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[Retour sur] Exposition « Livres et Pélargoniums » et les journées européennes du patrimoine à la SNHF

Les journées européennes du patrimoine : « Livres et Pélargoniums : illustration d’un patrimoine horticole »

Le samedi 17 septembre 2022, la SNHF a participé aux Journées européennes du patrimoine pour la seconde fois. Un public enthousiaste a de nouveau répondu présent et a pu découvrir un parcours sur le thème des pélargoniums, connu de tous sous le nom de géraniums.

Pilotée par le pôle « Bibliothèque, patrimoine et mécénat », cette journée a permis d’accueillir 300 visiteurs entre 10h et 18h. Ce projet a été l’occasion de nouer des partenariats avec le Muséum national d’Histoire naturelle et le Bureau Horticole Régional des pays de Loire.

L’exposition « Livres et Pélargoniums : illustration d’un patrimoine horticole », ouverte jusqu’au 20 décembre 2022  proposée au sein de la bibliothèque de la SNHF a permis de faire découvrir aux visiteurs l’histoire du pélargonium et de ses grands obtenteurs à travers une quarantaine d’ouvrages illustrés du XVIIe siècle à nos jours.

Plus d’informations 

Le patrimoine vivant a également eu la part belle avec l’exposition de plus de 60 pélargoniums rares dont 15 odorants, issus des collections nationales de l’Arboretum de Versailles-Chèvreloup du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.

Une journée bien remplie

Les visiteurs du 84 rue de Grenelle ont profité d’un parcours ludique et varié. Un saut dans le vif du sujet était proposé pour commencer avec la découverte des pélargoniums odorants : il s’agissait de frotter délicatement les feuilles, tenter de deviner l’odeur puis de lire la réponse sur les petits cartels prévus à cet effet. Petits et grands se sont pris au jeu.

Encore enivrés par les parfums des plantes, ils continuaient la visite à la bibliothèque : là une présentation des lieux et la visite de l’exposition étaient proposées. Les illustrations anciennes et chatoyantes issues d’ouvrages anciens ont fait l’admiration de tous. Les visiteurs ont eu l’occasion de découvrir la variété des fonds et ont pris plaisir à feuilleter ouvrages et revues et à échanger longuement avec l’équipe.

Le hall était ensuite l’occasion de découvrir les publications de la SNHF et d’échanger avec les bénévoles Simone Lomet et Alain Leborgne de la Section Fuchsia Pélargonium.

Un peu plus loin c’est Elisabeth Vitou qui faisait découvrir l’illustration botanique et l’aquarelle aux visiteurs. Un moment privilégié pour découvrir les activités de la Section Beaux-Arts.

C’est ensuite dans la cour que les jardinières expertes de l’arboretum de Versailles-Chèvreloup proposaient un atelier bouturage de pélargonium. Les visiteurs ont pu bénéficier de démonstrations concrètes, de conseils précieux et ont pu repartir avec leur bouture.

Enfin le parcours se terminait par une déambulation parmi près de 50 pélargoniums variés, des plus communs à quelques raretés, le tout accompagné de panneaux explicatifs.

Les visiteurs de cette journée du patrimoine 2022 étaient très engagés et ont profité pleinement des activités proposées. Nombre d’entre eux sont repartis avec de nouvelles connaissances, de précieux conseils et la promesse de revenir très rapidement profiter du calme et de l’offre de notre bibliothèque spécialisée.

L’eau et la plante, colloque scientifique 2022

Le colloque scientifique de la SNHF aura pour thème, en cette année 2022, l’eau et la plante. Il est organisé par le conseil scientifique de la SNHF, et aura lieu en présentiel, à la SNHF, au 84 rue de Grenelle à Paris.

L’inscription est payante. Il est possible de déjeuner sur place au tarif de 25 euros.

  • Tarif adhérent :  40 euros (sans repas) / 65 euros (repas compris)
  • Tarif non adhérent : 50 euros (sans repas) / 75 euros (repas compris).
  • Tarif étudiant : 10 euros (sans repas) / 35 euros (repas compris)

 

L’eau et la plante

 

Antoine de Saint-Exupéry a résumé en une phrase l’essence même de l’eau « L’eau n’est pas nécessaire à la vie, elle est la vie ».

Au cours du paléozoïque, la flore et la faune, jusque-là marine, se sont adaptées progressivement à la vie terrestre, mais l’eau est restée un élément vital, les plantes, les communautés végétales n’échappent pas à cette règle.

Dans la plante, l’eau permet le maintien des structures cellulaires et le transport des substances nutritives.

L’importance de l’eau est telle qu’elle représente plus de 80% du poids du végétal et jusqu’à 95 % du fruit de tomate. On comprend que l’absence d’eau est une situation périlleuse pour la plante en croissance. Mais des mécanismes de survie existent ainsi les graines traversent les périodes difficiles avec seulement quelques % d’eau dans leurs tissus.

Il est rare qu’une plante se trouve dans un environnement optimal vis-à-vis de l’eau, mais les stratégies adaptatives mises en œuvre sont nombreuses, qu’il s’agisse de puiser l’eau, de résister à la carence ou à l’excès, ou encore d’éviter les pertes. Toutes ces stratégies seront développées au cours de la journée.

Enfin, la connaissance toujours plus grande de la relation entre la plante et l’eau conduit au développement de technologies qui contribuent au progrès de l’agriculture et de l’horticulture. Biochars, assainissement, « plantes à traire » et aquaponie vous seront dévoilés au cours du colloque de la SNHF, le 20 mai 2022 au 84 rue de Grenelle 75007 Paris.

Dans le respect des consignes sanitaires en vigueur au 20 mai 2022.

Programme du colloque L’eau et la plante

le 20 mai 2022 à la SNHF

9:15 > Ouverture par Jean-Pierre Gueneau, Président de la SNHF et Yvette Dattée, Présidente du Conseil Scientifique

9:45 > Conférence introductive, La quête sans fin des plantes pour l’eau, Bernard Saugier, Professeur honoraire de l’université, Président honoraire de l’Académie d’agriculture de France

10:25 > D’un extrême à l’autre

  • Un exemple d’adaptation extrême de la survie sans eau : la graine, Jérôme Verdier, Chargé de Recherche INRAE
  • La circulation de l’eau dans la plante, Hervé Cochard, Directeur de recherche INRAE
  • Adaptations à la disponibilité en eau, aspects morpho anatomiques, Valéry Malécot, Maitre de conférences L’Institut Agro Rennes-Angers, campus d’Angers

Discussion

11:40 -12:00 > Pause

  • Déterminismes de la transpiration nocturne et ses effets sur l’efficience d’utilisation d’eau chez la vigne Adriaan Westgeest, lauréat du prix de thèse 2022
  • Stress hydrique et réponses épigénétiques des plantes, Nathalie Leduc, Professeure Université d’Angers

Discussion

12:50 -14:00 > Déjeuner

14:00 > D’un extrême à l’autre (suite)

  • Amélioration de la résistance génétique à la sécheresse : l’exemple du blé, Pierre Devaux, Directeur Recherche & Innovation, Groupe Florimond Desprez
  • Tolérance des plantes à la salinité des sols, Doan Trung Luu , Chargé de recherche CNRS Biochimie & Physiologie Moléculaire des Plantes – Montpellier
  • Les plantes aquatiques : biologie et écologie, Christian Chauvin, Ingénieur de recherche INRAE, Unité Écologie aquatique et changement globaux, Bordeaux

Discussion

15:15 > Des technologies d’avenir

  • Les biochars : développement durable et ressource en eau, Domenico Morabito, Maître de conférences, université d’Orléans- UCS 1328 INRAE
  • De l’eau, des hommes et des plantes. Du marais artificiel à la phytoremédiation, Robin Massardier, ingénierie et aménagement du paysage, bureau d’études HYLA
  • L’aéroponie et les « plantes à traire », Frédéric Bourgaud, Directeur recherche et innovation Plant Advanced Technologies
  • L’aquaponie : un exemple d’économie circulaire, Aurélien Tocqueville, Responsable aquaculture ITAVI

Discussion

Conclusion

16:50 > Cocktail

[Webinaire] D’où viennent nos légumes ? La journée d’information SNHF partie 3/4

Partie 3 : Les légumes originaires d’Asie.
Webinaire

Programme

  • L’aubergine, par Marie-Christine Daunay
  • L’ail, l’échalote et l’oignon, par Jacky Brechet
  • La carotte, par Emmanuel Geoffriau

Toutes les informations sur les journées d’information de la SNHF 2023

REVOIR LES CONFÉRENCES

L’aubergine, par Marie-Christine Daunay

L’ail, l’échalote et l’oignon, par Jacky Brechet

La carotte, par Emmanuel Geoffriau

Les intervenants

Origine et diversification

L’aubergine (Solanum melongena L.) est originaire du sud-est asiatique. Ce sont les civilisations anciennes d’Inde et de Chine qui ont, successivement ou peu ou prou concomitamment, procédé aux premières sélections et mises en culture de types moins épineux, produisant de plus gros fruits, moins amers, de formes variées (de rond à très long), et de coloration diversifiée (blanc, vert, plus ou moins anthocyané, uniforme ou bigarrée).

Bien que la domestication de l’espèce soit donc ancienne, on trouve encore des formes sauvages (plutôt pseudo-sauvages, ou spontanées) dans l’arc géographique qui court du Pakistan aux Philippines, essentiellement à proximité des champs et des villages.  Comme l’aubergine est un légume commun très cultivé et consommé en Asie, ces formes « sauvages » coexistent à proximité des variétés cultivées, et du fait d’une morphologie florale favorisant l’allogamie, s’intercroisent spontanément avec elles. Ces flux de gènes naturels ont abouti à une « pollution » du compartiment sauvage, observable en particulier de l’Inde à l’ancienne Indochine, où les formes spontanées présentent parfois, dans une grande variété de nombres et de combinaisons, des caractères domestiqués.

D’autre part, si les préférences des populations locales ont à la fois créé au fil des siècles des variétés cumulant des caractères domestiqués (spinosité réduite, gros fruits solitaires, de formes et couleurs diversifiées, faiblement amers), elles ont aussi créé des variétés locales combinant diversement caractères domestiqués et caractères sauvages (comme une très forte spinosité, et/ou des inflorescences à fleurs multiples, et/ou des fruits sphériques, de très petit calibre – inférieur à 2-3 cm –, et/ou de couleur verte réticulée). Les marchés de légumes thaïlandais sont très illustratifs de l’absence de frontière claire entre les deux compartiments, « sauvage » et cultivé, de l’aubergine. Dans ce pays, les villageois établissent, parmi les plantes d’aubergine poussant spontanément dans leur environnement immédiat, une distinction étonnante entre celles qu’ils considèrent comme « sauvages » et qu’ils détruisent parfois (à petits fruits ronds, verti-réticulés, ternes, très amers, et souples sous la dent), et celles qu’ils récoltent à l’occasion, dont les fruits ont un aspect un peu moins terne, sont peu amers et croquent sous la dent.

Statut botanique des formes sauvages

Après des controverses sur le statut taxonomique des formes sauvages, il est actuellement admis qu’elles méritent, pour plusieurs raisons, d’appartenir à l’espèce Solanum insanum L. et d’être distinguées de l’aubergine cultivée, Solanum melongena L.  Leur régime « naturel » (libre) de reproduction, très distinct de celui des variétés cultivées actuellement (sélectionnées par l’Homme dans un régime de reproduction totalement artificiel et contraint), est le principal argument en faveur de ce statut.

Voyages de l’aubergine

Les traces textuelles les plus anciennes de l’aubergine sont chinoises et indiennes. Remontant au tournant de l’avènement de l’ère chrétienne, elles relatent l’usage à la fois médicinal et alimentaire de l’espèce, et mettent souvent aussi en garde contre ses effets néfastes sur la santé. Poésie, dictionnaires, traités médicaux-botaniques et agronomiques ultérieurs, permettent ensuite de suivre les voyages de l’aubergine vers l’est (elle aurait atteint le Japon au VIIIe siècle apr. J.-C.), et vers l’ouest. Sur ce long trajet, son arrivée au Moyen-Orient n’est pas encore documentée précisément à ce jour, du fait de la difficulté d’identification, d’accès (et de compréhension) des sources anciennes locales. L’espèce n’était connue ni des Grecs ni des Romains, alors qu’ils firent des incursions et conquêtes à l’est de la Méditerranée. L’aubergine est mentionnée dans certains ouvrages médicaux perses tardifs, comme ceux des érudits Rhazès (865-925) et Avicenne (980-1037), mais on peut supputer que l’aubergine atteignit le Moyen-Orient plus tôt que les IXe ou Xe siècles, à une période située entre la scission de l’empire romain à la fin du IVe siècle et l’hégire (570-632).

En effet, la suite des voyages de l’aubergine vers l’Afrique et l’Europe est liée au fulgurant expansionnisme arabe, par terre et mer, entre les VIIe et VIIIe siècles. Dès le VIIIe siècle, l’espèce est mentionnée en Éthiopie où de nombreux termes linguistiques la décrivent. Son premier signalement en Europe du Sud se trouve dans un abrégé de médecine rédigé vers 850 apr. J.-C. à Cordoue (Andalousie) par Abd al-Malik ibn Habib où elle est mentionnée par son nom arabe badhinjan. Au XIIe siècle, en Andalousie, le médecin Averroes et l’agronome Ibn Al Awam la décrivent comme un légume commun et apprécié dans le sud de l’Espagne. En Italie, à la même période, l’aubergine est décrite dans le Circa instans (De simplici Medicina ou livre des simples médecines) de Matthaeus Platearius (11..-1161). Ce médecin de l’école de Salerne compila en un seul traité tous les savoirs et traditions médicaux et thérapeutiques grecs, arabes et de Salerne. Comme les érudits perses, Platearius mentionne les dangers sanitaires de l’aubergine, tout comme ses vertus médicinales ou alimentaires moyennant des précautions d’emploi qu’il détaille. En Europe septentrionale, un peu plus tard, Albertus Magnus (v. 1200-1280), philosophe, théologien et scientifique germain, mentionne l’aubergine dans son De Vegetabilibus.

Représentations graphiques de l’aubergine en Europe

Les premières illustrations (colorées !) européennes d’aubergine se trouvent dans de nombreux herbiers illustrés à partir de la fin des années 1200, début des années 1300, et dérivés des compilations textuelles antérieures. Leurs dessins colorés sont botaniquement peu précis, mais ils nous donnent l’opportunité de voir les aubergines de l’époque, avec leurs fruits ronds ou ovoïdes, blancs, mauves ou plus foncés. Les plus belles illustrations d’aubergine se trouvent dans des manuscrits tardifs, connus sous le nom de Tacuinum Sanitatis ou Tables de Santé. Ces ouvrages, illustrés de miniatures magnifiques, dérivés du traité médical Taqwim al-sihha bi al-ashab al-sitta (renforcer la santé par six causes) du médecin bagdadi Ibn Butlan (XIe siècle), ont été composés entre 1380 et 1450 pour des familles aristocratiques du nord de l’Italie.

Le réalisme des représentations d’aubergine (et de toutes les plantes) sera cependant nettement amélioré dans les herbiers peints de Leonhardt Fuchs (1543) et de Georg Oellinger (1553), respectivement médecin et apothicaire. L’invention de l’imprimerie (v. 1455) permettra la création et une large diffusion des herbiers imprimés, dont le texte sera illustré de gravures sur bois qui, pour l’aubergine, reprendront souvent le dessin de Fuchs avec des petits fruits. Les premiers fruits longs sont représentés dans le Historiae Generalis Plantarum de Dalechamps (1586). À partir du XVIe siècle, les supports sur lesquels des aubergines sont représentées deviendront de plus en plus des œuvres de valeur artistique, beaux livres, fresques peintes, bas-reliefs, tableaux et vélins. À partir de la fin du XVIIIe siècle, de nouveaux types de représentation graphique apparaissent avec les premiers catalogues de semences, comme ceux de Vilmorin, qui révèlent brutalement la présence en France d’une diversité de tailles, formes et couleurs de fruits invisible jusque-là, mais sans doute déjà introduite via l’intensification des échanges commerciaux au fil des siècles et la curiosité européenne pour toutes les nouveautés exotiques.

