[CNJP24] PALMARÈS DES LAURÉATS DU CONCOURS NATIONAL DES JARDINS POTAGERS
Chaque année, le Concours national des jardins potagers récompense des jardins potagers remarquables en termes de diversité des légumes cultivés, des bonnes pratiques de jardinage et de l’esthétique même du jardin.
Ouvert à tous les jardiniers, ce rendez-vous annuel est organisé conjointement par l’Association Jardinot, la Société Nationale d’Horticulture de France, SEMAE (l’interprofession des semences et plants) et la Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs.
Le jury, composé de personnalités du jardin et représentants des organisations partenaires, ont désigné les lauréats en fonction de différents critères de sélection en examinant de façon très attentive les dossiers des jardiniers dans chacune des catégories suivantes :
- jardin potager privatif,
- potager dans un ensemble collectif de jardins (centre de jardins, jardins familiaux…),
- jardin potager privatif situé dans un environnement paysager (château, grand parc…),
- jardins ou parcelles pédagogiques, réalisés sur initiative individuelle ou avec la participation d’associations de jardiniers ou de sociétés d’horticulture,
- potagers partagés, mis en place et cultivés au sein d’une entreprise ou par une association.,
- potagers sur un balcon ou une terrasse (nouveau).
Les membres de notre jury vous emmènent à la rencontre des grands prix de l’édition 2024 et de leurs potagers remarquables !
Nous remercions la mairie du 7ᵉ arrondissement qui nous a ouvert ses portes pour cette 24ᵉ cérémonie de remise des prix du Concours national des Jardins Potagers et Bruno Lamberti de la Section Art floral de la SNHF pour la très belle décoration florale et potagère du pupitre.
LES GRANDS PRIX 2024
CATÉGORIE 1 : JARDINS PRIVATIFS
GRAND PRIX ex-aequo – mention potager du sud : Cathy BABAU à Le Pradal (Hérault)
Cathy et Philippe BABAU nous reçoivent dans la partie haute de la propriété, un jardin sec, méditerranéen, d’une belle tenue avec des oliviers, lavandes en fleurs, graminées, succulentes etc., le tout savamment disposés. Passé cet espace, nous franchissons un angle de la maison, et comme par magie, la chaleur écrasante de cette chaude journée de juillet (35°) est oubliée et une sensation de fraîcheur nous envahit. C’est une explosion de couleurs et une abondance de chlorophylle. Le potager fleuri s’étale sur un terrain vallonné où serpente un chemin balisé qui en fait le tour. L’esthétique ne laisse pas indifférent le visiteur. C’est un jardin ordonné où s’entremêlent et se succèdent harmonieusement agroforesterie, permaculture et conduite culturale traditionnelle.
Ici et là sont plantés des éléments décoratifs et des panneaux explicatifs, mais surtout des ombrières qui concourent à la création de micro-niches bioclimatiques. Au milieu de chacune d’elles un arbre fruitier avec son cortège légumier ou floral. Il est à noter la belle et originale collection d’agrumes (20 variétés). Treilles, serre et poulailler complètent l’ensemble. Un œil averti remarquera que l’écosystème est sain et tout est fait pour qu’il le reste ! Le sol n’est pas dérangé et le paillage est systématique. Avec le temps, une couche d’humus d’une quarantaine de cm s’est constituée avec toute l’incidence positive sur les végétaux. Une centaine d’oyas de 5 à 10 litres assurent un arrosage optimal à la diversité foisonnante des végétaux. La biodiversité est favorisée par l’installation de nichoirs, hôtels à insectes, bacs avec poissons et batraciens, tas de pierres, composteurs… Ce beau jardin qui nourrit l’âme et le corps est ouvert au public sur rendez-vous, participe aux manifestations tel que rendez-vous aux jardins, bienvenue aux jardins…et a reçu de nombreuses distinctions. Il y a une continuité dans la conduite de cet espace, voir une incessante recherche du beau, du bon et comme le dit Cathy : « ces concours nous stimulent et nous font progresser dans notre quête de l’excellence. » C’est un jardin plein, accueillant, respectueux de la nature, bienveillant avec les auxiliaires, favorisant la biodiversité, esthétique et nourricier. La production de légumes et de fruits contribue largement à l’économie familiale, y compris l’hiver grâce aux conserves, confitures et congélation. Ce petit coin de paradis, comme l’appelle Cathy est parfaitement admirable pour son adaptation au climat sec et chaud de la région. Un exemple type de ce qu’il est possible d’obtenir dans de telles conditions climatiques. Pas étonnant qu’il soit passé dans l’émission « les potagers de Julie ». Et en guise de conclusion, ces paroles de Cathy à laquelle nous renouvelons toutes nos félicitations. « Le plaisir de jardiner me tire du lit avec bonheur tous les matins. Ecouter la nature s’éveiller, les premiers chants d’oiseaux, observer les insectes, sentir les odeurs de la terre, humer les parfums des fleurs…tout cela est une joie permanente ».
GRAND PRIX ex-aequo – mention potager du nord : Gilles FEVRIER à Bouvignies (Nord)
Dans un environnement champêtre, nous empruntons l’allée qui mène à la maison de Gilles Février et de son épouse. Ils nous accueillent dans leur magnifique jardin d’agrément disposé autour de la maison. De nombreuses espèces de fleurs et d’arbustes ornent les massifs joliment composés, très colorés, formant un ensemble harmonieux et chaleureux. Juste à l’entrée du potager, un bassin dans lequel poussent des nénuphars, entouré de plantes et de fleurs en terre et en pots, favorise une biodiversité bénéfique au jardin. Le potager est protégé du vent par une haie extérieure d’un côté et les arbres du verger de l’autre. Il se compose de 3 grandes parcelles, ceinturées d’une rangée continue d’arbres fruitiers palissés qui apportent des lignes verticales à l’ensemble : pommiers, poiriers et pruniers, tous taillés et greffés par Gilles.
À l’intérieur, des rangées de fleurs, de pieds de tomates ou d’arbustes à fruits rouges : framboisiers, cassissiers, groseilliers, mûriers délimitent les espaces sans les masquer. Ce potager vise l’autosuffisance alimentaire et la fabrication de conserves et des confitures. Y sont cultivées de nombreuses espèces et variétés, de la tomate à l’artichaut en passant par les melons, des variétés régionales résistantes et adaptées au climat du Nord : laitue maraichère, carotte de Tilques et aussi d’autres issues de la reproduction personnelle de Gilles. Des espèces sont testées chaque année et adoptées ou non selon les résultats obtenus. Gilles écrit : « Le jardinage est pour nous plus un instinct qu’une motivation. Le contact avec la nature, avec parfois ce qu’elle a d’ingrat, est très enrichissant, voire formateur ». Un grand abri en plastique protège différentes variétés de tomates, concombres et aubergines blanches. Pour faciliter le désherbage, les rangées de plants sont espacées afin de pouvoir passer facilement une houe maraîchère ancienne, appelée localement « rasette ». Deux aires de compostage à l’air libre, l’une au fond du verger, l’autre près du jardin sont utilisées alternativement pour amender le sol. Pour lutter contre les maladies et les prédateurs, Gilles utilise préventivement la bouillie bordelaise pour la vigne et les fruitiers, de l’eau savonneuse pulvérisée pour lutter contre les pucerons, des pièges à carpocapses pour sa partie verger, des voiles anti-insectes contre la mineuse du poireau et des grillages sont installés sur certains plants pour les protéger de l’appétit des pigeons. Des œillets d’Inde fleurissent au pied des tomates et d’autres fleurs sont surtout présentes pour orner et colorer le potager. L’arrosage se fait en fonction des besoins de chaque espèce, à partir de cuves de réception des eaux de pluie d’une capacité totale de 12 000 l. Dans le verger, une vingtaine d’arbres : noyer, cerisier, prunier, mirabellier, figuier, pommiers, dont un vigoureux pommier gloster, auto fertile et excellent pollinisateur. Et une belle découverte : le ramasse pommes, essentiel pour ménager son dos ! Ce jardin, dénommé « Le jardin de la Molière » a reçu le « Label Ecojardin du parc naturel régional Scarpe-Escaut » et fait aussi partie du réseau Jardins Passions des Hauts-de-France. Il est souvent ouvert aux visiteurs, en particulier lors de manifestations saisonnières. Membre de l’association Les vergers de Pévèle qui œuvre pour la connaissance du patrimoine fruitier local, Gilles forme et apporte des conseils sur la culture des fruitiers, la taille, la greffe, et participe aux différentes manifestations qu’elle organise.
