3 cubes de fermentation en parpaings fonctionnent sans interruption. Ils sont remplis de couches de tontes et déchets verts du jardin, de taille de haies et de crottin de cheval non pailleux ramassé chez un ami. Ce compost (700 kg /an) est réparti sur les 160 m² du potager. L’eau est distribuée avec parcimonie. Les réserves de 6000 litres sont remplies par les pluies et utilisées en goutte à goutte ou en tuyaux micro-suintants (TMS). Le forage qui existe déjà va être mis en service, du fait des restrictions d’eau de plus en plus importantes. Les ombrières vont être développées pour passer l’été. D’ailleurs une première était en place lors de notre visite. Avec ces moyens, la production est variée et importante : pour 2023, Philippe en est déjà à 330 kg de légumes. Les relevés sur 4 ans montrent des récoltes abondantes, même si certaines années sont moins favorables : le mildiou a frappé les tomates cette année. Tous les semis se font dans la serre, les premiers en février sur nappe chauffante. Avec 90 espèces différentes, la biodiversité avec ses insectes et ses oiseaux est bien présente. Philippe n’hésite pas à tester des espèces et des variétés, nouvelles ou anciennes, pour voir leur adaptation au climat du Sud. Il est fier de nous montrer ses beaux pieds de rhubarbe qu’il a réussi à acclimater après 10 ans d’efforts ! Corinne, elle, s’occupe des fleurs et des traitements aux huiles essentielles ou aux extraits fermentés de consoude, de prêles ou d’ortie. Elle est le référent du refuge LPO qu’est le jardin. Et Philippe applique son expérience à la formation des autres : guide composteur au réseau de Bagnols, il a réalisé cette année un carré de lasagne de 4 m². Avec ses couches successives recouvertes de compost (bien sûr !), il a récolté entre avril 2022 et avril 2023, 65 kg de légumes. Comme il le dit si bien « Rien de tel que de réussir l’essai chez soi pour montrer que ça marche et pour donner envie aux autres de faire pareil ».

CATÉGORIE 2 : PARCELLE DANS UN CENTRE DE JARDINS COLLECTIFS

GRAND PRIX : Vincent CAYRON – Jardins familiaux du Maharin à Anglet (Pyrénées-Atlantiques)

Trois îlots de jardin familiaux sont répartis dans le parc du Maharin, poumon vert de 7 hectares aménagé par la ville d’Anglet. Le Maharin est un cours d’eau qui servait jadis à desservir les maraîchers qui cultivaient cet endroit. Vincent CAYRON est attributaire d’une parcelle de 60 m² dans un de ces jardins familiaux entièrement aménagés par la ville. Ces 60 m² sont cultivés de façon optimale et organisée. Des rangs de légumes, disposés en arc de cercle à partir d’un point central, ce qui permet d’allonger la longueur du rang et de varier l’exposition au vent, sont à l’origine d’une grande diversité d’espèces et de variétés qui se succèdent et sont organisés pour rentabiliser cet espace réduit : tomates, choux, salades, haricots nains et à rames, poivrons, aubergines, pommes de terre … la liste est longue. Des passe-pieds, aussi en arc de cercle, permettent d’accéder aux différents rangs de culture sans tasser la terre.

© SNHF / CNJP2023

Adepte de la permaculture, Vincent pratique la rotation des cultures, les associations de fleurs légumes, des hauts tournesols apportent une touche colorée à cet ensemble, pour lutter contre les indésirables et favoriser la pollinisation, utilise les purins d’ortie et de consoude pour protéger ses cultures contre les insectes et maladies et renforcer la résistance des plantes. Les espèces et variétés de légumes sont repérées par des étiquettes. Le paillage, foin, feuilles, déchets verts, est abondamment utilisé pour protéger la vie du sol qui n’est jamais à nu, et aussi pour lutter contre les adventices et limiter l’évaporation. Des apports réguliers de compost ou de terreau enrichissent ce potager. Deux cuves de récupération d’eau de pluie de 1000 litres chacune amènent le complément d’eau en fonction des besoins. En plus du composteur en place dans le jardin, un lombricomposteur situé dans l’abri de jardin permet d’apporter en partie les nutriments nécessaires aux végétaux. Vincent tient également un cahier de jardin où il note tous les événements liés aux cultures, de la date des semis à celle des récoltes. Quant à ses motivations à jardiner, Vincent nous dit « le jardinage est une thérapie ! C’est un moment de communion avec la nature, un retour au vivant, une parenthèse dans notre vie active » et il apprécie aussi le partage qui règne dans les jardins familiaux « mon voisin de plus de 95 ans m’a beaucoup aidé à mes débuts » ou « dans notre parcelle se côtoient plusieurs manières de faire, on se conseille mutuellement ». Ce jardin a reçu le prix coup de cœur de la ville d’Anglet et a fait l’objet d’articles dans la presse.

CATÉGORIE 3 : POTAGERS DANS UN ENVIRONNEMENT PAYSAGER

GRAND PRIX : Béatrice RUAULT – Les jardins d’Ar Chadiou à Pleumeur-Gautier (Côtes-d’Armor)

Situé à quelques encablures des bourrasques de la Manche, ce potager de 1000m² est enchâssé dans un jardin d’une superficie totale de 6500m². Sa conception a commencé en 2018 avec des plantations ornementales et fruitières pour protéger et préparer le futur potager commencé en 2021. Béatrice a créé ce jardin suite à des problèmes de santé nécessitant une reconversion mais elle jardinait déjà auparavant depuis 10 ans : « Le jardinage m’a aidé à accepter la maladie et même de mieux vivre avec ». La découverte du jardin est progressive, très peu de lignes droites, 3 grands cercles de 25 m de diamètre et deux serres géodésiques de 56m² de fabrication maison qui permettent la culture des melons et de 15 variétés de tomates. Outre les tomates, le jury note environ 65 variétés de légumes dont châtaigne de terre, oca du Pérou, courge luffa, crosne du Japon…et une belle collection d’aromatiques qu’il serait trop long de citer. Ce potager productif respire la bonne santé. Les sols sont couverts au maximum et améliorés par des apports d’algues et de compost. La terre relativement argileuse est travaillée à la fourche bêche. Le désherbage est effectué manuellement avec la méthode PTB (prends ta binette). La gestion de l’eau est minutieuse, les réserves d’eau de pluie représentent environ 3600 litres. Béatrice tient un cahier de culture pour les rotations, les dates et conditions de semis et note les variétés qui ont les meilleurs résultats. Des voiles anti-insectes sont utilisés pour protéger les cultures concernées (carotte, chou poireau…) sinon elle utilise, et qu’avec parcimonie, deux produits de l’Abbaye de Valsaintes ; « Proarom » pour les maladies et « Libreessence » pour les insectes.

© SNHF / CNJP2023

Elle partage avec les clients de ses gîtes, amis, voisins, et communique sur les réseaux sociaux. Elle pense ouvrir au public en 2024 avec l’aide de l’association des potagers fruitiers de France à laquelle elle vient d’adhérer. Les formes, l’impressionnante variété des fleurs, des plantes ornementales, fruitières et des légumes ont émerveillé le jury. « Nous faisons régulièrement des échanges de légumes, plants, graines, le jardin devient peu à peu un lieu de rencontres ». Il faudra sans doute encore quelques années pour que le coté paysager prenne toute son ampleur grâce aux soins et a la passion de Béatrice, mais ce potager est déjà une belle réussite. Mais c’est aussi un élément essentiel de bien-être, Béatrice conclut en nous disant : « Jardiner est bénéfique pour la santé, et, en ce qui me concerne, est quasiment la seule activité que je peux réaliser aujourd’hui ».