Représentations graphiques de l’aubergine en Asie

Les plus anciens dessins datent des XIe et XIIe siècles et représentent des fruits sphériques. On peut supposer qu’ils sont blancs en l’absence de remplissage des formes. Le premier dessin coloré (dans le Lüchanyan Bencao, 1220 – Dynastie Song du sud) représente une couleur de fruit absente du matériel européen de la même époque : le calice est violet foncé, tout comme l’épiderme du fruit, sauf à la lisière du calice où l’épiderme est presque blanc. Ce dernier caractère, contrôlé par un gène récessif, est caractéristique du matériel d’Extrême-Orient. Cette couleur particulière est également représentée sur un écran pliable coréen du XVIe siècle. Les estampes de l’époque Edo (1603-1868) ou plus tardives apportent les représentations les plus stylisées de l’aubergine, y associant souvent le faucon et le mont Fuji, en illustration du proverbe japonais selon lequel le plus heureux présage pour la nouvelle année est un rêve associant le Mount Fuji, le faucon et l’aubergine.

L’aubergine aujourd’hui

La sélection sur des bases scientifiques, à partir d’hybridations dirigées pour des objectifs d’amélioration précis, commencera vraiment au XXe siècle, avec les premiers hybrides F1 créés au Japon avant 1935. En France, les premiers hybrides d’aubergine seront créés par l’Inra au début des années 1970, avec F1 Bonica (globuleuse pourpre) et F1 Baluroi (demi-longue pourpre) et cette structure génétique s’est rapidement généralisée, en France et ailleurs, dans la gamme des variétés cultivées. En Europe de l’Ouest, la sélection se concentre sur les formes intermédiaires, la fermeté de la chair, l’absence de graines, la couleur très noire et brillante de l’épiderme du fruit, l’absence d’épines sur la plante et le calice, et l’adaptation à la culture intensive, notamment sous abris et sur de longs cycles de culture, contre-saison comprise. En Asie, les objectifs de sélection sont plus diversifiés, du fait de types variétaux très divers selon les pays, et du fait de l’existence de résistances génétiques à quelques maladies tropicales.

Marie-Christine Daunay

Après une première formation à l’ENITH d’Angers (Ecole nationale des ingénieurs des techniques horticoles, 1974-1977), puis un diplôme d’Etudes approfondies (DEA, 1982) suivi d’une thèse de doctorat (1986) soutenus à l’Université d’Aix Marseille, Marie-Christine Daunay a fait carrière à l’INRAe, Unité de Génétique et Amélioration des plantes de Montfavet (Vaucluse) en tant qu’ingénieur d’étude puis de recherche jusqu’en 2021. Ses domaines de prédilection ont été la sélection, la diversité génétique, les espèces apparentées ainsi que la domestication et l’histoire des solanacées, avec une approche plus particulière sur l’aubergine. Elle a animé plusieurs réseaux de gestion des ressources génétiques des solanacées, en France et en Europe.

  • Partir de la forme sauvage dans les centres d’origine
  • Décrire les introductions jusqu’en Europe au cours du temps
  • Décrire les points forts de la domestication et de la sélection (aspects technique et/ou méthodes) 

L’ail, l’oignon et l’échalote

Ces trois légumes à vocation essentiellement condimentaire sont classés dans les Alliums alimentaires.

Ce genre Allium comprend un très grand nombre de plantes, plus de 700 espèces, parmi lesquelles ces trois-là prennent une place notable dans l’alimentation humaine.

La taxonomie n’est pas définitivement arrêtée dans ce genre, comme on le verra d’ailleurs dans certains exemples évoqués.

On présentera tout d’abord quelques généralités propres à ces trois espèces, avant de situer leur origine historique et leur domestication, ce qui a conduit aux produits que nous consommons actuellement. Les méthodes actuelles de sélection seront précisées.

  1. Quelques chiffres pour situer l’importance alimentaire de ces trois espèces en France

– L’ail, c’est 18 000 tonnes de production/an en France (10 fois moins que l’Espagne). On exporte vers l’UE 10 000 t/an mais on importe (d’Espagne, Chine et Argentine) 28 000 t/an. Au final, 36 000 t sont consommées annuellement dans notre pays.

– L’oignon, dont près de 600 000 t sont produites en France chaque année, a progressé très significativement ces dernières saisons. Avec des exportations en hausse (100 000 t) et des importations stables (135 000 t/an). Au final, la consommation s’établit autour de 635 000 t/an.

Pour rappel, 6 millions de tonnes sont produites dans l’UE dont environ la moitié par l’Espagne et les Pays-Bas.

– L’échalote se situe un peu au-dessus de l’ail en quantités consommées. À une production nationale d’échalote dite traditionnelle proche de 40 000 t/an, viennent s’ajouter environ 4 000 tonnes d’échalote issue de semis.

En comparaison de la quantité totale de légumes consommée en France (plus de 5 millions de tonnes), cela peut paraître assez modeste (à peine 15 %). Mais ces trois plantes ont une vocation principalement condimentaire (un peu moins toutefois pour l’oignon), apportant aux mets avant tout un complément de goût auxquels s’ajoutent quelques arguments bénéfiques sur la santé. Ce qui conduit à relativiser leur importance et leur donne de ce fait une présence conséquente dans l’alimentation humaine.

Leurs propriétés singulières expliquent le travail d’amélioration et de domestication entrepris de longue date par les humains depuis la découverte de ces plantes sauvages dans leurs aires d’origine et au gré des échanges commerciaux.

  1. Un goût et une odeur bien spécifiques

Quand on broie ces trois produits, une odeur forte assez typique de chaque espèce se dégage, due à des précurseurs soufrés qui se transforment en sulfures volatils (par le biais d’une enzyme. Exemple, l’alliinase dans le cas de l’ail).

  1. Les Alliums alimentaires. De quelles plantes parle-t-on ?

Ce sont des plantes généralement herbacées vivaces à bulbes, à feuilles simples, basiques engainantes et aux fleurs formant une ombelle à l’extrémité d’une hampe nue.

Ce sont des monocotylédones hermaphrodites de la famille des amaryllidacées (anciennement liliacées). Les fleurs comportent six étamines entourant un style émergent. Le fruit est une capsule contenant les graines.

Certaines, en plus de leur tendance à la reproduction sexuée par graines, se multiplient végétativement à partir de bulbilles, en général provenant de la souche, parfois des inflorescences.

Parmi les Alliums alimentaires, outre l’ail, l’oignon et l’échalote, on peut citer l’importance du poireau (180 000 t produites en France) et en moindre importance, des produits comme la ciboulette, la ciboule, etc.

  1. L’ail. Aire d’origine de l’ail (Allium sativum)

Le centre de primo-diversification se situerait en Asie centrale, autour de Samarcande en Ouzbékistan (Kazakhstan, Tadjikistan, Xingjiang) avec une branche secondaire en Méditerranée et dans le Caucase et une autre en Afghanistan et au nord de l’Inde. Ces souches sauvages seraient à l’origine des divers cultivars sur lesquels s’appuiera plus tard la sélection moderne.

Ces plantes étant présentes spontanément dans l’environnement de nos ancêtres, leurs propriétés gustatives particulières suscitèrent très vite de l’intérêt. On trouve trace de la présence de l’ail très anciennement, en Mésopotamie, en Égypte, en Grèce et chez les Romains. Peu à peu, leur goût singulier assez puissant suscita l’imagination (en leur attribuant des propriétés souvent favorables : bienfaits sur la santé, sécurité, protection). On peut penser que la relative aisance avec laquelle il était possible de multiplier ces plantes l’année suivante à partir de petits bulbes conservés (gousses, caïeux) fut un facteur d’amélioration notable qui permit de passer progressivement à des formes plus évoluées aux performances accrues. Plus ou moins sciemment sans doute au début, mais beaucoup plus volontairement à partir de 1600 comme on le constate dans la publication de l’agronome français Olivier de Serres : Théâtre de l’agriculture.

  1. La sélection de l’ail

Cette domestication de la plante sauvage par l’homme se poursuivit peu à peu, non seulement dans les aires d’origine mais aussi au fur et à mesure que les échanges commerciaux s’établirent à travers pays et continents.

Des caractères comme la grosseur du bulbe, l’intensité du goût, le comportement cultural plus ou moins aisé (adaptabilité au secteur cultivé avec les aspects de longueur de jour influant sur la tubérisation…) et d’autres propriétés recherchées des utilisateurs, conduisirent à la création de clones sur lesquels le travail de sélection moderne s’installa à partir du milieu du siècle dernier.

Dans les années 1980, un travail collectif de spécialistes physiologistes, sélectionneurs et phytopathologistes a recensé les groupes variétaux d’ail que l’on peut répertorier sur la planète (Les Alliums alimentaires reproduits par voie végétative, ouvrage coordonné par C.M. Messiaen, paru en 1993).

  1. Reproduction par graines et reproduction par voie végétative

Les chercheurs botanistes qui se sont appuyés d’abord sur des caractères comme la morphologie des feuilles pour classer les Alliums, admettent qu’il faut pour cela aller plus loin dans l’étude de leurs organes floraux. Leur mode de reproduction vers la voie végétative, orientation imposée par l’homme chaque fois qu’il en a ressenti l’intérêt, est une tendance toutefois spontanée dans certaines de ces espèces.

Le retour à une production de graines a été favorisé récemment par le travail des sélectionneurs en vue de faire avancer la création moderne dans certains exemples, comme on l’évoquera pour l’ail et l’échalote.

  1. Sélection massale puis clonale de l’ail

Les populations anciennes cultivées traditionnellement à partir de reproduction de bulbes réservés en tant que « semences » pour l’année suivante, étaient par nature très hétérogènes. Les tentatives pour améliorer leurs performances, les homogénéiser en ne gardant que les bulbes les mieux conformés montrèrent vite leurs limites. Aussi il s‘avéra nécessaire d’introduire la notion de sélection clonale à partir de bulbes prometteurs sur plusieurs générations, à même de confirmer cette amélioration, pour se limiter à la culture de ces derniers. Cette méthode fut facteur d’amélioration pour les principaux clones cultivés.

  1. Étape suivante : la régénération par culture de méristèmes

La présence de virus quasi généralisée sur les plantes d’ail en France a amené les chercheurs à utiliser la culture de méristèmes pour une amélioration sanitaire immédiatement perceptible en production. Dans les années 1980, cette technique de laboratoire a permis d’obtenir des résultats probants. Ces petits amas de jeunes cellules situées dans les bourgeons étant quasi exempts de particules virales, leur reproduction en conditions stériles, puis leur culture en tubes à essai et bocaux pour recréer des plants viables, furent le moyen le plus rapide de régénérer des variétés fortement virosées. Les progrès furent importants en ce qui concerne l’assainissement contre l’OYDV (Ognon Yellow Dwarf Virus) ou la « bigarrure de l’oignon ».

  1. L’obtention de plants certifiés à partir de ces variétés améliorées

En pointe dans ces techniques et disposant de bon matériel cultural, la France a mis au point dans les années 1970 en ail (1980 pour l’échalote) une production contrôlée de plants certifiés, destinée ensuite aux agriculteurs cultivant de l’ail de consommation. Un schéma sur plusieurs années (afin de disposer du potentiel de quantité suffisant) fut proposé. Chaque génération servira de plants à la suivante, avec des préconisations culturales strictes et ce sous contrôle d’organisations structurées (Gnis, Soc, Prosemail, Inra…). Ce schéma permit d’assurer aux plants une maîtrise sanitaire indiscutable et donna des garanties de sécurité au produit commercialisé.

  1. Nouvelles techniques de création variétale

L’obtention de nouveaux clones par semis de graines est une voie prometteuse pour les sélectionneurs et a déjà abouti à des nouveautés, cultivées désormais à grande échelle.

Cherchant à poursuivre l’amélioration des variétés proposées aux agriculteurs, de nouvelles techniques furent et continuent de faire l’objet d’innovations parmi les chercheurs travaillant sur cette espèce. Le recours aux biotechnologies ne garantit toutefois pas une réussite aisée de ces programmes, certains étant abandonnés après tentatives infructueuses (mutagénèse par irradiation, mutagénèse chimique). D’autres sont en cours de réalisation (variabilité in vitro…) et pourraient conduire à l’introduction de nouvelles variétés sur le marché, détentrices de caractères intéressants.

  1. L’oignon. Aire d’origine de l’oignon (Allium cepa gr. cepa)

Elle est difficile à situer avec exactitude, les plantes d’origine se situant en Asie centrale très probablement, car sa présence dans l’alimentation remonte à très loin dans toute la région allant de la Palestine au nord de l’Inde (Baloutchistan). On en consommait en Mésopotamie, en Égypte, chez les Grecs et les Romains. Il était conseillé d’en manger dans notre pays en l’an 800 (recommandé dans le Capitulaire de Villis de Charlemagne au début du IXe siècle) et l’oignon était très courant dans la nourriture en Sicile au cours du Xe siècle.

L’oignon était très prisé comme condiment mais aussi, du fait de sa relative douceur pour certaines variétés, en tant que légume, souvent associé à d’autres dans de nombreux plats.

  1. Reproduction par graines de l’oignon

Une graine d’oignon semée au printemps donne généralement un bulbe unique qui est récolté de l’été à l’automne, selon le caractère de précocité de la variété en question. Si on devait la laisser sur place, en conditions pas trop rigoureuses tout l’hiver, on obtiendrait une repousse de la plante au printemps suivant (année N+1) à l’origine du développement d’une hampe florale produisant des graines en cours d’été. Le caractère bisannuel de cette plante est sa caractéristique principale, mais dans la pratique, la production de semences est réalisée à partir des bulbes récoltés l’été et mis en terre au printemps suivant.

C’est une plante dite sensible à la photopériode, classée comme plante de jours longs, avec un renflement de son bulbe situé à sa base. Sa bulbification (parfois appelée tubérisation) intervient de ce fait en été sous nos latitudes pour la majorité des variétés cultivées.

Pour ces raisons, des variétés cultivables plus au nord comme aux Pays-Bas, de même que plus au sud en Espagne par exemple, ne se trouvent pas forcément adaptées aux conditions de culture du Val de Loire, du fait d’une longueur de jours estivale différente. Les sélectionneurs tiennent compte aujourd’hui de ce fait pour proposer sur la planète des variétés adaptées à chaque territoire.

  1. Méthodes traditionnelles d’amélioration

Au fil des siècles, les cultivateurs ont sans aucun doute laissé en terre ou bien conservé à partir de leurs récoltes quelques bulbes utilisés l’année suivante comme futurs porte-graines. Sur deux saisons, une même variété, souvent une population assez hétérogène, s’entretenait ainsi, avec un large brassage de gènes. La fécondation croisée entre ces plantes allogames (surtout entomophile, par les insectes) se combine en effet avec une certaine dose d’autofécondation.

Un travail de sélection plus abouti a débuté au moment où les agronomes ont recommandé de sélectionner les plus beaux sujets pour obtenir les graines au potentiel plus performant. L’exemple des conseils d’Olivier de Serres en 1600 peut de nouveau ici être cité.

Les variétés « populations » issues de ces bonnes pratiques liées à l’observation, furent donc exclusives jusqu’au milieu du siècle précédent (XXe), avant que n’apparaissent les premières nouveautés obtenues volontairement de façon hybridée.

  1. Les variétés hybrides d’oignon

Les établissements semenciers s’appuyèrent sur un travail conséquent pour proposer aux agriculteurs des variétés hybrides dont le principal argument était d’obtenir une homogénéité de plus en plus forte. Cela donnera à la culture un niveau de régularité désormais amélioré, facteur d’accroissement très significatif des rendements. Ainsi, dans leurs catalogues, une multitude de variétés toujours plus compétitives fut offerte aux producteurs qui mirent au point en parallèle, avec les équipementiers, des techniques de culture toujours plus poussées. Cela conduira à des améliorations de performances très significatives.

Avec ces nouvelles variétés, les cultures d’oignons, longtemps cantonnées à des bassins modestes, s’élargirent de ce fait aux grandes plaines céréalières, avec des méthodes qu’on peut qualifier aujourd’hui de résolument industrielles.

L’obtention de ces variétés hybrides de première génération, puis avec des variantes selon des méthodes plus sophistiquées, fait l’objet de travaux de recherches et de mise au point que seules des firmes très spécialisées sont à même d’entreprendre, en parallèle et en relation parfois avec la recherche publique.

