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[Webinaire] D’où viennent nos légumes ? La journée d’information SNHF partie 2/4

Partie 2 : Les légumes originaires de l’Ancien Monde et d’Afrique intertropicale.

Webinaire
Date : 5 décembre 2023 de 14h30 à 17h00
Tarif et inscription : gratuit

Originaires de l’Ancien Monde (Europe, Asie occidentale, Afrique du Nord)

  • La chicorée, par Bruno Desprez
  • Les choux, par Anne-Marie Chèvre
  • Les lentilles, par Nadim Tayeh

Originaires d’Afrique intertropicale

  • Le melon, la pastèque, par Michel Pitrat

Ces journées d’information s’organisent en une conférence en présentiel le 16 novembre suivie de trois webinaires : les 5, 12 et 19 décembre 2023.

Les journées d’information de la SNHF 2023

Revoir les conférences

La chicorée, par Bruno Desprez

Les choux, par Anne-Marie Chèvre

Les Lentilles par Nadim TAYEH

Le melon, la pastèque, par Michel Pitrat

Les intervenants

Bruno Florimond Desprez, Florimond Desprez Veuve & Fils SAS, 3, Rue Florimond Desprez, 59242 Cappelle-en-Pévèle

Comment cette jolie plante aux fleurs bleues qui peuple nos campagnes et borde nos routes peut-elle être l’ancêtre sauvage de nos chicorées « légumes » ? Car c’est bien de cela dont il s’agit… des chicorées cultivées pour leurs « différentes parties » et pour de « multiples usages ».

Les chicorées (du genre Cichorium L.) appartiennent à la famille des astéracées, qui représente la plus grande famille de plantes parmi les angiospermes apparue récemment au cours de l’évolution, au cours de l’éocène dont le début est marqué par l’émergence des premiers mammifères modernes. La grande diversification observée et son côté ubiquiste proviendraient de la présence caractéristique d’inflorescences attractives pour les insectes pollinisateurs, permettant l’extension de cette famille. Parmi les astéracées, on compte de nombreuses sous-familles dont l’une des plus abondantes, les Cichorioideae. On y retrouve ainsi de nombreuses espèces cultivées pour différents usages (alimentaire, médicinal, ornemental, cosmétique…).

L’origine de la culture des chicorées viendrait probablement du bassin méditerranéen que l’on peut considérer comme le centre d’origine.

Les trois « espèces » (C. spinosum, C. endivia, C. intybus) cultivées en Europe sont reconnues pour leur amertume et sont principalement consommées en salade, crues ou cuites, ou comme ingrédient alimentaire via l’exploitation de leurs feuilles ou de leurs racines.

Les feuilles de C. spinosum que l’on retrouve sur les bords de la Méditerranée, sont par exemple consommées en Grèce en salade. Elles sont récoltées par les autochtones, mais elles ne font l’objet d’aucune sélection. L’espèce C. endivia est également cultivée pour la consommation de ses feuilles sous forme de salade, notamment les deux cultigroupes importants (« scaroles » et « frisées ») sont sélectionnés depuis l’Antiquité pour la consommation des feuilles en salade. Il en existe de nombreuses variétés locales, mais aucune forme sauvage ne leur ressemble vraiment. L’espèce C. intybus présente quant à elle un plus grand intérêt agroalimentaire puisqu’elle est consommée à la fois pour ses feuilles (sylvestre et foliosum) et pour sa racine (sativum). Elle est, de loin, l’espèce la plus répandue à l’état sauvage, de l’Europe à l’Asie, naturalisée en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique du Sud, en Australie et en Inde. Elle est très commune en France, où elle pousse sous toutes les formes, annuelle, bisannuelle et pérenne. Cette espèce a, de tout temps, été utilisée dans l’alimentation humaine ou animale et pour ses vertus médicinales. Le cultigroupe qui ressemble le plus à la forme sauvage de C. intybus est celui des chicorées dites « sauvages améliorées » et spécialement de la ‘Barbe de Capucin’ consommée pour ses feuilles comme le pissenlit.

D’autres cultigroupes sont utilisés soit pour leurs feuilles, soit pour leurs racines. On distingue, en outre, les chicorées à feuilles récoltées au champ ou au jardin et les chicorées cultivées en deux étapes : au champ, puis en conditions artificielles (forçage) pour obtenir un étiolement des tissus foliaires. On prélève les feuilles des premières pour la consommation en frais (chicorée verte ‘Pain de Sucre’, chicorées rouges ‘Chioggia’ et ‘Vérone’) ou pour la consommation après cuisson (chicorée ‘Catalogne’). Les cultigroupes cultivés en deux étapes peuvent être rouges comme la ‘Trévise’, panachés comme les Variegato di Castelfranco ou verts comme la fameuse ‘Barbe de Capucin’ ou la ‘Witloof’ (ou chicon, improprement appelée « endive »).

On peut cultiver les chicorées pour leurs racines étroites et cylindriques que l’on consomme cuites comme un salsifis (chicorées ‘Soncino’). Un important cultigroupe est celui des chicorées à « grosses » racines récoltées au champ, que l’on dénomme « industrielles » (variété sativum), chez lesquelles les mêmes cultivars peuvent avoir deux usages différents : les chicorées « à torréfier ou à boisson » et les chicorées « à sucres » (inuline, un polymère de fructose) très utilisées en agroalimentaire.

En fait, ces trois espèces peuvent s’intercroiser ; toutes entomophiles, elles correspondent à ce que l’on appelle un complexe d’espèces. C. spinosum et C. intybus sont allogames avec mise en place de systèmes d’autoincompatibilité. C. endivia est autogame. Les plantes hybrides (C. endivia x C. intybus) sont difficiles à obtenir, même expérimentalement, du fait de l’autogamie préférentielle de C. endivia et de la quasi-impossibilité de castrer les chicorées. Par ailleurs, les plantes hybrides entre ces deux espèces, quel que soit le sens du croisement, présentent des déficiences importantes (pertes de vigueur) que l’on attribue à une incompatibilité nucléo-cytoplasmique.

Au cours de cet exposé, nous essayerons de retracer quelques moments d’histoire de ces chicorées, des Égyptiens, aux Grecs et aux Romains, puis, en passant par le Moyen Âge, à une époque plus récente, l’époque napoléonienne, puis de la fin du XIXe siècle au XXe siècle… Nous examinerons ensuite les différents cultigroupes sous l’angle de la domestication et de la sélection, sélection massale à celle des populations, synthétiques ou pas, des hybrides utilisant les systèmes d’incompatibilité ou de stérilité-mâle issue du tournesol… et enfin des outils génétiques qui permettront peut-être d’y voir plus clair sur ce légume !

Bruno DESPREZ

  • Doctorat es Sciences et Ingénieur Agronome ENSARennes, Spécialisé en génétique et amélioration des plantes.
  • Responsable de la Recherche du Groupe Florimond Desprez (Sélection de Plantes de Grandes Cultures),
  • Président de HDFID (Hauts-de-France Innovation Développement),
  • Exploitant Agricole et Entrepreneur – SCEA SIRPHE (obtenteur de Rosiers) et SCEA Roseraies GUILLOT.
  • Président de l’Association des Sélectionneurs Français (ASF),
  • Vice-Président du Pôle de Compétitivité Clubster Nutrition Santé Longévité (CNSL), 
  • Co-Dirigeant d’une Equipe Mixte /Université de Lille : CHIC41H (chicorée et une seule santé).
  • Membre de l’Académie Royale d’Agriculture de Suède et de la Société des Sciences de l’Agriculture et des Arts de Lille.

Les choux sont originaires du pourtour du bassin méditerranéen. Ils appartiennent à la famille des brassicacées (anciennement crucifères). Ils présentent des types morphologiques très différents suite au développement d’un organe particulier de la plante (bourgeon terminal, bouton floral, bourgeons axillaires, ou tige).

Les choux européens, que nous trouvons sur nos marchés, appartiennent à l’espèce Brassica oleracea à 18 chromosomes. Leur très grande diversité a conduit les botanistes à les classer parfois dans différentes espèces, mais comme ils sont interfertiles, le choix a été fait de les garder dans la même espèce mais de distinguer des cultigroupes ou sous-espèces (subsp.). Les principaux types sont les choux pommés (subsp. capitata), les choux-fleurs (subsp. botrytis), les brocolis (subsp. italica), les choux de Bruxelles (subsp. gemmifera) ou le chou-rave (subsp. gongyloïdes). Plus récemment, nous pouvons trouver sur le marché du chou kale (subsp. sabellica ou acephala selon les classifications). La sous-espèce acephala ou choux fourragers a été également très largement utilisée comme alimentation pour le bétail, mais il s’agit d’un chou haut à larges feuilles. Il existe également quelques formes qui sont très appréciées dans certains pays comme le chou à grosses côtes ou chou Tronchuda (subsp. sabellica), cultivé au Portugal, ou les Mugnoli (subsp. italica), proches des brocolis, cuisinés en Italie. La domestication a probablement eu lieu au Moyen-Orient il y a environ 3 000 ans, mais l’espèce ancestrale fait encore l’objet de discussions scientifiques. Différentes théories ont été proposées : soit il s’agit des formes sauvages de choux qui poussent sur les falaises en Angleterre, en France et en Espagne, soit il s’agit d’une ou de quelques espèces apparentées au chou qui poussent en zone méditerranéenne, et en particulier Brassica cretica. Les dernières données moléculaires privilégient cette dernière hypothèse.

Par ailleurs, deux autres légumes asiatiques sont apparus plus récemment sur nos marchés. Il s’agit du chou chinois et du pakchoï. Ces deux légumes appartiennent à une autre espèce, Brassica rapa à 20 chromosomes. Ils sont classés dans deux sous-espèces, respectivement subsp. pekinensis et chinensis. Leur ancêtre aurait été introduit à partir de l’Europe-Asie centrale vers l’Asie du Sud et l’Est, où il a été domestiqué il y a 1 200 à 2 100 ans. Cependant, nous connaissons mieux, au sein de cette espèce, le navet (Brassica rapa subsp. rapa) qui a été sélectionné indépendamment et antérieurement, il y a environ 2 700 ans à partir de formes européennes.

L’exposé sera l’occasion de découvrir la très grande diversité de ces deux espèces, mais également de voir comment elles ont donné naissance à d’autres espèces en s’intercroisant.

Anne-Marie Chèvre

Anne-Marie Chèvre est directrice de recherche INRAE à l’Institut de Génétique Environnement et Protection des Plantes au sein de l’équipe : Diversité, Évolution et génomique des Interactions Biotiques.

 Elle consacre ses recherches à la régulation de la recombinaison homologue et homéologue chez les espèces polyploïdes. Ses travaux portent principalement sur les Brassiceae à travers l’analyse de la diversité et de son introduction via la recombinaison dans le colza de gènes d’intérêt par hybridation interspécifique.

L’origine de la lentille cultivée

Les légumineuses à graines, y compris le pois, la féverole, le pois chiche et la lentille, représentent des sources importantes de protéines végétales et fournissent des services écosystémiques de grande valeur. Cela les place parmi les espèces les plus recherchées pour concrétiser les transitions alimentaires et agroécologiques souhaitées. Cultivée aujourd’hui sur les 5 continents dans des contextes pédoclimatiques très variés et retrouvant un regain important des surfaces cultivées et des parts de consommation dans l’alimentation humaine, la lentille confirme sa position en tant que composante principale des systèmes de culture. Mais d’où vient la lentille ? Que sait-on sur la domestication de la lentille telle que nous la connaissons aujourd’hui et sur la diversité génétique existante ? Cette présentation reviendra sur l’origine de la lentille, de son nom scientifique Lens culinaris subsp. culinaris, en s’appuyant sur des données archéologiques, phénotypiques et moléculaires. Il sera montré qu’un seul évènement de domestication se serait produit, très vraisemblablement dans la région du Croissant fertile et que L. culinaris subsp. orientalis serait l’ancêtre direct de la lentille cultivée. Les fouilles archéologiques montrent en effet des stocks de graines de lentille datant de plus de 10,000 ans. La structuration de la diversité génétique sera, quant à elle, exploitée pour l’associer à l’histoire démographique et sélective liée à la diffusion de la lentille depuis le Croissant Fertile vers l’Asie, vers l’Europe et vers l’Afrique. Enfin, l’hypothèse de croisements entre des ressources génétiques issues à la fois du bassin méditerranéen et d’Asie accompagnant la diffusion de la lentille à travers le continent américain depuis le 15ème siècle sera discutée. Les connaissances livrées aujourd’hui grâce à l’essor de la génomique permettent de mettre en évidence les gènes impliqués dans la domestication. Les principaux gènes contrôlent la déhiscence des gousses, la dormance et la taille des graines.

Nadim TAYEH

Nadim Tayeh est chargé de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Il dirige l’équipe génétique et génomique des espèces cibles protéagineux à l’UMR Agroécologie à Dijon. L’expertise de Nadim Tayeh porte sur la génétique, la génomique et la biologie moléculaire. Ses recherches sont dédiées à l’amélioration des légumineuses à graines, notamment pour les systèmes de production agroécologiques. Elle se concentre sur la diversité génétique, la découverte de gènes et les approches comparatives. Nadim Tayeh a piloté de nombreux projets de recherche dont le projet RésiLens en lien avec la mise en place et l’évaluation d’une collection de ressources génétiques de lentille pour identifier des sources de résistance à la pourriture racinaire et les dégâts de bruches.