CATÉGORIE 4 : POTAGERS PÉDAGOGIQUES

GRAND PRIX ex-aequo : Armel HOCHART – Lycée agricole de Coulogne  (Pas-de-Calais)

Quand on pénètre dans l’enceinte du lycée agricole de Coulogne on n’imagine pas toute la diversité d’espaces qu’englobe cette structure. Elle s’étend sur 5 hectares avec un jardin potager, 15 jardins d’agrément réalisés et entretenus dans le lycée, des serres, 2 vergers de 400 et 3000 m², un espace biodiversité, un jardin perpétuel, des espaces de production, des structures restauration et hébergement pour les apprenants. L’établissement forme tous les ans 345 élèves de la 4ème au BTS, 180 apprentis et 30 adultes en formation continue, avec 220 hébergements. Le jardin potager, délimité par un rang de légumes grimpants, des petits fruits rouges et des cordons fruitiers double bras, est entretenu par les élèves sous la direction des enseignants. Il favorise les variétés locales en liaison avec le Centre Régional des Ressources Génétiques de Villeneuve-d’Ascq : laitue Lilloise, carotte de Tilques, poireau Leblond, artichaud vert de Laon, chicorée tête d’anguille….

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Ces plantes bien adaptées au biotope local sont plus résistantes aux variations de climat. Les cultures associées et les associations fleurs légumes sont pratiquées pour limiter la propagation et l’attaque des ravageurs, avec en cas d’infestation l’utilisation de purins, décoctions ou infusions. Le centre dispose d’une réserve d’eau de pluie de 2 fois 10 000 litres. Le lycée étant proche du littoral, l’arrosage tient compte de la vitesse et de l’intensité du vent en plus des conditions climatiques et des températures extérieures. Pour lutter contre les adventices, un arrachage manuel avant montée en graines et mise au compost est pratiqué, divers types de paillage ou de végétaux couvre-sol mis en place en fonction des cultures, la technique du faux semis est également utilisée. Toutes les données de culture sont enregistrées : quantités semées et germées, date des semis, numéro de lot, mise en place de la culture, date de récolte, planning et rotation des cultures. Un premier verger de hautes tiges avec 17 variétés régionales recommandées par le CRRG de Villeneuve d’Ascq (Cabarette, Colapuis, Verdin d’hiver…) a été planté en 2006 et un second verger a été planté en 2022 avec le soutien de la région Hauts de France : 40 hautes tiges, 200 arbustes petits fruits rouges, 25 basses tiges. Deux grandes serres sont utilisées pour cultiver les tomates, poivrons, aubergines, concombres…

Des projets pédagogiques sont mis en œuvre dans l’établissement, soutenus par le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale, la région Hauts de France et le fonds européen de développement régional. S’appuyant sur l’un deux « Améliorer la diversité de la gamme végétale au sein du lycée de Coulogne », Armel précise « l’équipe pédagogique intervient à tous les niveaux de la formation afin de poursuivre la sensibilisation des apprenants à la transition écologique, notamment à la préservation de la biodiversité et en valorisant les pratiques du jardinage au naturel ». Toute la structure est ouverte au public à diverses occasions tout au long de l’année. L’importante récolte de courges et de potimarrons est distribuée aux Restos du Cœur du Calaisis.

GRAND PRIX ex-aequo et ordre de Romarin : Odette CHATELAIN  Notre Jardin aux Mille saveurs de l’École primaire à Sauvigny-les-Bois (Yonne)

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Bien que la visite du jury ait eu lieu en période de vacances, la plupart des enfants sont là pour nous accueillir et surtout ce sont eux qui prennent la parole à tour de rôle pour nous présenter « NOTRE JARDIN AUX MILLES SAVEURS », c’est son nom, et ils en sont très fiers. Ce potager pédagogique de 520 m² et le verger de 650 m², se nichent au cœur de l’école communale de Sauvigny-le-Bois. Il est né de l’envie de faire découvrir le jardinage aux enfants par la Mairie. Ce sont l’équipe périscolaire et l’équipe des espaces verts de la ville qui mènent joyeusement ce projet. Le jardin est divisé en espaces thématiques : légumes soupes, légumes ratatouille, coins des senteurs (aromatiques)… L’œillet d’Inde trouve sa place entre les pieds de tomate. Nous notons une belle diversité de légumes, environ 35 variétés, dont : topinambour, oca du Pérou, poire de terre, lentille … pour citer les plus originaux.  Ce sont principalement la quinzaine d’enfants de 6 à 11 ans qui réalisent l’entretien des parcelles sous les conseils avisés de M. Sébastien Salvi, agent technique municipal, et d’une assistante maternelle, avant d’aller en classe et pendant les heures d’occupations périscolaires. « On met la graine dans la terre pour manger à la cantine » (élève de CP) et un autre « j’aime bien jardiner car j’ai de la motivation, on désherbe beaucoup pour prendre soin des plantes ». Oui, le désherbage se fait à la main…

Tous les mercredi matin, ils relèvent le pluviomètre et participent à une activité en relation avec le potager (dessin pour décorer le jardin, atelier cuisine, création de maquettes à visée pédagogique…). Bien qu’en zone rurale, beaucoup d’enfants ne font pas de jardin chez eux, c’est l’occasion de découvrir la culture des légumes. Le jury a été surpris par leur connaissance des plantes dont ils sont capables de citer les noms et leurs utilisations. Toutes les espèces ne sont pas consommées, certaines ayant pour vocation à comprendre le cycle de vie d’une plante.

Le potager a une vraie visée pédagogique qui va du jardinage, en passant par la botanique et les arts plastiques jusqu’à l’utilisation et la valorisation culinaire. 50% des légumes produits sont consommés par les enfants. L’an dernier, le jardin a permis de produire 14kg de courgettes. Mme Lise Balland, la cuisinière, regarde les prix des légumes à chaque récolte, afin de valoriser la production.  Elle limite au maximum le gaspillage en réalisant des coulis, gelées et conserves avec la participation des enfants qui sont ainsi bien sensibilisés aux mesures anti-gaspillage. Les semences sont soit commandées soit récupérées lors de la récolte précédente. Le jury a senti un très fort engagement de l’équipe périscolaire ainsi que des enfants. Ce potager a non seulement un objectif de transmission de connaissances techniques (potagers) mais aussi culinaires, culturelles et économiques. Le potager est très bien entretenu, il est propre et les plantes semblent en bonne santé générale. Le cahier de jardin est bien tenu.  Une réserve d’eau de pluie de 2000L permet de faire face aux besoins des légumes grâce à une gestion de l’eau rigoureuse. Fumier de vache des fermes du village et déchets de cuisine compostés enrichissent le sol. L’association ROMARIN Yonne apporte son soutien, la LPO est également engagée afin de sensibiliser les enfants aux oiseaux.

Un GRAND PRIX vraiment mérité autant pas les enfants que par les encadrants et sans oublier la mairie très engagée dans cette activité. Chapeau à Monsieur Didier IDES, Maire de la commune, à Madame Odette Chatelain adjointe au maire, qui a rempli le dossier et qui pilote les activités périscolaires, à Monsieur Sébastien Salvi agent en charge des espaces verts ainsi qu’à Lise Balland, cuisinière qui réalise de nombreux travaux manuels et pédagogiques avec les enfants.

Sur proposition du jury, Lise Balland du jardin pédagogique ‘Notre Jardin aux Mille saveurs’ est également promue Chevalier dans l’Ordre National de Romarin. L’une des missions de cet Ordre est d’encourager les actions qui aideront les enfants à connaître, comprendre et respecter leur cadre de vie, ce qui correspond parfaitement à l’engagement des bénévoles passionnés qui animent cette belle réalisation «  l’envie de transmettre une passion, d’être dans le savoir-faire, avec l’initiation au jardinage » « apprendre des techniques de jardinage aux enfants de la maison d’enfants : préparation du jardin, semis, repiquage,arrosage,désherbage ». Cette distinction donne une dimension supplémentaire à la reconnaissance et la valorisation de cette remarquable action.