En oignon, les critères recherchés sont nombreux, allant de la couleur des tuniques et de celle de la chair, du calibre des bulbes à la fermeté avec des taux variés de matières sèches, l’aptitude à la longueur de jours, les résistances aux maladies (champignons foliaires ou telluriques par exemple), etc. Et le panel de nouveautés proposées chaque année est large désormais, en considération de la puissance des firmes qui œuvrent dorénavant sous toutes les latitudes.

  1. L’échalote. Aire d’origine de l’échalote (Allium cepa gr. aggregatum)

Au sein des Allium cepa, on distingue botaniquement l’oignon (groupe cepa) de l’échalote (groupe aggregatum). Longtemps on a évoqué pour cette dernière une espèce spécifique intitulée Allium ascalonicum, mais désormais la relative proximité avec l’oignon ne semble plus faire de doute au sein de la taxonomie récente. Ce consensus scientifique fut consolidé avec l’inscription distincte des variétés sur le Catalogue officiel des variétés de l’Union européenne dans les années 1990. Et un oignon de forme allongée, au léger goût d’échalote, fut classé d’autre part dans une rubrique spéciale intitulée « échalion » en 1995 au sein de ce même catalogue oignon.

La grande différence entre l’échalote et l’oignon (tout au long de leur histoire ancienne et commune) c’est, outre leur goût bien distinct, la tendance naturelle de l’échalote à se reproduire de façon végétative, quand l’oignon préfère la reproduction sexuée. Si l’aire géographique, difficile à définir avec précision, semble bien recouper celle de l’oignon, (des plantes apparentées existent au Turkestan), nos ancêtres au fil du temps ont probablement remarqué ces propriétés singulières des plantes originelles, qu’ils ont su reproduire pour conduire peu à peu aux types cultivés variés, présents au début du siècle dernier.

La ville d’Ascalon en Judée lui aurait donné son nom (…), mais il est certainement faux d’expliquer que les Croisés sont à l’origine de sa présence en Europe occidentale, alors qu’on trouve l’échalote dans le Capitulaire de Villis dès l’an 800.

On distingue aujourd’hui couramment deux types majeurs d’échalotes, l’échalote rose dite de type « Jersey » et l’échalote grise, plus rare et dont la similarité de caractères la conduise à être classée en tant qu’Allium oschaninii (avec tunique très coriace, chair violacée, racines puissantes, quasi-absence de montaison à graines).

Les chercheurs en systématique ont tenté de préciser les relations de proximité botanique entre échalote et oignon, comparant diverses espèces sauvages regroupées en Alliums et s’en tiennent désormais à cette taxonomie. Les nombreuses appellations populaires des variétés fermières sont facilement source de confusion, nécessitant une certaine prudence pour savoir de quoi on parle.

  1. Les débuts de la sélection de l’échalote en France

Au début des années 1980, des premiers clones collectés à partir de variétés populations fermières, sont régénérés sur le plan sanitaire, à partir de cultures de méristèmes. Débarrassées du virus OYDV, une demi-longue de Jersey (Mikor) et une longue de Jersey (Jermor) issues des travaux de l’Inra, commencent à être cultivées. Leurs performances sont rapidement constatées à la hausse, avec un rendement amélioré de l’ordre de 25 %.

D’autres sont laissés en l’état, car de moindre intérêt commercial (type bretonne ronde, néerlandaise de divers coloris, longue qui monte…).

Les types tropicaux, très cultivés dans des pays comme l’Indonésie, ou chinois, ou encore africains, ne présentent pas non plus d’intérêt en culture dans nos régions.

  1. La production de semences certifiées d’échalote

Similaire à l’ail commencé dans les années 1960, un schéma de production de semences certifiées d’échalote se met en place sous l’impulsion de quelques acteurs au début des années 1980. Inra, Gnis et Soc, Prosemail et organisations professionnelles mettent au point un schéma qui permet en cinq à six générations d’obtenir une quantité de plants (*) certifiés équivalente aux besoins de la profession spécialisée.

(*) En échalote on parlera plus tard couramment de plants plutôt que de semences du fait d’un conflit autour de la détermination botanique, survenant lors de l’arrivée sur le marché d’échalote de semis.

Des règles strictes d’isolement des parcelles de plants, de rotation de terrain, d’épuration et de contrôles par analyses sont imposées, auxquelles s’ajoute une traçabilité précise de tout ce matériel végétal.

L’objectif est de mettre en mains des cultivateurs acquéreurs de ce plant certifié une quasi parfaite garantie sanitaire (contre virus et champignons telluriques…). Les résultats, comme en ail, s’avérèrent rapidement très probants, encourageant à la généralisation de ce schéma, et progressivement des nouveautés variétales furent proposées par un nombre toutefois limité de sélectionneurs.

  1. La création de variétés d’échalote se cultivant à partir de graines

Au tout début des années 2000, un sélectionneur néerlandais propose à la vente des variétés d’échalotes se cultivant de façon relativement similaire à l’oignon, à partir de semis de graines. Au-delà d’un conflit (qui n’est d’ailleurs pas définitivement clos), portant sur la légitimité d’appeler échalote des plantes qui peuvent s’avérer pour certaines botaniquement plus proches de l’oignon, car issues de croisement intra-spécifiques (entre groupe cepa et groupe aggregatum), c’est un enjeu à la fois commercial et de défense de l’authenticité de l’échalote et de son goût qui se joue. Une proportion notable d’échalote issue de semis est à ce jour constatée en consommation, à côté des échalotes dites traditionnelles, fleuron de la production nationale.

Mais au-delà de ce problème, c’est par la production de graines, en provoquant la montaison de clones, que sont passés nos chercheurs nationaux, à l’origine de variétés récentes qui sont cultivées désormais, de retour en reproduction végétative.

  1. L’ail, l’oignon et l’échalote, trois Alliums condimentaires « importés » d’Asie centrale

Originaires des régions du centre de l’Asie, ces trois Alliums représentent une part importante de notre alimentation. Il est loin le temps où nos ancêtres, constatant la particularité du goût et de l’odeur de ces plantes singulières et attrayantes, travaillèrent peu à peu à leur amélioration au fil des siècles.

Leur connaissance scientifique de plus en plus approfondie permet aujourd’hui aux semenciers d’offrir aux agriculteurs des variétés toujours plus performantes, au grand plaisir des consommateurs. Et un travail de fond semble entrepris pour rechercher et sauvegarder des plantes sauvages proches et dont le potentiel génétique est à même de fournir des caractères utiles à la création des variétés de demain.

Jacky Bréchet

  • Ingénieur des techniques agricoles (Enita Bordeaux 1973)
  • Spécialisé en protection des plantes puis en productions légumières
  • Carrière professionnelle en Anjou (1975/2013). Conseils techniques et développement des productions de légumes (Chambre d’Agriculture puis Coopération agricole)
  • Appui aux exploitations et animation responsable du service technique de la SCA Fleuron d’Anjou. Destination d’une large gamme vers le marché du frais : oignons, échalotes, melons, tomates, asperges, radis …. Porteur principal du dossier IGP échalote d’Anjou.
  • Secrétaire technique national de la Section échalote de Prosemail.
  • Membre de la Section potagère du CTPS (représentant les Utilisateurs de semences et plants)
  • Retraité senior bénévole (Ecti 49) depuis 2013 en tant qu’expert légumes (10 missions en Chine…)
  • Engagé dans diverses organisations para-professionnelles agricoles
  • Rédaction récente d’un ouvrage illustré de 180p. « 30 années d’ambition collective pour le développement des légumes en Anjou ».

La carotte n’a pas toujours été consommée pour sa racine et n’a pas toujours été orange. Il s’agit même d’un légume récent. À partir de l’Asie centrale, la carotte a fait le tour du monde avec des évolutions de formes et de couleurs que l’on peut retracer grâce à de l’iconographie, des écrits, mais aussi des marqueurs moléculaires. Grâce à ses maraîchers de ceinture verte, la France est considérée comme un centre de diversification secondaire de la carotte. La riche histoire évolutive de cette espèce se traduit par une importante diversité génétique, encore insuffisamment connue et valorisée.

Emmanuel Geoffriau

Emmanuel Geoffriau est professeur en diversité génétique et agronomie des cultures légumières à l’Institut Agro et chercheur à l’Institut de recherche de l’horticulture et des semences à Angers. Ses recherches portent sur la diversité génétique, la gestion des ressources génétiques et le déterminisme génétique combiné à l’adaptation à l’environnement des caractères de qualité. Il est responsable de la collection française de ressources génétiques de carotte et du groupe de travail ISHS Carrot and other Apiaceae.

Les animateurs

Yvette Dattée

Docteur d’État, Yvette Dattée a été enseignant/chercheur à l’Ecole Normale Supérieure puis à l’Université pendant les 20 premières années de sa carrière. Elle est ensuite entrée à l’INRAe où elle a dirigé le GEVES (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences). Elle a présidé EUCARPIA l’association européenne d’amélioration des plantes de 1989 à 1992.
Aujourd’hui retraitée, elle est membre de l’Académie d’Agriculture de France et Présidente du conseil scientifique de la SNHF.

Daniel Veschambre

Daniel Veschambre, ingénieur horticole, a fait sa carrière au Centre Technique des Fruits et Légumes (Ctifl) ; après un temps de travail de R&D dans le secteur légumes et fraisier, il a occupé divers postes notamment   à la direction du département Qualité des F&L et Protection de l’environnement. Il a finalement dirigé le département Légumes et fraisier du Ctifl pendant 12 ans, en développant notamment les travaux visant à réduire et à trouver des alternatives à l’emploi des produits phytosanitaires de synthèse.

Philippe Morel-Chevillet

  • Diplômé de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs des Techniques Horticoles (ENITHP) d’ Angers, Ingénieur d’étude INRA de 1985 à 2007, Ingénieur de recherche INRA, de 2008 à 2019;
  • 1982-86 : Directeur technique d’une station régionale d’expérimentation en fruits et légumes en Corse
  • 1986-96 : Responsable d’un programme de recherche appliquée puis directeur technique d’une station d’expérimentation en horticulture ornementale (Comité National Interprofessionnel de l’Horticulture à Angers)
  • 1996-2008 : Responsable d’un programme de recherche sur l’agronomie horticole et les supports de culture (INRA d’Angers)
  • De 2008 à 2019 : Co-responsable d’un programme de recherche sur le déterminisme génétique et environnemental de l’architecture du buisson (Institut de Recherche en Horticulture et Semences d’Angers)
  • De 2014 à 2019 : Président du Conseil Scientifique de l’Institut Technique de l’Horticulture ASTREDHOR
  • De 2017 à 2019 : Co-animateur de l’Unité Mixte Technologique STRATège.

[Colloque scientifique] Pollinisation, quels enjeux ?, le 23 mai 2025 à Paris

La Société Nationale d’Horticulture de France (SNHF) vous propose, pour son 18e colloque scientifique, la thématique : « La pollinisation : quels enjeux ? ». Les intervenants – professeurs, chercheurs – partagerons leurs savoirs scientifiques, techniques, historiques et apporteront des connaissances objectives sur ce sujet d’actualité.

Cette journée, ouverte au grand public, s’adresse aux jardiniers amateurs, aux professionnels du végétal, aux associations et établissements horticoles.

Rendez-vous, le vendredi 23 mai, à Paris pour une journée passionnante !

Pour ce colloque 2025, le Conseil scientifique de la SNHF vous propose comme thème la pollinisation et la fécondation des plantes.

La pollinisation, suivie de la fécondation de la fleur, est le préalable à toute production grainière ou fruitière et à de nombreuses productions maraîchères. Elle est incontournable, irremplaçable, mais soumise à de très nombreux aléas, météorologiques, liés au changement climatique, à la présence d’insectes pollinisateurs, également tributaires des conditions environnementales, et pour ceux-ci, de la présence suffisante de nourriture, fleurs et nectar, tout le long de l’année.

La coévolution des plantes sauvages et de leurs pollinisateurs a eu des conséquences génétiques avec différents processus d’adaptation.

Les conférences aborderont en parallèle biologie végétale et entomologie pour répondre aux nombreuses questions que se posent les jardiniers amateurs.

Cette journée verra aussi la remise d’un prix de thèse, récompensant des travaux sur le thème du colloque.

Informations pratiques

Date : vendredi 23 mai 2025
Horaire : 09h00 à 17h00
Lieu : L’Académie d’Agriculture de France , 18 rue de Bellechasse, 75007 Paris

Tarifs :
adhérent :  20 euros (sans repas).
non adhérent : 30 euros (sans repas) .
 étudiant, demandeur d’emploi : 10 euros (sans repas).
Les écoles et universités peuvent contacter : manifestation@snhf.org

Attention, cette année, il n’est pas proposé de déjeuner sur place pour des contraintes techniques (contrairement à ce qui a été indiqué précédemment). Chacun est donc invité à s’organiser par ses propres moyens.

Inscription : Inscription en ligne

Programme

9:00 Accueil

9:30 Ouverture

9:50 Conférence introductive : La fleur, du pollen à la graine, Sophie Nadot Professeur, Laboratoire Écologie, Société et Évolution Université Paris-Orsay

10:20 Conférence introductive : Attributs des insectes pollinisateurs les plus performants, Bernard Vaissière Chargé de recherche, Laboratoire Pollinisation et Écologie des Abeilles INRAE Avignon

10:50 Discussion

11:05 Pause

11:25 La coévolution des pollinisateurs et des plantes sauvages. Focus sur les interactions spécialisées, Bertrand Schatz Directeur de Recherche CNRS, Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive Montpellier

11:45 Biodiversité et service de pollinisation des cultures, Colin Fontaine Chercheur CNRS Centre d’Écologie et des Sciences de la Conservation Museum National d’Histoire Naturelle Paris

12:05 Discussion

12:20 La multiplication de semences potagères et florales : une biodiversité cultivée ressource pour les pollinisateurs avec des contraintes spécifiques, Emeline Teissier-Fremery Secrétaire Générale de la Section semences potagères et florales SEMAE Paris et Emmanuelle Laurent Responsable du Service Semences Potagères FNAMS Brain sur l’Authion

12:50 Discussion

13:00 Pause déjeuner

14:00 Prix de thèse

14:30 Plan national en faveur des pollinisateurs & Mobilisation des acteurs de l’aménagement foncier, Tifenn Pedron Chargée de projets Pollinisateurs, Animatrice du Plan national Pollinisateurs, Office pour les insectes et leur environnement Guyancourt

14:50 Des fleurs fonctionnelles pour les insectes pollinisateurs en ville, Alice Michelot-Antalik Maître de conférences HDR, Université de Lorraine, INRAE, LAE, Nancy

15:10 Discussion

15:30 Un pas après l’autre : bilan des dernières années et prospectives autour de la connaissance des abeilles, Benoit Geslin Maître de conférences Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale Marseille

15:50 Bien polliniser les cultures fruitières : un enjeu de production et de qualité, Jean-Luc Regnard Professeur honoraire, Institut Agro Montpellier

16:10 Le jardinier pollinisateur, Gilles Carcasses ingénieur agronome, horticole, auteur, bénévole auprès d’associations en faveur de l’environnement, animateur du blog Nature Yvelines.

16:30 Discussion

16:45 Conclusion.