Il n’est pas toujours aisé de distinguer dans les textes anciens ni même dans l’iconographie les genres et les espèces de cucurbitacées. Les formes de fruits et les usages sont souvent très proches. Des incertitudes existent entre melon, concombre, pastèque, calebasse (Lagenaria) et éponge végétale (Luffa), dues en grande partie à la diversité des formes cultivées.

La pastèque est très peu cultivée en France métropolitaine, mais est assez couramment consommée en été et appréciée comme fruit désaltérant et rafraîchissant. Toutes les espèces du genre Citrullus, y compris la pastèque [Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai] sont africaines. L’espèce sauvage la plus proche est C. mucosospermusd’Afrique de l’Ouest. La domestication de la pastèque aurait pu avoir lieu en Afrique de l’Ouest ou plus probablement en Afrique du Nord-est. En effet, des formes plus ou moins sauvages existent au Soudan (C. lanatus subsp. cordophanus) et peuvent être utilisées comme source d’eau dans les régions désertiques. Des graines de Citrullus (lanatus ou colocynthis) datant de 4 000 av. J.-C. ont été identifiées dans des sites archéologiques en Lybie, et plus récemment en Égypte et au Soudan. Il semble que les graines étaient consommées ; les graines ne contiennent pas de cucurbitacines responsables de l’amertume. L’un des premiers effets de la domestication a été la contre-sélection de l’amertume de la chair.

La pastèque est mentionnée dans la Bible : « Qui nous donnera de la viande à manger ? Ah ! Quel souvenir ! Le poisson que nous mangions pour rien en Égypte, les concombres, les melons, les laitues, les oignons et l’ail ! Maintenant nous dépérissons, privés de tout… » (Nombres 11:5). Les melons mentionnés dans ce texte sont très probablement des pastèques (et les concombres des melons, cf. infra). Sous le nom de pepon en grec classique, la pastèque est citée par Hippocrate, Dioscoride, Galien… De même, les auteurs latins (Pline, Apicius) citent la pastèque sous les noms de pepo, peponon mais aussi citrium. Sous l’empire romain, les pastèques consommées pour leur chair sucrée étaient répandues dans le bassin méditerranéen. On retrouve des représentations de pastèque dans des mosaïques byzantines au Proche-Orient vers 350-600 apr. J.-C., dans des manuscrits du Moyen Âge, chez Fuchs (1542). Deux types de pastèque sont décrits par De Combles (1749) : l’un à chair sucrée et juteuse et l’autre à chair non sucrée et ferme pour faire des confitures.

La sélection a permis d’avoir des fruits sucrés, juteux, de différentes tailles. La chair, qui est généralement rouge, peut aussi être orange ou jaune. Des résistances aux maladies ont été introduites dans de nombreuses variétés. On trouve maintenant dans le commerce des variétés parthénocarpiques (fruits sans graines incluses dans la chair).

La situation est plus complexe dans le cas du genre Cucumis. Il était classiquement admis que la plupart des espèces sauvages de Cucumis avec n = 12 chromosomes étaient africaines et que celles du concombre (C. sativus n = 7) et C. hystrix (n = 12) étaient asiatiques. Mais deux publications indépendantes parues simultanément en 2007 ont redéfini le genre Cucumis en y incluant d’autres genres (Mukia, Dicaelospermum, Oreosyce, Cucumella, Myrmecosicyos), ce qui déplacerait le centre d’origine du genre Cucumis vers l’Asie. Il en résulte qu’il aurait pu y avoir des migrations dans un sens et dans l’autre entre l’Afrique et l’Asie.

Le concombre, originaire du nord de l’Inde, a migré vers l’ouest et était présent en Asie occidentale (Turquie, Iran, Irak) vers le VIe siècle. Il aurait pénétré en Europe de l’Est et du Nord avant la conquête islamique. Une seconde introduction aurait eu lieu par voie maritime par les arabes dans le sud-ouest de l’Europe (Andalousie) vers les VIII-IXesiècles. Il n’y a aucune preuve de l’existence du concombre en Europe avant ces dates et les mentions plus anciennes de cucumis ou cucumer s’appliquent en fait à des formes allongées et non sucrées de melon.

L’origine du melon (Cucumis melo) reste plus incertaine. Des formes sauvages, qui ont parfois été décrites comme des espèces différentes (C. callosus, C. trigonus…), se rencontrent aujourd’hui en Afrique, en Asie et en Australie. Elles se caractérisent par de très petits fruits (20-50 g). Dans les textes ou l’iconographie, le melon peut être confondu avec la pastèque (gros fruits ronds ou ovales sucrés) ou le concombre (fruits allongés non sucrés).

Les melons représentés dans des peintures en Égypte (XIV-XVe siècles av. J.-C.) sont allongés et très probablement à chair non sucrée, correspondant aux groupes Chate et Flexuosus. Ces types de melon étaient présents plus tardivement dans tout le bassin méditerranéen. Des ex-voto en terre cuite représentant typiquement des melons de type flexuosus et datant du VIe siècle av. J.-C. ont été retrouvés dans le sud de l’Italie. Pline (Ier siècle) cite un melopepo aromatique, à fruit jaune et se détachant de la plante à maturité ; c’est la plus ancienne mention de melons à fruits sucrés en Europe.

À partir de 900-1000, plusieurs textes mentionnent des melons très sucrés en Asie centrale ainsi qu’en Andalousie. Les citations et illustrations se multiplient au Moyen Âge et à la Renaissance, par exemple dans les Tacuinum sanitatis. De Combles (1749) décrit plusieurs variétés (Melon des Carmes, M. de Tours, M. de Langeais…). La monographie de Jacquin (1832) décrit et illustre une grande diversité de variétés de melon.

La domestication principale aurait pu avoir lieu en Inde. Des formes à petites graines ayant ensuite été sélectionnées en Extrême-Orient et des formes à plus grosses graines en Asie occidentale puis autour de la Méditerranée. Ceci n’exclut pas la possibilité d’autres domestications en particulier dans le nord-est de l’Afrique et le Proche-Orient.

En conclusion, la pastèque est originaire de l’Afrique, a été domestiquée dans le nord-est de l’Afrique, s’est rapidement répandue dans tout le bassin méditerranéen, était connue des Grecs et des Romains, est citée et représentée dans des ouvrages européens du Moyen Âge et de la Renaissance. Le concombre, originaire du nord de l’Inde, n’est pas arrivé en Europe avant les VII-VIIIe siècles. Le melon, sous sa forme non sucrée, a peut-être été domestiqué en Égypte ou au Proche-Orient et il était connu dans l’Antiquité dans toute la zone méditerranéenne. Les melons sucrés seraient connus en Europe depuis le début de l’ère chrétienne, mais surtout à partir du milieu du Moyen Âge. Ils auraient d’abord été sélectionnés en Asie centrale en provenance de l’Inde, principale zone de domestication.

Michel Pitrat

1969-1972 : Ingénieur agronome spécialisation Pathologie végétale.

1972-2013 : Chercheur à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) dans le département de Génétique et Amélioration des Plantes, affecté à Avignon. Recherches sur la résistance des plantes maraîchères (piment, fraisier, melon, courge) aux maladies (virus, champignons, insectes). Entretien et évaluation des ressources génétiques pour les résistances aux bio-agresseurs. Animation du réseau de ressources génétiques du melon avec huit sélectionneurs privés.

1999-2000 : Année sabbatique à la banque de gènes de l’IPK (Institut für Pflanzengenetik und Kulturpflanzenforschung) à Gatersleben (Allemagne).

PITRAT M. et C. FOURY (sous la direction de). 2003. Histoires de légumes, des origines à l’orée du XXIe siècle. Editions Quae (Paris).

Les animateurs

Yvette Dattée

Docteur d’État, Yvette Dattée a été enseignant/chercheur à l’Ecole Normale Supérieure puis à l’Université pendant les 20 premières années de sa carrière. Elle est ensuite entrée à l’INRAe où elle a dirigé le GEVES (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences). Elle a présidé EUCARPIA l’association européenne d’amélioration des plantes de 1989 à 1992.
Aujourd’hui retraitée, elle est membre de l’Académie d’Agriculture de France et Présidente du conseil scientifique de la SNHF.

Georges Sicard

Georges Sicard, ingénieur agronome PG 75, jeune retraité, a réalisé toute sa carrière dans la filière semence, d’abord à la Fnams (fédération des agriculteurs multiplicateurs de semences) où il a eu en charge la direction technique, puis au GEVES où il a dirigé le secteur d’étude des variétés, dans le cadre notamment de l’inscription au catalogue officiel.

Georges a rejoint le conseil scientifique de la SNHF en 2020.

Jean-Louis Hilbert

Professeur à l’Université de Lille et directeur adjoint de l’UMR transfrontalière 1158 INRAE BioEcoAgro.
Directeur de l’Institut Charles Viollette composée de 4 tutelles que sont l’Université de Lille, l’Université d’Artois, l’ULCO et le groupe YNCREA-ISA Lille. Ses activités de recherches concernent le métabolisme spécialisé des végétaux.

[CNJP23] PALMARÈS DES LAURÉATS DU CONCOURS NATIONAL DES JARDINS POTAGERS

Chaque année, le Concours National des Jardins Potagers récompense des jardins potagers remarquables en termes de diversité des légumes cultivés, des bonnes pratiques de jardinage et de l’esthétique même du jardin. 

Ouvert à tous les jardiniers, ce rendez-vous annuel est organisé conjointement par l’Association Jardinot, la Société Nationale d’Horticulture de France, SEMAE (l’interprofession des semences et plants) et la Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs. 

Le jury, composé de personnalités du jardin et représentants des organisations partenaires, ont désigné les lauréats en fonction de différents critères de sélection en examinant de façon très attentive les dossiers des jardiniers dans chacune des catégories suivantes : 

  •  jardin potager privatif,
  •  potager dans un ensemble collectif de jardins (centre de jardins, jardins familiaux…), 
  •  jardin potager privatif situé dans un environnement paysager (château, grand parc…), 
  •  jardins ou parcelles pédagogiques, réalisés sur initiative individuelle ou avec la participation d’associations de jardiniers ou de sociétés d’horticulture, 
  • potagers partagés, mis en place et cultivés au sein d’une entreprise ou par une association.,
  • potagers sur un balcon ou une terrasse (nouveau).

Les membres de notre jury vous emmènent à la rencontre des grands prix de l’édition 2023 et de leurs potagers remarquables ! 

© SNHF / CNJP2023

Nous remercions l’Académie du Climat qui nous a ouvert ses portes pour cette 23e cérémonie de remise des prix du Concours National des Jardins Potagers et à Monsieur Christophe NAJDOVSKI, Adjoint à la Maire de Paris chargé de la végétalisation de l’espace public, des espaces verts, de la biodiversité et de la condition animale qui nous a accueilli et présenté cette institution.

Christophe NAJDOVSKI - © SNHF / CNJP2023

Découvrez la remise des prix 2023 en vidéo

LES GRANDS PRIX 2023

CATÉGORIE 1 : JARDINS PRIVATIFS

GRAND PRIX :  Corinne et Philippe RIGAUX  – Saint-Michel d’Euzet  (Gard)

À leur installation, Philippe et Corinne Rigaux trouvent un verger d’abricotiers malades et des asperges, sur un terrain sablonneux et en pente. Après un stage chez « Terre et Humanisme » en 2010, Philippe, fils de paysan lorrain, découvre de nouvelles méthodes de culture. Et c’est la naissance de son potager en carrés (16 planches) posé sur deux restanques bâties de ses mains. Comment fait-il pour avoir cette verdure en plein mois d’août ? « Nourrir la terre pour nourrir les hommes » c’est la devise qu’il met en pratique, en y apportant un mélange d’argile (la Bentonite) et de zéolite (chabasite) afin d’améliorer la rétention en eau du sol et surtout en utilisant beaucoup de compost.

© SNHF / CNJP2023

Les 3 cubes de fermentation en parpaings fonctionnent sans interruption. Ils sont remplis de couches de tontes et déchets verts du jardin, de taille de haies et de crottin de cheval non pailleux ramassé chez un ami. Ce compost (700 kg /an) est réparti sur les 160 m² du potager. L’eau est distribuée avec parcimonie. Les réserves de 6000 litres sont remplies par les pluies et utilisées en goutte à goutte ou en tuyaux micro-suintants (TMS). Le forage qui existe déjà va être mis en service, du fait des restrictions d’eau de plus en plus importantes. Les ombrières vont être développées pour passer l’été. D’ailleurs une première était en place lors de notre visite. Avec ces moyens, la production est variée et importante : pour 2023, Philippe en est déjà à 330 kg de légumes. Les relevés sur 4 ans montrent des récoltes abondantes, même si certaines années sont moins favorables : le mildiou a frappé les tomates cette année. Tous les semis se font dans la serre, les premiers en février sur nappe chauffante. Avec 90 espèces différentes, la biodiversité avec ses insectes et ses oiseaux est bien présente. Philippe n’hésite pas à tester des espèces et des variétés, nouvelles ou anciennes, pour voir leur adaptation au climat du Sud. Il est fier de nous montrer ses beaux pieds de rhubarbe qu’il a réussi à acclimater après 10 ans d’efforts ! Corinne, elle, s’occupe des fleurs et des traitements aux huiles essentielles ou aux extraits fermentés de consoude, de prêles ou d’ortie. Elle est le référent du refuge LPO qu’est le jardin. Et Philippe applique son expérience à la formation des autres : guide composteur au réseau de Bagnols, il a réalisé cette année un carré de lasagne de 4 m². Avec ses couches successives recouvertes de compost (bien sûr !), il a récolté entre avril 2022 et avril 2023, 65 kg de légumes. Comme il le dit si bien « Rien de tel que de réussir l’essai chez soi pour montrer que ça marche et pour donner envie aux autres de faire pareil ».