CATÉGORIE 2 : PARCELLE DANS UN CENTRE DE JARDINS COLLECTIFS
GRAND PRIX : Alfred STOCK – Jardins familiaux de Sélestat à Sélestat (Bas-Rhin)
Alfred Stock et son épouse Marguerite ont accueilli le jury dans leur parcelle au sein des Jardins Ouvriers de Sélestat. Ils ont le jardin au cœur et la passion des tomates, plus de 60 variétés, dont les graines sont recueillies chaque année et conservées dans des petites boîtes soigneusement étiquetées et bien rangées dans un caisson à tiroirs. Elles sont semées tous les ans dans des pots sous la serre où elles poussent à l’abri avant d’être mises en terre. Cette année c’est un drame pour Alfred, par suite des fortes pluies de nombreux pieds ont été attaqués par le mildiou. En plus des tomates, il cultive tous les légumes traditionnels dans les surfaces qui se libèrent en fonction des saisons par exemple : courgettes, aubergines, poivrons, concombres, artichauts, asperges, épinards, pastèques, melons, herbes aromatiques…
Tout ce qu’il faut pour atteindre une autosuffisance alimentaire. Il réalise des essais, cette année ce sont des cacahuètes du Sénégal et l’Upo des Philippines. Des buttes maraîchères sont testées sur un substrat de déchets organiques dans des carrés potagers en bois de récupération. Avec les plantations verticales, elles apportent des reliefs différents au jardin. Des arbres fruitiers apportent de l’ombre au potager : cerisier, mirabellier, quetschier, pêcher, figuier, amandier et 6 pieds de vigne conduits en treille. Pour les desserts et la confiture, des framboises, groseilles, fraises, cassis, mûres et myrtilles poussent au sein du potager ainsi que des pieds de rhubarbe. De nombreuses variétés de fleurs décorent le jardin et attirent les pollinisateurs : œillets d’Inde, cosmos, dahlias, glaïeuls, tournesols, jasmin, lavande, myosotis, marguerites, bourrache… et l’étonnant arbre à perruches. Pas de bêchage dans ce jardin, seulement un décompactage de la terre et un paillis de foin toute l’année. Les plantations font l’objet de traitements aux purins d’ortie, de prêle et de consoude. La terre est enrichie avec le compost produit au fond du terrain et du fumier de bovins déshydraté. Vraiment bricoleur, Alfred confectionne des abris à insectes avec ses petits-enfants dans des boîtes de conserves peintes et remplies de tiges de bambous, des morceaux de bouteille en plastique forment les ailes. Ayant travaillé dans le bâtiment, il apporte ses conseils pour aménager à moindres frais les jardins ouvriers : construction des cabanons, clôture des parcelles… Alfred et Marguerite conçoivent la vie sous le signe du partage et de la générosité. Ils reçoivent souvent la famille et les amis dans leur jardin, partagent leur récolte, donnent des graines à leurs collègues jardiniers. « Ma femme et moi, nous venons d’un milieu rural et nous avons toujours participé aux travaux de jardinage. Le fait de consommer des produits sains, frais et cultivés soi-même est primordial. La retraite a favorisé cette passion du jardinage » cite Alfred. Il ouvre aussi son jardin et partage ses connaissances lors des manifestations organisées par l’AJOS (Association des Jardins Ouvriers de Sélestat). Il dispense des formations et donne des conférences pour une association dont il fait partie et rédige des articles pour le site internet. Il anime également des ateliers jardinage pour les enfants dans les écoles et les médiathèques. Son jardin a fait l’objet d’un article « Le jardin aux tomates » dans Les dernières nouvelles d’Alsace. Il a obtenu le prix spécial du jury et celui de la diversité biologique au sein de l’AJOS.
CATÉGORIE 3 : POTAGERS DANS UN ENVIRONNEMENT PAYSAGER
GRAND PRIX ex-aequo : Véronique LANCELOT – Terra Botanica à Angers (Maine-et-Loire)
Le potager, d’une superficie de 720 m², est niché au sein du grand parc de 17 ha. « Terra Botanica » à proximité d’Angers ; plus particulièrement dans « l’espace en Anjou » de ce parc qui met en lumière le savoir-faire horticole de la région. Véronique Lancelot, jardinière depuis 2010, date de création du parc, et sa co-équipière Solène Gaudin accueillent le jury, au départ du jardin, dans une pièce décorée où se côtoient vieux meubles, casseroles et cucurbitacées décoratives. Le jury découvre les différents types de potagers, séparés par des haies et des murs de tuffeau, la pierre locale.
Chaque jardin correspond à un thème précis. Les légumes y sont complétés par des fleurs qui participent à la mise en scène et sont utiles à la diversité des plantes et des insectes. Le but pédagogique est dominant, parfois surprenant comme le carré de culture dédié aux poivrons et piments classés en fonction de l’échelle de Scoville, inventée en 1912 et toujours d’actualité, pour évaluer la force du « piquant » en bouche des piments ; mais aussi insolite comme une présentation de cultures hors- sol sur un lit et des chaises ! La diversité des espèces et variétés est poussée à l’extrême : 36 variétés de piments et de poivrons, 66 de cucurbitacées sans oublier les légumes insolites tels la laitue asperge, les radis serpents, ou flattant l’odorat comme la plante à odeur de fromage ou celle à odeur de saucisson ! Mais laissons Véronique s’exprimer : « Ma curiosité me pousse à toujours chercher des espèces et variétés originales que je ne connais pas encore et à les tester au potager pour ensuite partager mes découvertes avec les visiteurs. Le beau est aussi important que le bon ! Je remets en cause régulièrement mes pratiques afin de les adapter au changement climatique ». Le jardin potager est, depuis sa création, une vitrine des bonnes pratiques issues d’expérimentations répétées. Les buttes, les différents paillages, les modes d’irrigation et de conduite de plantes sont testés. La conduite générale du potager, depuis son début, est une bonne démonstration du fait que la qualité du sol bien équilibré (pourtant très ingrat au départ), associée à une grande diversité des plantes permet d’obtenir des plantes de qualité et productives, sans aucune maladie, en l’absence de traitement phytosanitaire. Chaque année le potager accueille de très nombreux visiteurs pour des visites libres ou commentées. Un espace dédié au potager pédagogique accueille les scolaires sur différents thèmes tels que : « les cinq sens », « les petites bêtes » ou encore « semons la nature ». Un bel exemple de réussite et de transmission large des savoirs. Bravo
GRAND PRIX ex-aequo et coup de cœur du jury : Lisa TOURSCHER – Jardins de Wesserling à Husseren-Wesserling (Haut-Rhin)
Le jury a été accueilli par Madame Sandrine MARBACH, Directrice des Jardins de Wesserling, et Lisa TOURSHER jardinière en chef depuis seulement janvier 2024. L’Association des Jardins de Wesserling est aussi Chantier d’Insertion qui emploie 22 personnes et valorise d’anciens jardins-potagers ouvriers attenants au Château de Wesserling. Les parcelles et les productions bio, dont le label AB qui a été obtenu en 2023, agrémentent la visite des Jardins, enseignent l’art du jardinage au naturel et alimentent en légumes, en fleurs, en plantes aromatiques et en petits fruits le Resto du Potager, du « champ à l’assiette », qui propose une petite restauration 7/7 jours en période estivale. Le jardin est divisé en 2 parties, un potager de 1680m², dont un espace consacré aux aromatiques, et un verger de 400m².