[Retour] sur le café-jardin de la section d’art floral

Mairie du 7e arrondissement Paris
Boule de Noël suspendue
L’objectif est de réaliser la décoration de plusieurs boules de diamètres variés. Celles-ci seront suspendues à un lustre avec des rubans chics de longueurs différentes. Dans le modèle présenté des rameaux de d’Abies nobilis sont collés au pistolet à colle. Ils enserrent une partie de la boule comme une pierre précieuse est enserrée sur sa bague. De petites feuilles d’érable du japon, séchées dans un bottin, sont fixées sur du fil de laiton ; cela permet de donner du volume à la composition et de les orienter selon son souhait.
Une petite fleur en tissu et un nœud réalisé avec le ruban de suspension constituent un point focal.
Sapin en feuille d'érable rouge d'Amérique
Des feuilles d’érable rouge (acer rubrum) ‘Gloire d’octobre’ ont été récoltées en choisissant des tonalités variées. Sur un cône de carton, elles sont collées au pistolet à colle, en commençant par le bas. Le dessus de la feuille est mis en visuel ;  un point de colle est placé sous la feuille près du départ du pétiole qui, lui, aura été supprimé ; si une brûlure se produit  à cause de la colle chaude, celle-ci sera cachée par la feuille du dessus (recouvrement comme pour les tuiles d’un toit). Il est important de ne pas étendre le collage car en terminant de sécher les feuilles prendront un peu de relief. Pour ce premier rang, on déborde largement du carton afin de replier chaque feuille vers l’intérieur et de bien cacher le carton. Une fois l’habillage terminé, avec un mini pinceau, on badigeonne dessus et si possible le dessous des feuilles, avec de l’huile de colza (ou de tournesol) afin de préserver du dessèchement rapide et pour garder leur coloration actuelle.
Le lendemain, à l’aide d’un mouchoir en papier, on tamponne délicatement l’excédent. Puis, dans les jours suivants, pour agrémenter d’une allure festive, on prélève des perles. Avec patience, on place un point de colle, toujours avec notre pistolet, sur chacune des perles. On concentrera plus leur nombre en bas du sapin pour l’éclaircir vers le haut. Le peu d’huile qui peut persister sur les feuilles n’empêche pas le collage.
Toujours l’utilisation d’un cône en carton, mais la technique de montage est différente. Des feuilles fraîches de Ginkgo prêtes à tomber , encore un peu vertes dans leur centre, ont été récoltées.
Les pétioles sont conservés car ils jouent un rôle décoratif important. Le collage est réalisé à l’aide de bandes étroites d’adhésif double face; le travail commence par le sommet du cône. Les feuilles doivent être bien chevauchées entre elles car, encore fraîches, elles se rétractent toujours en séchant; les pétioles doivent rester bien dégagés; le dernier rang du bas débordera bien du carton pour être replié à l’intérieur et bien le cacher. De suite après, avec un mini pinceau, on badigeonne généreusement d’huile de colza (ou de tournesol) ; on recommence l’opération pendant 3 ou 4 jours, jusqu’à temps qu’on s’aperçoive que les feuilles semblent imbibées d’huile.
Pour terminer, à l’aide du pistolet à colle cette fois, on placera une perle à l’extrémité de chacun des pétioles. Sous le poids ceux-ci retomberont plus ou moins, ce qui donnera au sapin une allure ‘hirsute’.
Sapin en feuille de Ginkgo. (sapin hirsute!)
Sapin en feuilles sèches d'Aralia du Japon
Des feuilles sèches, tombées depuis plusieurs semaines ont été ramassées ; manipulation délicate car très cassantes. Si, au premier abord, elles sont destinées au compost, elles peuvent , auparavant, bénéficier de leur valeur artistique. L’idée est d’utiliser au mieux ces feuilles entières ou leurs portions vrillées et torturées naturellement. Le support de fixation est une platine avec une tige métallique comme axe central. Sur celle-ci est empalé un manchon réalisé avec de la mousse brune pour piquage de fleurs séchées. L’important est d’avoir un support étroit pour que l’ensemble, une fois terminé, paraisse avec des creux pénétrant jusqu’au au cœur.
La base de chaque feuille est collée au pistolet, avant d’être plantée dans le manchon de mousse. Des boules de Noël, bien sélectionnées pour leur aspect décoratif, sont correctement fixées sur des tuteurs ; ces derniers également collés et empalés. Ces boules sont insérées dans les grands vides et réparties, au mieux, de façon équilibrée pour l’ensemble du sapin.

Retour sur le concours d’Art Floral à Saint-Michel-Chef-Chef

Les 10 – 11 et 12 Mai 2024  «Floretz» a organisé son premier concours national « Art Floral » dans l’ouest, sur la côte atlantique à  Saint-Michel-Chef-Chef.

ÉVÉNEMENT MAGIQUE POUR LA SECTION

Dans une ambiance conviviale une soixantaine d’œuvres ont été réalisées par 53 concurrentes et concurrents venus des 4 coins de France, même de Suisse.

«Un moment de partage unique… Riche d’échanges… Une très belle communion avec des personnes de différentes régions de France toutes animées par la même passion, celle de la beauté des fleurs»

Pendant ce week-end floral, workshops et démonstrations étaient proposés ; plus de 800 visiteurs sont venus admirer ces magnifiques réalisations.

Un véritable succès pour cet événement qui a rayonné sur toute la région GRAND OUEST.

Avec pour thématique «En pleine nature»  6 thèmes étaient proposés :

Le métal – L’eau – Le bois (grandes sculptures) et (petites sculptures) – La chaleur – Tout en feuillage

  • Dans chaque thème ont été attribué par un jury officiel un premier, deuxième et troisième prix, ainsi qu’une mention
  • The best
  • Un prix SNHF

Par un jury d’honneur ont été attribué un prix pour la meilleure créativité, un prix pour la meilleure harmonie des couleurs et un prix pour l’élégance.

GRASSET M.Jane  Organisatrice de l’événement

mj.grasset@gmail.com

[Conférences] Sensibilité des plantes, le 6 février à Terres-de-Caux

Rendez-vous pour une journée de conférences et d’échanges à Terres-de-Caux en Seine-Maritime sur le thème de la sensibilité des plantes.

Cette journée, tout public, est organisée par la SNHF en partenariat avec la commune de Terres-de-Caux, le Campus Hortithèque Naturapôle de Fauville-en-Caux et la Société Centrale d’Horticulture de Seine- Maritime – Les Amis des Fleurs.

Date : Jeudi 06 février
Horaire :
de 09h00 à 17h30
Lieu : La Rotonde, Boulevard Alleaume, 76640 Terres-de-Caux.

  • La journée de conférences et d’échanges est gratuite. L’inscription est obligatoire.
  • Repas complet. Depuis le 30 janvier, il n’est plus possible de s’inscrire pour le repas.

Programme

  • 8h30 Accueil des participants
  • 9h20 Ouverture par Martin Lefèbvre, Directeur adjoint du CFA-CFPPA de Seine-Maritime, Campus Hortithèque Naturapôle, Marie-France Dallet, Présidente de la Société Centrale d’Horticulture de Seine-Maritime-Les Amis des fleurs, Jean-Pierre Gueneau, Président de la SNHF, Jean-Marc Vasse, Maire de Terres-de-Caux
  • 9h40 Conférence introductive Les plantes sont-elles vivantes ? Info ou Intox ? Grégoire Prudent, Formateur, Responsable du pôle horticole à Hortithèque
  • 10h00 Les plantes et leur environnement biotique : les plantes s’arment et se défendent, Adrien Gauthier, Enseignant-chercheur en phytopathologie, collège Agrobiosciences UniLaSalle campus de Rouen
  • 10h20 Les plantes et leur environnement abiotique : les plantes prévoient-elles la météo ? Marie-Pierre Bruyant, Enseignant-chercheur en sciences du végétal, collège Agrobiosciences UniLaSalle campus de Rouen
  • 10h40 Discussion
  • 11h00 Pause
  • 11h30 Le sol un monde inconnu, Clément Fontaine, Responsable Développement & Innovation, Eurofins Galys, Membre du COMIFER et du GEMAS
  • 11h50 La séquestration du carbone : la vie éternelle des plantes, Murilo Veloso, Enseignant-chercheur en sciences du sol, collège Agrobiosciences UniLaSalle campus de Rouen
  • 12h10 La vie du sol à travers les symbioses microbiennes, Babacar Thioye, Enseignant-chercheur en microbiologie du sol, collège Agrobiosciences UniLaSalle campus de Rouen
  • 12h30 Discussion
  • 13h00-14h30 Déjeuner – Visite du Pilote d’Aquaponie
  • 14h30 À quels stress sont soumis les plantes en milieu urbain ? Olivier Fouché, Responsable du bureau d’expertise Florysage, Astredhor Seine-Manche
  • 14h50 Comment préparer les productions horticoles aux changements climatiques ? Héloïse Royer, Ingénieure d’expérimentation, Astredhor Seine-Manche
  • 15h10 Réussir ses plantations, Samuel Leroux, Responsable entretien et qualité durable des espaces publics, Ville de Darnétal
  • 15h30 Discussion
  • 16h00 Diversité géologique et originalité floristique de la vallée de l’Eure, Michel Joly, Biogéographe, Société des Amis des Sciences naturelles du Muséum de Rouen
  • 16h20 Jardins et Littérature, une promenade en Normandie, Bénédicte Duthion, Chercheur, Service de l’Inventaire, région Normandie
  • 16h40 Discussion
  • 17h00 Synthèse de la journée, Noëlle Dorion, membre du conseil scientifique de la SNHF
  • 17h10 Clôture et remerciements

Programme susceptible de modifications

[Conférences] D’où viennent nos espèces fruitières ?

Le Conseil scientifique de la SNHF propose depuis quelques années une série de webinaires durant la période hivernale. Les présentations sont diverses, toujours liées aux préoccupations du jardinier amateur, et, tout en restant scientifiques, sont vulgarisées pour tous les publics.

Après l’origine géographique des légumes en 2023, cette année le thème des webinaires sera « D’où viennent nos fruitiers ? ». Trois sessions porteront sur les fruitiers à pépins, fruitiers à noyaux et fruitiers oubliés et exotiques. Une dernière demi-journée, en présentiel, sera consacrée à la filière fruitière française.

L’accès aux webinaires et à la journée en présentiel est libre, sur inscription.

Programme

Fruitiers à pépins

Mardi 10 décembre 2024 à 14h30 en ligne

  • Reconstitution de la généalogie des variétés anciennes de pommier, Hélène Muranty, Chargée de Recherches INRAE Institut de Recherche en Horticulture et Semences Angers,
  • Diversité des poiriers sauvages et cultivés : la comprendre, la protéger, l’utiliser ? , Jade Bruxaux Post-doc programme FruitDiv Institut de Recherche en Horticulture et Semences Angers,
  • Un patrimoine fruitier, le pôle fruitier de Bretagne, Olivier Ibarra, Responsable du pôle fruitier de Bretagne Dinan.

Inscription

Le pommier cultivé (Malus domestica) appartient au genre Malus qui compte une trentaine d’espèces. Le genre appartient lui-même à la sous-famille des Maloïdeae, qui se range dans la famille des Rosaceae. L’ancêtre principal du pommier cultivé est l’espèce Malus sieversii, que l’on trouve aujourd’hui dans les montagnes du Tian Shan en Asie centrale. Au cours de son voyage de l’Asie vers l’Europe le long des routes de la Soie, le génome du pommier s’est enrichi d’apports provenant de Malus orientalis, que l’on trouve aujourd’hui en Asie mineure, et de l’espèce sauvage européenne, Malus sylvestris.

Les variétés de pommier peuvent être maintenues pendant des siècles dans des vergers ou des conservatoires grâce au greffage. L’identification des variétés a longtemps reposé sur une description pomologique concernant l’architecture de l’arbre, la taille et la forme des feuilles, la taille, la forme, et la couleur des fruits, et la couleur de la chair, et parfois le goût, ainsi que la période de maturité. Mais une partie de ces caractères peut résulter de l’effet de l’environnement plutôt que du génotype, c’est-à-dire de la variété proprement dite. L’utilisation du marquage moléculaire (issu de l’ADN) permet aujourd’hui une identification variétale plus sûre : avec quelques marqueurs moléculaires constituant une empreinte génétique, on peut identifier des arbres qui portent le même profil moléculaire, et qui sont donc issus du même pépin au départ. Mais avec un plus grand nombre de marqueurs, couvrant tout le génome (c.à.d. tous les chromosomes), on peut également identifier les relations de parentés entre les variétés.

Dans un premier temps, avec des méthodes simples de comptage des « erreurs mendéliennes », des relations de parentés impliquant plus de 800 variétés ont été identifiées dans une étude impliquant 1400 variétés anciennes ou locales de pommier. Les parents de variétés emblématiques telles que ‘Calville Blanc d’Hiver’ (France), ‘Transparente de Croncels’ (France), ‘Ribston Pippin’ (Grande-Bretagne) ou encore ‘White Transparent’ (Pays Baltes) ont été déterminés. Un arbre généalogique couvrant sept générations a été reconstitué. Il mettait en lumière la contribution très importante et inattendue de deux variétés normande et anglaise datant de la Renaissance, ‘Reinette Franche’ et ‘Margil’, ainsi que celle de la variété russe ‘Alexander’ datant du XVIIIème siècle.

Dans un second temps, des méthodes plus élaborées ont été développées i) pour utiliser conjointement des données de marquage moléculaire obtenues avec des technologies différentes, ii) pour déduire des relations d’apparentement au-delà de la relation parent-enfant, c’est-à-dire de type pleins-frères, demi-frères ou grand-parent – petit-enfant, iii) pour déduire qui est le parent et qui est l’enfant dans une relation où le deuxième parent n’est pas identifié, iv) pour reconstituer le pédigrée de variétés triploïdes.

L’application de ces méthodes à un nombre de plus en plus grand de variétés a permis d’identifier des groupes de demi-frères possédant un parent commun, ce qui permet parfois ensuite de déduire la région probable d’origine de ce parent commun et de le chercher dans les collections locales. Le pédigrée du parent inconnu de la variété ‘Cox’s Pomona’ a été reconstruit. Il comprend la variété ‘Reinette Franche’, qui interviendrait deux fois comme grand-parent. La variété ‘Fameuse’ a été indiquée comme grand-parent probable de la variété ‘McIntosh’. Le sens de la relation entre les variétés ‘Reinette Franche’ et ‘Nonpareil’ a pu être précisé, avec ‘Reinette Franche’ en parent. De même, ‘Bellefleur de Brabant’ a été montré comme parent de ‘Court Pendu Plat’, alors que les dates des documents les plus anciens citant ces noms de variétés, supposés permettre la datation approximative de la naissance des variétés, indiquaient une relation inverse. L’étude des variétés triploïdes a montré que contrairement à ce qu’indiquait parfois la littérature, les génotypes triploïdes ne sont pas des parents de génotypes diploïdes. Le plus souvent, la forte ressemblance phénotypique entre une variété diploïde et une variété triploïde qui avait été suggérée comme son parent est à relier avec le partage d’un parent commun, dont un gamète diploïde est à l’origine de la variété triploïde. C’est le cas de la variété diploïde ‘Cox’s Orange Pippin’, qui était supposée avoir pour parent la variété triploïde ‘Ribston Pippin’ : en fait ‘Cox’s Orange Pippin’ et ‘Ribston Pippin’ ont en commun le parent ‘Margil’. De plus, l’élargissement de l’ensemble de variétés génotypées a permis d’identifier le deuxième parent de la variété ‘Cox’s Orange Pippin’, qui est la variété ‘Rosemary Russet’, un enfant de ‘Nonpareil’.

L’exposé sera l’occasion d’illustrer ces relations d’apparentement et le large pédigrée qu’on peut en déduire. Un focus sera fait sur l’utilisation de ce pédigrée en sélection de variétés modernes.

Hélène Muranty

Hélène Muranty est chargée de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Elle effectue ses recherches au sein de l’équipe ResPom (Résistance des Pomoïdées) de l’Institut de recherche en horticulture et semences (IRHS), à Angers. Ses recherches portent sur l’utilisation des marqueurs moléculaires dans les stratégies d’amélioration des arbres fruitiers, avec un focus sur le pommier principalement. Dans ce cadre, elle s’intéresse d’une part à la compréhension du déterminisme génétique des caractères d’intérêt, résistances aux maladies et ravageurs mais aussi autres caractères participant à la valeur agronomique des variétés. D’autre part, elle vient en appui à la mise en œuvre de la sélection assistée par marqueurs pour des gènes majeurs ou des QTLs, et étudie l’intérêt de la sélection génomique.

Les poiriers, arbres fruitiers à pépins de la famille des Rosacées, forment un groupe bien plus vaste que les quelques espèces cultivées pour leurs fruits ou utilisées en ornementation. Au cours de la présentation, nous passerons en revue la grande diversité actuelle au sein du genre Pyrus en Europe, mais aussi en Asie, puis nous aborderons la diversité des variétés au sein des poires cultivées, et essaierons de comprendre comment autant d’espèces et de variétés ont pu apparaître. Je présenterai également le projet européen FruitDiv qui vise à étudier les espèces d’arbres fruitiers non cultivés, dans un but de conservation, mais aussi dans un but potentiel d’amélioration des variétés cultivées.