CATÉGORIE 2 : PARCELLE DANS UN CENTRE DE JARDINS COLLECTIFS

GRAND PRIX : Vincent CAYRON – Jardins familiaux du Maharin à Anglet (Pyrénées-Atlantiques)

Trois îlots de jardin familiaux sont répartis dans le parc du Maharin, poumon vert de 7 hectares aménagé par la ville d’Anglet. Le Maharin est un cours d’eau qui servait jadis à desservir les maraîchers qui cultivaient cet endroit. Vincent CAYRON est attributaire d’une parcelle de 60 m² dans un de ces jardins familiaux entièrement aménagés par la ville. Ces 60 m² sont cultivés de façon optimale et organisée. Des rangs de légumes, disposés en arc de cercle à partir d’un point central, ce qui permet d’allonger la longueur du rang et de varier l’exposition au vent, sont à l’origine d’une grande diversité d’espèces et de variétés qui se succèdent et sont organisés pour rentabiliser cet espace réduit : tomates, choux, salades, haricots nains et à rames, poivrons, aubergines, pommes de terre … la liste est longue. Des passe-pieds, aussi en arc de cercle, permettent d’accéder aux différents rangs de culture sans tasser la terre.

© SNHF / CNJP2023

Adepte de la permaculture, Vincent pratique la rotation des cultures, les associations de fleurs légumes, des hauts tournesols apportent une touche colorée à cet ensemble, pour lutter contre les indésirables et favoriser la pollinisation, utilise les purins d’ortie et de consoude pour protéger ses cultures contre les insectes et maladies et renforcer la résistance des plantes. Les espèces et variétés de légumes sont repérées par des étiquettes. Le paillage, foin, feuilles, déchets verts, est abondamment utilisé pour protéger la vie du sol qui n’est jamais à nu, et aussi pour lutter contre les adventices et limiter l’évaporation. Des apports réguliers de compost ou de terreau enrichissent ce potager. Deux cuves de récupération d’eau de pluie de 1000 litres chacune amènent le complément d’eau en fonction des besoins. En plus du composteur en place dans le jardin, un lombricomposteur situé dans l’abri de jardin permet d’apporter en partie les nutriments nécessaires aux végétaux. Vincent tient également un cahier de jardin où il note tous les événements liés aux cultures, de la date des semis à celle des récoltes. Quant à ses motivations à jardiner, Vincent nous dit « le jardinage est une thérapie ! C’est un moment de communion avec la nature, un retour au vivant, une parenthèse dans notre vie active » et il apprécie aussi le partage qui règne dans les jardins familiaux « mon voisin de plus de 95 ans m’a beaucoup aidé à mes débuts » ou « dans notre parcelle se côtoient plusieurs manières de faire, on se conseille mutuellement ». Ce jardin a reçu le prix coup de cœur de la ville d’Anglet et a fait l’objet d’articles dans la presse.

CATÉGORIE 3 : POTAGERS DANS UN ENVIRONNEMENT PAYSAGER

GRAND PRIX : Béatrice RUAULT – Les jardins d’Ar Chadiou à Pleumeur-Gautier (Côtes-d’Armor)

Situé à quelques encablures des bourrasques de la Manche, ce potager de 1000m² est enchâssé dans un jardin d’une superficie totale de 6500m². Sa conception a commencé en 2018 avec des plantations ornementales et fruitières pour protéger et préparer le futur potager commencé en 2021. Béatrice a créé ce jardin suite à des problèmes de santé nécessitant une reconversion mais elle jardinait déjà auparavant depuis 10 ans : « Le jardinage m’a aidé à accepter la maladie et même de mieux vivre avec ». La découverte du jardin est progressive, très peu de lignes droites, 3 grands cercles de 25 m de diamètre et deux serres géodésiques de 56m² de fabrication maison qui permettent la culture des melons et de 15 variétés de tomates. Outre les tomates, le jury note environ 65 variétés de légumes dont châtaigne de terre, oca du Pérou, courge luffa, crosne du Japon…et une belle collection d’aromatiques qu’il serait trop long de citer. Ce potager productif respire la bonne santé. Les sols sont couverts au maximum et améliorés par des apports d’algues et de compost. La terre relativement argileuse est travaillée à la fourche bêche. Le désherbage est effectué manuellement avec la méthode PTB (prends ta binette). La gestion de l’eau est minutieuse, les réserves d’eau de pluie représentent environ 3600 litres. Béatrice tient un cahier de culture pour les rotations, les dates et conditions de semis et note les variétés qui ont les meilleurs résultats. Des voiles anti-insectes sont utilisés pour protéger les cultures concernées (carotte, chou poireau…) sinon elle utilise, et qu’avec parcimonie, deux produits de l’Abbaye de Valsaintes ; « Proarom » pour les maladies et « Libreessence » pour les insectes.

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Elle partage avec les clients de ses gîtes, amis, voisins, et communique sur les réseaux sociaux. Elle pense ouvrir au public en 2024 avec l’aide de l’association des potagers fruitiers de France à laquelle elle vient d’adhérer. Les formes, l’impressionnante variété des fleurs, des plantes ornementales, fruitières et des légumes ont émerveillé le jury. « Nous faisons régulièrement des échanges de légumes, plants, graines, le jardin devient peu à peu un lieu de rencontres ». Il faudra sans doute encore quelques années pour que le coté paysager prenne toute son ampleur grâce aux soins et a la passion de Béatrice, mais ce potager est déjà une belle réussite. Mais c’est aussi un élément essentiel de bien-être, Béatrice conclut en nous disant : « Jardiner est bénéfique pour la santé, et, en ce qui me concerne, est quasiment la seule activité que je peux réaliser aujourd’hui ».

CATÉGORIE 4 : POTAGERS PÉDAGOGIQUES

GRAND PRIX ex-aequo : Armel HOCHART – Lycée agricole de Coulogne  (Pas-de-Calais)

Quand on pénètre dans l’enceinte du lycée agricole de Coulogne on n’imagine pas toute la diversité d’espaces qu’englobe cette structure. Elle s’étend sur 5 hectares avec un jardin potager, 15 jardins d’agrément réalisés et entretenus dans le lycée, des serres, 2 vergers de 400 et 3000 m², un espace biodiversité, un jardin perpétuel, des espaces de production, des structures restauration et hébergement pour les apprenants. L’établissement forme tous les ans 345 élèves de la 4ème au BTS, 180 apprentis et 30 adultes en formation continue, avec 220 hébergements. Le jardin potager, délimité par un rang de légumes grimpants, des petits fruits rouges et des cordons fruitiers double bras, est entretenu par les élèves sous la direction des enseignants. Il favorise les variétés locales en liaison avec le Centre Régional des Ressources Génétiques de Villeneuve-d’Ascq : laitue Lilloise, carotte de Tilques, poireau Leblond, artichaud vert de Laon, chicorée tête d’anguille….

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Ces plantes bien adaptées au biotope local sont plus résistantes aux variations de climat. Les cultures associées et les associations fleurs légumes sont pratiquées pour limiter la propagation et l’attaque des ravageurs, avec en cas d’infestation l’utilisation de purins, décoctions ou infusions. Le centre dispose d’une réserve d’eau de pluie de 2 fois 10 000 litres. Le lycée étant proche du littoral, l’arrosage tient compte de la vitesse et de l’intensité du vent en plus des conditions climatiques et des températures extérieures. Pour lutter contre les adventices, un arrachage manuel avant montée en graines et mise au compost est pratiqué, divers types de paillage ou de végétaux couvre-sol mis en place en fonction des cultures, la technique du faux semis est également utilisée. Toutes les données de culture sont enregistrées : quantités semées et germées, date des semis, numéro de lot, mise en place de la culture, date de récolte, planning et rotation des cultures. Un premier verger de hautes tiges avec 17 variétés régionales recommandées par le CRRG de Villeneuve d’Ascq (Cabarette, Colapuis, Verdin d’hiver…) a été planté en 2006 et un second verger a été planté en 2022 avec le soutien de la région Hauts de France : 40 hautes tiges, 200 arbustes petits fruits rouges, 25 basses tiges. Deux grandes serres sont utilisées pour cultiver les tomates, poivrons, aubergines, concombres…

Des projets pédagogiques sont mis en œuvre dans l’établissement, soutenus par le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale, la région Hauts de France et le fonds européen de développement régional. S’appuyant sur l’un deux « Améliorer la diversité de la gamme végétale au sein du lycée de Coulogne », Armel précise « l’équipe pédagogique intervient à tous les niveaux de la formation afin de poursuivre la sensibilisation des apprenants à la transition écologique, notamment à la préservation de la biodiversité et en valorisant les pratiques du jardinage au naturel ». Toute la structure est ouverte au public à diverses occasions tout au long de l’année. L’importante récolte de courges et de potimarrons est distribuée aux Restos du Cœur du Calaisis.

GRAND PRIX ex-aequo et ordre de Romarin : Odette CHATELAIN  Notre Jardin aux Mille saveurs de l’École primaire à Sauvigny-les-Bois (Yonne)

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Bien que la visite du jury ait eu lieu en période de vacances, la plupart des enfants sont là pour nous accueillir et surtout ce sont eux qui prennent la parole à tour de rôle pour nous présenter « NOTRE JARDIN AUX MILLES SAVEURS », c’est son nom, et ils en sont très fiers. Ce potager pédagogique de 520 m² et le verger de 650 m², se nichent au cœur de l’école communale de Sauvigny-le-Bois. Il est né de l’envie de faire découvrir le jardinage aux enfants par la Mairie. Ce sont l’équipe périscolaire et l’équipe des espaces verts de la ville qui mènent joyeusement ce projet. Le jardin est divisé en espaces thématiques : légumes soupes, légumes ratatouille, coins des senteurs (aromatiques)… L’œillet d’Inde trouve sa place entre les pieds de tomate. Nous notons une belle diversité de légumes, environ 35 variétés, dont : topinambour, oca du Pérou, poire de terre, lentille … pour citer les plus originaux.  Ce sont principalement la quinzaine d’enfants de 6 à 11 ans qui réalisent l’entretien des parcelles sous les conseils avisés de M. Sébastien Salvi, agent technique municipal, et d’une assistante maternelle, avant d’aller en classe et pendant les heures d’occupations périscolaires. « On met la graine dans la terre pour manger à la cantine » (élève de CP) et un autre « j’aime bien jardiner car j’ai de la motivation, on désherbe beaucoup pour prendre soin des plantes ». Oui, le désherbage se fait à la main…

Tous les mercredi matin, ils relèvent le pluviomètre et participent à une activité en relation avec le potager (dessin pour décorer le jardin, atelier cuisine, création de maquettes à visée pédagogique…). Bien qu’en zone rurale, beaucoup d’enfants ne font pas de jardin chez eux, c’est l’occasion de découvrir la culture des légumes. Le jury a été surpris par leur connaissance des plantes dont ils sont capables de citer les noms et leurs utilisations. Toutes les espèces ne sont pas consommées, certaines ayant pour vocation à comprendre le cycle de vie d’une plante.

Le potager a une vraie visée pédagogique qui va du jardinage, en passant par la botanique et les arts plastiques jusqu’à l’utilisation et la valorisation culinaire. 50% des légumes produits sont consommés par les enfants. L’an dernier, le jardin a permis de produire 14kg de courgettes. Mme Lise Balland, la cuisinière, regarde les prix des légumes à chaque récolte, afin de valoriser la production.  Elle limite au maximum le gaspillage en réalisant des coulis, gelées et conserves avec la participation des enfants qui sont ainsi bien sensibilisés aux mesures anti-gaspillage. Les semences sont soit commandées soit récupérées lors de la récolte précédente. Le jury a senti un très fort engagement de l’équipe périscolaire ainsi que des enfants. Ce potager a non seulement un objectif de transmission de connaissances techniques (potagers) mais aussi culinaires, culturelles et économiques. Le potager est très bien entretenu, il est propre et les plantes semblent en bonne santé générale. Le cahier de jardin est bien tenu.  Une réserve d’eau de pluie de 2000L permet de faire face aux besoins des légumes grâce à une gestion de l’eau rigoureuse. Fumier de vache des fermes du village et déchets de cuisine compostés enrichissent le sol. L’association ROMARIN Yonne apporte son soutien, la LPO est également engagée afin de sensibiliser les enfants aux oiseaux.

Un GRAND PRIX vraiment mérité autant pas les enfants que par les encadrants et sans oublier la mairie très engagée dans cette activité. Chapeau à Monsieur Didier IDES, Maire de la commune, à Madame Odette Chatelain adjointe au maire, qui a rempli le dossier et qui pilote les activités périscolaires, à Monsieur Sébastien Salvi agent en charge des espaces verts ainsi qu’à Lise Balland, cuisinière qui réalise de nombreux travaux manuels et pédagogiques avec les enfants.