Les aromatiques servent entr’autre à la confection de sirop (Monarde et autres). Le jury constate la présence d’une serre chauffée, 2 tunnels, des silos à compost et des récupérateurs d’eau de pluie. Tous les grands principes du jardinage respectueux de l’environnements sont en place : rotation, mariage fleurs/légumes (capucines et haricots) souvent très dense pour limiter les pousses d’herbes indésirables, gestion de l’eau, utilisation des méthodes de biocontrôle, accueil des auxiliaires, engrais verts, non labour, paillage, sans compter le canard coureur indien mis en liberté tous les matins avant l’ouverture pour chasser les limaces. Des panneaux d’explication sont situés devant chaque parcelle thématique : vie du sol, cycle de l’eau, auxiliaires, aromatiques etc. Le jury constate une diversité cultivée impressionnante en écho avec le but de ce potager à la fois pédagogique, ludique, nourricier, formateur et esthétique avec les plantations graphiques et les reproductions au sol de motifs textiles des 18e et 19e siècles issus de l’histoire de la Manufacture Royale de Wesserling. Lisa est une vraie passionnée qui nous déclare « issue d’une famille de jardiniers, j’ai eu une forte attirance dès mon plus jeune âge pour ce métier qui a du sens pour moi, et me permet d’être en contact avec la nature ». Le jury a eu un vrai coup de cœur et ressenti une certaine émotion dès l’arrivée dans cet univers végétal foisonnant, mais aussi au contact des personnes, permanents ou en insertion, qui nous ont accueilli, et par leurs démarches. Il est des lieux magiques à gouter sans modération, environ 70 000 visiteurs par an fréquentent ce site pour leur plus grand bonheur. Les Jardins de Wesserling, son potager et sa jardinière font l’objet d’un reportage pour l’émission « grands reportages » de TF1 qui sera diffusé au printemps 2025.
CATÉGORIE 4 : POTAGERS PÉDAGOGIQUES
GRAND PRIX Alexandre DEGARDIN – Potager de l’École du Breuil à Paris
L’école du Breuil est un établissement rattaché à la ville de Paris. Elle a une vocation de formation à la fois théorique et pratique, elle forme chaque année 300 élèves et accueille 1000 jardiniers amateurs. Elle assure la formation continue des jardiniers de la Ville de Paris. De nombreux évènements y sont organisés. La réception de groupes internationaux représente aussi une ouverture à l’international. Ce potager pédagogique est utilisé pour les formations dispensées à l’école. Il a une surface de 1000 m² sur une surface totale de 1625 m². Il est entouré de murs historiques et s’ouvre par une belle grille en fer forgé reprenant des outils de jardinage. Les murs permettent de conserver la chaleur du soleil. Avec le réchauffement climatique, cela peut devenir un problème. Des planches de culture de 1,20 m de large sont joliment disposées dans le terrain.
Elles sont numérotées et reportées sur un cahier de cultures qui permet de connaître leur occupation au fil des saisons, la rotation des cultures, les dates de semis, repiquage, rempotage, plantation en place… Le jardin a aussi un rôle de conservation de variétés anciennes et possède une collection de basilic et de tomates. Deux jardiniers, Hervé et Hugo y travaillent en autonomie : inventaire et commande de graines, choix des espèces et variétés, production interne… Pour Hugo il s’agit de « créer des lieux de rencontre et d’émerveillement, de transmettre pour rapprocher les gens de leur alimentation et de la nature, de rapprocher la ville de la campagne » et pour Hervé « Le jardin est un milieu calme et sa pratique est thérapeutique » Ils effectuent des recherches sur les aménagements et les amendements. Un paillage important couvre les planches pour éviter le sol nu. Les semis sont faits en serre ou tunnel chauffé, mais aussi en couches chaudes. L’arrosage est assuré par l’eau de la Seine. Il est pratiqué surtout à la plantation. Des méthodes de lutte biologique sont utilisées : purin d’ortie, savon noir ou lâcher d’insectes auxiliaires contre les pucerons et les mouches du terreau, filets anti-insectes, abri à tomates… Les fleurs associées aux légumes agrémentent la vue et favorisent la pollinisation. La production n’est pas la priorité, mais plutôt la diversité des espèces et des variétés afin de proposer aux étudiants des méthodes culturales différentes laissant une part à l’efficacité mais aussi à la créativité. « On privilégie la récupération plutôt que les achats pour donner aussi le bon exemple aux élèves ». Toutes les ombrières, par exemple, sont réalisées à partir de matériaux récupérés. Les jardiniers assurent leur production de plants pour leur propre utilisation et aussi pour la vente lors des journées portes ouvertes en mai ou lors des journées du patrimoine. Le jardin possède des massifs de plantes aromatiques et un petit verger d’arbres fruitiers et de fruits rouges. Les légumes obtenus ne sont pas conservés mais donnés au fur et à mesure. A l’exception des courges, pommes de terre, allium, conservés dans des espaces dédiés. Les jardiniers voudraient développer l’intérêt culinaire de ces légumes en travaillant en partenariat avec des chefs cuisiniers et l’école hôtelière du 93 « Du légume à l’assiette » en mettant en valeur les légumes de saison et les légumes originaux ou oubliés (crosne du japon, oca du Pérou, oignon rocambole, chou perpétuel, poire de terre, topinambour…). Le jardin est labellisé ECOCERT ce qui induit le respect d’un cahier des charges complet.
CATÉGORIE 5 : POTAGERS PARTAGÉS MIS EN PLACE ET CULTIVÉS AU SEIN D’UNE ENTREPRISE OU PAR UNE ASSOCIATION
GRAND PRIX Jean-Paul COLLAERT et les jardiniers – Le Potager de Champrosay à Draveil (Essonne)
Le jury a été accueilli par Jean-Paul, le Président de l’Association, Michel, le Vice-président et les très nombreux jardiniers présents. Le potager de Champrosay est situé à Draveil dans un environnement calme et boisé. C’est un petit coin de paradis au milieu de la nature et un véritable havre de sérénité où il fait bon se retrouver. Il se laisse découvrir en contrebas du parking du bois Chardon, prolongement de la forêt de Sénart. Après avoir passé un lavoir, traversé par un ru, le potager clos de murs se dévoile après avoir franchi la grille. D’une surface totale de 2000 m², il occupe l’emplacement d’un ancien verger, dépendance à l’époque du château du Pont Chardon, aujourd’hui propriété de la région Île-de-France.
Confié à différentes associations, il était quasiment en friches lorsque 2 habitants de la région passionnés d’horticulture, de nature et de botanique ont proposé en 2018 de le reprendre et de le restaurer en s’inspirant du Potager Caillebotte situé à Yerres. Aujourd’hui, c’est une trentaine de jardiniers qui viennent cultiver les légumes et les fleurs de leur choix. Le potager est composé de quatre grands rectangles séparés par des allées pavées, avec au centre un bassin circulaire et à l’un des angles un pavillon qui sert pour le rangement des outils. Chaque rectangle est divisé en planches de 1,10 mètre de large sur 40 mètres de long. Un passe pied sépare chacune de ces planches qui sont attribuées chaque année par tirage au sort aux jardiniers au moment de l’assemblée générale de l’association. Ce sont les jardiniers qui choisissent et achètent les semences de légumes, fleurs et variétés qu’ils souhaitent cultiver. C’est ainsi que chaque planche de culture est originale et reflète la personnalité, la créativité, l’origine et les envies des jardiniers. Concernant les pratiques, les jardiniers doivent respecter un cahier des charges et ne peuvent utiliser que des produits autorisés en agriculture biologique. Pour l’arrosage, les jardiniers se servent dans le bassin central ou dans le grand réservoir d’eau situé dans le haut du jardin. Celui-ci est alimenté à partir du début du printemps par un captage qui part du ru qui n’est jamais à sec, même en été. Certaines planches de culture sont collectives et accueillent des petits fruits qui font le régal des enfants, des fleurs à bouquet, des plantes aromatiques ainsi que des pieds d’artichauts et de rhubarbe. Le jardin présente une très belle collection de vignes avec 40 variétés de raisin de table. Ces vignes cultivées en contre-espalier structurent le potager et permettent ainsi de le découvrir progressivement. A noter que les fleurs vivaces et annuelles sont très présentes dans ce jardin pour le plaisir des visiteurs et des pollinisateurs : au milieu des légumes, au début de chaque planche, en bordure des allées, dans des grands pots à l’entrée du jardin et autour du bassin… Le résultat est très réussi et c’est un régal pour les yeux. Comme l’indique Jean-Paul, « les jardiniers partagent et sont acteurs d’une formidable aventure collective pour un résultat qui enchante les visiteurs ». Il faut préciser que le jardin est ouvert à tous. Il suffit d’ouvrir le portail et de le refermer derrière soi pour éviter l’arrivée de sangliers ou de chevreuils. Ainsi promeneurs et randonneurs du Bois-Chardon viennent découvrir ce jardin et échanger avec les jardiniers, ravis de les accueillir et de leur raconter l’histoire de ce lieu, un petit havre de paix situé dans un cadre merveilleux, au milieu de la nature.