Jade Bruxaux

Après une formation en écologie et génétique, j’ai travaillé plusieurs années en France puis en Suède sur toutes sortes d’espèces : oiseaux, champignons, conifères… Depuis juin, j’ai rejoint l’INRAE d’Angers pour travailler sur la diversité génétique des arbres fruitiers sauvages, et en particulier des poiriers sauvages.

Fruitiers oubliés et exotiques

Mardi 7 janvier 2025 à 14h30 en ligne

  • Fruits tropicaux, des origines à notre table, Fabrice Le Bellec, Directeur de l’unité de recherche HortSys Cirad Montpellier
  • L’Europe, nouvelle terre d’accueil pour la culture des fruits tropicaux ?, Fabrice Le Bellec Directeur de l’unité de recherche HortSys Cirad Montpellier
  • Fruits oubliés, néflier, Eleagnus, prunellier etc., Marie Maitrot Arboriste Gourmand’arbres Loiret.

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Fruitiers à noyaux

Mercredi 15 janvier 2025 à 14h30 en ligne

  • Le CRB prunus (pêches, prunes), Bénédicte Quilot Responsable du groupe Prunus Génétique et Amélioration des Fruits et Légumes INRAE Avignon,
  • Le cerisier, Anthony Bernard, Chargé de recherche INRAE Biologie du fruit et pathologie Bordeaux,
  • L’abricotier, Véronique Decroocq, Directrice de l’unité INRAE Prunus, Adaptation, Diversité, Amélioration Bordeaux.

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La filière fruitière française

Mardi 21 janvier 2025 à 14h30 en présentiel à Académie d’Agriculture de France
18 rue de Bellechasse 75007 Paris
La filière fruitière française

  • Orientations de recherche de la filière fruits relation avec le changement climatique, Jean-Luc Regnard Professeur honoraire, Institut d’agronomie SupAgro Montpellier,
  • Analyse sensorielle (récolte/conservation), Valentine Cottet Ingénieure de recherche CTIFL,
  • Les filières fruits frais et transformés, Nollan Rioual-Puget, Chef d’unité Filières spécialisées FranceAgrimer Montreuil et Pauline Cuenin Chargée d’études économiques Fruits et Légumes à FranceAgriMer.

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[CNJP24] PALMARÈS DES LAURÉATS DU CONCOURS NATIONAL DES JARDINS POTAGERS

Chaque année, le Concours national des jardins potagers récompense des jardins potagers remarquables en termes de diversité des légumes cultivés, des bonnes pratiques de jardinage et de l’esthétique même du jardin. 

Ouvert à tous les jardiniers, ce rendez-vous annuel est organisé conjointement par l’Association Jardinot, la Société Nationale d’Horticulture de France, SEMAE (l’interprofession des semences et plants) et la Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs. 

Le jury, composé de personnalités du jardin et représentants des organisations partenaires, ont désigné les lauréats en fonction de différents critères de sélection en examinant de façon très attentive les dossiers des jardiniers dans chacune des catégories suivantes : 

  •  jardin potager privatif,
  •  potager dans un ensemble collectif de jardins (centre de jardins, jardins familiaux…), 
  •  jardin potager privatif situé dans un environnement paysager (château, grand parc…), 
  •  jardins ou parcelles pédagogiques, réalisés sur initiative individuelle ou avec la participation d’associations de jardiniers ou de sociétés d’horticulture, 
  • potagers partagés, mis en place et cultivés au sein d’une entreprise ou par une association.,
  • potagers sur un balcon ou une terrasse (nouveau).

Les membres de notre jury vous emmènent à la rencontre des grands prix de l’édition 2024 et de leurs potagers remarquables ! 

Nous remercions la mairie du 7ᵉ arrondissement qui nous a ouvert ses portes pour cette 24ᵉ cérémonie de remise des prix du Concours national des Jardins Potagers et Bruno Lamberti de la Section Art floral de la SNHF pour la très belle décoration florale et potagère du pupitre.

Bruno Lamberti de la Section Art floral de la SNHF

Découvrez la remise des prix en vidéo

LES GRANDS PRIX 2024

CATÉGORIE 1 : JARDINS PRIVATIFS

GRAND PRIX ex-aequo – mention potager du sud Cathy BABAU à Le Pradal (Hérault)

Cathy et Philippe BABAU nous reçoivent dans la partie haute de la propriété, un jardin sec, méditerranéen, d’une belle tenue avec des oliviers, lavandes en fleurs, graminées, succulentes etc., le tout savamment disposés. Passé cet espace, nous franchissons un angle de la maison, et comme par magie, la chaleur écrasante de cette chaude journée de juillet (35°) est oubliée et une sensation de fraîcheur nous envahit. C’est une explosion de couleurs et une abondance de chlorophylle. Le potager fleuri s’étale sur un terrain vallonné où serpente un chemin balisé qui en fait le tour. L’esthétique ne laisse pas indifférent le visiteur. C’est un jardin ordonné où s’entremêlent et se succèdent harmonieusement agroforesterie, permaculture et conduite culturale traditionnelle.

Ici et là sont plantés des éléments décoratifs et des panneaux explicatifs, mais surtout des ombrières qui concourent à la création de micro-niches bioclimatiques. Au milieu de chacune d’elles un arbre fruitier avec son cortège légumier ou floral. Il est à noter la belle et originale collection d’agrumes (20 variétés). Treilles, serre et poulailler complètent l’ensemble. Un œil averti remarquera que l’écosystème est sain et tout est fait pour qu’il le reste ! Le sol n’est pas dérangé et le paillage est systématique. Avec le temps, une couche d’humus d’une quarantaine de cm s’est constituée avec toute l’incidence positive sur les végétaux. Une centaine d’oyas de 5 à 10 litres assurent un arrosage optimal à la diversité foisonnante des végétaux. La biodiversité est favorisée par l’installation de nichoirs, hôtels à insectes, bacs avec poissons et batraciens, tas de pierres, composteurs… Ce beau jardin qui nourrit l’âme et le corps est ouvert au public sur rendez-vous, participe aux manifestations tel que rendez-vous aux jardins, bienvenue aux jardins…et a reçu de nombreuses distinctions. Il y a une continuité dans la conduite de cet espace, voir une incessante recherche du beau, du bon et comme le dit Cathy : « ces concours nous stimulent et nous font progresser dans notre quête de l’excellence. » C’est un jardin plein, accueillant, respectueux de la nature, bienveillant avec les auxiliaires, favorisant la biodiversité, esthétique et nourricier. La production de légumes et de fruits contribue largement à l’économie familiale, y compris l’hiver grâce aux conserves, confitures et congélation. Ce petit coin de paradis, comme l’appelle Cathy est parfaitement admirable pour son adaptation au climat sec et chaud de la région. Un exemple type de ce qu’il est possible d’obtenir dans de telles conditions climatiques. Pas étonnant qu’il soit passé dans l’émission « les potagers de Julie ». Et en guise de conclusion, ces paroles de Cathy à laquelle nous renouvelons toutes nos félicitations. « Le plaisir de jardiner me tire du lit avec bonheur tous les matins. Ecouter la nature s’éveiller, les premiers chants d’oiseaux, observer les insectes, sentir les odeurs de la terre, humer les parfums des fleurs…tout cela est une joie permanente ».

GRAND PRIX ex-aequo – mention potager du nord : Gilles FEVRIER à Bouvignies (Nord)

Dans un environnement champêtre, nous empruntons l’allée qui mène à la maison de Gilles Février et de son épouse. Ils nous accueillent dans leur magnifique jardin d’agrément disposé autour de la maison. De nombreuses espèces de fleurs et d’arbustes ornent les massifs joliment composés, très colorés, formant un ensemble harmonieux et chaleureux. Juste à l’entrée du potager, un bassin dans lequel poussent des nénuphars, entouré de plantes et de fleurs en terre et en pots, favorise une biodiversité bénéfique au jardin. Le potager est protégé du vent par une haie extérieure d’un côté et les arbres du verger de l’autre. Il se compose de 3 grandes parcelles, ceinturées d’une rangée continue d’arbres fruitiers palissés qui apportent des lignes verticales à l’ensemble : pommiers, poiriers et pruniers, tous taillés et greffés par Gilles.

À l’intérieur, des rangées de fleurs, de pieds de tomates ou d’arbustes à fruits rouges : framboisiers, cassissiers, groseilliers, mûriers délimitent les espaces sans les masquer.  Ce potager vise l’autosuffisance alimentaire et la fabrication de conserves et des confitures. Y sont cultivées de nombreuses espèces et variétés, de la tomate à l’artichaut en passant par les melons, des variétés régionales résistantes et adaptées au climat du Nord : laitue maraichère, carotte de Tilques et aussi d’autres issues de la reproduction personnelle de Gilles. Des espèces sont testées chaque année et adoptées ou non selon les résultats obtenus. Gilles écrit : « Le jardinage est pour nous plus un instinct qu’une motivation. Le contact avec la nature, avec parfois ce qu’elle a d’ingrat, est très enrichissant, voire formateur ». Un grand abri en plastique protège différentes variétés de tomates, concombres et aubergines blanches. Pour faciliter le désherbage, les rangées de plants sont espacées afin de pouvoir passer facilement une houe maraîchère ancienne, appelée localement « rasette ». Deux aires de compostage à l’air libre, l’une au fond du verger, l’autre près du jardin sont utilisées alternativement pour amender le sol.  Pour lutter contre les maladies et les prédateurs, Gilles utilise préventivement la bouillie bordelaise pour la vigne et les fruitiers, de l’eau savonneuse pulvérisée pour lutter contre les pucerons, des pièges à carpocapses pour sa partie verger, des voiles anti-insectes contre la mineuse du poireau et des grillages sont installés sur certains plants pour les protéger de l’appétit des pigeons. Des œillets d’Inde fleurissent au pied des tomates et d’autres fleurs sont surtout présentes pour orner et colorer le potager. L’arrosage se fait en fonction des besoins de chaque espèce, à partir de cuves de réception des eaux de pluie d’une capacité totale de 12 000 l. Dans le verger, une vingtaine d’arbres :  noyer, cerisier, prunier, mirabellier, figuier, pommiers, dont un vigoureux pommier gloster, auto fertile et excellent pollinisateur. Et une belle découverte : le ramasse pommes, essentiel pour ménager son dos ! Ce jardin, dénommé « Le jardin de la Molière » a reçu le « Label Ecojardin du parc naturel régional Scarpe-Escaut » et fait aussi partie du réseau Jardins Passions des Hauts-de-France. Il est souvent ouvert aux visiteurs, en particulier lors de manifestations saisonnières. Membre de l’association Les vergers de Pévèle qui œuvre pour la connaissance du patrimoine fruitier local, Gilles forme et apporte des conseils sur la culture des fruitiers, la taille, la greffe, et participe aux différentes manifestations qu’elle organise.

CATÉGORIE 2 : PARCELLE DANS UN CENTRE DE JARDINS COLLECTIFS

GRAND PRIX : Alfred STOCK – Jardins familiaux de Sélestat à Sélestat (Bas-Rhin)

Alfred Stock et son épouse Marguerite ont accueilli le jury dans leur parcelle au sein des Jardins Ouvriers de Sélestat. Ils ont le jardin au cœur et la passion des tomates, plus de 60 variétés, dont les graines sont recueillies chaque année et conservées dans des petites boîtes soigneusement étiquetées et bien rangées dans un caisson à tiroirs. Elles sont semées tous les ans dans des pots sous la serre où elles poussent à l’abri avant d’être mises en terre. Cette année c’est un drame pour Alfred, par suite des fortes pluies de nombreux pieds ont été attaqués par le mildiou. En plus des tomates, il cultive tous les légumes traditionnels dans les surfaces qui se libèrent en fonction des saisons par exemple : courgettes, aubergines, poivrons, concombres, artichauts, asperges, épinards, pastèques, melons, herbes aromatiques…

Tout ce qu’il faut pour atteindre une autosuffisance alimentaire. Il réalise des essais, cette année ce sont des cacahuètes du Sénégal et l’Upo des Philippines. Des buttes maraîchères sont testées sur un substrat de déchets organiques dans des carrés potagers en bois de récupération. Avec les plantations verticales, elles apportent des reliefs différents au jardin. Des arbres fruitiers apportent de l’ombre au potager : cerisier, mirabellier, quetschier, pêcher, figuier, amandier et 6 pieds de vigne conduits en treille. Pour les desserts et la confiture, des framboises, groseilles, fraises, cassis, mûres et myrtilles poussent au sein du potager ainsi que des pieds de rhubarbe. De nombreuses variétés de fleurs décorent le jardin et attirent les pollinisateurs : œillets d’Inde, cosmos, dahlias, glaïeuls, tournesols, jasmin, lavande, myosotis, marguerites, bourrache… et l’étonnant arbre à perruches. Pas de bêchage dans ce jardin, seulement un décompactage de la terre et un paillis de foin toute l’année. Les plantations font l’objet de traitements aux purins d’ortie, de prêle et de consoude. La terre est enrichie avec le compost produit au fond du terrain et du fumier de bovins déshydraté. Vraiment bricoleur, Alfred confectionne des abris à insectes avec ses petits-enfants dans des boîtes de conserves peintes et remplies de tiges de bambous, des morceaux de bouteille en plastique forment les ailes. Ayant travaillé dans le bâtiment, il apporte ses conseils pour aménager à moindres frais les jardins ouvriers : construction des cabanons, clôture des parcelles… Alfred et Marguerite conçoivent la vie sous le signe du partage et de la générosité. Ils reçoivent souvent la famille et les amis dans leur jardin, partagent leur récolte, donnent des graines à leurs collègues jardiniers. « Ma femme et moi, nous venons d’un milieu rural et nous avons toujours participé aux travaux de jardinage. Le fait de consommer des produits sains, frais et cultivés soi-même est primordial. La retraite a favorisé cette passion du jardinage » cite Alfred. Il ouvre aussi son jardin et partage ses connaissances lors des manifestations organisées par l’AJOS (Association des Jardins Ouvriers de Sélestat). Il dispense des formations et donne des conférences pour une association dont il fait partie et rédige des articles pour le site internet. Il anime également des ateliers jardinage pour les enfants dans les écoles et les médiathèques. Son jardin a fait l’objet d’un article « Le jardin aux tomates » dans Les dernières nouvelles d’Alsace. Il a obtenu le prix spécial du jury et celui de la diversité biologique au sein de l’AJOS.

CATÉGORIE 3 : POTAGERS DANS UN ENVIRONNEMENT PAYSAGER

GRAND PRIX ex-aequo : Véronique LANCELOT – Terra Botanica à Angers (Maine-et-Loire)

Le potager, d’une superficie de 720 m², est niché au sein du grand parc de 17 ha. « Terra Botanica » à proximité d’Angers ; plus particulièrement dans « l’espace en Anjou » de ce parc qui met en lumière le savoir-faire horticole de la région. Véronique Lancelot, jardinière depuis 2010, date de création du parc, et sa co-équipière Solène Gaudin accueillent le jury, au départ du jardin, dans une pièce décorée où se côtoient vieux meubles, casseroles et cucurbitacées décoratives. Le jury découvre les différents types de potagers, séparés par des haies et des murs de tuffeau, la pierre locale.