Sur proposition du jury, Lise Balland du jardin pédagogique ‘Notre Jardin aux Mille saveurs’ est également promue Chevalier dans l’Ordre National de Romarin. L’une des missions de cet Ordre est d’encourager les actions qui aideront les enfants à connaître, comprendre et respecter leur cadre de vie, ce qui correspond parfaitement à l’engagement des bénévoles passionnés qui animent cette belle réalisation «  l’envie de transmettre une passion, d’être dans le savoir-faire, avec l’initiation au jardinage » « apprendre des techniques de jardinage aux enfants de la maison d’enfants : préparation du jardin, semis, repiquage,arrosage,désherbage ». Cette distinction donne une dimension supplémentaire à la reconnaissance et la valorisation de cette remarquable action.

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CATÉGORIE 5 : POTAGERS PARTAGÉS MIS EN PLACE ET CULTIVÉS AU SEIN D’UNE ENTREPRISE OU PAR UNE ASSOCIATION

GRAND PRIX Brigitte DELHOMME – La Pitancerie, Jardin partagé de la Plaine à Cachan (Val-de-Marne)

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Ce jardin fait partie de l’association des Jardins Partagés de Cachan qui en possède 2, un 3ème est en cours de négociation. Cette association a fêté ses 10 ans en 2022. Il s’agit d’un petit jardin très encaissé de 400 m², situé en milieu urbain dans le quartier de la Plaine. Il forme un triangle entre une rue et un petit chemin piétonnier dans les hauteurs de Cachan. Le fond est bordé de jardins de particuliers avec des arbres. Une partie très en pente est laissée en friche car la terre polluée n’a pas été renouvelée à cet endroit. La partie cultivée représente une surface d’environ 250 m². Le potager dispose d’un grand abri, lieu de vie et de rangement des outils, des bacs à compost, deux petites serres en plastique qui servent en particulier pour la préparation des plants, ainsi que d’une cuve et d’un récupérateur d’eau de pluie. Plusieurs hôtels à insectes et nichoirs sont également présents pour favoriser la présence des auxiliaires.  Les jardiniers qui s’y retrouvent, moyennant une adhésion de 20 euros par an, sont au nombre de 13 au total, mais avec un noyau dur qui vient environ 1 fois par semaine. Brigitte Delhomme explique qu’il y a une grande diversité culturelle, ce qui explique la grande diversité de plantes cultivées, dont certaines originales comme des pois du Cap (ou haricot de Lima), des cristophines, des choux portugais ou des cyclanthères (ou concombre des Andes). La particularité du jardin est l’agencement de nombreuses cultures en hauteur qui se développent à la verticale sur des grilles, des tuteurs, des bambous… C’est un moyen de rentabiliser l’espace. Cette année, les jardiniers expérimentent la culture en tour pour les fraisiers et les salades.  Si la mairie ne donne pas de subvention, elle a concédé le terrain à l’association, fournit l’eau de la ville et s’occupe du réseau d’alimentation. Elle leur donne également du substrat et des conseils via les jardiniers des espaces verts de la ville. La terre d’origine a été changée en 2019 pour cause de pollution. Celle apportée est très argileuse et lourde, difficile à travailler. Il s’agit d’une terre de remblai qui ne facilite pas la tâche des jardiniers. Ceux-ci l’améliorent avec du compost et de la drêche issue d’une brasserie locale. Les jardiniers couvrent le sol en hiver avec des feuilles et le bêchent régulièrement. Les légumes sont cultivés avec des pratiques respectueuses de la nature (compost, paillage, aménagement pour favoriser la présence d’auxiliaires et pollinisateurs, pièges et astuces pour limiter les dégâts des limaces). Les récoltes sont partagées entre les jardiniers. Un groupe WhatsApp a été mis en place pour partager la présence des jardiniers et assurer un suivi régulier des cultures. Ce qui est remarquable, c’est l’esprit de partage, les bonnes relations et la bonne entente qui existent entre les jardiniers. Le jury a apprécié la belle diversité de légumes cultivés, l’aménagement judicieux et réussi de l’espace, le bricolage collectif réalisé à partir de matériel récupéré aux encombrants, et la grande motivation des jardiniers qui prennent un grand plaisir à venir au jardin et à se retrouver.  Un grand bravo à toute l’équipe qui cultive avec passion ce potager.

CATÉGORIE 6 : POTAGERS SUR UN BALCON OU UNE TERRASSE

GRAND PRIX Christian CARON à Étaples (Pas-de-Calais)

Christian Caron, qui était très actif, chasse, pêche en mer, entretien des espaces verts de la propriété…, a été contraint d’abandonner ces activités par suite d’un problème de santé. Il a cherché à créer une activité se pratiquant en extérieur et s’est tourné vers le jardinage en terrasse. La terrasse de Christian Caron est aménagée pour lui permettre de continuer à jardiner malgré ses problèmes de lombaires qui lui rendent la station debout pénible, l’équilibre précaire et les déplacements limités. Et c’est lui qui a pensé et mis tout son esprit créatif pour installer cet espace. Il a édifié des murets avec 3 hauteurs d’éléments de piliers à enduire, qui servent normalement à monter des poteaux de portail, et ajouté des grands pots carrés qui s’emboitent dans le 3ème niveau.

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C’est la hauteur idéale pour lui permettre de jardiner assis en utilisant un siège à roulettes. Après une année où le mildiou a sévi, la terrasse a été couverte, ce qui limite les attaques de prédateurs et de maladies. Nommé malicieusement « Mon vieil ami » cet espace impressionne par son aspect net, rangé, l’ordre qui y règne. « J’y joins l’utile à l’agréable. D’abord moralement car, entre les semis en godets, la plantation en pots et jardinières, l’entretien et l’arrosage, jusqu’à la cueillette des produits, je suis occupé pendant plusieurs mois » nous dit Christian. Ce sont 42 grands pots carrés de 30 litres, alignés en deux rangées, dédiés essentiellement à la culture des tomates, complétés par 9 jardinières rectangulaires consacrées aux aromatiques. C’est ainsi que dans les contenants, pots et jardinières, 32 contiennent 25 variétés de tomates, 19 des aromates et 1 des fleurs. Il faut noter que la propriété est abondamment fleurie. Chaque contenant est numéroté, l’espèce ou la variété répertoriée et la liste est affichée. Les semis sont faits en godet, à l’intérieur, en mars, pour les repiquer en pleine terre dans les pots, en mai, après « les saints de glace ». Christian choisit dans « sa bible des variétés de tomates » celles qu’il va cultiver chaque saison et tient des fichiers informatisés dans lesquels il note scrupuleusement le résultat de ses cultures : variétés cultivées chaque année, dates, qualité, quantité récoltée, poids… Une grande cuve de récupération d’eau de pluie (15 000 litres) a été installée dans la cave et comme Christian rencontre des difficultés pour se déplacer, il surveille le niveau de son bureau, avec une caméra reliée à son ordinateur.  Et il conclut : « Quoi de meilleur qu’une bonne tomate de son jardin, sans oublier le plaisir d’en faire profiter ses proches ».

PALMARÈS 2023

CATÉGORIE 1 : JARDINS PRIVATIFS

Prix spécial Compétence : Bruno MARTIN à Saint-Max (Meurthe-et-Moselle) 

Bruno Martin est un passionné de jardinage et un habitué du concours potager. Il s’y présente pour la 4e fois. Il possède un petit jardin vivrier de 100 m² situé en zone urbaine dans la banlieue de Nancy.   Ingénieur agricole, correspondant pour la « fredon », Bruno Martin cultive son jardin depuis 15 ans. Depuis sa précédente participation, il dispose d’une nouvelle serre vitrée de 8 m², de nouveaux châssis et d’un emplacement à compost. Son jardin est irrigué, il possède un récupérateur d’eau de 3000 litres et utilise une lance d’arrosage, ainsi qu’un arrosoir.

Bruno Martin enregistre la pluviométrie sur un carnet et note les quantités de légumes produites, il tient une comptabilité analytique détaillée. Son jardin permet de nourrir sa famille de 4 personnes, avec une autonomie d’un tiers pour les légumes. La diversité de légumes est limitée du fait de la taille du jardin. Côté pratiques culturales, il n’utilise pas de produits chimiques et privilégie les décoctions. Il étale de la cendre de bois pour lutter contre les limaces. Ses cultures sont paillées avec des résidus de tonte gazon et il pratique bien entendu l’association des fleurs et des légumes. Il bêche de manière classique en hiver et les mauvaises herbes sont enlevées manuellement. Le goût du jardinage lui vient de ses parents et de ses grands-parents. L’activité de jardinage est pour lui un moment de détente et d’observations. Il partage sa pratique avec d’autres jardiniers et avec des associations. Ce jardinier passionné a une dévotion particulière pour les tomates et chaque année à Noël, la famille mange des lasagnes avec du coulis de tomates de sa production. A cette occasion, il pense avec émotion aux petites graines de tomates qu’il a mises en terre.

Prix spécial des saveurs : Caroline SASTRE à Bon-Encontre (Lot-et-Garonne)

Caroline cultive son potager depuis une vingtaine d’année, mais de manière plus assidue depuis 4 ans. D’une surface de 100 m², il présente une extraordinaire diversité de plantes potagères, dont de nombreuses à vocations aromatiques et médicinales. C’est un joyeux mélange où chaque emplacement accueille un végétal. « Ce laboratoire », comme le qualifie Caroline, se prête à d’innombrables dégustations, le spectre des saveurs est large : du sucré au salé, en passant par le doux et le piquant, toute la gamme est balayée. Sa production enrichit les plats préparés pour la famille. Ses talents culinaires et sa pédagogie sont également partagés dans le cadre de ses activités associatives. Comme elle nous l’explique, son jardin est évolutif et perméable : des courges coureuses se propagent, avec leur accord, sur les toits des garages voisins et les secteurs cultivés s’étendent progressivement sur le carré de pelouse réservé aux loisirs des enfants.  Le résultat est d’autant plus remarquable que ce jardin est cultivé dans des conditions ingrates : la parcelle est bordée de cyprès, de bambous, de prunus et autres arbres divers. Les premières années, il fallait la pioche pour faire le moindre trou ! Il a fallu faire des apports massifs de matières organiques variées en surface pendant plusieurs années pour constituer un sol meuble au fil du temps. Plus qu’un jardin, cette biodiversité exprime une philosophie, une recherche d’évolution personnelle. Erudite, passionnée de botanique qu’elle partage avec sa fille, en particulier autour de la phytothérapie. Respectueuse de l’environnement, Caroline sait aussi, pour faire partager sa passion et ses connaissances, se mettre à la portée de tous, notamment à l’occasion des animations qu’elle réalise et au travers de ses interventions sur une radio.

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Nominée avec encouragements : Nicole CERVAL à Cheffes (Maine-et-Loire)

Nicole Cerval cultive son potager dans un milieu naturel de manière à préserver un environnement favorable à l’écosystème. Un espace boisé et fleuri guide vers le potager de 200 m², créé il y a quatre ans. Constitué de 2 parties, il est clos pour protéger de l’incursion des chevreuils. Nicole, adepte de la permaculture, pratique le compagnonnage, la rotation des cultures. Elle ne bêche pas pour respecter la vie du sol qui est toujours couvert de foin récupéré sur place. Elle tient à jour un cahier de culture, très complet, où elle inscrit toutes les données sur la culture du potager : liste des plantes, compagnonnage, rotation, dates, conditions climatiques…. L’association de légumes, fleurs, fruits et aromatiques assure la beauté de ce potager, mais également permet d’assurer une consommation au quotidien. « Mon jardin est un lieu dans lequel je recherche à combiner les cultures potagères, les fleurs, le respect de la nature et la beauté du site » nous dit-elle. Le jury constate une belle diversité de plantes dont la bourrache qu’elle nomme “la plante du bonheur”. Elle précise :« Le jardinage me permet de me ressourcer, de me détendre dans un environnement calme et naturel. C’est une source d’apprentissage, d’observation, d’expérience ». Un puits à faible débit et une réserve d’eau de 1 000 litres permettent l’arrosage du jardin, mais une astuce : des parasols pour ombrager les semis en période estivale permettent de gérer avec parcimonie la réserve d’eau. Le désherbage manuel et le paillage permettent de lutter contre les adventices. Des produits de biocontrôle sont utilisés en prévention et en lutte contre les prédateurs. Nicole assure la transmission de ses connaissances à ses petits-enfants, Lucas et Emy, neuf ans, avec qui elle a réalisé le dossier.

