[Potagers fruitiers] Essai laitues et batavias
Méthode et déroulement des essais
Les semences de 5 variétés de laitues batavia ont été adressées à 65 jardiniers volontaires dans des sachets numérotés (1 à 5) sans les noms des variétés, avec un protocole détaillé et une feuille de notation.
Des tests de germination ont été effectués au préalable, qui ont donné des résultats très positifs pour les cinq variétés proposées.
Le protocole demandait aux jardiniers de noter de nombreuses informations sur le déroulement de la culture et d’effectuer différentes observations permettant de mieux interpréter les résultats obtenus. Il précisait notamment que les jardiniers récoltent les laitues comme ils en ont l’habitude, c’est-à-dire à la date (ou de la taille) qu’ils ont choisie pour leur usage habituel. Les expérimentateurs devaient noter les dates et les poids de 5 salades avant et après suppression des feuilles inutilisables, à deux reprises en respectant un intervalle de 10 jours entre les deux récoltes.
Les jardiniers devaient également réaliser des tests gustatifs, seuls ou avec des proches et noter le croquant, la finesse du feuillage et le goût de chaque variété.
Observations
Sauf exceptions, les levées n’ont pas posé de problèmes particuliers avec des décalages de précocité entre les variétés ne dépassant pas deux jours.
Très peu de maladies ont été signalées, mais, dans de nombreuses situations, il y a eu des dégâts importants, voire très importants dus à des ravageurs tels que les limaces ou à des problèmes climatiques.
Les suppressions des feuilles inférieures après la récolte occasionnent toutefois des différences de poids parfois importantes, probablement en raison de maladies telles que le brémia (mildiou de la laitue).
Sur les 65 envois, seulement 30 jardiniers ont répondu avec des résultats de rendements et des commentaires utilisables pour ce compte rendu. Les qualités gustatives ont, elles, été notées par plus de 140 personnes (famille ou proches de celui ou celle qui a réalisé l’essai).
Les essais pris en compte proviennent de 25 départements dispersés en France :
01 Ain, 04 Alpes de haute Provence, 11 Aude, 14 Calvados, 17 Charente maritime, 36 Indre, 41 Loir et Cher, 42 Haute-Loire, 44 Loire Atlantique, 45 Loiret, 49 Maine et Loire, 50 Manche, 54 Meurthe et Moselle, 56 Morbihan, 59 Nord, 62 Pas de Calais, 63 Puy de Dôme, 69 Rhône, 77 Seine et Marne, 78 Yvelines, 80 Somme, 85 Vendée, 91 Essonne. 92 Hauts-de-Seine, 94 Essonne.
Un essai en région parisienne avec les 5 variétés de droite à gauche, plus une variété supplémentaire (rouge grenobloise) à gauche.
Résultats
Sur les rendements par variétés
Les rendements obtenus sont extrêmement variables selon les lieux et les expérimentateurs, mais les comparaisons de données de ces productions par variétés sont assez constantes.
Voici les résultats des poids des laitues récoltées, après suppression des feuilles abimées :
- La variété V2 : « Florine « a donné les meilleures productions, que ce soit à la première ou à la deuxième récolte.
- Les variétés V1 « Kamikase » et V4 « Dorée de printemps » arrivent ensuite avec des rendements d’environ 80% par rapport à V2.
- La variété V3 « Caipira » arrive juste derrière, avec un rendement de 77% par rapport à V2.
- La variété V5 « Redigo 3 », rouge sombre et d’un type fort différent, a démarré rapidement, mais a donné des rendements nettement plus faibles d’environ 43% de V2.
- Pour la variété V7 « Magenta » que certains jardiniers ont reçu à la place de V3, le nombre de notations enregistrées est insuffisant pour donner un chiffre, mais son rendement semble de même ordre que V4.
- quelques autres variétés ont été testées en comparaison par différents jardiniers.
Sur les gains de production lors de la deuxième récolte
- Les gains des rendements des salades récoltées 10 jours après ont été de 15% en moyenne. Mais ces gains ont été assez différents selon les variétés.