PALMARÈS 2024
CATÉGORIE 1 : JARDINS PRIVATIFS
Prix spécial du jury Potager du 21e siècle : Sylvain HINGANT à Concoret (Morbihan)
Avec Sylvain, c’est une nouvelle forme pour dépenser son énergie au jardin. En rupture avec le potager traditionnel, nous sommes ici en présence d’une démarche, un brin contestataire, proche du jardin « punk », mais aussi intellectuelle, originale, créative et pragmatique. Sylvain HINGANT est-il un avant-gardiste ? En tout état de cause, il propose une alternative et par son potentiel et ses compétences, il peut amener au jardinage, un public qui n’y viendrait peut-être pas spontanément et il dont en sera l’ambassadeur passionné. Il est très engagé sur sa région dans le domaine environnemental. Alors, vis-à-vis de cette « contre-culture » au sens intellectuel du terme mais aussi vis-à-vis des pratiques botaniques plus classiques, le jury a estimé que nous devions remarquer, et même accompagner ce parcours atypique.
Notons que l’objectif nourricier du potager est ici atteint, c’est un marqueur fort lié à sa démarche, à prendre en considération. Les pratiques sont toutes respectueuses de l’environnement, et reprennent les grands classiques en particulier la gestion de l’eau et les méthodes permaculturelles. Sylvain est un excellent communicant déjà fortement impliqué, au travers de structures locales, dans le végétal et en relation avec la qualité de la vie. Ses expériences et essais font l’objet de reportage dans la revue 4 SAISONS. Citons l’en tête d’un article de Ingrid Van Houdenhove paru dans cette revue : « le jardin de Sylvain témoigne de son inventivité foisonnante. Si le luxuriant potager et le petit élevage assurent une certaine indépendance alimentaire à la famille, la philosophie du jardinier tend aussi vers le partage, la curiosité et l’expérimentation. Ici, le jardin et la maison sont autant de laboratoires pour consommer moins et vivre mieux ». Le jury a en particulier apprécié son expérience menée depuis 3 ans en aquaponie. Un autre regard…
3e prix : Gaelle SZYGENDA à La Vraie-Croix (Morbihan)
Il est des personnes discrètes, efficaces, qui ne se font jamais remarquer et qui, si l’on n’y prêtait pas attention, pourraient passer à côté d’une promotion, d’un avancement, d’une distinction. C’est le cas de Gaëlle qui nous reçoit simplement. Peu expansive ni bavarde, il faut un peu la forcer à parler et à se dévoiler. Sur un terrain très arboré de 3800 m², le potager occupe 130 m². On observe une bonne trentaine de variétés de légumes, dont des christophines installées sur une treille, des crosnes du japon, des panais et autres plus classiques. Avec du travail bien fait et une bonne dose de passion, Gaëlle obtient un résultat très honorable. Dans cet écosystème qui est le sien, elle coche toutes les cases : en matière de protection des plantes, de fertilisants, de l’association des fleurs et des légumes, en biocontrôle, en diversité, en accueil des auxiliaires.
Le désherbage est fait à la main. L’eau utilisée provient en majeure partie des eaux de pluie, 3 cuves de 800 litres assurent la réserve. Les plans du potager sont réalisés sur support informatique pour veiller à la rotation des cultures. Dans le plus grand respect de l’environnement, une certaine suffisance alimentaire en fruits et légumes est assurée pour elle et sa famille. Comme le dit Gaëlle, « le jardinage est une source de bien-être, on prend le temps de voir germer, pousser, récolter, cuisiner et déguster. Loin du stress du monde du travail, c’est une échappatoire à notre rythme de vie moderne, mais également à la malbouffe ». Ce potager rationnel est bien tenu, il est propre, bien ordonné, esthétique et riche en diversité. C’est peut-être du classique, mais qui doit faire figure de référence. Un modèle à suivre.
2e prix : François PERSEHAYE à Parigné-sur-Braye (Mayenne)
Au bout du chemin de halage, entre la rivière Mayenne et de hautes parois rocheuses, est enchâssé le jardin de François qu’il qualifie de : « son Paradis ». Ce retraité passionné consacre l’essentiel de ses loisirs à cette parcelle. Sur un terrain de 5000m², ce potager de 500 m² est remarquable. La quasi-totalité de sa production résulte de son choix d’adopter les méthodes de la permaculture. Dix ans en arrière, ce terrain était une friche, mais depuis, les buttes érigées par François selon cette méthode sont hautement productives. Si notre jardinier ne tient pas une comptabilité de ses fruits et légumes récoltés, à titre indicatif, il nous indique avoir ramassé cette année 150 kilos de pommes de terre. Sont cultivées environ 35 variétés de légumes, nous notons, outre six variétés de tomates, quelques originalités comme poire de terre, panais, trompe d’Albenga, topinambours et patate douce.
Il est à noter que les installations n’ont pas nécessité d’investissements onéreux, autrement dit, il est possible de parvenir à des résultats intéressants sans pour autant dépenser beaucoup. Dans le même esprit, les graines et plants sont produits par lui-même ou issus de trocs ou de récupération. Les classiques de la permaculture sont appliqués : rotation, association, paillage généreux, biocontrôle, macération végétale (rhubarbe, tanaisie, ortie). François est un bon communicant et nous affirme « Déguster mes légumes cuisinés par mon épouse avec mes petits-enfants me procure une immense joie, fierté et satisfaction…et j’ai encore des progrès à faire ! ». Le jury l’encourage vivement à partager ses techniques et sa passion, et pourquoi pas participer à nouveau dans les années à venir.