Chaque jardin correspond à un thème précis. Les légumes y sont complétés par des fleurs qui participent à la mise en scène et sont utiles à la diversité des plantes et des insectes. Le but pédagogique est dominant, parfois surprenant comme le carré de culture dédié aux poivrons et piments classés en fonction de l’échelle de Scoville, inventée en 1912 et toujours d’actualité, pour évaluer la force du « piquant » en bouche des piments ; mais aussi insolite comme une présentation de cultures hors- sol sur un lit et des chaises ! La diversité des espèces et variétés est poussée à l’extrême : 36 variétés de piments et de poivrons, 66 de cucurbitacées sans oublier les légumes insolites tels la laitue asperge, les radis serpents, ou flattant l’odorat comme la plante à odeur de fromage ou celle à odeur de saucisson ! Mais laissons Véronique s’exprimer : « Ma curiosité me pousse à toujours chercher des espèces et variétés originales que je ne connais pas encore et à les tester au potager pour ensuite partager mes découvertes avec les visiteurs. Le beau est aussi important que le bon ! Je remets en cause régulièrement mes pratiques afin de les adapter au changement climatique ». Le jardin potager est, depuis sa création, une vitrine des bonnes pratiques issues d’expérimentations répétées. Les buttes, les différents paillages, les modes d’irrigation et de conduite de plantes sont testés. La conduite générale du potager, depuis son début, est une bonne démonstration du fait que la qualité du sol bien équilibré (pourtant très ingrat au départ), associée à une grande diversité des plantes permet d’obtenir des plantes de qualité et productives, sans aucune maladie, en l’absence de traitement phytosanitaire. Chaque année le potager accueille de très nombreux visiteurs pour des visites libres ou commentées. Un espace dédié au potager pédagogique accueille les scolaires sur différents thèmes tels que : « les cinq sens », « les petites bêtes » ou encore « semons la nature ». Un bel exemple de réussite et de transmission large des savoirs. Bravo

GRAND PRIX ex-aequo et coup de cœur du jury : Lisa TOURSCHER – Jardins de Wesserling à Husseren-Wesserling (Haut-Rhin)

Le jury a été accueilli par Madame Sandrine MARBACH, Directrice des Jardins de Wesserling, et Lisa TOURSHER jardinière en chef depuis seulement janvier 2024. L’Association des Jardins de Wesserling est aussi Chantier d’Insertion qui emploie 22 personnes et valorise d’anciens jardins-potagers ouvriers attenants au Château de Wesserling. Les parcelles et les productions bio, dont le label AB qui a été obtenu en 2023, agrémentent la visite des Jardins, enseignent l’art du jardinage au naturel et alimentent en légumes, en fleurs, en plantes aromatiques et en petits fruits le Resto du Potager, du « champ à l’assiette », qui propose une petite restauration 7/7 jours en période estivale. Le jardin est divisé en 2 parties, un potager de 1680m², dont un espace consacré aux aromatiques, et un verger de 400m².

Les aromatiques servent entr’autre à la confection de sirop (Monarde et autres). Le jury constate la présence d’une serre chauffée, 2 tunnels, des silos à compost et des récupérateurs d’eau de pluie. Tous les grands principes du jardinage respectueux de l’environnements sont en place : rotation, mariage fleurs/légumes (capucines et haricots) souvent très dense pour limiter les pousses d’herbes indésirables, gestion de l’eau, utilisation des méthodes de biocontrôle, accueil des auxiliaires, engrais verts, non labour, paillage, sans compter le canard coureur indien mis en liberté tous les matins avant l’ouverture pour chasser les limaces. Des panneaux d’explication sont situés devant chaque parcelle thématique : vie du sol, cycle de l’eau, auxiliaires, aromatiques etc. Le jury constate une diversité cultivée impressionnante en écho avec le but de ce potager à la fois pédagogique, ludique, nourricier, formateur et esthétique avec les plantations graphiques et les reproductions au sol de motifs textiles des 18e et 19e siècles issus de l’histoire de la Manufacture Royale de Wesserling.  Lisa est une vraie passionnée qui nous déclare « issue d’une famille de jardiniers, j’ai eu une forte attirance dès mon plus jeune âge pour ce métier qui a du sens pour moi, et me permet d’être en contact avec la nature ». Le jury a eu un vrai coup de cœur et ressenti une certaine émotion dès l’arrivée dans cet univers végétal foisonnant, mais aussi au contact des personnes, permanents ou en insertion, qui nous ont accueilli, et par leurs démarches.  Il est des lieux magiques à gouter sans modération, environ 70 000 visiteurs par an fréquentent ce site pour leur plus grand bonheur. Les Jardins de Wesserling, son potager et sa jardinière font l’objet d’un reportage pour l’émission « grands reportages » de TF1 qui sera diffusé au printemps 2025.

CATÉGORIE 4 : POTAGERS PÉDAGOGIQUES

GRAND PRIX Alexandre DEGARDIN – Potager de l’École du Breuil à Paris  

L’école du Breuil est un établissement rattaché à la ville de Paris. Elle a une vocation de formation à la fois théorique et pratique, elle forme chaque année 300 élèves et accueille 1000 jardiniers amateurs. Elle assure la formation continue des jardiniers de la Ville de Paris. De nombreux évènements y sont organisés. La réception de groupes internationaux représente aussi une ouverture à l’international. Ce potager pédagogique est utilisé pour les formations dispensées à l’école. Il a une surface de 1000 m² sur une surface totale de 1625 m². Il est entouré de murs historiques et s’ouvre par une belle grille en fer forgé reprenant des outils de jardinage. Les murs permettent de conserver la chaleur du soleil. Avec le réchauffement climatique, cela peut devenir un problème. Des planches de culture de 1,20 m de large sont joliment disposées dans le terrain.

Elles sont numérotées et reportées sur un cahier de cultures qui permet de connaître leur occupation au fil des saisons, la rotation des cultures, les dates de semis, repiquage, rempotage, plantation en place… Le jardin a aussi un rôle de conservation de variétés anciennes et possède une collection de basilic et de tomates. Deux jardiniers, Hervé et Hugo y travaillent en autonomie : inventaire et commande de graines, choix des espèces et variétés, production interne… Pour Hugo il s’agit de « créer des lieux de rencontre et d’émerveillement, de transmettre pour rapprocher les gens de leur alimentation et de la nature, de rapprocher la ville de la campagne » et pour Hervé « Le jardin est un milieu calme et sa pratique est thérapeutique »  Ils effectuent des recherches sur les aménagements et les amendements. Un paillage important couvre les planches pour éviter le sol nu. Les semis sont faits en serre ou tunnel chauffé, mais aussi en couches chaudes. L’arrosage est assuré par l’eau de la Seine.  Il est pratiqué surtout à la plantation. Des méthodes de lutte biologique sont utilisées : purin d’ortie, savon noir ou lâcher d’insectes auxiliaires contre les pucerons et les mouches du terreau, filets anti-insectes, abri à tomates… Les fleurs associées aux légumes agrémentent la vue et favorisent la pollinisation. La production n’est pas la priorité, mais plutôt la diversité des espèces et des variétés afin de proposer aux étudiants des méthodes culturales différentes laissant une part à l’efficacité mais aussi à la créativité. « On privilégie la récupération plutôt que les achats pour donner aussi le bon exemple aux élèves ». Toutes les ombrières, par exemple, sont réalisées à partir de matériaux récupérés.  Les jardiniers assurent leur production de plants pour leur propre utilisation et aussi pour la vente lors des journées portes ouvertes en mai ou lors des journées du patrimoine. Le jardin possède des massifs de plantes aromatiques et un petit verger d’arbres fruitiers et de fruits rouges. Les légumes obtenus ne sont pas conservés mais donnés au fur et à mesure. A l’exception des courges, pommes de terre, allium, conservés dans des espaces dédiés. Les jardiniers voudraient développer l’intérêt culinaire de ces légumes en travaillant en partenariat avec des chefs cuisiniers et l’école hôtelière du 93 « Du légume à l’assiette » en mettant en valeur les légumes de saison et les légumes originaux ou oubliés (crosne du japon, oca du Pérou, oignon rocambole, chou perpétuel, poire de terre, topinambour…). Le jardin est labellisé ECOCERT ce qui induit le respect d’un cahier des charges complet.

CATÉGORIE 5 : POTAGERS PARTAGÉS MIS EN PLACE ET CULTIVÉS AU SEIN D’UNE ENTREPRISE OU PAR UNE ASSOCIATION

GRAND PRIX Jean-Paul COLLAERT et les jardiniers – Le Potager de Champrosay à Draveil (Essonne)

Le jury a été accueilli par Jean-Paul, le Président de l’Association, Michel, le Vice-président et les très nombreux jardiniers présents. Le potager de Champrosay est situé à Draveil dans un environnement calme et boisé. C’est un petit coin de paradis au milieu de la nature et un véritable havre de sérénité où il fait bon se retrouver. Il se laisse découvrir en contrebas du parking du bois Chardon, prolongement de la forêt de Sénart. Après avoir passé un lavoir, traversé par un ru, le potager clos de murs se dévoile après avoir franchi la grille. D’une surface totale de 2000 m², il occupe l’emplacement d’un ancien verger, dépendance à l’époque du château du Pont Chardon, aujourd’hui propriété de la région Île-de-France.

Confié à différentes associations, il était quasiment en friches lorsque 2 habitants de la région passionnés d’horticulture, de nature et de botanique ont proposé en 2018 de le reprendre et de le restaurer en s’inspirant du Potager Caillebotte situé à Yerres. Aujourd’hui, c’est une trentaine de jardiniers qui viennent cultiver les légumes et les fleurs de leur choix. Le potager est composé de quatre grands rectangles séparés par des allées pavées, avec au centre un bassin circulaire et à l’un des angles un pavillon qui sert pour le rangement des outils. Chaque rectangle est divisé en planches de 1,10 mètre de large sur 40 mètres de long. Un passe pied sépare chacune de ces planches qui sont attribuées chaque année par tirage au sort aux jardiniers au moment de l’assemblée générale de l’association. Ce sont les jardiniers qui choisissent et achètent les semences de légumes, fleurs et variétés qu’ils souhaitent cultiver. C’est ainsi que chaque planche de culture est originale et reflète la personnalité, la créativité, l’origine et les envies des jardiniers. Concernant les pratiques, les jardiniers doivent respecter un cahier des charges et ne peuvent utiliser que des produits autorisés en agriculture biologique. Pour l’arrosage, les jardiniers se servent dans le bassin central ou dans le grand réservoir d’eau situé dans le haut du jardin. Celui-ci est alimenté à partir du début du printemps par un captage qui part du ru qui n’est jamais à sec, même en été. Certaines planches de culture sont collectives et accueillent des petits fruits qui font le régal des enfants, des fleurs à bouquet, des plantes aromatiques ainsi que des pieds d’artichauts et de rhubarbe. Le jardin présente une très belle collection de vignes avec 40 variétés de raisin de table. Ces vignes cultivées en contre-espalier structurent le potager et permettent ainsi de le découvrir progressivement. A noter que les fleurs vivaces et annuelles sont très présentes dans ce jardin pour le plaisir des visiteurs et des pollinisateurs : au milieu des légumes, au début de chaque planche, en bordure des allées, dans des grands pots à l’entrée du jardin et autour du bassin… Le résultat est très réussi et c’est un régal pour les yeux. Comme l’indique Jean-Paul, « les jardiniers partagent et sont acteurs d’une formidable aventure collective pour un résultat qui enchante les visiteurs ». Il faut préciser que le jardin est ouvert à tous. Il suffit d’ouvrir le portail et de le refermer derrière soi pour éviter l’arrivée de sangliers ou de chevreuils. Ainsi promeneurs et randonneurs du Bois-Chardon viennent découvrir ce jardin et échanger avec les jardiniers, ravis de les accueillir et de leur raconter l’histoire de ce lieu, un petit havre de paix situé dans un cadre merveilleux, au milieu de la nature.

PALMARÈS 2024

CATÉGORIE 1 : JARDINS PRIVATIFS

Prix spécial du jury Potager du 21e siècle : Sylvain HINGANT à Concoret (Morbihan)

Avec Sylvain, c’est une nouvelle forme pour dépenser son énergie au jardin. En rupture avec le potager traditionnel, nous sommes ici en présence d’une démarche, un brin contestataire, proche du jardin « punk », mais aussi intellectuelle, originale, créative et pragmatique. Sylvain HINGANT est-il un avant-gardiste ? En tout état de cause, il propose une alternative et par son potentiel et ses compétences, il peut amener au jardinage, un public qui n’y viendrait peut-être pas spontanément et il dont en sera l’ambassadeur passionné. Il est très engagé sur sa région dans le domaine environnemental. Alors, vis-à-vis de cette « contre-culture » au sens intellectuel du terme mais aussi vis-à-vis des pratiques botaniques plus classiques, le jury a estimé que nous devions remarquer, et même accompagner ce parcours atypique.

Notons que l’objectif nourricier du potager est ici atteint, c’est un marqueur fort lié à sa démarche, à prendre en considération. Les pratiques sont toutes respectueuses de l’environnement, et reprennent les grands classiques en particulier la gestion de l’eau et les méthodes permaculturelles. Sylvain est un excellent communicant déjà fortement impliqué, au travers de structures locales, dans le végétal et en relation avec la qualité de la vie. Ses expériences et essais font l’objet de reportage dans la revue 4 SAISONS. Citons l’en tête d’un article de Ingrid Van Houdenhove paru dans cette revue : « le jardin de Sylvain témoigne de son inventivité foisonnante. Si le luxuriant potager et le petit élevage assurent une certaine indépendance alimentaire à la famille, la philosophie du jardinier tend aussi vers le partage, la curiosité et l’expérimentation. Ici, le jardin et la maison sont autant de laboratoires pour consommer moins et vivre mieux ».  Le jury a en particulier apprécié son expérience menée depuis 3 ans en aquaponie. Un autre regard…

3e prix : Gaelle SZYGENDA à La Vraie-Croix (Morbihan)

Il est des personnes discrètes, efficaces, qui ne se font jamais remarquer et qui, si l’on n’y prêtait pas attention, pourraient passer à côté d’une promotion, d’un avancement, d’une distinction. C’est le cas de Gaëlle qui nous reçoit simplement. Peu expansive ni bavarde, il faut un peu la forcer à parler et à se dévoiler. Sur un terrain très arboré de 3800 m², le potager occupe 130 m². On observe une bonne trentaine de variétés de légumes, dont des christophines installées sur une treille, des crosnes du japon, des panais et autres plus classiques. Avec du travail bien fait et une bonne dose de passion, Gaëlle obtient un résultat très honorable. Dans cet écosystème qui est le sien, elle coche toutes les cases : en matière de protection des plantes, de fertilisants, de l’association des fleurs et des légumes, en biocontrôle, en diversité, en accueil des auxiliaires.

Le désherbage est fait à la main. L’eau utilisée provient en majeure partie des eaux de pluie, 3 cuves de 800 litres assurent la réserve. Les plans du potager sont réalisés sur support informatique pour veiller à la rotation des cultures. Dans le plus grand respect de l’environnement, une certaine suffisance alimentaire en fruits et légumes est assurée pour elle et sa famille.  Comme le dit Gaëlle, « le jardinage est une source de bien-être, on prend le temps de voir germer, pousser, récolter, cuisiner et déguster. Loin du stress du monde du travail, c’est une échappatoire à notre rythme de vie moderne, mais également à la malbouffe ». Ce potager rationnel est bien tenu, il est propre, bien ordonné, esthétique et riche en diversité. C’est peut-être du classique, mais qui doit faire figure de référence. Un modèle à suivre.

2e prix : François PERSEHAYE à Parigné-sur-Braye (Mayenne)

Au bout du chemin de halage, entre la rivière Mayenne et de hautes parois rocheuses, est enchâssé le jardin de François qu’il qualifie de : « son Paradis ». Ce retraité passionné consacre l’essentiel de ses loisirs à cette parcelle. Sur un terrain de 5000m², ce potager de 500 m² est remarquable. La quasi-totalité de sa production résulte de son choix d’adopter les méthodes de la permaculture. Dix ans en arrière, ce terrain était une friche, mais depuis, les buttes érigées par François selon cette méthode sont hautement productives. Si notre jardinier ne tient pas une comptabilité de ses fruits et légumes récoltés, à titre indicatif, il nous indique avoir ramassé cette année 150 kilos de pommes de terre. Sont cultivées environ 35 variétés de légumes, nous notons, outre six variétés de tomates, quelques originalités comme poire de terre, panais, trompe d’Albenga, topinambours et patate douce.

Il est à noter que les installations n’ont pas nécessité d’investissements onéreux, autrement dit, il est possible de parvenir à des résultats intéressants sans pour autant dépenser beaucoup. Dans le même esprit, les graines et plants sont produits par lui-même ou issus de trocs ou de récupération. Les classiques de la permaculture sont appliqués : rotation, association, paillage généreux, biocontrôle, macération végétale (rhubarbe, tanaisie, ortie). François est un bon communicant et nous affirme « Déguster mes légumes cuisinés par mon épouse avec mes petits-enfants me procure une immense joie, fierté et satisfaction…et j’ai encore des progrès à faire ! ». Le jury l’encourage vivement à partager ses techniques et sa passion, et pourquoi pas participer à nouveau dans les années à venir.