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3ᵉ Prix : Michel LOQUAIS à Sainte-Pazanne (Loire-Atlantique)

D’une surface de 300 m², le potager de Michel Loquais est là pour la production : tout l’espace est utilisé, il n’y a pas d’espace nu, tout est paillé, les rotations de culture se font de mémoire Les sols sont travaillés à la « Campagnole », une Grelinette améliorée qui permet une bonne aération du terrain tout en enfouissant les végétaux en fin de culture et qui facilitent la plantation. L’eau de pluie récupérée suffit pour l’arrosage. Les traitements contre les éventuelles maladies se font à base de purins (ortie, prêle ; fougères…) et rarement avec de la bouillie bordelaise. Michel teste l’électroculture, sa curiosité perpétuelle pour de nouvelles techniques est importante. Cultivant des légumes depuis 49 ans, il n’hésite pas à partager ses connaissances techniques dans diverses associations. Il nous précise qu’il a connu le jardinage dès le plus jeune âge. Son père cultivait une grande parcelle de légumes pour nourrir la nombreuse famille, et augmenter un peu les ressources, le jardin nourricier a toujours été une image forte pour lui. Comme il nous le déclare : « Au fil des années, en découvrant toujours davantage d’outils pour un potager au naturel, c’est à la fois l’envie, le besoin, et la nécessité de chercher, d’expérimenter encore qui chez moi se sont développés. Aujourd’hui je puis témoigner que la chimie n’a rien à faire dans un potager ».

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2ᵉ Prix : Thomas ZUJEW à Volmerange-les-Boulay (Moselle)

Le potager de Thomas ZUJEW est situé à Volmerange-lès-Boulay, en Moselle, dans une ville très calme, à côté d’un cimetière et d’une école maternelle. Thomas est arrivé dans cette maison depuis octobre 2022. D’une surface totale de 183 m², le jardin est organisé en plusieurs carrés facilement accessibles à partir d’allées, il comporte une belle diversité de légumes : salades, carottes, choux, tomates avec 11 variétés, haricots, courges, concombres, concombres mexicain, poivrons, piments, maïs, melon, oca du Pérou, amour en cage, poire melon…).  Thomas a le souci de préserver la biodiversité avec l’installation de nichoir à mésanges, de maison à insectes, en plus des murs en pierre et la présence de fleurs qui se mêlent aux légumes pour attirer les pollinisateurs et les auxiliaires.  Les plantations sont protégées par du purin d’orties, de rhubarbe et il fait de la prévention en traitant une à deux fois par mois les tomates et les courgettes avec du lait et de l’eau.

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Thomas adore ce qu’il fait, il n’utilise aucun produit et essaie de s’améliorer sur l’association des fleurs avec les légumes.  Il a fait la connaissance d’une personne qui fabrique des objets à partir de vieux objets recyclés (Le jardin de Lulu, Ferfolie à Puttelange). En forme d’animaux, ceux-ci viennent décorer agréablement les carrés de culture. Et le jardin prend une nouvelle dimension la nuit grâce un éclairage solaire.  Le jury a apprécié ce jardin récent et atypique, un véritable havre de paix, riche en diversité d’espèces originales, avec une superbe gestion de l’espace dans le respect de la nature.  Commencé en octobre 2022, Thomas précise qu’il a baigné dans le jardinage depuis la naissance avec une mamie qui était plus sur les légumes et une autre sur les fleurs. Comme il le dit, « la nature coule dans mes veines, car comme Obélix je suis tombé dedans quand j’étais petit ». Et dans l’avenir, il souhaite le faire visiter aux enfants de l’école maternelle située juste à côté.

1ᵉ Prix : Jean-Pierre DELAGE à Bracieux (Loir-et-Cher)

Un bassin marque l’entrée du potager de 300 m², bordé de palmettes fruitières parfaitement formées avec des essences diversifiées et une vigne. Le sol en place étant très ingrat, le potager est réalisé dans des bacs de culture bordées de planches et remplis d’un mélange terre végétale/terreau travaillé à la fourche bêche. Les différentes espèces de légumes s’y développent sans difficultés. Le jury note environ 70 espèces différentes, dont de la morelle de Balbis, de la poire de terre et de la scorsonère.

Les allées principales sont réalisées en gravillons posés sur un géotextile pour éviter la pousse des adventices. La technique est à son apogée dans la serre vitrée équipée d’un écran thermique faisant fonction d’ombrage en été. Un chauffage électrique ventilé assure la mise hors-gel en hiver. L’irrigation est assurée par récupération directe de l’eau de la toiture et par un dispositif complémentaire d’irrigation localisée. La production de tomates (14 variétés), déjà importante dans la serre est complétée à l’extérieur sous un abri qui est la meilleure protection contre le mildiou et prolonge la récolte en arrière-saison.

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Deux composteurs récupèrent tous les déchets végétaux. Un poulailler complète le dispositif. La protection sanitaire des plantes fait appel à des produits naturels ou de biocontrôle (huile de colza, savon noir, infusions d’orties, BT…) Le cahier de jardin recueille chaque année les plans de culture, l’ensemble des travaux réalisés et les productions récoltées. A la retraire Jean-Pierre Delage s’est formé progressivement et assidument, en suivant les cours de la Société d’Horticulture du Loir-et-Cher qui possède un verger école conservatoire. Il s’informe beaucoup sur les sites, dont Jardiner-Autrement et dans les revues. Il est à l’affut d’astuces qui simplifient et fiabilisent les tâches au jardin, en témoigne cet ingénieuse réglette à semer les graines en poquets. Il expérimente beaucoup avant d’adopter un nouveau produit ou une nouvelle technique avec une approche très pragmatique « ça marche, je garde ; ça ne marche pas j’élimine ». Ce qui le motive ? : « Le plaisir d’être au grand air et d’embellir mon environnement en profitant de produits sains et gouteux ».

CATÉGORIE 2 : PARCELLE DANS UN CENTRE DE JARDINS COLLECTIFS

Nominée avec encouragements : Alexandra BONICI – Les jardins d’Agathe à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône)

Avec le dynamisme de la jeunesse, les jardins familiaux et partagés d’Agathe se présentent au concours avec la parcelle d’Alexandra BONICI après seulement 8 mois d’existence. Ces jardins, situés au bord de l’étang de Berre, sont le fruit d’une détermination de Didier Kelfa, maire de Saint-Chamas, qui cherchait un terrain cultivable proche de sa ville de 9 000 habitants pour créer des jardins nourriciers. Une convention tripartite de 5 ans a été signée entre la propriétaire d’un terrain en friche dont la volonté était de le mettre en culture, la municipalité de Saint-Chamas et la toute nouvelle association, portée par le dynamisme de son président Alain Bonnerue. L’impression est très bonne en arrivant dans ce tout nouveau jardin. Un espace planté de fruitiers nous accueille. Puis les 28 parcelles, bien vertes malgré le climat du mois d’août : 24 parcelles de 20 m², 3 parcelles un peu plus grandes et un espace de 60 m2 pour le jardin partagé qui permet aux débutants et à ceux qui n’ont pas assez de temps libre de s’initier et jardiner.

Une parcelle a été réservée à l’association Ricochet pour les personnes et les enfants en difficulté. L’enthousiasme des jardiniers est évident : beaucoup ont créé des pancartes à leur nom accrochées à l’entrée de leur parcelle. L’ambiance entre les jardiniers de trois générations différentes est très bonne. La candidate au Concours, Alexandra, dessinatrice de son état et responsable au sein des jardins, dispose d’une parcelle de 30 m2.  La chance de ce jardin, c’est la disponibilité en eau grâce à la venue d’eau par gravité et son stockage dans cinq cuves de 1 000 litres. Les cultures sont arrosées au goute à goutte. Avec deux composteurs et le fumier de cheval obtenu en abondance, le sol très léger est bien nourri. Les cultures sont belles, avec une diversité encore limitée pour l’instant, mais qui devrait s’améliorer nettement dans l’avenir.

Passionnée par cette activité, Alexandra nous précise que « c’est un besoin vital ; j’aime jardiner, mettre les mains dans la terre, regarder les semis grandir, les plantes s’épanouir. J’aime tous ces moments de bonheur que nous offre la nature ».

Ce jeune jardin, avec plein d’idées pour son avenir, mérite bien les encouragements du jury.

2ᵉ Prix : Dominique ROBILLARD – Domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)

Le jardin de Dominique se trouve dans les jardins familiaux situés dans le Domaine national de Saint Cloud à la porte de Paris. C’est un endroit particulièrement verdoyant, arboré et calme qui contraste avec l’agitation et la circulation parisienne. A l’intérieur de ce domaine, l’Association des jardins ouvriers de l’automobile et du cycle (AJOAC), qui est affiliée à la Fédération Nationale de Jardins Familiaux et Collectifs, dispose de plus de 200 parcelles de 100 à 200 m², cultivées par près de 300 jardiniers.

Dans ce havre de verdure, Dominique cultive une parcelle de 200 m² depuis 2003. Elle a commencé avec 100 m² avant de pouvoir disposer quelques années plus tard de 100 m² supplémentaires, aménagés différemment après avoir suivi le stage « Jardiner autrement ». Ce jardin présente une belle diversité de légumes (tomates, poireaux, oignons, fenouils, choux, carottes, livèche, cucurbitacées, rhubarbe, …), de petits fruits (fraisiers, framboisiers, groseillers, cassissiers, coqueret du Pérou…) et de plantes aromatiques dont la collection sert de support pour des animations auprès des scolaires. Elle n’hésite pas découvrir et cultiver certains légumes originaux comme l’arachide cette année.

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Les légumes sont cultivés de façon biologique, en utilisant des purins (de prèle, fougère, ortie) ou des voiles pour protéger des maladies et des insectes, en favorisant la présence des auxiliaires et des pollinisateurs, en pratiquant la rotation des cultures et les associations bénéfiques entre les plantes… Le sol est travaillé à la grelinette et enrichi avec du compost fabriqué sur place pour nourrir la terre.

Dominique est une passionnée de cultures de légumes et de botanique. Elle s’est occupée du jardin de sa maman à la campagne avant d’avoir la chance de pouvoir disposer de ce jardin qui est vite devenu sa seconde maison. D’ailleurs, elle précise : « j’ai déménagé pour être à proximité de mon jardin, j’utilise les légumes pour mon alimentation comme le faisait ma mère dans mon enfance, j’en offre beaucoup. Je transmets ma passion aux enfants que je reçois, à mes amis et à mes connaissances. Et j’aide des jeunes jardiniers ou des jardiniers novices par mes conseils ». Elle souligne également les bienfaits du jardinage sur la santé et indique « Quand je jardine, j’oublie tous mes soucis tout en faisant de l’exercice ».

1ᵉ Prix : Gilles DESLANDES à Caen (Calvados)

Gilles cultive sa parcelle de 200m² depuis 20 ans dans les jardins familiaux de Caen.

« Rien n’est joué d’avance, il faut avoir de la vigilance et des fois un peu de chance pour réussir au potager », nous déclare-t-il d’entrée. Il travaille son sol à la « grelinette », utilise la binette et pratique la rotation des cultures. Il apporte du fumier de cheval qu’il fait murir plusieurs mois et utilise le compost de déchets verts de son jardin et ceux livrés par la Ville. Il fait ses plants lui-même. Il utilise l’eau de ville uniquement si ses réserves d’eau de pluie (1500 litres) sont à sec. Il n’arrose que si nécessaire, et a disposé des OYAS fabrication maison 1 pour 4 pieds de tomates. L’occupation du terrain et la masse végétale présente lui permettent donc de limiter sa consommation d’eau. Des nichoirs pour les oiseaux, un hôtel à insectes bien fréquenté et un tas de bois accueillent les prédateurs de ravageurs. Il utilise les larves de coccinelles données par la mairie et ramasse limaces et chenilles des buis à la main. Un abri à tomates les protège de la pluie.  Les variétés sont plutôt classiques, mais correspondent au besoin et au gout du jardinier.

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Gilles se déclare auto-suffisant en légumes et il distribue largement ses surplus de récoltes car il vit seul en appartement. Un coin repos reste dans l’esprit « sauvage » de l’ensemble.  Des fruitiers et petits fruits complètent l’approvisionnement. Il apporte des notes de fantaisies dans son jardin comme les cardères (utilisés dans le temps pour carder la laine), du lin et du sarrasin. Il taille les haies de noisetier pour ses haricots à rame, et stocke ses légumes racines dans un coffre en bois dans la terre. Le jury apprécie la présence de fleurs dans ce potager à vocation principalement vivrière. Nous avons apprécié ce potager dans un ensemble collectif très « dans l’air du temps ». Occupation maximale de l’espace, recyclage total de tout ce qui n’est pas consommé, abondance de matière organique, maitrise de l’arrosage, association entre plantes fournissant l’ombrage, aspect de luxuriance du jardin. Gilles est très souvent dans son jardin « pour s’aérer et être en contact avec la nature« .

CATÉGORIE 3 : POTAGERS DANS UN ENVIRONNEMENT PAYSAGER

1er Prix : Annik et Frédéric DENIZET – Les jardins Sigalloux à Le Luc-en-Provence (Var)

Depuis 1794 et après cinq générations, la belle bastide du 18ème siècle et quelques hectares de terre sont revenus à Frédéric DENIZET. Mais que faire de cette terre épuisée par la culture de fruitiers conventionnels et avec ce climat particulièrement chaud en été, avec du gel au printemps et un fort mistral ? Le premier travail a été d’implanter des haies de troènes protectrices du vent et du soleil. En 2013, le premier jardin en carré est créé. C’est le début d’une autonomie alimentaire voulue et construite. Annik a rejoint Frédéric et c’est à deux qu’ils vont agrandir les espaces de culture en y ajoutant un verger, un deuxième jardin en 2016, un jardin des cinq sens et une parcelle en agroforesterie sous des mûriers platanes taillés.