1er Prix : Claire COMBEBIAC à Salles-sur-Garonne (Haute-Garonne)
Sur cette parcelle de 250 m², il a été récolté, l’an passé, 1 100 kg de fruits et légumes ! Et, à coût zéro, puisque Mme COMBEBIAC, produit, elle-même ses propres graines, issues de ses récoltes. C’est un jardin aux performances remarquables et qui fonctionne en autarcie. Il s’agit de saluer et distinguer ces résultats exceptionnels qui sont obtenus dans le plus grand respect de l’environnement, parce qu’aucun produit d’origine chimique n’est utilisé. Mais qui nécessite un investissement soutenu et permanent, en effet, ce ne sont pas moins de quatre heures, au quotidien, que Claire, retraitée, consacre à son jardin et sans aucune aide extérieure. Nous sommes en présence, d’un véritable jardin à vocation nourricière dont la famille et l’entourage profitent. « Je retire une énorme satisfaction de partager mes récoltes avec ma famille et mes amis » dit-elle. Pour illustrer toute cette diversité, retenons, à titre d’exemples, la profusion de courges de Nice, Hubbard, Berry, Godiva, Spaghetti et même Luffa qui donne des éponges naturelles ! D’excellentes confitures de sureau, rhubarbe, framboises et gelée de pommes seront appréciées tout comme les sorbets. Pas moins de 23 kg pour les framboises et 15 pots pour la gelée de pommes ont été cuisinés. Les condiments ne sont pas oubliés : Ache des montagnes, sauge, ananas, thym, romarin et hysope sont présents, ni l’ornement : Larmes de Job, sauge bleue… Ces fleurs aident aussi à la pollinisation. Un abri en bâche plastique optimise les récoltes de tomates. Si la présence d’un puits concoure à l’obtention de ces résultats, il convient aussi de mettre en avant ces amendements naturels : le compost produit par 6 bacs, du fumier de cheval, du purin d’orties ou de prêle, de l’urine diluée à 5 %. Les adventices sont arrachées à la main, les planches de culture sont paillées et une récolte achevée, elles sont aussitôt réemployées. Pour lutter contre les indésirables, diverses préparations, toutes aussi naturelles telle la rhubarbe en décoction, des purins de consoude et de cosmos sont utilisés.
Les capucines attirent les pucerons qui délaissent les tomates et autres légumes cultivés. Pour Claire, le jardin « permet aussi de participer au respect de l’environnement en me passant de produits chimiques et sans travail du sol pour le bien-être de la terre ».
CATÉGORIE 2 : PARCELLE DANS UN CENTRE DE JARDINS COLLECTIFS
Prix spécial du jury Potager Poétique : Christian TÉTON – Jardins familiaux de Sens à Sens (Yonne)
Le potager de Christian Téton est situé dans les jardins familiaux des Boutours gérés par la ville de Sens qui comprend 154 parcelles, réparties de part et d’autre de plusieurs allées plantées d’arbres. C’est dans ce cadre calme et verdoyant de 7 hectares à l’écart de la ville que le jury découvre le jardin de Christian Téton, ancien jardinier des espaces verts de la ville de Sens. Arrivé à la retraite en 2020, après 42 ans de vie professionnelle, il accède à une parcelle qui va devenir très vite un petit coin de paradis foisonnant et fleuri. Dans ce jardin, c’est la couleur bleue qui domine avec une multitude de fleurs (agapanthes, iris, lavandes, echinops, centaurées, sauges, bleuets, bourrache…) qui s’épanouissent harmonieusement en massifs et en bordures.
Pas étonnant que ces 360 m² soient baptisés « l’Art Jardin Bleu Indigo » en référence à la couleur préférée de notre passionné de plantes et de nature. Les parties consacrées plus spécifiquement au potager sont situées à l’entrée du jardin avec un agencement en arc de cercle et à l’arrière dans un coin de nature au milieu d’une végétation luxuriante et agencée avec gout. Les légumes y sont cultivés sans aucun traitement. On y retrouve des tomates, poireaux, salades, choux, fèves, carottes, betteraves, haricots verts, radis, navets, de nombreuses courges qui courent et grimpent… ainsi que des plantes aromatiques. Au niveau des équipements, un très bel abri en bois est prolongé par une serre qui sert à préparer les plants et à accueillir pour l’hiver les plantes qui craignent le gel. Cet abri sert également à exposer quelques œuvres artistiques de Christian et le livre d’or signé par les très nombreux visiteurs. Car ce jardin est ouvert à tous les amateurs et amoureux de la nature à l’occasion de journées portes ouvertes, de visites guidées et d’animations organisées par la Société Horticole de Sens. La visite nous réserve bien d’autres surprises, ici du linge suspendu de couleur bleue évidemment qui sèche, là au milieu des végétaux des œuvres en céramique, des poèmes, des petits cairns réalisés avec des galets… car il s’agit aussi du jardin d’un artiste et d’un poète.
2ᵉ Prix : Mohamed OUANICHE – Jardins familiaux de la Patinotte à Mitry-Mory (Seine-et-Marne)
Le potager de Mohamed est situé dans les Jardins Familiaux de la Patinotte, gérés par l’association dont il est le Président. La mairie de Mitry-Mory a créé ces 24 parcelles de 100 m² et installé dans chacune d’elles un cabanon et un récupérateur d’eau de pluie de 300 litres. Dans la parcelle de Mohamed, tout l’espace est remarquablement bien exploité. Son objectif n’est pas d’en tirer un rendement important, mais de travailler la terre et de la cultiver pour comme il le dit, « le plaisir d’être dehors au jardin », « d’avoir un vrai contact avec la terre ». Son épouse et lui y passent du temps tous les jours, parfois jusqu’à la tombée de la nuit. « Ça relaxe, le temps s’arrête, on ne voit pas les heures passer » dit-il.
On y découvre plusieurs variétés de courgettes et de tomates, dont certaines poussent sous abri, des haricots, des topinambours, quelques poireaux, deux variétés de choux et cinq de salades, une belle collection d’herbes aromatiques (bourrache, ciboulette, origan, thym, santoline, persil, basilic, plusieurs variétés de menthe…), certaines s’épanouissent dans de simples parpaings, un grand laurier sauce et un romarin impressionnant. Les tomates sous abri ont une belle vigueur et sont indemnes de maladies. De nombreuses fleurs égaient ce jardin, en association avec certains légumes comme les œillets d’Inde ou juste pour leur beauté et leurs couleurs comme les géraniums, pensées, cyclamens, lavandes… Le sol est aéré avec une fourche à quatre dents, régulièrement biné et enrichi de compost et d’apports annuels de terreau. Un composteur, installé au fond du potager, est alimenté par des épluchures de légumes coupés soigneusement en très petits morceaux par Mohamed. Il y incorpore régulièrement des matières brunes apportées par la mairie. Plusieurs aménagements (nichoirs, hôtel à insectes, abri à perce-oreilles…) et les nombreuses fleurs et plantes aromatiques disséminés dans le jardin favorisent la biodiversité et la présence des auxiliaires. Mohamed ouvre régulièrement son jardin aux enfants du centre de loisirs où travaille sa fille et au public lors des journées découverte organisées en septembre par la mairie. Il ne vise pas l’autosuffisance alimentaire en légumes et en fruits. Son objectif est d’exploiter au mieux son petit terrain, de prendre plaisir à le cultiver avec son épouse, de passer du temps plus près de la nature, d’échanger avec ses voisins jardiniers et de transmettre son savoir aux petits et aux grands visiteurs.
1ᵉ Prix : Mention originalité des espèces Camille BACOT Jardins familiaux de Limas à Villefranche-sur-Saône (Rhône)
Dans le centre de jardins familiaux de Limas, les parcelles sont simplement délimitées par des allées recouvertes de planches. La passion des plantes, la créativité au jardin, l’énergie et l’enthousiasme de la jeunesse, voilà ce qui caractérise Camille Bacot qui écrit « c’est un jardin potager intime par l’histoire de ma vie qu’il raconte, notamment ma relation passionnée avec le Mexique et ses richesses ». Ce qui attire l’attention de prime abord, ce sont toutes les structures verticales en bambous sur lesquelles poussent des plantes grimpantes. « C’est un jardin où la verticalité et le relief sont importants, des reliefs spécifiques en fonction des besoins de mes plantes et de mon imaginaire créatif. » Des espèces sont regroupées pour « créer des ambiances » dit-elle, mais aussi en fonction de leurs besoins en eau et en ensoleillement, et enfin pour éviter la diffusion des maladies et mieux gérer la concurrence en nutriments.