© SNHF / CNJP2023
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CATÉGORIE 5 : POTAGERS PARTAGÉS MIS EN PLACE ET CULTIVÉS AU SEIN D’UNE ENTREPRISE OU PAR UNE ASSOCIATION

GRAND PRIX Brigitte DELHOMME – La Pitancerie, Jardin partagé de la Plaine à Cachan (Val-de-Marne)

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Ce jardin fait partie de l’association des Jardins Partagés de Cachan qui en possède 2, un 3ème est en cours de négociation. Cette association a fêté ses 10 ans en 2022. Il s’agit d’un petit jardin très encaissé de 400 m², situé en milieu urbain dans le quartier de la Plaine. Il forme un triangle entre une rue et un petit chemin piétonnier dans les hauteurs de Cachan. Le fond est bordé de jardins de particuliers avec des arbres. Une partie très en pente est laissée en friche car la terre polluée n’a pas été renouvelée à cet endroit. La partie cultivée représente une surface d’environ 250 m². Le potager dispose d’un grand abri, lieu de vie et de rangement des outils, des bacs à compost, deux petites serres en plastique qui servent en particulier pour la préparation des plants, ainsi que d’une cuve et d’un récupérateur d’eau de pluie. Plusieurs hôtels à insectes et nichoirs sont également présents pour favoriser la présence des auxiliaires.  Les jardiniers qui s’y retrouvent, moyennant une adhésion de 20 euros par an, sont au nombre de 13 au total, mais avec un noyau dur qui vient environ 1 fois par semaine. Brigitte Delhomme explique qu’il y a une grande diversité culturelle, ce qui explique la grande diversité de plantes cultivées, dont certaines originales comme des pois du Cap (ou haricot de Lima), des cristophines, des choux portugais ou des cyclanthères (ou concombre des Andes). La particularité du jardin est l’agencement de nombreuses cultures en hauteur qui se développent à la verticale sur des grilles, des tuteurs, des bambous… C’est un moyen de rentabiliser l’espace. Cette année, les jardiniers expérimentent la culture en tour pour les fraisiers et les salades.  Si la mairie ne donne pas de subvention, elle a concédé le terrain à l’association, fournit l’eau de la ville et s’occupe du réseau d’alimentation. Elle leur donne également du substrat et des conseils via les jardiniers des espaces verts de la ville. La terre d’origine a été changée en 2019 pour cause de pollution. Celle apportée est très argileuse et lourde, difficile à travailler. Il s’agit d’une terre de remblai qui ne facilite pas la tâche des jardiniers. Ceux-ci l’améliorent avec du compost et de la drêche issue d’une brasserie locale. Les jardiniers couvrent le sol en hiver avec des feuilles et le bêchent régulièrement. Les légumes sont cultivés avec des pratiques respectueuses de la nature (compost, paillage, aménagement pour favoriser la présence d’auxiliaires et pollinisateurs, pièges et astuces pour limiter les dégâts des limaces). Les récoltes sont partagées entre les jardiniers. Un groupe WhatsApp a été mis en place pour partager la présence des jardiniers et assurer un suivi régulier des cultures. Ce qui est remarquable, c’est l’esprit de partage, les bonnes relations et la bonne entente qui existent entre les jardiniers. Le jury a apprécié la belle diversité de légumes cultivés, l’aménagement judicieux et réussi de l’espace, le bricolage collectif réalisé à partir de matériel récupéré aux encombrants, et la grande motivation des jardiniers qui prennent un grand plaisir à venir au jardin et à se retrouver.  Un grand bravo à toute l’équipe qui cultive avec passion ce potager.

CATÉGORIE 6 : POTAGERS SUR UN BALCON OU UNE TERRASSE

GRAND PRIX Christian CARON à Étaples (Pas-de-Calais)

Christian Caron, qui était très actif, chasse, pêche en mer, entretien des espaces verts de la propriété…, a été contraint d’abandonner ces activités par suite d’un problème de santé. Il a cherché à créer une activité se pratiquant en extérieur et s’est tourné vers le jardinage en terrasse. La terrasse de Christian Caron est aménagée pour lui permettre de continuer à jardiner malgré ses problèmes de lombaires qui lui rendent la station debout pénible, l’équilibre précaire et les déplacements limités. Et c’est lui qui a pensé et mis tout son esprit créatif pour installer cet espace. Il a édifié des murets avec 3 hauteurs d’éléments de piliers à enduire, qui servent normalement à monter des poteaux de portail, et ajouté des grands pots carrés qui s’emboitent dans le 3ème niveau.

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C’est la hauteur idéale pour lui permettre de jardiner assis en utilisant un siège à roulettes. Après une année où le mildiou a sévi, la terrasse a été couverte, ce qui limite les attaques de prédateurs et de maladies. Nommé malicieusement « Mon vieil ami » cet espace impressionne par son aspect net, rangé, l’ordre qui y règne. « J’y joins l’utile à l’agréable. D’abord moralement car, entre les semis en godets, la plantation en pots et jardinières, l’entretien et l’arrosage, jusqu’à la cueillette des produits, je suis occupé pendant plusieurs mois » nous dit Christian. Ce sont 42 grands pots carrés de 30 litres, alignés en deux rangées, dédiés essentiellement à la culture des tomates, complétés par 9 jardinières rectangulaires consacrées aux aromatiques. C’est ainsi que dans les contenants, pots et jardinières, 32 contiennent 25 variétés de tomates, 19 des aromates et 1 des fleurs. Il faut noter que la propriété est abondamment fleurie. Chaque contenant est numéroté, l’espèce ou la variété répertoriée et la liste est affichée. Les semis sont faits en godet, à l’intérieur, en mars, pour les repiquer en pleine terre dans les pots, en mai, après « les saints de glace ». Christian choisit dans « sa bible des variétés de tomates » celles qu’il va cultiver chaque saison et tient des fichiers informatisés dans lesquels il note scrupuleusement le résultat de ses cultures : variétés cultivées chaque année, dates, qualité, quantité récoltée, poids… Une grande cuve de récupération d’eau de pluie (15 000 litres) a été installée dans la cave et comme Christian rencontre des difficultés pour se déplacer, il surveille le niveau de son bureau, avec une caméra reliée à son ordinateur.  Et il conclut : « Quoi de meilleur qu’une bonne tomate de son jardin, sans oublier le plaisir d’en faire profiter ses proches ».

PALMARÈS 2023

CATÉGORIE 1 : JARDINS PRIVATIFS

Prix spécial Compétence : Bruno MARTIN à Saint-Max (Meurthe-et-Moselle) 

Bruno Martin est un passionné de jardinage et un habitué du concours potager. Il s’y présente pour la 4e fois. Il possède un petit jardin vivrier de 100 m² situé en zone urbaine dans la banlieue de Nancy.   Ingénieur agricole, correspondant pour la « fredon », Bruno Martin cultive son jardin depuis 15 ans. Depuis sa précédente participation, il dispose d’une nouvelle serre vitrée de 8 m², de nouveaux châssis et d’un emplacement à compost. Son jardin est irrigué, il possède un récupérateur d’eau de 3000 litres et utilise une lance d’arrosage, ainsi qu’un arrosoir.

Bruno Martin enregistre la pluviométrie sur un carnet et note les quantités de légumes produites, il tient une comptabilité analytique détaillée. Son jardin permet de nourrir sa famille de 4 personnes, avec une autonomie d’un tiers pour les légumes. La diversité de légumes est limitée du fait de la taille du jardin. Côté pratiques culturales, il n’utilise pas de produits chimiques et privilégie les décoctions. Il étale de la cendre de bois pour lutter contre les limaces. Ses cultures sont paillées avec des résidus de tonte gazon et il pratique bien entendu l’association des fleurs et des légumes. Il bêche de manière classique en hiver et les mauvaises herbes sont enlevées manuellement. Le goût du jardinage lui vient de ses parents et de ses grands-parents. L’activité de jardinage est pour lui un moment de détente et d’observations. Il partage sa pratique avec d’autres jardiniers et avec des associations. Ce jardinier passionné a une dévotion particulière pour les tomates et chaque année à Noël, la famille mange des lasagnes avec du coulis de tomates de sa production. A cette occasion, il pense avec émotion aux petites graines de tomates qu’il a mises en terre.