1er Prix : Claire COMBEBIAC à Salles-sur-Garonne (Haute-Garonne)

Sur cette parcelle de 250 m², il a été récolté, l’an passé, 1 100 kg de fruits et légumes ! Et, à coût zéro, puisque Mme COMBEBIAC, produit, elle-même ses propres graines, issues de ses récoltes. C’est un jardin aux performances remarquables et qui fonctionne en autarcie. Il s’agit de saluer et distinguer ces résultats exceptionnels qui sont obtenus dans le plus grand respect de l’environnement, parce qu’aucun produit d’origine chimique n’est utilisé. Mais qui nécessite un investissement soutenu et permanent, en effet, ce ne sont pas moins de quatre heures, au quotidien, que Claire, retraitée, consacre à son jardin et sans aucune aide extérieure. Nous sommes en présence, d’un véritable jardin à vocation nourricière dont la famille et l’entourage profitent. « Je retire une énorme satisfaction de partager mes récoltes avec ma famille et mes amis » dit-elle. Pour illustrer toute cette diversité, retenons, à titre d’exemples, la profusion de courges de Nice, Hubbard, Berry, Godiva, Spaghetti et même Luffa qui donne des éponges naturelles ! D’excellentes confitures de sureau, rhubarbe, framboises et gelée de pommes seront appréciées tout comme les sorbets. Pas moins de 23 kg pour les framboises et 15 pots pour la gelée de pommes ont été cuisinés. Les condiments ne sont pas oubliés : Ache des montagnes, sauge, ananas, thym, romarin et hysope sont présents, ni l’ornement : Larmes de Job, sauge bleue… Ces fleurs aident aussi à la pollinisation. Un abri en bâche plastique optimise les récoltes de tomates. Si la présence d’un puits concoure à l’obtention de ces résultats, il convient aussi de mettre en avant ces amendements naturels : le compost produit par 6 bacs, du fumier de cheval, du purin d’orties ou de prêle, de l’urine diluée à 5 %. Les adventices sont arrachées à la main, les planches de culture sont paillées et une récolte achevée, elles sont aussitôt réemployées. Pour lutter contre les indésirables, diverses préparations, toutes aussi naturelles telle la rhubarbe en décoction, des purins de consoude et de cosmos sont utilisés.

Les capucines attirent les pucerons qui délaissent les tomates et autres légumes cultivés. Pour Claire, le jardin « permet aussi de participer au respect de l’environnement en me passant de produits chimiques et sans travail du sol pour le bien-être de la terre ».

CATÉGORIE 2 : PARCELLE DANS UN CENTRE DE JARDINS COLLECTIFS

Prix spécial du jury Potager Poétique : Christian TÉTON – Jardins familiaux de Sens à Sens (Yonne)

Le potager de Christian Téton est situé dans les jardins familiaux des Boutours gérés par la ville de Sens qui comprend 154 parcelles, réparties de part et d’autre de plusieurs allées plantées d’arbres. C’est dans ce cadre calme et verdoyant de 7 hectares à l’écart de la ville que le jury découvre le jardin de Christian Téton, ancien jardinier des espaces verts de la ville de Sens. Arrivé à la retraite en 2020, après 42 ans de vie professionnelle, il accède à une parcelle qui va devenir très vite un petit coin de paradis foisonnant et fleuri. Dans ce jardin, c’est la couleur bleue qui domine avec une multitude de fleurs (agapanthes, iris, lavandes, echinops, centaurées, sauges, bleuets, bourrache…) qui s’épanouissent harmonieusement en massifs et en bordures.

Pas étonnant que ces 360 m² soient baptisés « l’Art Jardin Bleu Indigo » en référence à la couleur préférée de notre passionné de plantes et de nature. Les parties consacrées plus spécifiquement au potager sont situées à l’entrée du jardin avec un agencement en arc de cercle et à l’arrière dans un coin de nature au milieu d’une végétation luxuriante et agencée avec gout. Les légumes y sont cultivés sans aucun traitement. On y retrouve des tomates, poireaux, salades, choux, fèves, carottes, betteraves, haricots verts, radis, navets, de nombreuses courges qui courent et grimpent… ainsi que des plantes aromatiques. Au niveau des équipements, un très bel abri en bois est prolongé par une serre qui sert à préparer les plants et à accueillir pour l’hiver les plantes qui craignent le gel. Cet abri sert également à exposer quelques œuvres artistiques de Christian et le livre d’or signé par les très nombreux visiteurs. Car ce jardin est ouvert à tous les amateurs et amoureux de la nature à l’occasion de journées portes ouvertes, de visites guidées et d’animations organisées par la Société Horticole de Sens. La visite nous réserve bien d’autres surprises, ici du linge suspendu de couleur bleue évidemment qui sèche, là au milieu des végétaux des œuvres en céramique, des poèmes, des petits cairns réalisés avec des galets… car il s’agit aussi du jardin d’un artiste et d’un poète.

2ᵉ Prix : Mohamed OUANICHE – Jardins familiaux de la Patinotte à Mitry-Mory (Seine-et-Marne)

Le potager de Mohamed est situé dans les Jardins Familiaux de la Patinotte, gérés par l’association dont il est le Président. La mairie de Mitry-Mory a créé ces 24 parcelles de 100 m² et installé dans chacune d’elles un cabanon et un récupérateur d’eau de pluie de 300 litres. Dans la parcelle de Mohamed, tout l’espace est remarquablement bien exploité. Son objectif n’est pas d’en tirer un rendement important, mais de travailler la terre et de la cultiver pour comme il le dit, « le plaisir d’être dehors au jardin », « d’avoir un vrai contact avec la terre ». Son épouse et lui y passent du temps tous les jours, parfois jusqu’à la tombée de la nuit. « Ça relaxe, le temps s’arrête, on ne voit pas les heures passer » dit-il.

On y découvre plusieurs variétés de courgettes et de tomates, dont certaines poussent sous abri, des haricots, des topinambours, quelques poireaux, deux variétés de choux et cinq de salades, une belle collection d’herbes aromatiques (bourrache, ciboulette, origan, thym, santoline, persil, basilic, plusieurs variétés de menthe…), certaines s’épanouissent dans de simples parpaings, un grand laurier sauce et un romarin impressionnant. Les tomates sous abri ont une belle vigueur et sont indemnes de maladies. De nombreuses fleurs égaient ce jardin, en association avec certains légumes comme les œillets d’Inde ou juste pour leur beauté et leurs couleurs comme les géraniums, pensées, cyclamens, lavandes… Le sol est aéré avec une fourche à quatre dents, régulièrement biné et enrichi de compost et d’apports annuels de terreau. Un composteur, installé au fond du potager, est alimenté par des épluchures de légumes coupés soigneusement en très petits morceaux par Mohamed. Il y incorpore régulièrement des matières brunes apportées par la mairie. Plusieurs aménagements (nichoirs, hôtel à insectes, abri à perce-oreilles…) et les nombreuses fleurs et plantes aromatiques disséminés dans le jardin favorisent la biodiversité et la présence des auxiliaires. Mohamed ouvre régulièrement son jardin aux enfants du centre de loisirs où travaille sa fille et au public lors des journées découverte organisées en septembre par la mairie. Il ne vise pas l’autosuffisance alimentaire en légumes et en fruits. Son objectif est d’exploiter au mieux son petit terrain, de prendre plaisir à le cultiver avec son épouse, de passer du temps plus près de la nature, d’échanger avec ses voisins jardiniers et de transmettre son savoir aux petits et aux grands visiteurs.

1ᵉ Prix : Mention originalité des espèces Camille BACOT Jardins familiaux de Limas à Villefranche-sur-Saône (Rhône)

Dans le centre de jardins familiaux de Limas, les parcelles sont simplement délimitées par des allées recouvertes de planches. La passion des plantes, la créativité au jardin, l’énergie et l’enthousiasme de la jeunesse, voilà ce qui caractérise Camille Bacot qui écrit « c’est un jardin potager intime par l’histoire de ma vie qu’il raconte, notamment ma relation passionnée avec le Mexique et ses richesses ». Ce qui attire l’attention de prime abord, ce sont toutes les structures verticales en bambous sur lesquelles poussent des plantes grimpantes. « C’est un jardin où la verticalité et le relief sont importants, des reliefs spécifiques en fonction des besoins de mes plantes et de mon imaginaire créatif. » Des espèces sont regroupées pour « créer des ambiances » dit-elle, mais aussi en fonction de leurs besoins en eau et en ensoleillement, et enfin pour éviter la diffusion des maladies et mieux gérer la concurrence en nutriments.

Se côtoient de nombreuses espèces de légumes dont les variétés sont souvent choisies pour leurs qualités gustatives dont : haricots à rames œil de perdrix, aubergine longue de douga, concombre lemon, maïs doux,  courgette pop-corn, patates douces, poivron mandarine, piment hungarian, … ou exotiques : quinoa, soja, sorgo, tomatillos du Mexique, sésame, gombos, gros thym antillais… et de nombreuses variétés florales : rosiers, tournesols, dahlias, cosmos, zinnias, sauges, ipomées, tithonias (tournesols mexicains), monardes, camomille matricaire… Des fraisiers, cassissiers, groseilliers et framboisiers poussent parmi les plantes du potager, protégés du plein soleil par les légumes grimpants. La terre est enrichie avec du fumier de cheval, un lombricompost, des apports d’urine diluée, et paillée depuis peu pour faire face à la sécheresse. L’arrosage est fait à la main à partir d’une réserve d’eau de pluie de 2 000 l, puis avec l’eau de la ville si besoin. Les adventices sont enlevées à la main lorsqu’elles risquent d’étouffer ou de concurrencer en lumière et en nutriments les plantes cultivées. Les autres, laissées pour la diversité esthétique et pour nourrir la faune sauvage, servent aussi de plantes bioindicatrices de l’état et de l’évolution du sol. Camille accueille avec plaisir des visiteurs rencontrés lors d’événements sur le thème du jardin, de trocs plantes et de graines et échange des pratiques avec des amis. Elle tient un journal très complet dans lequel elle décrit tous les évènements, de la préparation de la parcelle à l’évolution de ses semis et jusqu’à la météo. Des photos lui permettent de faire la comparaison d’année en année afin de s’améliorer en fonction des réussites et des échecs. Pour elle, qui a créé ce jardin il y a seulement 1an et demi, « Jardiner, c’est être sans cesse en train de se remettre en question et chercher des solutions créatives pour profiter au mieux du potentiel des plantes et des conditions. Il s’agit de transformer les obstacles en défi enrichissant et enthousiasmant » 

CATÉGORIE 3 : POTAGERS DANS UN ENVIRONNEMENT PAYSAGER

3e Prix : Jean-Yves MEIGNEN – Jardins de l’Abbaye de Valsaintes à Simiane-la-Rotonde (Alpes de Haute-Provence)

Le jury a été accueillis par Jean-Yves MEIGNEN et son jardinier en second Nans SERENA, dans le jardin potager de l’abbaye de Valsaintes. Il est installé sur deux restanques-terrasses exposées plein Sud, directement sur le rocher avec un sol sablonneux très mince, bordées par des murs de pierres sèches. Ici, la pluie est rare, les nuits sont froides au printemps et la chaleur est importante en été, avec des amplitudes de 20 °c. De ce fait, la durée de culture possible est donc réduite. Il faut s’adapter. La production va se faire essentiellement dès que le sol est suffisamment réchauffé au printemps, en été sous les ombrières puis en profitant en automne de la chaleur emmagasinée par les murs de pierres. Le potager est divisé en quatre parties.

Du haut en bas, une première bande (5m x 20m) avec un sol très peu épais, reçoit les artichauts au printemps, puis les melons, pastèques et concombres sous couvert de tournesol en été, puis les petits pois et fèves à l’automne. Un espace clos accueille les topinambours. Ensuite sur la partie plane, trois espaces de 12m² sont couverts par des ombrières naturelles portant du houblon et de la liane de Madère. On y trouve une belle diversité d’espèces, étiquetées de façon très pédagogique. Une allée assez large pour le passage du public est couverte de broyât de cade et de cèdre venant de la distillerie voisine. L’espace parallèle permet de tester des méthodes de culture : tomates en cage, pomme de terre sous paillage… Une haie d’arbres bien diversifiée (grenadier, jujubier, plaqueminier, arbres fruitiers) protège également les productions de cucurbitacées (potiron, pâtisson, courge Jack be little) qui descendent sur le muret jusqu’à la terrasse inférieure. Cette dernière restanque accueille des cultures d’automne : choux, salades, ail, oignons, radis noirs, épinards, pois, asperges. Jean-Yves MEIGNEN nous explique que son potager a essentiellement une vocation pédagogique. Il permet de montrer aux visiteurs et aux stagiaires la possibilité de cultiver dans un environnement très difficile en utilisant très peu d’eau (5m3/semaine) par goutteurs et uniquement des huiles essentielles comme produits de traitement. Cela sur un sol créé artificiellement par le paillage et de très grandes quantités de compost (dont l’apport de matières fraîches par le restaurant de l’abbaye). Le jury a apprécié l’utilisation des différentes méthodes de cultures, l’adaptation du calendrier de cultures au climat difficile. Jean-Yves MEIGNEN a créé un jardin passionnant où se déroulent des animations et des stages sur tous les thèmes de la vie du jardin. Tous nos encouragements à Jean-Yves et à Nans !

2e Prix : Fanny PALIARD – Association Grinn – Jardin et potager du Château de Saint-Ange à Villecerf (Seine-et-Marne)

L’association « GRINN PERMACULTURE » a créé il y a maintenant 7 ans un jardin potager pédagogique et permacole dans l’ancien potager du château de Saint-Ange à Villecerf, grâce au prêt gratuit du terrain pendant 7 ans renouvelable par les propriétaires de ce château. Fanny Paillard, comédienne, a suivi une reconversion en permaculture : elle est la présidente de cette association qui compte 150 adhérents dont 6 bénévoles très actifs. Pour certains travaux, un renfort ponctuel est demandé aux adhérents permettant ainsi de faire des opérations plus importantes, comme pour le montage de la serre. La surface du potager, clos de murs en pierre, est de 3 000 m² dans un ensemble de 20 000 m².

Il se compose de différentes parties : un mandala de plantes aromatiques et médicinales, des cultures potagères en bandes, un carré des plantes tinctoriales, des bacs à destination des seniors et des personnes à mobilité réduite, un carré médiéval, un petit mandala pour les enfants. Au fond du potager, une grande serre permet de réaliser les semis, et de faire des ateliers. Plus loin, un espace aménagé pour la ménagerie permet la cohabitation entre moutons, ânes et poules. Dans le potager, les différents secteurs sont animés grâce aux compétences spécifiques de chacune des bénévoles : Fanny, formée à la permaculture, Karin, ânière, Véronique, spécialiste des plantes sauvages, Vanessa, art-thérapeute et passionnée de plantes tinctoriales… Les cultures de plantes potagères variées sont faites sans produits phytosanitaires et les arrosages sont surtout manuels, grâce à un puits et une source. Des oyas sont aussi utilisés. Le sol des cultures est couvert systématique par un paillis et le désherbage est réalisé manuellement. Le sol est travaillé à la grelinette ainsi qu’à la bio-fourche. De nombreux espaces sont laissés en jachères sauvages. Le jardin est ouvert au public et Fanny veut en faire un « jardin vitrine ». L’association propose en effet des visites et des ateliers pour différents publics, des séminaires d’entreprises, des parcours à dimension pédagogique, ludique et artistique, mais aussi des master-class qui s’adressent à un public plus averti et qui aborde par exemple la vie du sol ou le design en permaculture. L’association organise et participe localement à des fêtes de plantes, des trocs. Le jury a noté la très forte implication des bénévoles qui nous ont accueillies : ils consacrent une partie très importante de leur temps dans la mise en place des cultures, l’entretien et l’aménagement des espaces, ainsi que dans l’animation des ateliers. Le jury a été impressionné par le travail immense qui a déjà été réalisé dans ce vaste jardin et l’équipe de bénévoles continue son œuvre avec enthousiasme. Fanny nous dit : « le jardinage m’apprend chaque jour l’humilité et la patience, la satisfaction de voir la vie se former. J’ai développé mon sens de l’observation et accepté l’échec de temps en temps. ». Bravo à l’équipe pour leur engagement, leur envie de partage et de création de lien autour du jardinage et de l’amour de la nature.