Se côtoient de nombreuses espèces de légumes dont les variétés sont souvent choisies pour leurs qualités gustatives dont : haricots à rames œil de perdrix, aubergine longue de douga, concombre lemon, maïs doux, courgette pop-corn, patates douces, poivron mandarine, piment hungarian, … ou exotiques : quinoa, soja, sorgo, tomatillos du Mexique, sésame, gombos, gros thym antillais… et de nombreuses variétés florales : rosiers, tournesols, dahlias, cosmos, zinnias, sauges, ipomées, tithonias (tournesols mexicains), monardes, camomille matricaire… Des fraisiers, cassissiers, groseilliers et framboisiers poussent parmi les plantes du potager, protégés du plein soleil par les légumes grimpants. La terre est enrichie avec du fumier de cheval, un lombricompost, des apports d’urine diluée, et paillée depuis peu pour faire face à la sécheresse. L’arrosage est fait à la main à partir d’une réserve d’eau de pluie de 2 000 l, puis avec l’eau de la ville si besoin. Les adventices sont enlevées à la main lorsqu’elles risquent d’étouffer ou de concurrencer en lumière et en nutriments les plantes cultivées. Les autres, laissées pour la diversité esthétique et pour nourrir la faune sauvage, servent aussi de plantes bioindicatrices de l’état et de l’évolution du sol. Camille accueille avec plaisir des visiteurs rencontrés lors d’événements sur le thème du jardin, de trocs plantes et de graines et échange des pratiques avec des amis. Elle tient un journal très complet dans lequel elle décrit tous les évènements, de la préparation de la parcelle à l’évolution de ses semis et jusqu’à la météo. Des photos lui permettent de faire la comparaison d’année en année afin de s’améliorer en fonction des réussites et des échecs. Pour elle, qui a créé ce jardin il y a seulement 1an et demi, « Jardiner, c’est être sans cesse en train de se remettre en question et chercher des solutions créatives pour profiter au mieux du potentiel des plantes et des conditions. Il s’agit de transformer les obstacles en défi enrichissant et enthousiasmant »
CATÉGORIE 3 : POTAGERS DANS UN ENVIRONNEMENT PAYSAGER
3e Prix : Jean-Yves MEIGNEN – Jardins de l’Abbaye de Valsaintes à Simiane-la-Rotonde (Alpes de Haute-Provence)
Le jury a été accueillis par Jean-Yves MEIGNEN et son jardinier en second Nans SERENA, dans le jardin potager de l’abbaye de Valsaintes. Il est installé sur deux restanques-terrasses exposées plein Sud, directement sur le rocher avec un sol sablonneux très mince, bordées par des murs de pierres sèches. Ici, la pluie est rare, les nuits sont froides au printemps et la chaleur est importante en été, avec des amplitudes de 20 °c. De ce fait, la durée de culture possible est donc réduite. Il faut s’adapter. La production va se faire essentiellement dès que le sol est suffisamment réchauffé au printemps, en été sous les ombrières puis en profitant en automne de la chaleur emmagasinée par les murs de pierres. Le potager est divisé en quatre parties.
Du haut en bas, une première bande (5m x 20m) avec un sol très peu épais, reçoit les artichauts au printemps, puis les melons, pastèques et concombres sous couvert de tournesol en été, puis les petits pois et fèves à l’automne. Un espace clos accueille les topinambours. Ensuite sur la partie plane, trois espaces de 12m² sont couverts par des ombrières naturelles portant du houblon et de la liane de Madère. On y trouve une belle diversité d’espèces, étiquetées de façon très pédagogique. Une allée assez large pour le passage du public est couverte de broyât de cade et de cèdre venant de la distillerie voisine. L’espace parallèle permet de tester des méthodes de culture : tomates en cage, pomme de terre sous paillage… Une haie d’arbres bien diversifiée (grenadier, jujubier, plaqueminier, arbres fruitiers) protège également les productions de cucurbitacées (potiron, pâtisson, courge Jack be little) qui descendent sur le muret jusqu’à la terrasse inférieure. Cette dernière restanque accueille des cultures d’automne : choux, salades, ail, oignons, radis noirs, épinards, pois, asperges. Jean-Yves MEIGNEN nous explique que son potager a essentiellement une vocation pédagogique. Il permet de montrer aux visiteurs et aux stagiaires la possibilité de cultiver dans un environnement très difficile en utilisant très peu d’eau (5m3/semaine) par goutteurs et uniquement des huiles essentielles comme produits de traitement. Cela sur un sol créé artificiellement par le paillage et de très grandes quantités de compost (dont l’apport de matières fraîches par le restaurant de l’abbaye). Le jury a apprécié l’utilisation des différentes méthodes de cultures, l’adaptation du calendrier de cultures au climat difficile. Jean-Yves MEIGNEN a créé un jardin passionnant où se déroulent des animations et des stages sur tous les thèmes de la vie du jardin. Tous nos encouragements à Jean-Yves et à Nans !
2e Prix : Fanny PALIARD – Association Grinn – Jardin et potager du Château de Saint-Ange à Villecerf (Seine-et-Marne)
L’association « GRINN PERMACULTURE » a créé il y a maintenant 7 ans un jardin potager pédagogique et permacole dans l’ancien potager du château de Saint-Ange à Villecerf, grâce au prêt gratuit du terrain pendant 7 ans renouvelable par les propriétaires de ce château. Fanny Paillard, comédienne, a suivi une reconversion en permaculture : elle est la présidente de cette association qui compte 150 adhérents dont 6 bénévoles très actifs. Pour certains travaux, un renfort ponctuel est demandé aux adhérents permettant ainsi de faire des opérations plus importantes, comme pour le montage de la serre. La surface du potager, clos de murs en pierre, est de 3 000 m² dans un ensemble de 20 000 m².
Il se compose de différentes parties : un mandala de plantes aromatiques et médicinales, des cultures potagères en bandes, un carré des plantes tinctoriales, des bacs à destination des seniors et des personnes à mobilité réduite, un carré médiéval, un petit mandala pour les enfants. Au fond du potager, une grande serre permet de réaliser les semis, et de faire des ateliers. Plus loin, un espace aménagé pour la ménagerie permet la cohabitation entre moutons, ânes et poules. Dans le potager, les différents secteurs sont animés grâce aux compétences spécifiques de chacune des bénévoles : Fanny, formée à la permaculture, Karin, ânière, Véronique, spécialiste des plantes sauvages, Vanessa, art-thérapeute et passionnée de plantes tinctoriales… Les cultures de plantes potagères variées sont faites sans produits phytosanitaires et les arrosages sont surtout manuels, grâce à un puits et une source. Des oyas sont aussi utilisés. Le sol des cultures est couvert systématique par un paillis et le désherbage est réalisé manuellement. Le sol est travaillé à la grelinette ainsi qu’à la bio-fourche. De nombreux espaces sont laissés en jachères sauvages. Le jardin est ouvert au public et Fanny veut en faire un « jardin vitrine ». L’association propose en effet des visites et des ateliers pour différents publics, des séminaires d’entreprises, des parcours à dimension pédagogique, ludique et artistique, mais aussi des master-class qui s’adressent à un public plus averti et qui aborde par exemple la vie du sol ou le design en permaculture. L’association organise et participe localement à des fêtes de plantes, des trocs. Le jury a noté la très forte implication des bénévoles qui nous ont accueillies : ils consacrent une partie très importante de leur temps dans la mise en place des cultures, l’entretien et l’aménagement des espaces, ainsi que dans l’animation des ateliers. Le jury a été impressionné par le travail immense qui a déjà été réalisé dans ce vaste jardin et l’équipe de bénévoles continue son œuvre avec enthousiasme. Fanny nous dit : « le jardinage m’apprend chaque jour l’humilité et la patience, la satisfaction de voir la vie se former. J’ai développé mon sens de l’observation et accepté l’échec de temps en temps. ». Bravo à l’équipe pour leur engagement, leur envie de partage et de création de lien autour du jardinage et de l’amour de la nature.