Prix spécial des saveurs : Caroline SASTRE à Bon-Encontre (Lot-et-Garonne)

Caroline cultive son potager depuis une vingtaine d’année, mais de manière plus assidue depuis 4 ans. D’une surface de 100 m², il présente une extraordinaire diversité de plantes potagères, dont de nombreuses à vocations aromatiques et médicinales. C’est un joyeux mélange où chaque emplacement accueille un végétal. « Ce laboratoire », comme le qualifie Caroline, se prête à d’innombrables dégustations, le spectre des saveurs est large : du sucré au salé, en passant par le doux et le piquant, toute la gamme est balayée. Sa production enrichit les plats préparés pour la famille. Ses talents culinaires et sa pédagogie sont également partagés dans le cadre de ses activités associatives. Comme elle nous l’explique, son jardin est évolutif et perméable : des courges coureuses se propagent, avec leur accord, sur les toits des garages voisins et les secteurs cultivés s’étendent progressivement sur le carré de pelouse réservé aux loisirs des enfants.  Le résultat est d’autant plus remarquable que ce jardin est cultivé dans des conditions ingrates : la parcelle est bordée de cyprès, de bambous, de prunus et autres arbres divers. Les premières années, il fallait la pioche pour faire le moindre trou ! Il a fallu faire des apports massifs de matières organiques variées en surface pendant plusieurs années pour constituer un sol meuble au fil du temps. Plus qu’un jardin, cette biodiversité exprime une philosophie, une recherche d’évolution personnelle. Erudite, passionnée de botanique qu’elle partage avec sa fille, en particulier autour de la phytothérapie. Respectueuse de l’environnement, Caroline sait aussi, pour faire partager sa passion et ses connaissances, se mettre à la portée de tous, notamment à l’occasion des animations qu’elle réalise et au travers de ses interventions sur une radio.

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Nominée avec encouragements : Nicole CERVAL à Cheffes (Maine-et-Loire)

Nicole Cerval cultive son potager dans un milieu naturel de manière à préserver un environnement favorable à l’écosystème. Un espace boisé et fleuri guide vers le potager de 200 m², créé il y a quatre ans. Constitué de 2 parties, il est clos pour protéger de l’incursion des chevreuils. Nicole, adepte de la permaculture, pratique le compagnonnage, la rotation des cultures. Elle ne bêche pas pour respecter la vie du sol qui est toujours couvert de foin récupéré sur place. Elle tient à jour un cahier de culture, très complet, où elle inscrit toutes les données sur la culture du potager : liste des plantes, compagnonnage, rotation, dates, conditions climatiques…. L’association de légumes, fleurs, fruits et aromatiques assure la beauté de ce potager, mais également permet d’assurer une consommation au quotidien. « Mon jardin est un lieu dans lequel je recherche à combiner les cultures potagères, les fleurs, le respect de la nature et la beauté du site » nous dit-elle. Le jury constate une belle diversité de plantes dont la bourrache qu’elle nomme “la plante du bonheur”. Elle précise :« Le jardinage me permet de me ressourcer, de me détendre dans un environnement calme et naturel. C’est une source d’apprentissage, d’observation, d’expérience ». Un puits à faible débit et une réserve d’eau de 1 000 litres permettent l’arrosage du jardin, mais une astuce : des parasols pour ombrager les semis en période estivale permettent de gérer avec parcimonie la réserve d’eau. Le désherbage manuel et le paillage permettent de lutter contre les adventices. Des produits de biocontrôle sont utilisés en prévention et en lutte contre les prédateurs. Nicole assure la transmission de ses connaissances à ses petits-enfants, Lucas et Emy, neuf ans, avec qui elle a réalisé le dossier.

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3ᵉ Prix : Michel LOQUAIS à Sainte-Pazanne (Loire-Atlantique)

D’une surface de 300 m², le potager de Michel Loquais est là pour la production : tout l’espace est utilisé, il n’y a pas d’espace nu, tout est paillé, les rotations de culture se font de mémoire Les sols sont travaillés à la « Campagnole », une Grelinette améliorée qui permet une bonne aération du terrain tout en enfouissant les végétaux en fin de culture et qui facilitent la plantation. L’eau de pluie récupérée suffit pour l’arrosage. Les traitements contre les éventuelles maladies se font à base de purins (ortie, prêle ; fougères…) et rarement avec de la bouillie bordelaise. Michel teste l’électroculture, sa curiosité perpétuelle pour de nouvelles techniques est importante. Cultivant des légumes depuis 49 ans, il n’hésite pas à partager ses connaissances techniques dans diverses associations. Il nous précise qu’il a connu le jardinage dès le plus jeune âge. Son père cultivait une grande parcelle de légumes pour nourrir la nombreuse famille, et augmenter un peu les ressources, le jardin nourricier a toujours été une image forte pour lui. Comme il nous le déclare : « Au fil des années, en découvrant toujours davantage d’outils pour un potager au naturel, c’est à la fois l’envie, le besoin, et la nécessité de chercher, d’expérimenter encore qui chez moi se sont développés. Aujourd’hui je puis témoigner que la chimie n’a rien à faire dans un potager ».

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2ᵉ Prix : Thomas ZUJEW à Volmerange-les-Boulay (Moselle)

Le potager de Thomas ZUJEW est situé à Volmerange-lès-Boulay, en Moselle, dans une ville très calme, à côté d’un cimetière et d’une école maternelle. Thomas est arrivé dans cette maison depuis octobre 2022. D’une surface totale de 183 m², le jardin est organisé en plusieurs carrés facilement accessibles à partir d’allées, il comporte une belle diversité de légumes : salades, carottes, choux, tomates avec 11 variétés, haricots, courges, concombres, concombres mexicain, poivrons, piments, maïs, melon, oca du Pérou, amour en cage, poire melon…).  Thomas a le souci de préserver la biodiversité avec l’installation de nichoir à mésanges, de maison à insectes, en plus des murs en pierre et la présence de fleurs qui se mêlent aux légumes pour attirer les pollinisateurs et les auxiliaires.  Les plantations sont protégées par du purin d’orties, de rhubarbe et il fait de la prévention en traitant une à deux fois par mois les tomates et les courgettes avec du lait et de l’eau.

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Thomas adore ce qu’il fait, il n’utilise aucun produit et essaie de s’améliorer sur l’association des fleurs avec les légumes.  Il a fait la connaissance d’une personne qui fabrique des objets à partir de vieux objets recyclés (Le jardin de Lulu, Ferfolie à Puttelange). En forme d’animaux, ceux-ci viennent décorer agréablement les carrés de culture. Et le jardin prend une nouvelle dimension la nuit grâce un éclairage solaire.  Le jury a apprécié ce jardin récent et atypique, un véritable havre de paix, riche en diversité d’espèces originales, avec une superbe gestion de l’espace dans le respect de la nature.  Commencé en octobre 2022, Thomas précise qu’il a baigné dans le jardinage depuis la naissance avec une mamie qui était plus sur les légumes et une autre sur les fleurs. Comme il le dit, « la nature coule dans mes veines, car comme Obélix je suis tombé dedans quand j’étais petit ». Et dans l’avenir, il souhaite le faire visiter aux enfants de l’école maternelle située juste à côté.

1ᵉ Prix : Jean-Pierre DELAGE à Bracieux (Loir-et-Cher)

Un bassin marque l’entrée du potager de 300 m², bordé de palmettes fruitières parfaitement formées avec des essences diversifiées et une vigne. Le sol en place étant très ingrat, le potager est réalisé dans des bacs de culture bordées de planches et remplis d’un mélange terre végétale/terreau travaillé à la fourche bêche. Les différentes espèces de légumes s’y développent sans difficultés. Le jury note environ 70 espèces différentes, dont de la morelle de Balbis, de la poire de terre et de la scorsonère.

Les allées principales sont réalisées en gravillons posés sur un géotextile pour éviter la pousse des adventices. La technique est à son apogée dans la serre vitrée équipée d’un écran thermique faisant fonction d’ombrage en été. Un chauffage électrique ventilé assure la mise hors-gel en hiver. L’irrigation est assurée par récupération directe de l’eau de la toiture et par un dispositif complémentaire d’irrigation localisée. La production de tomates (14 variétés), déjà importante dans la serre est complétée à l’extérieur sous un abri qui est la meilleure protection contre le mildiou et prolonge la récolte en arrière-saison.