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Ils tiennent à être des recycleurs indépendants des fournisseurs. « Le jardin doit vivre de lui-même » dit Frédéric. Quelques achats néanmoins : un broyeur à marteaux, du treillis soudé pour créer des structures porteuses, du tuyau micro suintant pour l’arrosage. Pour le reste, ils recyclent les déchets du jardin, les tailles de haie et d’arbres pour couvrir et améliorer le sol qui est paillé. Les semences sont autoproduites pour les fleurs et aromatiques, ainsi que pour les légumes, sauf pour les courges pour éviter les croisements dangereux avec des cucurbitacées décoratives. Les plants de légumes et d’arbres fruitiers sont produits dans une serre, équipée de chariots construits par Frédéric et d’un plateau chauffant, Annik teste beaucoup : des légumes perpétuels (chervis, oignons rocamboles), insolites (épinards de Malabar, poire de terre…) ou exotiques (gombos, kiwanos, chayottes). La production est autoconsommée en frais, en conserves ou en lactofermentation pour les carottes, betteraves, poivrons et fenouils. La biodiversité en insectes, en oiseaux et en lézards est de plus en plus importante. Annik le constate : « Plus j’essaye de nouvelles espèces et plus j’utilise d’engrais verts, plus je vois la vie se développer dans mon jardin ». Frédéric explique « Nous n’essayons pas de détruire les prédateurs, mais plutôt de les contenir par le choix des espèces et des rotations ». Avec leur volonté affichée de transmettre leur savoir, ils ont créé leur association d’éducation à l’environnement et communiquent beaucoup. Ils désireraient également créer un réseau de jardiniers du Sud qui testerait des espèces et variétés.

CATÉGORIE 4 : JARDIN PÉDAGOGIQUE

1er Prix : Vincine FRANCIS – Jardin de l’Épicerie locale et Solidaire de Nanterre (Hauts-de-Seine)

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Le potager de l’Epicerie locale et solidaire de Nanterre fait partie d’un ensemble géré par un collectif d’associations qui vient en aide aux personnes qui ont subi un accident de la vie et qui ont un projet. Situé en plein milieu urbain, autour de l’épicerie, c’est un coin de verdure, agréable et calme. Il est cultivé de main de maître par Vincine, prénommée également Margot, paysagiste de formation, qui est aidée par 4 autres bénévoles qui y passent plusieurs heures par jour.

D’une surface de 420 m², il est aménagé avec goût et les cultures sont belles et en bonne santé, grâce aux méthodes biologiques pratiquées, au désherbage impeccable réalisé par les bénévoles, et aux soins apportés à la terre constamment améliorée par les produits issus des composteurs et l’apport de fumier ou de feuilles sèches. Agencés harmonieusement, les massifs de cultures (pommes de terre, tomates, carottes, courgettes, cucurbitacées locales et guadeloupéennes, concombres, piments, christophine…) sont délimités par des planches en bois récupérés sur des palettes qui sont largement utilisées pour faire des supports aux plantes. Dans ce domaine, le mur végétal est remarquable. Installé le long d’une clôture, il mesure 10 mètres de longueur sur 1.80 mètre de hauteur, sur lequel poussent une très grande diversité de plantes aromatiques, des tomates cerises ainsi que de nombreuses fleurs. Celles-ci sont également présentes dans les espaces de culture pour embellir le jardin et favoriser la présence des auxiliaires. Le jardin fournit l’épicerie en légumes, petits fruits et plantes aromatiques.

Même s’il ne représente que 4 % en valeur de l’approvisionnement total de l’épicerie, il a une grande importance. En effet, comme nous le dit Margot, « il favorise le lien social, les rencontres et il montre la beauté de la nature ».  Elle ajoute : « Les plantes sont belles et les personnes qui viennent à l’épicerie les observent et les voient pousser de la graine jusqu’à la plante adulte. Ensuite, elles apprennent à les cuisiner ».  Son but est aussi de retrouver le goût des légumes de son enfance, en faire profiter tout le monde, et initier les enfants à la nature, leur faire reconnaitre les légumes et les fruits. Eduquer à la santé par une alimentation saine fait aussi partie des objectifs à atteindre. Aménagé avec un vrai sens de l’esthétique, le résultat est remarquable pour un jardin si récent, il a été commencé en 2021. Bravo à Margot et à tous les bénévoles de l’épicerie solidaire de Nanterre pour leur œuvre admirable.

CATÉGORIE 5 : POTAGERS PARTAGÉS MIS EN PLACE ET CULTIVÉS AU SEIN D'UNE ENTREPRISE OU PAR UNE ASSOCIATION

Prix spécial ilôt de verdure : Françoise BESSET – Jardin partagé Leroy Sème (Paris)  

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Le jardin Leroy Sème, niché au cœur du 20e arrondissement, compte aujourd’hui 16 années d’existence sur un terrain appartenant à la mairie de Paris. La première impression qui se dégage de ce petit jardin dans sa globalité est un calme étonnant, contrastant avec la vie parisienne. La grille de l’entrée, située à quelques mètres de la Rue des Pyrénées très bruyante, reste ouverte pendant les temps de présence des jardiniers. Cela permet aux visiteurs de se balader tranquillement dans les allées étroites sans qu’il n’y ait de dégradations.

L’association compte actuellement une cinquantaine d’adhérents. La gestion se fait de manière collective et consensuelle avec plusieurs réunions tout au long de l’année. Le jardin est composé de 9 parcelles qui se fondent les unes dans les autres de manière harmonieuse dont une consacrée au potager, une pour les enfants et une sur le toit du cabanon qui est végétalisé. Un référent est nommé pour chacune des parcelles. Il tient à jour le cahier de la parcelle où sont notées toutes les décisions prises et les cultures mises en place. Le potager d’environ 70 m² est entretenu et cultivé par 18 adhérents, dont 4 ou 5 qui s’en occupent très régulièrement. Le potager en tant que tel n’a pas une vocation vivrière, mais permet de nombreux partages. On y retrouve donc tomates, poivrons, courges, courgettes, haricots, blettes. Le buisson de tomates cerises est très apprécié des enfants et des promeneurs. Il y a aussi des essais d’espèces à découvrir comme l’arroche. Il est cultivé en tenant compte des principes de la permaculture. Le sol est aéré à la grelinette et amendé régulièrement avec du compost. L’association des fleurs avec les légumes permet d’éloigner les ravageurs et attirer les pollinisateurs. Les légumes récoltés sont distribués au plus grand nombre et parfois les jardinières cuisinières préparent un plat qu’elles apportent au jardin pour le partager ! Ce qui est remarquable, c’est la façon dont les adhérents parviennent à concilier différentes visions du jardinage et à faire sereinement leurs choix d’espèces et de variétés en tenant compte des envies de chacun et de la nécessité des rotations. Comme nous l’explique Françoise, « ce jardin se construit au fil des observations, des années, des expériences et des clins d’œil aux anciens jardiniers, une façon de construire l’histoire ».

2e prix : Agnès FROMENT – Jardin partagé Majolan à Meyzieu (Rhône)

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Ce potager partagé créé en 2021 d’une superficie de 160 m² sur une surface totale de 300m² est bien organisé. Il se situe à Meyzieu dans le quartier des terrasses, un ensemble d’immeubles avec de grandes terrasses garnies de quelques pots, qui ont donné envie a plusieurs personnes d’aller plus loin dans le jardinage. Motivée pour   créer ce jardin partagé, la mairie a accepté de fournir cette parcelle. Sous le pilotage d’Agnès Froment, les 12 membres se coordonnent grâce à un groupe « WhatsApp » pour les présences au jardin, les travaux à effectuer, noter les semis, repiquages, récoltes (poids, quantité) etc. Le jardin n’ayant ni tunnel ou serre, les semis se font au domicile des adhérents, une liste des semis à effectuer par chacun(e) est dressée. Le travail du sol se fait à la grelinette et s’améliore avec du compost du jardin et les feuilles broyées des espaces verts de la ville, qui sont étalée pour l’hiver afin d’éviter le lessivage. Le désherbage se fait manuellement, les cultures sont assez denses pour réduire la prolifération des adventices.  Les choux et autres légumes sensibles sont protégés par des filets à insectes. Grande vigilance apportée sur l’arrosage. Chacun apporte ses connaissances techniques et ses expériences, le jury note une belle diversité de variétés : environ 90, dont 30 en tomates et de nombreuses aromatiques et petits fruits. Le jardin est situé dans un quartier ce qui permet de nombreux échanges avec les passants. Les jardiniers échangent aussi avec les personnes de l’EPM de Meyzieu (établissement pénitentiaire pour mineurs) car un atelier jardinage est organisé régulièrement pour ces mineurs en détention. Dans le cadre de la mise en valeur du jardinage et du lien social l’association organise aussi des visites/animations avec des classes. Une belle motivation des jardiniers rencontrés résumée par ces quelques mots d’Agnès : « Nous sommes tous d’accord pour dire que le jardinage nous détend psychologiquement et nous fait faire de l’exercice physique. Ce jardin est un lieu de rencontres intergénérationnelles et multiculturelles. C’est un excellent moyen de sociabilisation tant pour les adhérents que pour les gens qui passent discuter avec nous ».

1e prix : Roger SCHREIBER – Jardin partagé du Parc aux Frênes – Association ESCHAU NATURE à Eschau (Bas-Rhin)

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Eschau Nature a débuté par une association de défense de la nature et d’initiation à l’environnement, puis en 2018 a créé ce potager partagé d’une superficie de 360m² plus 1 andain de 100m²consacré aux courges. Le terrain est communal, 15 familles jardinent sur cette surface et 4 personnes s’occupent de l’animation. Un verger et un rucher sont situés à proximité. A l’entrée se situent un composteur et la cabane pour les outils. Un tunnel de 25m² a été installé pour les tomates, les semis et la culture des salades. Pour accueillir les auxiliaires, hôtel à insectes, mangeoires et nichoirs pour oiseaux, ont été construits par les jeunes de l’association. Et comme le précise Roger « Nous plantons principalement des capucines, des œillets d’inde, des soucis, des cosmos : le parfum qu’elles émettent joue un rôle de répulsif à l’encontre de certains insectes ». L’eau est puisée dans le canal tout proche avec l’autorisation de VNF (Voies Navigables de France), puis stockée dans une citerne, ensuite c’est l’arrosoir qui fait le reste. Les jardiniers tiennent scrupuleusement un cahier de jardin, et communiquent entre eux à travers un groupe WhatsApp créé pour décider des différentes actions à mener. Les bonnes pratiques sont largement mises en application : association de fleurs et de légumes, blé noir, phacélie, tournesol…

Pour le désherbage : « Paillage de surface et huile de coude ! Nous les enlevons manuellement ». Amendement des sols avec du compost, cendre de bois contre les limaces. La diversité est assez importante, environ 40 variétés de légumes. Les courges sont vendues au profit du téléthon. Pour les jardiniers le but est de se nourrir avec des produits sains, d’avoir des grands moments de convivialité, de partager les expériences de culture, mais aussi de recettes de cuisine. Les animateurs se renseignent beaucoup sur internet. Le responsable du jardin, qui l’a créé, accompagne les jardiniers et  initie les travaux est Roger Schreiber (Président d’Eschau-Nature) qui conclura cette présentation : « Notre jardin partagé nous ressemble : généreux, simple, naturel et plein de couleurs et d’odeurs ! »

Fermeture bibliothèque fin décembre 2023

La bibliothèque de la SNHF sera exceptionnellement fermée pour congés du lundi 25 décembre au mercredi 27 décembre inclus.

Nous serons heureuses de vous accueillir à nouveau, sur rendez-vous, dès jeudi 28 décembre aux horaires habituels : 10h-13h et 14h-18h.

Pour aller plus loin

« Pomme d’or. Gros Faros. Court pendu. Fenouillet rouge. » Gravure extraite de Le Jardin fruitier, 1821. L. Noisette. Bibliothèque SNHF, Fonds ancien.

Les premiers numéros de Jardins de France sont en ligne

Découvrez une revue incontournable dans l’histoire de l’horticulture française

Les 8 premières années de la revue Jardins de France, de 1947 à 1954, ont été numérisées. Les volumes sont consultables en intégralité sur la bibliothèque numérique Hortalia.

Créée par la Société nationale d’horticulture de France, Jardins de France est une revue qui fait la part belle aux actualités du monde horticole en proposant des articles de fond, des conseils pratiques de jardinage et qui présente les nouveautés et évènements du secteur. Le comité de rédaction de l’époque fait le choix éditorial de placer cette revue comme la suite des Bulletins de la Société nationale d’horticulture de France, également disponible sur la bibliothèque numérique Hortalia. C’est pour cette raison que le premier numéro de Jardins de France en 1947 reprend la numérotation suivante : 121e année, 7e série. : vol. 1. La revue restera sur une parution mensuelle de 1947 à 2009 ou elle sera bimestrielle. Depuis 2017, elle est trimestrielle.

Rendre accessible et valoriser le patrimoine écrit

C’est grâce à son partenariat en tant que « Pôle associé » de la Bibliothèque nationale de France (BnF), que la SNHF a pu mener cette nouvelle campagne de numérisation. Cette année, la sélection validée inclut les années 1947 à 1954 de notre revue Jardins de France mais également d’autres titres qui seront prochainement mis en ligne et consultables par tous. Pour le titre Jardins de France, c’est un volume de 2400 fichiers qui ont été traités et intégrés sur la bibliothèque numérique Hortalia. Elle est signalée depuis le moteur de recherche de la bibliothèque numérique Gallica.