CATÉGORIE 4 : JARDIN PÉDAGOGIQUE
Prix spécial du jury : Créativité et imagination pédagogique – Marie-Bertille Luere École maternelle Curie Saint Exupéry à Meudon-la-Fôret (Haut-de-Seine)
Le potager de l’école maternelle Curie Saint Exupéry à Meudon-la-Forêt est situé sur un grand espaceaussi devant la cour de récréation. Laissé à l’abandon avec néanmoins de l’éco pâturage, les enseignants ont décidé il y a deux ans de créer un jardin oasis et de mettre en place un potager « pour donner aux enfants le goût du jardinage, leur faire comprendre d’où viennent les légumes qu’ils retrouvent dans leur assiette, comment ils poussent, leur apprendre à entretenir un jardin et à respecter la faune et la flore ». Les enfants de cette école sont dans un environnement très urbanisé : ils connaissent mal la nature et les plantes. L’objectif est également de leur montrer la diversité des plantes, le cycle de la graine à la graine et le rôle important des abeilles et des pollinisateurs.
L’activité de jardinage concerne 9 classes et 120 enfants ainsi que ceux du centre aéré le mercredi et pendant les vacances scolaires. Les enfants viennent au potager par petits groupes de 6 à 8 pendant les pauses et se retrouvent ainsi bien pour jardiner que pour des ateliers, des contes ou des goûters. Le jardin très ombragé est très agréable en particulier lorsqu’il fait chaud. Il comprend de très nombreux bacs de cultures et un abri qui sert de rangement aux outils de jardinage de taille adaptée aux enfants. D’une surface de 120 m², le jardin présente à la fois une belle diversité d’espèces légumières mais également de variétés, en particulier pour les tomates. Il comprend différents espaces de culture en lien avec le thème des jeux olympiques développé cette année. Et dans ce domaine, l’imagination et la créativité ne manquent pas : un terrain de basket avec des courges, une cage de football avec des espèces grimpantes (concombres, cornichons et petits pois), une piscine olympique de tomates réalisée avec des palettes peintes en bleu, un ring de boxe avec du curcuma et du gingembre, une cible de tir avec des carottes… Les légumes sont cultivés à la fois en pleine terre et dans des bacs décorés cette année avec les drapeaux de différentes nations. Le long de la cour de l’école, une bande fleurie mellifère permet d’attirer les pollinisateurs. Comme nous le précise Marie-Bertille, l’activité de jardinage permet aux enfants de développer des compétences, de s’épanouir au potager, de découvrir et goûter les fruits et légumes qu’ils ont cultivés, la plupart vivent dans des immeubles et ne connaissent pas les espaces verts et la nature. Un beau résultat avec peu de moyens, mais avec beaucoup de bonne volonté, d’enthousiasme et de créativité. Bravo à toute l’équipe.
3e prix Guillaume GIMENEZ – École primaire Ernest Renan à La-Seyne-sur-Mer (Var)
Monsieur Guillaume GIMENEZ, Professeur des Écoles, a ouvert le jardin pédagogique de son école primaire au jury, deux jours avant la rentrée des classes. Cet enthousiaste professeur de CE1 a entraîné dans l’aventure du jardin cinq classes sur les douze du groupe scolaire. En 2017, le terrassement du terrain de pétanque à l’entrée a apporté du volume de mauvaise terre tout-venant, qui constitue la base de six grandes jardinières et quatre petits carrés. Dans ces espaces, les enfants apprennent les bons gestes pour ne pas épuiser la terre, à ne pas gaspiller l’eau, à optimiser l’espace, à connaître et associer les plantes et surtout à travailler en coopération ! Monsieur GIMENEZ est un peu désolé de présenter au jury un jardin qui vient de passer l’été des vacances scolaires. Mais un œil exercé voit le travail qui a été réalisé jusqu’au départ en vacances des élèves. Il reste à reprendre le cycle des cultures en remettant le jardin en ordre de marche. L’année culturale débute par le nettoyage des jardinières et un apport de crottin de cheval et/ou d’engrais verts. Puis viendront les plantations de légumes d’hiver (mâche, épinards…) Chaque jardinière a un thème illustré par un panneau explicatif : ” Milpa” pour l’association maïs, haricot, courge ; fraises en association avec l’ail comme répulsif ; courges de Nice et courgettes cultivées au sol ou palissées. Il y a aussi des fleurs associées aux cultures et des petits tournesols semés par les élèves de la classe ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire). Un carré « expérimental » permet aux élèves de découvrir par eux-mêmes le fonctionnement des plantes. Les cinq classes participent très activement, mais tous les élèves de l’école ont un accès visuel au jardin et peuvent l’utiliser au travers des activités pédagogiques. L’année du jardin rouge (les plantes, fleurs et décoration étaient rouges) a été une réussite par exemple. Monsieur GIMENEZ est persuadé de la nécessité du travail sur le jardin et constate le fossé générationnel qui s’est creusé dans les vingt dernières années : il a fallu semer des céréales pour expliquer que la farine ne vient pas du supermarché ! Ce travail utile et passionnant, n’est pas vraiment reconnu par l’Education Nationale. Les seules aides proviennent de la Municipalité, de la jardinerie Botanic voisine et de quelques parents d’élèves intéressés. Le projet pédagogique de Monsieur GIMENEZ est très cohérent et il maitrise son sujet. Bon courage, votre jardin est une belle réussite pour les enfants !
2e prix Élisabeth MAIER – Association de sauvegarde et mise en valeur du Kirchacker à Mollau (Haut-Rhin)
L’aventure a commencé en 2006 quand un terrain ayant un important intérêt patrimonial situé derrière l’église de Mollau (le Kirchacker) était convoité pour un projet immobilier. Une SCI s’est constituée pour acheter le terrain et une partie a été mise à disposition d’une association pour y créer un jardin pédagogique et mettre en valeur le village et son environnement naturel. Depuis cet espace verdoyant est devenu un lieu de rencontres, de lien social pour les 338 habitants « le jardin favorise les relations bienveillantes et suscite la curiosité et l’intérêt » nous écrit Elisabeth, la présidente de l’Association. Il est ouvert à tous, en permanence et il est traversé régulièrement par les habitants et les touristes qui veulent profiter d’un moment de partage avec la nature.
Le groupe de bénévoles qui le gère, l’entretien et l’anime depuis sa création à la volonté de donner le goût et le respect de la nature au travers d’animations, d’initiation des enfants au jardinage mais aussi de transmettre les savoirs et les savoirs faire à des adultes. « La sensibilisation à la nécessité urgente de préserver l’environnement par des pratiques adaptées » est une de leurs motivations. Actuellement une dizaine d’enfants du village ont une parcelle attitrée et prennent conscience de la vie de la nature : le travail de la terre, les semis, l’entretien, la récolte le tout guidé par Françoise, la vice-présidente. Avec ses allées engazonnées, ses parcelles de tailles différentes, ses cultures sur treillage, cet espace fleuri est particulièrement esthétique et agréable à voir. Les espèces et variétés cultivées sont adaptées au climat local et à la facilité de culture pour les enfants. Un peu plus haut, un jardin des simples dont chaque plante à son étiquette descriptive est dédié aux variétés locales. Un verger planté à l’origine de l’association : pommiers, cerisiers, quetschiers, mirabelliers, néflier…et un espace de jeux pour les enfants complètent ce tableau. Des ateliers bricolage sont organisés pour les enfants avec la création d’objets décoratifs pour le jardin. Une pompe à bras, complétée par une réserve d’eau permettent l’arrosage du jardin. Une rhizosphère a été aussi aménagée dès la création, elle permet de filtrer l’eau du petit ruisseau qui traverse et agrémente le jardin. Pas de traitement et des amendements naturels garantissent des récoltes saines. Un espace en friches est conservé pour donner gîte et couvert aux auxiliaires. La presse locale et régionale relate régulièrement les événements organisés par l’association : fête annuelle avec remise de prix aux enfants, fêtes au village…
1er prix Éric VINCENDEAU – Jardins des Écoliers de Saint-Jean-le-Blanc (Loiret)
L’extraordinaire « jardin des écoliers » est situé dans un ancien marais ou existait auparavant un professionnel de l’horticulture. Il a été créé en 2003 sous l’impulsion de la municipalité et de bénévoles. Il fait partie de la Société d’Horticulture d’Orléans et du Loiret. Le potager de 608 m² se situe dans un ensemble de 2200 m² incluant un verger, un arboretum et une mare avec plantes aquatiques. L’ensemble est mis à disposition gracieusement par la municipalité. Il est divisé en 13 parcelles de 20 m² et 3 parcelles communes pour les gros légumes. L’activité associative « Jardin des écoliers » s’adresse aux enfants âgés de 8 à 12 ans, qui s’engagent en principe à s’inscrire pour 2 années « civiles ».