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Deux composteurs récupèrent tous les déchets végétaux. Un poulailler complète le dispositif. La protection sanitaire des plantes fait appel à des produits naturels ou de biocontrôle (huile de colza, savon noir, infusions d’orties, BT…) Le cahier de jardin recueille chaque année les plans de culture, l’ensemble des travaux réalisés et les productions récoltées. A la retraire Jean-Pierre Delage s’est formé progressivement et assidument, en suivant les cours de la Société d’Horticulture du Loir-et-Cher qui possède un verger école conservatoire. Il s’informe beaucoup sur les sites, dont Jardiner-Autrement et dans les revues. Il est à l’affut d’astuces qui simplifient et fiabilisent les tâches au jardin, en témoigne cet ingénieuse réglette à semer les graines en poquets. Il expérimente beaucoup avant d’adopter un nouveau produit ou une nouvelle technique avec une approche très pragmatique « ça marche, je garde ; ça ne marche pas j’élimine ». Ce qui le motive ? : « Le plaisir d’être au grand air et d’embellir mon environnement en profitant de produits sains et gouteux ».

CATÉGORIE 2 : PARCELLE DANS UN CENTRE DE JARDINS COLLECTIFS

Nominée avec encouragements : Alexandra BONICI – Les jardins d’Agathe à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône)

Avec le dynamisme de la jeunesse, les jardins familiaux et partagés d’Agathe se présentent au concours avec la parcelle d’Alexandra BONICI après seulement 8 mois d’existence. Ces jardins, situés au bord de l’étang de Berre, sont le fruit d’une détermination de Didier Kelfa, maire de Saint-Chamas, qui cherchait un terrain cultivable proche de sa ville de 9 000 habitants pour créer des jardins nourriciers. Une convention tripartite de 5 ans a été signée entre la propriétaire d’un terrain en friche dont la volonté était de le mettre en culture, la municipalité de Saint-Chamas et la toute nouvelle association, portée par le dynamisme de son président Alain Bonnerue. L’impression est très bonne en arrivant dans ce tout nouveau jardin. Un espace planté de fruitiers nous accueille. Puis les 28 parcelles, bien vertes malgré le climat du mois d’août : 24 parcelles de 20 m², 3 parcelles un peu plus grandes et un espace de 60 m2 pour le jardin partagé qui permet aux débutants et à ceux qui n’ont pas assez de temps libre de s’initier et jardiner.

Une parcelle a été réservée à l’association Ricochet pour les personnes et les enfants en difficulté. L’enthousiasme des jardiniers est évident : beaucoup ont créé des pancartes à leur nom accrochées à l’entrée de leur parcelle. L’ambiance entre les jardiniers de trois générations différentes est très bonne. La candidate au Concours, Alexandra, dessinatrice de son état et responsable au sein des jardins, dispose d’une parcelle de 30 m2.  La chance de ce jardin, c’est la disponibilité en eau grâce à la venue d’eau par gravité et son stockage dans cinq cuves de 1 000 litres. Les cultures sont arrosées au goute à goutte. Avec deux composteurs et le fumier de cheval obtenu en abondance, le sol très léger est bien nourri. Les cultures sont belles, avec une diversité encore limitée pour l’instant, mais qui devrait s’améliorer nettement dans l’avenir.

Passionnée par cette activité, Alexandra nous précise que « c’est un besoin vital ; j’aime jardiner, mettre les mains dans la terre, regarder les semis grandir, les plantes s’épanouir. J’aime tous ces moments de bonheur que nous offre la nature ».

Ce jeune jardin, avec plein d’idées pour son avenir, mérite bien les encouragements du jury.

2ᵉ Prix : Dominique ROBILLARD – Domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)

Le jardin de Dominique se trouve dans les jardins familiaux situés dans le Domaine national de Saint Cloud à la porte de Paris. C’est un endroit particulièrement verdoyant, arboré et calme qui contraste avec l’agitation et la circulation parisienne. A l’intérieur de ce domaine, l’Association des jardins ouvriers de l’automobile et du cycle (AJOAC), qui est affiliée à la Fédération Nationale de Jardins Familiaux et Collectifs, dispose de plus de 200 parcelles de 100 à 200 m², cultivées par près de 300 jardiniers.

Dans ce havre de verdure, Dominique cultive une parcelle de 200 m² depuis 2003. Elle a commencé avec 100 m² avant de pouvoir disposer quelques années plus tard de 100 m² supplémentaires, aménagés différemment après avoir suivi le stage « Jardiner autrement ». Ce jardin présente une belle diversité de légumes (tomates, poireaux, oignons, fenouils, choux, carottes, livèche, cucurbitacées, rhubarbe, …), de petits fruits (fraisiers, framboisiers, groseillers, cassissiers, coqueret du Pérou…) et de plantes aromatiques dont la collection sert de support pour des animations auprès des scolaires. Elle n’hésite pas découvrir et cultiver certains légumes originaux comme l’arachide cette année.

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Les légumes sont cultivés de façon biologique, en utilisant des purins (de prèle, fougère, ortie) ou des voiles pour protéger des maladies et des insectes, en favorisant la présence des auxiliaires et des pollinisateurs, en pratiquant la rotation des cultures et les associations bénéfiques entre les plantes… Le sol est travaillé à la grelinette et enrichi avec du compost fabriqué sur place pour nourrir la terre.

Dominique est une passionnée de cultures de légumes et de botanique. Elle s’est occupée du jardin de sa maman à la campagne avant d’avoir la chance de pouvoir disposer de ce jardin qui est vite devenu sa seconde maison. D’ailleurs, elle précise : « j’ai déménagé pour être à proximité de mon jardin, j’utilise les légumes pour mon alimentation comme le faisait ma mère dans mon enfance, j’en offre beaucoup. Je transmets ma passion aux enfants que je reçois, à mes amis et à mes connaissances. Et j’aide des jeunes jardiniers ou des jardiniers novices par mes conseils ». Elle souligne également les bienfaits du jardinage sur la santé et indique « Quand je jardine, j’oublie tous mes soucis tout en faisant de l’exercice ».

1ᵉ Prix : Gilles DESLANDES à Caen (Calvados)

Gilles cultive sa parcelle de 200m² depuis 20 ans dans les jardins familiaux de Caen.

« Rien n’est joué d’avance, il faut avoir de la vigilance et des fois un peu de chance pour réussir au potager », nous déclare-t-il d’entrée. Il travaille son sol à la « grelinette », utilise la binette et pratique la rotation des cultures. Il apporte du fumier de cheval qu’il fait murir plusieurs mois et utilise le compost de déchets verts de son jardin et ceux livrés par la Ville. Il fait ses plants lui-même. Il utilise l’eau de ville uniquement si ses réserves d’eau de pluie (1500 litres) sont à sec. Il n’arrose que si nécessaire, et a disposé des OYAS fabrication maison 1 pour 4 pieds de tomates. L’occupation du terrain et la masse végétale présente lui permettent donc de limiter sa consommation d’eau. Des nichoirs pour les oiseaux, un hôtel à insectes bien fréquenté et un tas de bois accueillent les prédateurs de ravageurs. Il utilise les larves de coccinelles données par la mairie et ramasse limaces et chenilles des buis à la main. Un abri à tomates les protège de la pluie.  Les variétés sont plutôt classiques, mais correspondent au besoin et au gout du jardinier.

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Gilles se déclare auto-suffisant en légumes et il distribue largement ses surplus de récoltes car il vit seul en appartement. Un coin repos reste dans l’esprit « sauvage » de l’ensemble.  Des fruitiers et petits fruits complètent l’approvisionnement. Il apporte des notes de fantaisies dans son jardin comme les cardères (utilisés dans le temps pour carder la laine), du lin et du sarrasin. Il taille les haies de noisetier pour ses haricots à rame, et stocke ses légumes racines dans un coffre en bois dans la terre. Le jury apprécie la présence de fleurs dans ce potager à vocation principalement vivrière. Nous avons apprécié ce potager dans un ensemble collectif très « dans l’air du temps ». Occupation maximale de l’espace, recyclage total de tout ce qui n’est pas consommé, abondance de matière organique, maitrise de l’arrosage, association entre plantes fournissant l’ombrage, aspect de luxuriance du jardin. Gilles est très souvent dans son jardin « pour s’aérer et être en contact avec la nature« .