- V2 a gagné 24% alors que V1, V3 et V4 n’ont gagné que 10%. En revanche, V5 dont les rendements étaient les plus faibles a rattrapé un peu son retard en gagnant 18% entre la première et la 2ᵉ récoltes.
En laissant V2 et V5 plus longtemps en terre, elles ont continué à croitre et auraient pu être récoltées nettement plus tard. La laitue de droite, pesant 1222 g, a été récoltée plus tardivement à partir d’un plant de l’essai en excédent !
Sur les pertes lors des récoltes
- Les différences de poids entre les laitues récoltées brutes et après suppression des feuilles abimées, non consommables ou ayant un mauvais aspect sont très variables selon les variétés, mais aussi selon les expérimentateurs. C’est pourquoi ils semblent peu significatifs et ne sont pas détaillés ici.
Qualités gustatives
Plus de 140 personnes ont participé à des tests comparatifs des qualités gustatives des variétés. Beaucoup de jardiniers ont invité des amis ou des membres de leur famille à participer à ces dégustations. Les dégustations ont eu lieu majoritairement sur la première récolte.
- Pour le croquant : la variété V1 « Kamikase » a été notée assez nettement la plus croquante. Derrière elle, V2 (Florine) puis V4 (Dorée de printemps) sont notées un peu moins croquantes, puis V3 (Caipira) et V5 (Redigo3).
- Pour l’épaisseur du feuillage : V1 arrive largement en tête mais après, les différences sont peu significatives entre les variétés. On peut néanmoins citer par ordre décroissant d’épaisseur : V2, V4, V3, V5.
- Pour le goût : bien que les appréciations soient difficiles et parfois contradictoires, c’est encore V1 qui est assez largement en tête suivie de V2 et V3 assez proche puis V4 et V5 également assez proches.
- Les commentaires des dégustateurs sont assez nombreux et divers. On peut noter que les termes cités le plus souvent sont : amère et préférée, mais aussi meilleure, agréable, goûtue, sucrée, raide, fade… Selon les variétés, les termes qui ressortent le plus souvent sont « l’amertume » pour V5, caractéristique appréciée par certains, puis V2 et « préférée » pour V1 par plusieurs jardiniers.
En guise de conclusion
Cette expérimentation comparative de 5 variétés de laitues batavia en 2024 a été marquée par une variation du climat inhabituelle, avec un mois d’avril chaud et ensoleillé, suivi d’un mois de mai puis de juin plutôt frais et humides dans de nombreuses régions. Cela a provoqué des comportements des variétés différents selon les dates de semis et de repiquages. Les dégâts dus aux limaces ont été très importants chez les jardiniers qui n’ont pas été assez vigilants à certaines périodes.
Les écarts des rendements entre les jardiniers sont extrêmement élevés, montrant qu’en prenant des précautions mieux appropriées, de nombreux jardiniers pourraient obtenir de bien meilleurs résultats. Les quelques essais réalisés sous abri ont donné de bons résultats, mais l’ordre entre les variétés est resté pratiquement identique.
Même pour les semis plus tardifs, il n’a pas été observé de montées à graine de façon notable. Cela permet de dire qu’il serait possible de récolter plus tard afin d’obtenir un meilleur rendement de bonne qualité, et cela, pour les cinq variétés testées et en particulier pour V5.
En ce qui concerne les appréciations gustatives, elles sont difficiles, très variables et probablement assez subjectives. À chacun de se faire plaisir.
Enfin, ces expérimentations démontrent qu’il existe des différences importantes entre les variétés proposées par les distributeurs de semences. De très nombreuses autres variétés mériteraient d’être testées par les jardiniers, aussi bien pour leurs rendements selon les périodes de l’année que pour leurs résistances améliorées aux différentes maladies, et également à certains prédateurs. Leurs aspects visuels sont aussi fort variables et leurs qualités gustatives à prendre en compte. Les « anciennes variétés » ont leurs qualités propres, mais il ne faut pas se priver d’essayer d’autres variétés qui pourront apporter bien d’autres satisfactions.
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Rédaction : Jean-Daniel Arnaud, membre du conseil scientifique et de la section potagers et fruitiers de la SNHF.