De fin mars à fin octobre, les jeunes jardiniers viennent cultiver leur parcelle individuelle le mercredi après-midi et le samedi matin sous les conseils avisés de 10 bénévoles. 14 enfants, 8 filles et 6 garçons, participent cette année 2024, avec pour objectifs : apprendre le travail de la terre ; transmettre le savoir-faire à la pratique du jardinage ; apprendre le cycle des plantes et observer le monde végétal ; favoriser la notion de responsabilité, apprendre à cultiver en respectant la nature (silos à compost, rotations de cultures, engrais verts…). La notion du plaisir de récolter et de consommer est aussi un facteur Important. Le responsable Eric VINCENDEAU est accompagné de bénévoles, hommes et femmes qui sont aux petits soins pour les écoliers et préparent avec minutie leur travail : préparation des parcelles, des semences, des outils, des carnets… ils font un travail remarquable sur le terrain, mais aussi en relations humaines et partage. Les enfants sont reconnaissants envers les adultes qui les encadrent et savent les remercier. Une attention particulière est accordée à la sécurité lors du maniement des outils et un bénévole a été formé aux gestes de premiers secours. Plusieurs anciens petits jardiniers sont devenus des professionnels de l’horticulture, un bel exemple du travail accompli par l’association pendant leur petite enfance. Les légumes, identiques pour chacun, sont cultivés dans les règles de l’art, sans produit phytosanitaire. Ils sont arrosés manuellement grâce à l’eau d’un puits et par des oyas. Les enfants rapportent leurs légumes chez eux et font le bonheur de leur famille. Ils notent sur un petit carnet individuel les travaux qu’ils ont réalisés à chaque intervention. En fin d’année, un diplôme de jardinier leur est remis et une sortie est organisée. Le jury apprécie ce bel exemple de transmission horticole faite par des jardiniers bénévoles passionnés et une œuvre merveilleuse pour l’avenir de ces futures adultes.
CATÉGORIE 5 : POTAGERS PARTAGÉS MIS EN PLACE ET CULTIVÉS AU SEIN D'UNE ENTREPRISE OU PAR UNE ASSOCIATION
2e prix : Yohan JOBET – Jard ‘in Quiers à Quiers-sur-Bezonde (Loiret)
Pour le bien être des habitants et pour renforcer l’attractivité touristique le conseil municipal de Quiers-sur-Bezonde a décidé de créer un espace de détente et de verdure comprenant une roseraie et un amphithéâtre de plein-air. En 2020 il a été décidé d’y associer un potager partagé. Ce jardin a pris le nom de « Jard’ in Quiers ». Ce potager de 220 m² est composé de planches de culture en forme de rayons, idéalement placées au-dessus de la courbe formée par les gradins de l’amphithéâtre de verdure. Elles sont séparées par des allées engazonnées dans lesquelles on pénètre en passant sous une arche métallique couverte de vignes. Les planches sont alternativement plantées de différents légumes, de plantes condimentaires, de petits fruits : cassis, groseille, framboise…
Une bande fleurie ceinture le fond du jardin, composée essentiellement de fleurs à corolle simple pour que tous les insectes puissent facilement butiner. Ce concept de jardin partagé est ouvert en permanence au public. Aucune clôture ni interdiction n’en restreignent l’accès. Une pancarte à l’entrée fait appel au civisme de chacun avec la formule : « Si vous souhaitez bénéficier des récoltes venez nous aider ». Actuellement une dizaine de bénévoles se retrouvent un mercredi sur deux. Sous la conduite du « coach » expérimenté Christian Asselin, pépiniériste retraité, ils vaquent à toutes les tâches que requièrent la création et l’entretien d’un beau potager tout en approfondissant leurs connaissances, notamment sur la relation plantes/climat. Chaque séance est l’occasion de répondre aux questions des visiteurs de passage, jardiniers désirant approfondir leurs connaissances ou personnes désirant rejoindre l’équipe. Elle se termine par le partage des légumes suivi d’un moment de convivialité autour d’une boisson régionale. Les meilleures techniques de jardinage sont conseillées pour avoir des végétaux en bonne santé ; en particulier l’importance d’avoir un sol équilibré, des plantes suffisamment espacées développant un solide enracinement pour exploiter les réserves en eau d’un sol argileux en profondeur. Chaque année le jardin fait l’objet de visites commentées au profit des écoles de Quiers et des communes environnantes ainsi que de groupes d’autres régions intéressées par le concept « Un potager dans un village ». Bravo à la municipalité de Quiers-sur-Bezonde et à tous ses bénévoles pour cette belle initiative de vitrine de potager au profit des habitants, mais aussi à vocation de faire des émules dans d’autres communes.
1e prix : Christelle GROSSE – Graines VOLTZ – Le Potager de Fleurette à Colmar (Haut-Rhin)
Après un exposé en salle sur l’origine, le développement et l’actualité de l’entreprise VOLTZ, Christian Voltz, le Directeur adjoint, a présenté au jury ce jardin, remarquable exemple de partage au sein d’une entreprise, qui favorise la cohésion d’équipe, la bonne entente et la solidarité entre les collaborateurs. Il stimule également l’émergence d’idées pour faire évoluer leur environnement professionnel. Le potager Fleurette est divisé en deux zones séparées par des espaces végétalisés et fleuris. Il a été créé et mis gracieusement à la disposition des 45 personnes qui travaillent au siège et de leur famille et amis. C’est pour eux un lieu de rencontre en dehors du cadre strictement professionnel, accessible tous les jours de la semaine, qui évolue en fonction de leurs idées et de leurs besoins.
Chaque surface cultivée est attribuée à une personne. Ainsi, parcelles, carrés potagers, bacs de culture, restanques et la serre dédiée à la culture hydroponique portent une étiquette avec le prénom de la personne qui y jardine. L’entretien, l’arrosage et les menus travaux des espaces communs sont organisés, des tableaux avec la tâche à effectuer et le nom du responsable sont affichés. Les attributaires échangent leurs pratiques et astuces de jardinage et souvent leurs légumes. L’arrosage se fait grâce à des récupérateurs d’eaux de pluie (560 l) et du pompage dans la nappe phréatique. Des oyas sont installés dans deux parcelles. Chaque espace cultivé est géré individuellement, aussi trouve-on toutes les espèces et variétés d’un potager telles : tomates, aubergines, courgettes, céleris, artichauts, betteraves, épinards, patates douces, chicorée, aromatiques… la liste est longue. Une rangée de fruits rouges : framboises, groseilles, mûres, cassis, myrtilles, raisins et beaucoup de fleurs complètent ce paysage. Les plantes sont traitées au savon noir, exceptionnellement à la bouillie bordelaise, et sont protégées par des associations de fleurs : œillets d’Inde et capucines. Le désherbage se fait à la main et la décomposition des déchets du jardin se fait sur le compost en plein air et dans des composteurs rotatifs. Le compost est utilisé pour fertiliser la terre. Le personnel profite également d’un jardin d’agrément, décoré d’objets en bois et de matériel provenant de la montagne proche : télésiège, schlitte… Christian Voltz indique : « Notre jardin et en particulier notre potager partagé met en avant la diversification des produits, de beaux décors, des mises en scène naturelles. La créativité et l’imagination de chaque jardinier amateur et passionné peut s’exprimer ». Le jardin est souvent visité par des clients, des voisins, des amis. Il a reçu la visite du maire de Colmar, il a été diplômé à l’issue du Concours de décorations végétales de la ville.