CATÉGORIE 4 : JARDIN PÉDAGOGIQUE

Prix spécial du jury : Créativité et imagination pédagogique – Marie-Bertille Luere École maternelle Curie Saint Exupéry à Meudon-la-Fôret (Haut-de-Seine)

Le potager de l’école maternelle Curie Saint Exupéry à Meudon-la-Forêt est situé sur un grand espaceaussi  devant la cour de récréation. Laissé à l’abandon avec néanmoins de l’éco pâturage, les enseignants ont décidé il y a deux ans de créer un jardin oasis et de mettre en place un potager « pour donner aux enfants le goût du jardinage, leur faire comprendre d’où viennent les légumes qu’ils retrouvent dans leur assiette, comment ils poussent, leur apprendre à entretenir un jardin et à respecter la faune et la flore ». Les enfants de cette école sont dans un environnement très urbanisé : ils connaissent mal la nature et les plantes. L’objectif est également de leur montrer la diversité des plantes, le cycle de la graine à la graine et le rôle important des abeilles et des pollinisateurs.

L’activité de jardinage concerne 9 classes et 120 enfants ainsi que ceux du centre aéré le mercredi et pendant les vacances scolaires. Les enfants viennent au potager par petits groupes de 6 à 8 pendant les pauses et se retrouvent ainsi bien pour jardiner que pour des ateliers, des contes ou des goûters.  Le jardin très ombragé est très agréable en particulier lorsqu’il fait chaud. Il comprend de très nombreux bacs de cultures et un abri qui sert de rangement aux outils de jardinage de taille adaptée aux enfants. D’une surface de 120 m², le jardin présente à la fois une belle diversité d’espèces légumières mais également de variétés, en particulier pour les tomates. Il comprend différents espaces de culture en lien avec le thème des jeux olympiques développé cette année. Et dans ce domaine, l’imagination et la créativité ne manquent pas : un terrain de basket avec des courges, une cage de football avec des espèces grimpantes (concombres, cornichons et petits pois), une piscine olympique de tomates réalisée avec des palettes peintes en bleu, un ring de boxe avec du curcuma et du gingembre, une cible de tir avec des carottes… Les légumes sont cultivés à la fois en pleine terre et dans des bacs décorés cette année avec les drapeaux de différentes nations. Le long de la cour de l’école, une bande fleurie mellifère permet d’attirer les pollinisateurs. Comme nous le précise Marie-Bertille, l’activité de jardinage permet aux enfants de développer des compétences, de s’épanouir au potager, de découvrir et goûter les fruits et légumes qu’ils ont cultivés, la plupart vivent dans des immeubles et ne connaissent pas les espaces verts et la nature. Un beau résultat avec peu de moyens, mais avec beaucoup de bonne volonté, d’enthousiasme et de créativité. Bravo à toute l’équipe.

3e prix Guillaume GIMENEZ – École primaire Ernest Renan à  La-Seyne-sur-Mer (Var)

Monsieur Guillaume GIMENEZ, Professeur des Écoles, a ouvert le jardin pédagogique de son école primaire au jury, deux jours avant la rentrée des classes. Cet enthousiaste professeur de CE1 a entraîné dans l’aventure du jardin cinq classes sur les douze du groupe scolaire. En 2017, le terrassement du terrain de pétanque à l’entrée a apporté du volume de mauvaise terre tout-venant, qui constitue la base de six grandes jardinières et quatre petits carrés. Dans ces espaces, les enfants apprennent les bons gestes pour ne pas épuiser la terre, à ne pas gaspiller l’eau, à optimiser l’espace, à connaître et associer les plantes et surtout à travailler en coopération ! Monsieur GIMENEZ est un peu désolé de présenter au jury un jardin qui vient de passer l’été des vacances scolaires. Mais un œil exercé voit le travail qui a été réalisé jusqu’au départ en vacances des élèves. Il reste à reprendre le cycle des cultures en remettant le jardin en ordre de marche. L’année culturale débute par le nettoyage des jardinières et un apport de crottin de cheval et/ou d’engrais verts. Puis viendront les plantations de légumes d’hiver (mâche, épinards…) Chaque jardinière a un thème illustré par un panneau explicatif : ” Milpa” pour l’association maïs, haricot, courge ; fraises en association avec l’ail comme répulsif ; courges de Nice et courgettes cultivées au sol ou palissées. Il y a aussi des fleurs associées aux cultures et des petits tournesols semés par les élèves de la classe ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire). Un carré « expérimental » permet aux élèves de découvrir par eux-mêmes le fonctionnement des plantes. Les cinq classes participent très activement, mais tous les élèves de l’école ont un accès visuel au jardin et peuvent l’utiliser au travers des activités pédagogiques. L’année du jardin rouge (les plantes, fleurs et décoration étaient rouges) a été une réussite par exemple. Monsieur GIMENEZ est persuadé de la nécessité du travail sur le jardin et constate le fossé générationnel qui s’est creusé dans les vingt dernières années : il a fallu semer des céréales pour expliquer que la farine ne vient pas du supermarché ! Ce travail utile et passionnant, n’est pas vraiment reconnu par l’Education Nationale. Les seules aides proviennent de la Municipalité, de la jardinerie Botanic voisine et de quelques parents d’élèves intéressés. Le projet pédagogique de Monsieur GIMENEZ est très cohérent et il maitrise son sujet. Bon courage, votre jardin est une belle réussite pour les enfants !

2e prix Élisabeth MAIER – Association de sauvegarde et mise en valeur du Kirchacker à Mollau (Haut-Rhin)

L’aventure a commencé en 2006 quand un terrain ayant un important intérêt patrimonial situé derrière l’église de Mollau (le Kirchacker) était convoité pour un projet immobilier. Une SCI s’est constituée pour acheter le terrain et une partie a été mise à disposition d’une association pour y créer un jardin pédagogique et mettre en valeur le village et son environnement naturel. Depuis cet espace verdoyant est devenu un lieu de rencontres, de lien social pour les 338 habitants « le jardin favorise les relations bienveillantes et suscite la curiosité et l’intérêt » nous écrit Elisabeth, la présidente de l’Association. Il est ouvert à tous, en permanence et il est traversé régulièrement par les habitants et les touristes qui veulent profiter d’un moment de partage avec la nature.

Le groupe de bénévoles qui le gère, l’entretien et l’anime depuis sa création à la volonté de donner le goût et le respect de la nature au travers d’animations, d’initiation des enfants au jardinage mais aussi de transmettre les savoirs et les savoirs faire à des adultes. « La sensibilisation à la nécessité urgente de préserver l’environnement par des pratiques adaptées » est une de leurs motivations. Actuellement une dizaine d’enfants du village ont une parcelle attitrée et prennent conscience de la vie de la nature : le travail de la terre, les semis, l’entretien, la récolte le tout guidé par Françoise, la vice-présidente. Avec ses allées engazonnées, ses parcelles de tailles différentes, ses cultures sur treillage, cet espace fleuri est particulièrement esthétique et agréable à voir. Les espèces et variétés cultivées sont adaptées au climat local et à la facilité de culture pour les enfants. Un peu plus haut, un jardin des simples dont chaque plante à son étiquette descriptive est dédié aux variétés locales. Un verger planté à l’origine de l’association : pommiers, cerisiers, quetschiers, mirabelliers, néflier…et un espace de jeux pour les enfants complètent ce tableau. Des ateliers bricolage sont organisés pour les enfants avec la création d’objets décoratifs pour le jardin. Une pompe à bras, complétée par une réserve d’eau permettent l’arrosage du jardin. Une rhizosphère a été aussi aménagée dès la création, elle permet de filtrer l’eau du petit ruisseau qui traverse et agrémente le jardin. Pas de traitement et des amendements naturels garantissent des récoltes saines. Un espace en friches est conservé pour donner gîte et couvert aux auxiliaires. La presse locale et régionale relate régulièrement les événements organisés par l’association : fête annuelle avec remise de prix aux enfants, fêtes au village…

1er prix Éric VINCENDEAU – Jardins des Écoliers de Saint-Jean-le-Blanc (Loiret)

L’extraordinaire « jardin des écoliers » est situé dans un ancien marais ou existait auparavant un professionnel de l’horticulture. Il a été créé en 2003 sous l’impulsion de la municipalité et de bénévoles. Il fait partie de la Société d’Horticulture d’Orléans et du Loiret. Le potager de 608 m² se situe dans un ensemble de 2200 m² incluant un verger, un arboretum et une mare avec plantes aquatiques. L’ensemble est mis à disposition gracieusement par la municipalité. Il est divisé en 13 parcelles de 20 m² et 3 parcelles communes pour les gros légumes. L’activité associative « Jardin des écoliers » s’adresse aux enfants âgés de 8 à 12 ans, qui s’engagent en principe à s’inscrire pour 2 années « civiles ».

De fin mars à fin octobre, les jeunes jardiniers viennent cultiver leur parcelle individuelle le mercredi après-midi et le samedi matin sous les conseils avisés de 10 bénévoles. 14 enfants, 8 filles et 6 garçons, participent cette année 2024, avec pour objectifs : apprendre le travail de la terre ; transmettre le savoir-faire à la pratique du jardinage ; apprendre le cycle des plantes et observer le monde végétal ; favoriser la notion de responsabilité, apprendre à cultiver en respectant la nature (silos à compost, rotations de cultures, engrais verts…). La notion du plaisir de récolter et de consommer est aussi un facteur Important. Le responsable Eric VINCENDEAU est accompagné de bénévoles, hommes et femmes qui sont aux petits soins pour les écoliers et préparent avec minutie leur travail : préparation des parcelles, des semences, des outils, des carnets… ils font un travail remarquable sur le terrain, mais aussi en relations humaines et partage. Les enfants sont reconnaissants envers les adultes qui les encadrent et savent les remercier. Une attention particulière est accordée à la sécurité lors du maniement des outils et un bénévole a été formé aux gestes de premiers secours. Plusieurs anciens petits jardiniers sont devenus des professionnels de l’horticulture, un bel exemple du travail accompli par l’association pendant leur petite enfance. Les légumes, identiques pour chacun, sont cultivés dans les règles de l’art, sans produit phytosanitaire. Ils sont arrosés manuellement grâce à l’eau d’un puits et par des oyas. Les enfants rapportent leurs légumes chez eux et font le bonheur de leur famille. Ils notent sur un petit carnet individuel les travaux qu’ils ont réalisés à chaque intervention. En fin d’année, un diplôme de jardinier leur est remis et une sortie est organisée. Le jury apprécie ce bel exemple de transmission horticole faite par des jardiniers bénévoles passionnés et une œuvre merveilleuse pour l’avenir de ces futures adultes.

CATÉGORIE 5 : POTAGERS PARTAGÉS MIS EN PLACE ET CULTIVÉS AU SEIN D'UNE ENTREPRISE OU PAR UNE ASSOCIATION

2e prix : Yohan JOBET – Jard ‘in Quiers à Quiers-sur-Bezonde (Loiret)

Pour le bien être des habitants et pour renforcer l’attractivité touristique le conseil municipal de Quiers-sur-Bezonde a décidé de créer un espace de détente et de verdure comprenant une roseraie et un amphithéâtre de plein-air. En 2020 il a été décidé d’y associer un potager partagé. Ce jardin a pris le nom de « Jard’ in Quiers ». Ce potager de 220 m² est composé de planches de culture en forme de rayons, idéalement placées au-dessus de la courbe formée par les gradins de l’amphithéâtre de verdure. Elles sont séparées par des allées engazonnées dans lesquelles on pénètre en passant sous une arche métallique couverte de vignes. Les planches sont alternativement plantées de différents légumes, de plantes condimentaires, de petits fruits : cassis, groseille, framboise…

Une bande fleurie ceinture le fond du jardin, composée essentiellement de fleurs à corolle simple pour que tous les insectes puissent facilement butiner. Ce concept de jardin partagé est ouvert en permanence au public. Aucune clôture ni interdiction n’en restreignent l’accès. Une pancarte à l’entrée fait appel au civisme de chacun avec la formule : « Si vous souhaitez bénéficier des récoltes venez nous aider ». Actuellement une dizaine de bénévoles se retrouvent un mercredi sur deux. Sous la conduite du « coach » expérimenté Christian Asselin, pépiniériste retraité, ils vaquent à toutes les tâches que requièrent la création et l’entretien d’un beau potager tout en approfondissant leurs connaissances, notamment sur la relation plantes/climat. Chaque séance est l’occasion de répondre aux questions des visiteurs de passage, jardiniers désirant approfondir leurs connaissances ou personnes désirant rejoindre l’équipe. Elle se termine par le partage des légumes suivi d’un moment de convivialité autour d’une boisson régionale. Les meilleures techniques de jardinage sont conseillées pour avoir des végétaux en bonne santé ; en particulier l’importance d’avoir un sol équilibré, des plantes suffisamment espacées développant un solide enracinement pour exploiter les réserves en eau d’un sol argileux en profondeur. Chaque année le jardin fait l’objet de visites commentées au profit des écoles de Quiers et des communes environnantes ainsi que de groupes d’autres régions intéressées par le concept « Un potager dans un village ». Bravo à la municipalité de Quiers-sur-Bezonde et à tous ses bénévoles pour cette belle initiative de vitrine de potager au profit des habitants, mais aussi à vocation de faire des émules dans d’autres communes.

1e prix : Christelle GROSSE – Graines VOLTZ – Le Potager de Fleurette à Colmar (Haut-Rhin)

Après un exposé en salle sur l’origine, le développement et l’actualité de l’entreprise VOLTZ, Christian Voltz, le Directeur adjoint, a présenté au jury ce jardin, remarquable exemple de partage au sein d’une entreprise, qui favorise la cohésion d’équipe, la bonne entente et la solidarité entre les collaborateurs. Il stimule également l’émergence d’idées pour faire évoluer leur environnement professionnel. Le potager Fleurette est divisé en deux zones séparées par des espaces végétalisés et fleuris. Il a été créé et mis gracieusement à la disposition des 45 personnes qui travaillent au siège et de leur famille et amis. C’est pour eux un lieu de rencontre en dehors du cadre strictement professionnel, accessible tous les jours de la semaine, qui évolue en fonction de leurs idées et de leurs besoins.

Chaque surface cultivée est attribuée à une personne. Ainsi, parcelles, carrés potagers, bacs de culture, restanques et la serre dédiée à la culture hydroponique portent une étiquette avec le prénom de la personne qui y jardine. L’entretien, l’arrosage et les menus travaux des espaces communs sont organisés, des tableaux avec la tâche à effectuer et le nom du responsable sont affichés. Les attributaires échangent leurs pratiques et astuces de jardinage et souvent leurs légumes. L’arrosage se fait grâce à des récupérateurs d’eaux de pluie (560 l) et du pompage dans la nappe phréatique. Des oyas sont installés dans deux parcelles. Chaque espace cultivé est géré individuellement, aussi trouve-on toutes les espèces et variétés d’un potager telles : tomates, aubergines, courgettes, céleris, artichauts, betteraves, épinards, patates douces, chicorée, aromatiques… la liste est longue. Une rangée de fruits rouges : framboises, groseilles, mûres, cassis, myrtilles, raisins et beaucoup de fleurs complètent ce paysage. Les plantes sont traitées au savon noir, exceptionnellement à la bouillie bordelaise, et sont protégées par des associations de fleurs : œillets d’Inde et capucines. Le désherbage se fait à la main et la décomposition des déchets du jardin se fait sur le compost en plein air et dans des composteurs rotatifs. Le compost est utilisé pour fertiliser la terre. Le personnel profite également d’un jardin d’agrément, décoré d’objets en bois et de matériel provenant de la montagne proche :  télésiège, schlitte… Christian Voltz indique : « Notre jardin et en particulier notre potager partagé met en avant la diversification des produits, de beaux décors, des mises en scène naturelles. La créativité et l’imagination de chaque jardinier amateur et passionné peut s’exprimer ». Le jardin est souvent visité par des clients, des voisins, des amis. Il a reçu la visite du maire de Colmar, il a été diplômé à l’issue du Concours de décorations végétales de la ville.