CATÉGORIE 3 : POTAGERS DANS UN ENVIRONNEMENT PAYSAGER

1er Prix : Annik et Frédéric DENIZET – Les jardins Sigalloux à Le Luc-en-Provence (Var)

Depuis 1794 et après cinq générations, la belle bastide du 18ème siècle et quelques hectares de terre sont revenus à Frédéric DENIZET. Mais que faire de cette terre épuisée par la culture de fruitiers conventionnels et avec ce climat particulièrement chaud en été, avec du gel au printemps et un fort mistral ? Le premier travail a été d’implanter des haies de troènes protectrices du vent et du soleil. En 2013, le premier jardin en carré est créé. C’est le début d’une autonomie alimentaire voulue et construite. Annik a rejoint Frédéric et c’est à deux qu’ils vont agrandir les espaces de culture en y ajoutant un verger, un deuxième jardin en 2016, un jardin des cinq sens et une parcelle en agroforesterie sous des mûriers platanes taillés.

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Ils tiennent à être des recycleurs indépendants des fournisseurs. « Le jardin doit vivre de lui-même » dit Frédéric. Quelques achats néanmoins : un broyeur à marteaux, du treillis soudé pour créer des structures porteuses, du tuyau micro suintant pour l’arrosage. Pour le reste, ils recyclent les déchets du jardin, les tailles de haie et d’arbres pour couvrir et améliorer le sol qui est paillé. Les semences sont autoproduites pour les fleurs et aromatiques, ainsi que pour les légumes, sauf pour les courges pour éviter les croisements dangereux avec des cucurbitacées décoratives. Les plants de légumes et d’arbres fruitiers sont produits dans une serre, équipée de chariots construits par Frédéric et d’un plateau chauffant, Annik teste beaucoup : des légumes perpétuels (chervis, oignons rocamboles), insolites (épinards de Malabar, poire de terre…) ou exotiques (gombos, kiwanos, chayottes). La production est autoconsommée en frais, en conserves ou en lactofermentation pour les carottes, betteraves, poivrons et fenouils. La biodiversité en insectes, en oiseaux et en lézards est de plus en plus importante. Annik le constate : « Plus j’essaye de nouvelles espèces et plus j’utilise d’engrais verts, plus je vois la vie se développer dans mon jardin ». Frédéric explique « Nous n’essayons pas de détruire les prédateurs, mais plutôt de les contenir par le choix des espèces et des rotations ». Avec leur volonté affichée de transmettre leur savoir, ils ont créé leur association d’éducation à l’environnement et communiquent beaucoup. Ils désireraient également créer un réseau de jardiniers du Sud qui testerait des espèces et variétés.

CATÉGORIE 4 : JARDIN PÉDAGOGIQUE

1er Prix : Vincine FRANCIS – Jardin de l’Épicerie locale et Solidaire de Nanterre (Hauts-de-Seine)

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Le potager de l’Epicerie locale et solidaire de Nanterre fait partie d’un ensemble géré par un collectif d’associations qui vient en aide aux personnes qui ont subi un accident de la vie et qui ont un projet. Situé en plein milieu urbain, autour de l’épicerie, c’est un coin de verdure, agréable et calme. Il est cultivé de main de maître par Vincine, prénommée également Margot, paysagiste de formation, qui est aidée par 4 autres bénévoles qui y passent plusieurs heures par jour.

D’une surface de 420 m², il est aménagé avec goût et les cultures sont belles et en bonne santé, grâce aux méthodes biologiques pratiquées, au désherbage impeccable réalisé par les bénévoles, et aux soins apportés à la terre constamment améliorée par les produits issus des composteurs et l’apport de fumier ou de feuilles sèches. Agencés harmonieusement, les massifs de cultures (pommes de terre, tomates, carottes, courgettes, cucurbitacées locales et guadeloupéennes, concombres, piments, christophine…) sont délimités par des planches en bois récupérés sur des palettes qui sont largement utilisées pour faire des supports aux plantes. Dans ce domaine, le mur végétal est remarquable. Installé le long d’une clôture, il mesure 10 mètres de longueur sur 1.80 mètre de hauteur, sur lequel poussent une très grande diversité de plantes aromatiques, des tomates cerises ainsi que de nombreuses fleurs. Celles-ci sont également présentes dans les espaces de culture pour embellir le jardin et favoriser la présence des auxiliaires. Le jardin fournit l’épicerie en légumes, petits fruits et plantes aromatiques.

Même s’il ne représente que 4 % en valeur de l’approvisionnement total de l’épicerie, il a une grande importance. En effet, comme nous le dit Margot, « il favorise le lien social, les rencontres et il montre la beauté de la nature ».  Elle ajoute : « Les plantes sont belles et les personnes qui viennent à l’épicerie les observent et les voient pousser de la graine jusqu’à la plante adulte. Ensuite, elles apprennent à les cuisiner ».  Son but est aussi de retrouver le goût des légumes de son enfance, en faire profiter tout le monde, et initier les enfants à la nature, leur faire reconnaitre les légumes et les fruits. Eduquer à la santé par une alimentation saine fait aussi partie des objectifs à atteindre. Aménagé avec un vrai sens de l’esthétique, le résultat est remarquable pour un jardin si récent, il a été commencé en 2021. Bravo à Margot et à tous les bénévoles de l’épicerie solidaire de Nanterre pour leur œuvre admirable.

CATÉGORIE 5 : POTAGERS PARTAGÉS MIS EN PLACE ET CULTIVÉS AU SEIN D'UNE ENTREPRISE OU PAR UNE ASSOCIATION

Prix spécial ilôt de verdure : Françoise BESSET – Jardin partagé Leroy Sème (Paris)  

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Le jardin Leroy Sème, niché au cœur du 20e arrondissement, compte aujourd’hui 16 années d’existence sur un terrain appartenant à la mairie de Paris. La première impression qui se dégage de ce petit jardin dans sa globalité est un calme étonnant, contrastant avec la vie parisienne. La grille de l’entrée, située à quelques mètres de la Rue des Pyrénées très bruyante, reste ouverte pendant les temps de présence des jardiniers. Cela permet aux visiteurs de se balader tranquillement dans les allées étroites sans qu’il n’y ait de dégradations.

L’association compte actuellement une cinquantaine d’adhérents. La gestion se fait de manière collective et consensuelle avec plusieurs réunions tout au long de l’année. Le jardin est composé de 9 parcelles qui se fondent les unes dans les autres de manière harmonieuse dont une consacrée au potager, une pour les enfants et une sur le toit du cabanon qui est végétalisé. Un référent est nommé pour chacune des parcelles. Il tient à jour le cahier de la parcelle où sont notées toutes les décisions prises et les cultures mises en place. Le potager d’environ 70 m² est entretenu et cultivé par 18 adhérents, dont 4 ou 5 qui s’en occupent très régulièrement. Le potager en tant que tel n’a pas une vocation vivrière, mais permet de nombreux partages. On y retrouve donc tomates, poivrons, courges, courgettes, haricots, blettes. Le buisson de tomates cerises est très apprécié des enfants et des promeneurs. Il y a aussi des essais d’espèces à découvrir comme l’arroche. Il est cultivé en tenant compte des principes de la permaculture. Le sol est aéré à la grelinette et amendé régulièrement avec du compost. L’association des fleurs avec les légumes permet d’éloigner les ravageurs et attirer les pollinisateurs. Les légumes récoltés sont distribués au plus grand nombre et parfois les jardinières cuisinières préparent un plat qu’elles apportent au jardin pour le partager ! Ce qui est remarquable, c’est la façon dont les adhérents parviennent à concilier différentes visions du jardinage et à faire sereinement leurs choix d’espèces et de variétés en tenant compte des envies de chacun et de la nécessité des rotations. Comme nous l’explique Françoise, « ce jardin se construit au fil des observations, des années, des expériences et des clins d’œil aux anciens jardiniers, une façon de construire l’histoire ».