A savoir : Les volumes originaux, ainsi que l’intégralité de la revue jusqu’au dernier numéro en cours sont conservés et consultables sur place à la bibliothèque de la SNHF.

Pour aller plus loin :

[Potagers fruitiers] Essai haricots nains et mangetout 2023

En 2023, la section potagers et fruitiers de la SNHF a décidé de réaliser des essais comparatifs de variétés de légumes. Plus de soixante jardiniers amateurs de différentes régions de France se sont portés volontaires pour y participer.

Méthode et déroulement des essais

Les semences des 3 (ou 5) variétés de haricots nains mangetout ont été adressées à 65 jardiniers volontaires dans des enveloppes numérotées avec un protocole détaillé et une feuille de notation. Il était proposé à ceux qui ne recevaient que 3 variétés de compléter l’essai comparatif avec 1 ou 2 variétés de leur choix pouvant servir de témoins.

Des tests de germination ont été effectués donnant des résultats positifs pour les 5 variétés proposées.

Le protocole demandait aux jardiniers de noter de nombreuses informations sur le déroulement de la culture. Il précisait notamment que les jardiniers récoltent les haricots comme ils en ont l’habitude, c’est-à-dire à la fréquence (ou à la taille des gousses) qui convient à leur usage. Les expérimentateurs devaient noter les dates, les poids et les nombres de gousses de chaque récolte. Ils devaient également réaliser des tests gustatifs.

Sauf exception, les levées n’ont pas posé de problèmes particuliers avec des décalages de précocité entre les variétés ne dépassant pas 3 jours.

Très peu de maladies ont été signalées mais il y a eu des manques assez importants dans plusieurs essais dus à des ravageurs (mouches des semis, limaces, escargots, pigeons, lapins…) ou à des dégâts occasionnels liés au climat (coups de chaud et/ou coups de froid). Les difficultés rencontrées par certains ont surtout été liées à des manques de disponibilité à certaines périodes.

Le temps chaud qui a prévalu cet été a été globalement favorable aux haricots et, s’ils n’ont pas souffert de manque d’eau, leur croissance a pu se faire dans de bonnes conditions.

Sur les 65 envois, seulement 31 ont fourni des résultats qui ont pu être exploités pour ce compte rendu. Cependant, les qualités gustatives ont été notées par plus de 110 personnes (famille ou relations des expérimentateurs).

Les 20 départements où ont eu lieu les essais pris en compte sont dispersés en France :

01 Ain, 04 Alpes de Haute Provence, 11 Aude, 17 Charentes maritime, 21 Côte d’Or, 28 Eure et Loire, 36 Indre, 37 Indre et Loire, 42 Haute-Loire, 44 Loire Atlantique, 49 Maine et Loire, 50 Manche, 54 Meurthe et Moselle, 56 Morbihan, 63 Puy de Dôme, 68 Haut Rhin, 77 Seine et Marne, 80 Somme, 92 Hauts de Seine, 94 Essonne.

Levée assez régulière d’un essai en région Ile-de-France

Résultats

  1. Sur les rendements par variété

Les rendements obtenus sont extrêmement variables selon les lieux et les expérimentateurs mais les productions comparées des variétés sont assez constantes. Le rendement moyen par variétés sur environ 2 m² est de près de 3 kg, soit 15 kg pour les essais à 5 variétés sur 10 m².

  • La variété V2 : Oxinel 2 est la plus précoce et la plus productive. Sa récolte est aussi la plus groupée. Ses gousses sont rondes et charnues. Les entre-nœuds sont assez longs. Elle n’est pas très facile à récolter.
  • La variété V3 : Stentor, qui est une variété beurre, arrive avec un rendement de 90 % par rapport à V2. Sa production est moins hâtive et un peu plus étalée que V2. Sa couleur jaune permet de la récolter plus facilement.
  • La variété V1 : Majestik arrive en 3e avec un rendement de 70 % par apport à V2. Un peu plus facile à récolter que V2, elle a été pénalisée par des rendements faibles et mal expliqués dans quelques situations. Ses gousses sont plus lourdes et plus charnues que V2 et V3. Ses récoltes sont aussi moins hâtives et plus étalées que V2.

Pour les variétés V4 et V5, les résultats obtenus sont moins fiables car notés sur un nombre nettement plus faible de notations (7).

  • La variété V4 : Triomphal, plus tardive que V2 et V3, présente des gousses marbrées. Elle est très productive. Son rendement apparait très légèrement inférieur à V2 avec une production plus étalée.
  • La variété V5 : Braimar est la plus tardive et sa production est également étalée. Son rendement est proche de V3.

De nombreuses autres variétés ont été testées selon les choix des différents jardiniers ; on peut citer : Amethyst (violet), Castandel (à récolter une fois par semaine), Cordon bleu (filet sans fil), Gusty (filet sans fil), King Horn (beurre), Mistic (violet, plus court, facile à récolter), Pongo (filet fin sans fil), Rugally, (vert foncé à récolter jeune), Saxo (précoce), Skipper (nombreuses petites gousses), Talisman (précoce), Tilsam (précoce). Chaque jardinier a pu comparer ses propres variétés à celles de l’essai V 1, V2 et V3.[1]

La facilité de récolte est observée chez certaines variétés plus courtes, de couleur différente et/ou dont les gousses sont plus visibles. Quelques-uns les ont comparés à des variétés à rames que l’on peut récolter sans se pencher.

Récolter fréquemment les haricots permet d’obtenir des gousses plus fines sans perte de rendement. Chez certaines variétés, les gousses sont plus visibles et sont, de ce fait, plus simples à récolter.

  1. Sur les rendements selon la fréquence des récoltes

Les dix rendements les plus élevés ont été obtenus par des participants ayant réalisé entre 5 et 22 récoltes. Autrement dit, des récoltes fréquentes, tous les 2 ou 3 jours, demandent une présence et un temps passé plus important, mais cela affecte peu ou pas le rendement final, voire le favorise par rapport à ceux qui récoltent une fois par semaine. Le rythme d’apparition de fleurs et donc de nouvelles gousses est accéléré par les récoltes.

Les dix rendements les plus faibles ont été obtenus par ceux ayant réalisé entre 2 et 5 récoltes. Un très faible nombre de récoltes (moins d’une fois par semaine ou tous les 15 jours) peut diminuer sensiblement le rendement. Le croquant et la qualité gustative sont impactés par la taille des gousses et la formation des grains dans les gousses. Récoltés à un stade bien avancé, les haricots de la plupart des variétés ont aussi tendance à devenir filandreux.

Récolter fréquemment les haricots permet d’obtenir des gousses plus fines sans perte de rendement. Chez certaines variétés les gousses sont plus visibles et sont, de ce fait, plus faciles à récolter.

Qualités gustatives

Plus de 110 personnes ont participé à des tests comparatifs des qualités gustatives entre les différentes variétés.

Présentation des semences de sept variétés de haricots et de coupelles contenant les haricots cuits en vue d’une séance de dégustation. Le protocole précisait de cuire les haricots 6 mn dans l’eau bouillante. Les participants devaient noter chaque variété pour son « croquant » et pour son « goût ».

Presque tous les dégustateurs ont déclaré que les variétés avaient généralement bon goût. Et beaucoup qu’elles étaient « très bonnes », « délicieuses », « excellentes », « la meilleure », « un goût unique » … très peu sont plus nuancés ou critiques : variétés « toutes assez semblables », « un peu fade », « fibreuses » (pour des variétés récoltées tardivement)

  • Pour le croquant : la variété V1 « Majestik » a été notée assez nettement la plus croquante. Derrière V2 « Oxinel 2 » puis « V3 « Stentor » (assez proche) sont notées un peu moins croquantes.
  • Pour le goût : selon la moyenne, aucune différence significative ne sépare les variétés V2 et V3, V1 arrivant juste derrière. Cependant, les avis sont très partagés selon les dégustateurs. Beaucoup ont un avis assez tranché sur la variété beurre V3 en plus ou en moins bon.

48 personnes ont participé à des tests comparatifs des qualités gustatives sur 5 variétés.

  • Pour le croquant : la variété V5 « Braimar » a été notée la plus croquante devant V2 et V3 ; V1 et V4 arrivent juste derrière.
  • Pour le goût : V3 « Stentor » puis V5 « Braimar » ont obtenu les meilleures notes devant V4 puis V2 et V1.

En guise de conclusion

Les haricots nains mangetout, si on les récolte souvent, produisent de nombreuses nouvelles fleurs et gousses et compensent par leur nombre leur faible poids par rapport à de grandes et grosses gousses que l’on obtient en récoltant peu souvent.

Ceux qui souhaitent réduire le nombre de récoltes auront intérêt à choisir une variété à récolte groupée et obtiendront des gousses plus épaisses et plus longues. Ils pourront se contenter de récolter une fois par semaine, voire moins, mais cela alors risquera d’affecter le rendement et la qualité.

Récolter tous les 4 à 6 jours permet d’obtenir un excellent rendement avec des gousses assez fines.

Récolter tous les 2 ou 3 jours permet d’obtenir des gousses plus fines sans affecter le rendement final.

Pour obtenir un rendement maximum il est possible de prolonger les récoltes plus longtemps…

Les appréciations gustatives sont difficiles, très variables et probablement assez subjectives. À chacun de se faire plaisir.

Synthèse chiffrée du total des résultats des 3 variétés testées
(sur les 31 essais pris en compte)
Numéro V1 V2 V3
Variété Majestik Oxinel2 Stentor
Total récolté (Kg)
76,7
111,1 100,0
% de V2 69% 100% 90%
Nombre total de gousses récoltées
 20 889
35 566 30 717
Poids moyen des gousses (grammes) 3,67 3,12 3,26

Rendement moyen sur 2 m² environ         2,8 Kg                           3,6 Kg                          3,2 Kg

[1] Près de 1400 variétés de haricots sont inscrites au Catalogue européen des espèces et variétés dont plus de 200 de haricots nains et 40 variétés à rames inscrites en France.

Rédaction : Jean-Daniel Arnaud membre du conseil scientifique et de la section potagers et fruitiers de la SNHF.

[Retour sur] l’exposition ‘Variations florales à Versailles’

‘La nature s’enflamme avant de s’endormir… Mille applaudissements et Mille mercis’

Voilà, entre autres, l’un des compliments enchantés, couché sur le livre d’or et dont l’inspiration sincère de son auteur s’adresse à la quarantaine de créatrices et de créateurs de ces compositions florales et leur va droit au cœur.
Les murs blanchis des salons de cet hôtel particulier construit au XVIIIe siècle, réservés aux expositions temporaires ont mis en valeur la diversité des compositions, tant de caractère traditionnel que contemporain.
Celles situées dans le jardin faisaient appel et invitaient le curieux à en franchir l’entrée.
Je vous laisse apprécier quelques unes des réalisations qui reflètent l’art floral français, et qui sont aussi le symbole de ces journées de partage créatif pour le plus grand plaisir de centaines de visiteurs.

Les collections personnelles de Françoise Brivet, regrettée présidente de la section Camellia, entrent à la bibliothèque de la SNHF

La bibliothèque de la Société nationale d’Horticulture de France (SNHF) est aujourd’hui honorée de conserver les ouvrages ayant appartenu à Françoise Brivet, éminente spécialiste et présidente de la Section Camellia de la SNHF. Ils enrichissent nos collections dédiées à la grande histoire de l’horticulture, indissociable de l’histoire de celles et ceux qui ont porté l’excellence de l’horticulture française.

Que ses deux filles, Sophie et Pascale soient ici remerciées d’avoir légué cet héritage à notre société.

Ce don représente près de 200 livres anciens et modernes, de revues, de catalogues commerciaux et d’archives. La liste des ouvrages sera prochainement disponible. Ils seront intégrés en 2024 aux collections de la bibliothèque SNHF, décrits sur notre catalogue (en cours de construction) et accessibles à tous de façon pérenne pour la consultation sur place.

Nous vous proposons de découvrir la vie de Françoise Brivet sous la plume de Martine Soucail :

Françoise Brivet, est décédée le 4 avril 2023 à l’âge de 93 ans. Elle était née à Casablanca le 10 janvier 1930, ses deux parents étaient médecins. Son père, dont elle était très proche, avait une propriété de campagne aux environs de Casablanca, puis une exploitation d’agrumes au pied de l’Atlas. Françoise fait ses premières expériences horticoles avec le jardinier marocain (repris de justice que le père de Françoise avait embauché, car il ne trouvait pas de travail après sa peine de prison).

En 1946, elle passe simultanément son bac et le concours d’entrée et intègre l’école d’horticulture de Versailles. Elle est la seule fille de sa promotion. Après ses années d’études, elle entre à l’Institut des fruits et agrumes coloniaux où elle sélectionne les articles intéressants et rédige des fiches bibliographiques. Elle s’initie aux premiers ordinateurs sous la conduite du très innovant essayiste Philippe Ariès. De retour au Maroc, elle travaille au service de la défense des végétaux. Les déplacements dans « le bled » étant déconseillés pour une femme, elle prend un poste d’institutrice. En 1960, elle épouse à Casablanca Claude Brivet, ingénieur, avec qui elle aura deux filles : Pascale et Sophie.