2e prix : Agnès FROMENT – Jardin partagé Majolan à Meyzieu (Rhône)

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Ce potager partagé créé en 2021 d’une superficie de 160 m² sur une surface totale de 300m² est bien organisé. Il se situe à Meyzieu dans le quartier des terrasses, un ensemble d’immeubles avec de grandes terrasses garnies de quelques pots, qui ont donné envie a plusieurs personnes d’aller plus loin dans le jardinage. Motivée pour   créer ce jardin partagé, la mairie a accepté de fournir cette parcelle. Sous le pilotage d’Agnès Froment, les 12 membres se coordonnent grâce à un groupe « WhatsApp » pour les présences au jardin, les travaux à effectuer, noter les semis, repiquages, récoltes (poids, quantité) etc. Le jardin n’ayant ni tunnel ou serre, les semis se font au domicile des adhérents, une liste des semis à effectuer par chacun(e) est dressée. Le travail du sol se fait à la grelinette et s’améliore avec du compost du jardin et les feuilles broyées des espaces verts de la ville, qui sont étalée pour l’hiver afin d’éviter le lessivage. Le désherbage se fait manuellement, les cultures sont assez denses pour réduire la prolifération des adventices.  Les choux et autres légumes sensibles sont protégés par des filets à insectes. Grande vigilance apportée sur l’arrosage. Chacun apporte ses connaissances techniques et ses expériences, le jury note une belle diversité de variétés : environ 90, dont 30 en tomates et de nombreuses aromatiques et petits fruits. Le jardin est situé dans un quartier ce qui permet de nombreux échanges avec les passants. Les jardiniers échangent aussi avec les personnes de l’EPM de Meyzieu (établissement pénitentiaire pour mineurs) car un atelier jardinage est organisé régulièrement pour ces mineurs en détention. Dans le cadre de la mise en valeur du jardinage et du lien social l’association organise aussi des visites/animations avec des classes. Une belle motivation des jardiniers rencontrés résumée par ces quelques mots d’Agnès : « Nous sommes tous d’accord pour dire que le jardinage nous détend psychologiquement et nous fait faire de l’exercice physique. Ce jardin est un lieu de rencontres intergénérationnelles et multiculturelles. C’est un excellent moyen de sociabilisation tant pour les adhérents que pour les gens qui passent discuter avec nous ».

1e prix : Roger SCHREIBER – Jardin partagé du Parc aux Frênes – Association ESCHAU NATURE à Eschau (Bas-Rhin)

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Eschau Nature a débuté par une association de défense de la nature et d’initiation à l’environnement, puis en 2018 a créé ce potager partagé d’une superficie de 360m² plus 1 andain de 100m²consacré aux courges. Le terrain est communal, 15 familles jardinent sur cette surface et 4 personnes s’occupent de l’animation. Un verger et un rucher sont situés à proximité. A l’entrée se situent un composteur et la cabane pour les outils. Un tunnel de 25m² a été installé pour les tomates, les semis et la culture des salades. Pour accueillir les auxiliaires, hôtel à insectes, mangeoires et nichoirs pour oiseaux, ont été construits par les jeunes de l’association. Et comme le précise Roger « Nous plantons principalement des capucines, des œillets d’inde, des soucis, des cosmos : le parfum qu’elles émettent joue un rôle de répulsif à l’encontre de certains insectes ». L’eau est puisée dans le canal tout proche avec l’autorisation de VNF (Voies Navigables de France), puis stockée dans une citerne, ensuite c’est l’arrosoir qui fait le reste. Les jardiniers tiennent scrupuleusement un cahier de jardin, et communiquent entre eux à travers un groupe WhatsApp créé pour décider des différentes actions à mener. Les bonnes pratiques sont largement mises en application : association de fleurs et de légumes, blé noir, phacélie, tournesol…

Pour le désherbage : « Paillage de surface et huile de coude ! Nous les enlevons manuellement ». Amendement des sols avec du compost, cendre de bois contre les limaces. La diversité est assez importante, environ 40 variétés de légumes. Les courges sont vendues au profit du téléthon. Pour les jardiniers le but est de se nourrir avec des produits sains, d’avoir des grands moments de convivialité, de partager les expériences de culture, mais aussi de recettes de cuisine. Les animateurs se renseignent beaucoup sur internet. Le responsable du jardin, qui l’a créé, accompagne les jardiniers et  initie les travaux est Roger Schreiber (Président d’Eschau-Nature) qui conclura cette présentation : « Notre jardin partagé nous ressemble : généreux, simple, naturel et plein de couleurs et d’odeurs ! »

Fermeture bibliothèque fin décembre 2023

La bibliothèque de la SNHF sera exceptionnellement fermée pour congés du lundi 25 décembre au mercredi 27 décembre inclus.

Nous serons heureuses de vous accueillir à nouveau, sur rendez-vous, dès jeudi 28 décembre aux horaires habituels : 10h-13h et 14h-18h.

Pour aller plus loin

« Pomme d’or. Gros Faros. Court pendu. Fenouillet rouge. » Gravure extraite de Le Jardin fruitier, 1821. L. Noisette. Bibliothèque SNHF, Fonds ancien.

Les premiers numéros de Jardins de France sont en ligne

Découvrez une revue incontournable dans l’histoire de l’horticulture française

Les 8 premières années de la revue Jardins de France, de 1947 à 1954, ont été numérisées. Les volumes sont consultables en intégralité sur la bibliothèque numérique Hortalia.

Créée par la Société nationale d’horticulture de France, Jardins de France est une revue qui fait la part belle aux actualités du monde horticole en proposant des articles de fond, des conseils pratiques de jardinage et qui présente les nouveautés et évènements du secteur. Le comité de rédaction de l’époque fait le choix éditorial de placer cette revue comme la suite des Bulletins de la Société nationale d’horticulture de France, également disponible sur la bibliothèque numérique Hortalia. C’est pour cette raison que le premier numéro de Jardins de France en 1947 reprend la numérotation suivante : 121e année, 7e série. : vol. 1. La revue restera sur une parution mensuelle de 1947 à 2009 ou elle sera bimestrielle. Depuis 2017, elle est trimestrielle.

Rendre accessible et valoriser le patrimoine écrit

C’est grâce à son partenariat en tant que « Pôle associé » de la Bibliothèque nationale de France (BnF), que la SNHF a pu mener cette nouvelle campagne de numérisation. Cette année, la sélection validée inclut les années 1947 à 1954 de notre revue Jardins de France mais également d’autres titres qui seront prochainement mis en ligne et consultables par tous. Pour le titre Jardins de France, c’est un volume de 2400 fichiers qui ont été traités et intégrés sur la bibliothèque numérique Hortalia. Elle est signalée depuis le moteur de recherche de la bibliothèque numérique Gallica.

A savoir : Les volumes originaux, ainsi que l’intégralité de la revue jusqu’au dernier numéro en cours sont conservés et consultables sur place à la bibliothèque de la SNHF.

Pour aller plus loin :

[Potagers fruitiers] Essai haricots nains et mangetout 2023

En 2023, la section potagers et fruitiers de la SNHF a décidé de réaliser des essais comparatifs de variétés de légumes. Plus de soixante jardiniers amateurs de différentes régions de France se sont portés volontaires pour y participer.

Méthode et déroulement des essais

Les semences des 3 (ou 5) variétés de haricots nains mangetout ont été adressées à 65 jardiniers volontaires dans des enveloppes numérotées avec un protocole détaillé et une feuille de notation. Il était proposé à ceux qui ne recevaient que 3 variétés de compléter l’essai comparatif avec 1 ou 2 variétés de leur choix pouvant servir de témoins.

Des tests de germination ont été effectués donnant des résultats positifs pour les 5 variétés proposées.

Le protocole demandait aux jardiniers de noter de nombreuses informations sur le déroulement de la culture. Il précisait notamment que les jardiniers récoltent les haricots comme ils en ont l’habitude, c’est-à-dire à la fréquence (ou à la taille des gousses) qui convient à leur usage. Les expérimentateurs devaient noter les dates, les poids et les nombres de gousses de chaque récolte. Ils devaient également réaliser des tests gustatifs.

Sauf exception, les levées n’ont pas posé de problèmes particuliers avec des décalages de précocité entre les variétés ne dépassant pas 3 jours.

Très peu de maladies ont été signalées mais il y a eu des manques assez importants dans plusieurs essais dus à des ravageurs (mouches des semis, limaces, escargots, pigeons, lapins…) ou à des dégâts occasionnels liés au climat (coups de chaud et/ou coups de froid). Les difficultés rencontrées par certains ont surtout été liées à des manques de disponibilité à certaines périodes.

Le temps chaud qui a prévalu cet été a été globalement favorable aux haricots et, s’ils n’ont pas souffert de manque d’eau, leur croissance a pu se faire dans de bonnes conditions.

Sur les 65 envois, seulement 31 ont fourni des résultats qui ont pu être exploités pour ce compte rendu. Cependant, les qualités gustatives ont été notées par plus de 110 personnes (famille ou relations des expérimentateurs).

Les 20 départements où ont eu lieu les essais pris en compte sont dispersés en France :

01 Ain, 04 Alpes de Haute Provence, 11 Aude, 17 Charentes maritime, 21 Côte d’Or, 28 Eure et Loire, 36 Indre, 37 Indre et Loire, 42 Haute-Loire, 44 Loire Atlantique, 49 Maine et Loire, 50 Manche, 54 Meurthe et Moselle, 56 Morbihan, 63 Puy de Dôme, 68 Haut Rhin, 77 Seine et Marne, 80 Somme, 92 Hauts de Seine, 94 Essonne.

Levée assez régulière d’un essai en région Ile-de-France

Résultats

  1. Sur les rendements par variété

Les rendements obtenus sont extrêmement variables selon les lieux et les expérimentateurs mais les productions comparées des variétés sont assez constantes. Le rendement moyen par variétés sur environ 2 m² est de près de 3 kg, soit 15 kg pour les essais à 5 variétés sur 10 m².

  • La variété V2 : Oxinel 2 est la plus précoce et la plus productive. Sa récolte est aussi la plus groupée. Ses gousses sont rondes et charnues. Les entre-nœuds sont assez longs. Elle n’est pas très facile à récolter.
  • La variété V3 : Stentor, qui est une variété beurre, arrive avec un rendement de 90 % par rapport à V2. Sa production est moins hâtive et un peu plus étalée que V2. Sa couleur jaune permet de la récolter plus facilement.
  • La variété V1 : Majestik arrive en 3e avec un rendement de 70 % par apport à V2. Un peu plus facile à récolter que V2, elle a été pénalisée par des rendements faibles et mal expliqués dans quelques situations. Ses gousses sont plus lourdes et plus charnues que V2 et V3. Ses récoltes sont aussi moins hâtives et plus étalées que V2.

Pour les variétés V4 et V5, les résultats obtenus sont moins fiables car notés sur un nombre nettement plus faible de notations (7).

  • La variété V4 : Triomphal, plus tardive que V2 et V3, présente des gousses marbrées. Elle est très productive. Son rendement apparait très légèrement inférieur à V2 avec une production plus étalée.
  • La variété V5 : Braimar est la plus tardive et sa production est également étalée. Son rendement est proche de V3.

De nombreuses autres variétés ont été testées selon les choix des différents jardiniers ; on peut citer : Amethyst (violet), Castandel (à récolter une fois par semaine), Cordon bleu (filet sans fil), Gusty (filet sans fil), King Horn (beurre), Mistic (violet, plus court, facile à récolter), Pongo (filet fin sans fil), Rugally, (vert foncé à récolter jeune), Saxo (précoce), Skipper (nombreuses petites gousses), Talisman (précoce), Tilsam (précoce). Chaque jardinier a pu comparer ses propres variétés à celles de l’essai V 1, V2 et V3.[1]

La facilité de récolte est observée chez certaines variétés plus courtes, de couleur différente et/ou dont les gousses sont plus visibles. Quelques-uns les ont comparés à des variétés à rames que l’on peut récolter sans se pencher.

Récolter fréquemment les haricots permet d’obtenir des gousses plus fines sans perte de rendement. Chez certaines variétés, les gousses sont plus visibles et sont, de ce fait, plus simples à récolter.

  1. Sur les rendements selon la fréquence des récoltes

Les dix rendements les plus élevés ont été obtenus par des participants ayant réalisé entre 5 et 22 récoltes. Autrement dit, des récoltes fréquentes, tous les 2 ou 3 jours, demandent une présence et un temps passé plus important, mais cela affecte peu ou pas le rendement final, voire le favorise par rapport à ceux qui récoltent une fois par semaine. Le rythme d’apparition de fleurs et donc de nouvelles gousses est accéléré par les récoltes.

Les dix rendements les plus faibles ont été obtenus par ceux ayant réalisé entre 2 et 5 récoltes. Un très faible nombre de récoltes (moins d’une fois par semaine ou tous les 15 jours) peut diminuer sensiblement le rendement. Le croquant et la qualité gustative sont impactés par la taille des gousses et la formation des grains dans les gousses. Récoltés à un stade bien avancé, les haricots de la plupart des variétés ont aussi tendance à devenir filandreux.

Récolter fréquemment les haricots permet d’obtenir des gousses plus fines sans perte de rendement. Chez certaines variétés les gousses sont plus visibles et sont, de ce fait, plus faciles à récolter.

Qualités gustatives

Plus de 110 personnes ont participé à des tests comparatifs des qualités gustatives entre les différentes variétés.

Présentation des semences de sept variétés de haricots et de coupelles contenant les haricots cuits en vue d’une séance de dégustation. Le protocole précisait de cuire les haricots 6 mn dans l’eau bouillante. Les participants devaient noter chaque variété pour son « croquant » et pour son « goût ».

Presque tous les dégustateurs ont déclaré que les variétés avaient généralement bon goût. Et beaucoup qu’elles étaient « très bonnes », « délicieuses », « excellentes », « la meilleure », « un goût unique » … très peu sont plus nuancés ou critiques : variétés « toutes assez semblables », « un peu fade », « fibreuses » (pour des variétés récoltées tardivement)

  • Pour le croquant : la variété V1 « Majestik » a été notée assez nettement la plus croquante. Derrière V2 « Oxinel 2 » puis « V3 « Stentor » (assez proche) sont notées un peu moins croquantes.
  • Pour le goût : selon la moyenne, aucune différence significative ne sépare les variétés V2 et V3, V1 arrivant juste derrière. Cependant, les avis sont très partagés selon les dégustateurs. Beaucoup ont un avis assez tranché sur la variété beurre V3 en plus ou en moins bon.

48 personnes ont participé à des tests comparatifs des qualités gustatives sur 5 variétés.

  • Pour le croquant : la variété V5 « Braimar » a été notée la plus croquante devant V2 et V3 ; V1 et V4 arrivent juste derrière.
  • Pour le goût : V3 « Stentor » puis V5 « Braimar » ont obtenu les meilleures notes devant V4 puis V2 et V1.

En guise de conclusion

Les haricots nains mangetout, si on les récolte souvent, produisent de nombreuses nouvelles fleurs et gousses et compensent par leur nombre leur faible poids par rapport à de grandes et grosses gousses que l’on obtient en récoltant peu souvent.

Ceux qui souhaitent réduire le nombre de récoltes auront intérêt à choisir une variété à récolte groupée et obtiendront des gousses plus épaisses et plus longues. Ils pourront se contenter de récolter une fois par semaine, voire moins, mais cela alors risquera d’affecter le rendement et la qualité.

Récolter tous les 4 à 6 jours permet d’obtenir un excellent rendement avec des gousses assez fines.

Récolter tous les 2 ou 3 jours permet d’obtenir des gousses plus fines sans affecter le rendement final.

Pour obtenir un rendement maximum il est possible de prolonger les récoltes plus longtemps…

Les appréciations gustatives sont difficiles, très variables et probablement assez subjectives. À chacun de se faire plaisir.

Synthèse chiffrée du total des résultats des 3 variétés testées
(sur les 31 essais pris en compte)
Numéro V1 V2 V3
Variété Majestik Oxinel2 Stentor
Total récolté (Kg)
76,7
111,1 100,0
% de V2 69% 100% 90%
Nombre total de gousses récoltées
 20 889
35 566 30 717
Poids moyen des gousses (grammes) 3,67 3,12 3,26

Rendement moyen sur 2 m² environ         2,8 Kg                           3,6 Kg                          3,2 Kg

[1] Près de 1400 variétés de haricots sont inscrites au Catalogue européen des espèces et variétés dont plus de 200 de haricots nains et 40 variétés à rames inscrites en France.

Rédaction : Jean-Daniel Arnaud membre du conseil scientifique et de la section potagers et fruitiers de la SNHF.