En 1966, ils quittent le Maroc qu’ils aimaient tant et s’installent à Sèvres. Françoise sera journaliste pour le « Quotidien du médecin », et « L’Ami des Jardins » ou elle inaugure un service de téléphone vert. Le photographe, avec qui elle avait l’habitude de travailler, lui signale un jour qu’une exploitation de camélias va s’arrêter à Sèvres pour cause de retraite. Cela constitue un bon sujet d’article, prise de contact et l’article passe dans « Jardins de France ». Le terrain sur lequel était l’exploitation est divisé en 3 lots et mis en vente à ce moment-là. L’un des lots contient la grande serre* construite vers 1900 et plantée de camélias du même âge.

Françoise et son mari qui habitaient déjà Sèvres et cherchaient un terrain à construire, sont évidemment très intéressés. Ils achètent ce lot en 1971 et la maison est construite ensuite. C’est bien la grande serre qui a été le déclic et a favorisé la spécialisation de Françoise dans les camellias qu’elle ne connaissait pas particulièrement avant ce fameux article.

Françoise se passionne pour cette plante, devient très active au sein de la SNHF (Société Nationale d’Horticulture de France) et de l’International Camellia Society dont elle sera directrice France pendant 10 ans (1995-2005) avec Max Hill. A la disparition de Jean Laborey, elle devient présidente de la section camellia de la SNHF.

Pendant toutes ces années, elle écrit de nombreux articles dans la revue Jardins de France et participe à toutes les activités de la SNHF, pour lesquelles elle est décorée du Mérite agricole dans les années 2010.

Elle et son mari avaient soutenu Jean-Claude Rosmann dans ses recherches sur le camélia au Vietnam. En remerciement, il leur a dédié une de ses obtentions, un Camellia sasanqua qui sera baptisé « Souvenir de Claude Brivet » par Mme Giscard d’Estaing en 2005, épouse du président de la République française à cette date.

Passionnée par les fleurs, les animaux, la politique, ses idées bien arrêtées se fondaient dans une particulière joie de vivre. Très curieuse, elle avait une grande culture (la flore, bien sûr, mais aussi la faune, l’histoire, la minéralogie, les arts…) dont elle savait faire profiter les autres, car elle avait un don de conteuse.

* La structure de cette serre avec ses vieux camélias et d’autres plantés par Françoise existe toujours. Depuis quelques années Françoise avait entamé, auprès de la mairie de Sèvres, les démarches de classement de la serre en monument protégé, qui vont aboutir.

C’est par la main de ceux qui confient leurs trésors à la bibliothèque que les valeurs de transmission et valorisation du patrimoine prennent sens. La SNHF salue une fois de plus les filles de Françoise Brivet pour la générosité de ce don.

Pour aller plus loin :

À savoir :

Vous avez du temps libre et souhaitez aider la bibliothèque ? La réception de ce type de don demande un dépoussiérage et un nettoyage spécifique aux collections imprimées précieuses. Si vous souhaitez nous aider dans cette mission laborieuse, et en profiter pour découvrir les ouvrages entre deux manipulations, contactez-nous !

Découvrez les livres nommés par l’AJJH pour le prix Saint-Fiacre 2023

L’Association des journalistes du jardin et de l’horticulture, l’AJJH, remet chaque année le prix Saint-Fiacre à un livre remarquable autour des jardins, du jardinage ou du végétal. Le grand gagnant sera connu en novembre prochain et nous découvrirons également à cette occasion le livre « Coup de cœur » du jury. Enfin, un prix récompensera un ouvrage jeunesse.

Les sélectionnés pour l’édition 2023 sont d’ores et déjà disponibles à la bibliothèque de la SNHF. N’hésitez pas à venir les feuilleter ou pourquoi pas, les emprunter !

Les nommés pour le prix Saint-Fiacre sont

  • Collectif. Un cercle immense. Édition du Patrimoine, 2022
  • Mathias, Xavier. Jardins de curé. Terre vivante, 2023
  • Marie, Stéphane ; Sautot, Dany. La Maubrairie, jardins du bocage. Tana, 2022
  • Maisonneuve, Jean-Yves. Jujube, pistachier & Cie. Larousse, 2023
  • Lagnier, Adrien. Le Jardin des utopies, l’art de cultiver son univers. Tana, 2023
  • Darricau, Yves. Des arbres pour le futur. Rouergue, 2022
  • Collectif. Encyclopédie des plantes libres. Ulmer, 2022
  • Bernard-Bacot, Raphaèle. Jardins ouvriers, jardins de demain. Cours toujours, 2023
  • Agniel, Laure Dominique. Francis Hallé. Les vies heureuses du botaniste. Actes Sud, 2023
  • Martella, Marco. Le fruit du myrobolan. Actes Sud, 2023
  • Baraton, Alain. Le livre de la rose. Grasset, 2023
  • Simon Catelin, Vanessa ; François Soutif. L’expédition rocambolesque du professeur Schmettering. L’Ecole des Loisirs, 2022
  • Dorléans, Marie. Herbes folles.  Seuil jeunesse, 2022
  • Terral, Anne ; Thommen, Sande. La fille qui a décoché la flèche. Actes Sud, 2023
  • Crausaz, Anne. De fleurs en fleurs. Mémo, 2023
  • Voisard, Lisa. Insectorama. Hervétiq, 2023
Collectif. Un cercle immense. Édition du Patrimoine, 2022
Mathias, Xavier. Jardins de curé. Terre vivante, 2023
Marie, Stéphane ; Sautot, Dany. La Maubrairie, jardins du bocage. Tana, 2022
Maisonneuve, Jean-Yves. Jujube, pistachier & Cie. Larousse, 2023
Lagnier, Adrien. Le Jardin des utopies, l'art de cultiver son univers. Tana, 2023
Darricau, Yves. Des arbres pour le futur. Rouergue, 2022
Collectif. Encyclopédie des plantes libres. Ulmer, 2022
Bernard-Bacot, Raphaèle. Jardins ouvriers, jardins de demain. Cours toujours, 2023
Agniel, Laure Dominique. Francis Hallé. Les vies heureuses du botaniste. Actes Sud, 2023
Martella, Marco. Le fruit du myrobolan. Actes Sud, 2023
Baraton, Alain. Le livre de la rose. Grasset, 2023
Simon Catelin, Vanessa ; François Soutif. L’expédition rocambolesque du professeur Schmettering. L’Ecole des Loisirs, 2022
Dorléans, Marie. Herbes folles. Seuil jeunesse, 2022
Terral, Anne ; Thommen, Sande. La fille qui a décoché la flèche. Actes Sud, 2023
Crausaz, Anne. De fleurs en fleurs. Mémo, 2023
Voisard, Lisa. Insectorama. Hervétiq, 2023

[Retour sur] Les journées européennes du patrimoine : « Saisir le vivant : lumière sur l’illustration des fruits »

Le samedi 16 septembre 2023, la SNHF a participé aux Journées européennes du patrimoine pour la troisième fois. A cette occasion un public enthousiaste s’est pressé au 84, rue de Grenelle pour profiter d’un parcours sur le thème arbres fruitiers.

Organisée par le pôle « Bibliothèque, patrimoine et mécénat », cette journée a permis d’accueillir plus de 500 visiteurs entre 10h et 18h.

Au sein de la bibliothèque les visiteurs ont d’abord pu admirer l’exposition « Herbier pomologique : de la fleur à l’arbre fruitier » en présence de Carole Renard. L’artiste photographe les a guidés et a échangé avec eux sur son projet, sa démarche ou encore sur les techniques utilisées.

Les curieux ont également pu découvrir une sélection d’ouvrages anciens offrants des illustrations de fruits étonnantes, que ce soit par les techniques utilisées (gravure, chromolithographie, découpages, etc.) ou par le contexte original associé.

La dizaine de fruits moulés du XIXe siècle plus vrais que nature et exposés dans une des vitrines a particulièrement attiré les regards.

Les visiteurs ont ensuite eu la possibilité de réaliser leurs propres cyanotypes à l’atelier ouvert pour l’occasion. De 13h à 18h l’atelier n’as pas désempli et nous avons vu petits et grands composer des œuvres avec un bel enthousiasme.

Un atelier de dessin libre dirigé par Elisabeth Vitou de la section Beaux-Arts a également rencontré un franc succès et les graines d’artistes de tous âges ont profité de ses précieux conseils tout l’après-midi.

Enfin, nos amis Croqueurs de pommes d’Ile de France, menés par François Moulin, ont fait la part belle aux démonstrations pratiques, notamment de greffage. Ils ont dispensé de nombreux conseils et répondu aux questions des curieux avec un engagement et un entrain communicatif.

Cette journée a été particulièrement riche d’échanges avec un public dynamique et réceptif. Encore une fois, nombreux sont ceux qui ont découvert la SNHF et sa bibliothèque pour la première fois lors de cet évènement.

Les visiteurs de cette Journée du patrimoine 2023 ont pu apprécier l’accueil sans faille des bénévoles et salariés mobilisés. Ils ont profité pleinement des activités proposées et nombreux sont ceux qui sont repartis avec de nouvelles connaissances, de précieux conseils et la promesse de revenir très rapidement profiter du calme et des services de notre bibliothèque spécialisée.

[Retour sur] La remise des prix du concours Jardiner Autrement 2023

Les lauréats et les membres du Jury

La remise des prix du coucours à la SNHF

Vendredi 29 septembre, les lauréats du concours Jardiner Autrement ont été reçus à la Société nationale d’Horticulture de France à Paris pour la cérémonie de remise des prix 2023.

Les lauréats ont reçu leur diplôme et une plaque à installer dans leur jardin ainsi qu’un avoir de 200€ à utiliser en pépinière ou jardinerie.

L’après-midi a été consacrée à la visite du musée François Tillequin et du jardin botanique de la faculté de pharmacie de Paris. Cette journée fût l’occasion de nombreux échanges et de convivialité entre jardiniers et professionnels du jardinage.

Ouverture de la cérémonie par Jean-Pierre Gueneau, président de la SNHF. Décoration florale, Bruno Lamberti.
Remise du diplôme à Sandrine Theard, par Dominique Poujeaux, chargé de mission Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Remise du diplôme à Thomas Hugron par Inès Turki, chargée de projet Jardiner Autrement.
Remise du diplôme à Valérie Salogne-Ballester par Myriam Cherkaoui responsable de la fondation Rustica.

Rencontre et échange en vidéo

Les vidéos des jardins des quatre lauréats ont été dévoilés à la presse et au public présent ce jour. Elles sont à découvrir maintenant sur la chaîne YouTube de Jardiner Autrement !

Ces vidéos présentent les techniques pour jardiner en faveur du climat et de la biodiversité selon les spécificités des régions !

Découverte des quatre lauréats :

David Fromont pour son jardin de 1500 m² à Saint-Armel (56). Un jardin pédagogique dans lequel David a créé un véritable écosystème. Une attention particulière est portée sur le sol afin d’y garantir un minimum d’humidité nécessaire à la microfaune.

Sandrine Theard pour sa parcelle dans le centre des jardins familiaux de Balzac à Angers (49). Une parcelle originale qui dénote pour ses pratiques expérimentales. Une profusion de fleurs associées aux légumes avec des céréales en inter-rang qui attirent les oiseaux et servent de brise-vent.

Thomas Hugron pour son jardin de 80 m² à Saint-Nazaire (44). Ce petit jardin urbain est un havre pour la biodiversité. Des variétés locales et donc adaptées au climat peuplent la quasi-totalité du jardin. Pour ses enfants comme auprès des jeunes qu’il encadre, Thomas diffuse sa passion pour les plantes.

André Catherin pour ses tours de culture à Biziat (01). Disposées dans son jardin, ses dizaines de tours composées de cagettes de choux-fleurs sont de véritables laboratoires à ciel ouvert. La culture verticale de plantes aromatiques, salades, pommes de terre, patates douces et fraises fait l’objet d’expérimentations et permet une optimisation des cultures.

Deux prix spéciaux du jury

À cette occasion, deux prix spéciaux du jury ont été remis pour valoriser des pratiques spécifiques de jardinage.

Valérie Salogne-Ballester pour ses solutions exemplaires pour contourner les contraintes du climat méditerranéen à Marseille (13). Des récupérateurs d’eau de pluie alliés à un système de récupération et de décantation des eaux grises lui permettent une autonomie d’arrosage. > Découvrir le jardin de Valérie

Adrien Lagnier pour son jardin artistique à Laignelet (35). Dans cet immense jardin, art et biodiversité sont en synergies. Adrien a su utiliser les atouts de son environnement pour créer un jardin mêlant le naturel et l’artistique permettant en toute saison de saisir la beauté des lieux. > Découvrir le jardin d’Adrien

L’ensemble du jury remercie tous les participants ayant envoyé leurs candidatures. Nous vous donnons rendez-vous l’année prochaine !

La presse en parle

Il a été récompensé par la Société nationale d’horticulture. Ouest France Vannes – Vannes 30/09/2023

André Catherin lauréat du concours Jardiner Autrement.
Le Progrès Bourg – Bresse – Val-de-Saône-Nord 02/10/2023