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[Webinaire] Comprendre pour tailler (conseil scientifique et section arbres et arbustes d’ornement)

Le programme

Le conseil scientifique et les sections de la SNHF mettent en commun leurs compétences pour vous présenter, par une série de webinaires, des espèces qui vous sont familières et sur lesquelles, vous voudriez en savoir plus. Ces webinaires, gratuits et accessibles à tous, se dérouleront en ligne.

Deux à trois spécialistes de la thématique partageront leurs connaissances, et resteront à votre écoute lors d’un temps d’échange où vous pourrez poser toutes vos questions. Nous vous attendons nombreux.

Le sixième webinaire de la série est organisé avec la section arbres et arbustes d’ornement!

Lundi 05 décembre de 14h 30 à 17h 

Conférencier.e.s

Noëlle Dorion

Noëlle Dorion est ingénieur horticole et docteur en physiologie végétale. Elle a fait toute sa carrière professionnelle dans l’enseignement supérieur agricole d’abord comme enseignant chercheur en physiologie végétale appliquée aux plantes de l’horticulture à l’École Nationale Supérieure d’Horticulture (ENSH) de Versailles, puis comme professeur d’horticulture ornementale à Angers, d’abord à l’Institut National d’Horticulture (INH) puis à Agrocampus Ouest.

Elle a par ailleurs été présidente de la section « plantes ornementales, à parfum, aromatiques et médicinales » du CTPS (comité technique permanent de la sélection) et présidente de l’association Terre des Sciences.

Aujourd’hui retraitée, Noëlle Dorion est membre de la Société Nationale d’Horticulture (SNHF), membre de son conseil scientifique et membre de l’Académie d’agriculture de France.

Conférence : Quelles caractéristiques pour les ligneux d’ornement ?

Les végétaux ligneux d’ornement (VLO) ont pour première caractéristiques d’être des végétaux. En effet, les VLO sont des plantes comme les autres. Ils sont fixés et leur croissance harmonieuse, comme leur résistance à divers stress résulte de leur sensibilité aux facteurs de l’environnement et de l’intégration de ceux-ci dans la plante via les hormones notamment. Les VLO ont comme deuxième caractéristique d’être ligneux. Cette caractéristique associée à la capacité des bourgeons à être « dormants » pendant la mauvaise saison assure leur survie et prépare la croissance de l’année suivante. Cette pérennité de l’appareil végétatif est complétée par la possibilité de refleurir annuellement pour peu que la période de juvénilité qui est aussi une caractéristique des végétaux ligneux soit passée. Les VLO ont comme troisième caractéristique d’être ornementaux soit par leur système de ramification soit par leur floraison. Les signaux hormonaux qui commandent ces deux aspects sont les mêmes que ceux évoqués plus haut mais le résultat dépend aussi des caractéristiques génétiques des plantes. C’est pourquoi même s’il y a quelques grandes règles de ramification permettant de classer les VLO en arbres, arbustes et buissons, il existe une immense diversité tout à la fois avantage et difficulté pour le jardinier (exposés suivant).

Mary Fruneau 

 Mary Fruneau, passionnée de nature, est adhérente de plusieurs associations horticoles. Les échanges avec jardiniers et pépiniéristes, les visites de jardins et de fêtes des plantes depuis plus d’une vingtaine d’années lui ont permis de devenir, peu à peu, une « jardinière amateure éclairée ».

Après une carrière de professeure de Sciences Physiques en lycée, elle a pu donner libre cours à sa passion pour les arbres et arbustes dans son jardin, créé et entretenu à quatre mains : « Le jardin de Mary & Joël » https://sites.google.com/site/lejardindemaryjoeel/home?authuser=0

Présidente de la commission voyages de la SNHF depuis 2018, Mary est devenue administratrice, en 2021 et présidente de la section Arbres et d’Arbustes d’Ornement (AAO).

Conférence : Pistes pour le jardinier amateur

Pour diverses raisons, le jardinier amateur peut être amené à tailler les arbres et arbustes de son jardin. Il est alors souvent perplexe et se pose bien des questions : où et comment intervenir.

Quelques de repères concernant la floraison et la façon dont se développe l’arbuste permettent d’avoir les premiers éléments de réponse.

Après un rappel des notions de basitonie, mésotonie, acrotonie, le diaporama présentera divers arbustes correspondant aux modes de croissance définis, avec une indication sommaire de leur entretien.

Jac Boutaud

Jac Boutaud a été Gestionnaire du patrimoine arboré et forestier de la Ville de Tours (37) de 2008 à 2022[, date à laquelle il a pris sa retraite de la fonction publique territoriale]. Auparavant. Il a été Responsable du service technique pour les végétaux ligneux à Végétude (77) de 1991 à 2008. En parallèle, il est Formateur intermittent en arboriculture et arbusticulture d’ornement depuis 1992.

Concepteur et gestionnaire de l’Arboretum de la Petite Loiterie à Monthodon (37) depuis 1990 (https://www.lapetiteloiterie.fr/), il est l’auteur de l’ouvrage « La taille de formation des arbres d’ornement », édité la Société Française d’Arboriculture (http://www.sfa-asso.fr/) en 2005. Par ailleurs, il est membre fondateur et ancien président de l’association Les Arbusticulteurs (http://www.arbusticulteurs.fr/).

Conférence : Tailler les arbres et les arbustes : oui, lorsque c’est nécessaire, mais jamais sans « raison »

« La taille des végétaux ligneux d’ornement, qu’il s’agisse d’arbres ou d’arbustes, doit être décidée au terme d’une analyse non seulement de leurs modalités de développement, mais aussi de leur environnement, des contraintes qu’ils subissent et des objectifs qui sont poursuivis.

De même, le choix de la période de taille ne doit pas prendre en compte uniquement les modalités de floraison, il doit aussi favoriser une répartition équilibrée du travail au jardin au cours de l’année et, par ailleurs, respecter la nidification des oiseaux, en particulier dans la strate arbustive.

Cette démarche d’analyse préalable à la taille relève de la gestion raisonnée et non de l’entretien routinier. Elle permet d’éviter d’intervenir inutilement ou de façon inappropriée et elle replace le jardinier dans une position active et créatrice. »

Animateurs

Yvette Dattée présidente du conseil scientifique de la SNHF

Yvette Dattée

Docteur d’Etat, Yvette Dattée a été enseignant/chercheur à l’Ecole Normale Supérieure puis à l’Université pendant les 20 premières années de sa carrière. Elle est ensuite entrée à l’INRAe où elle a dirigé le GEVES (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences). Elle a présidé EUCARPIA l’association européenne d’amélioration des plantes de 1989 à 1992.
Aujourd’hui retraitée, elle est membre de l’Académie d’Agriculture de France et Présidente du conseil scientifique de la SNHF.

Les camélias, des fleurs durant 8 mois !

Pour le commun des mortels, les camélias sont en fleurs du milieu de l’hiver au milieu du printemps.

C’est effectivement la période essentielle, le « gros du peloton » (80 à 90% des variétés horticoles) fleurit de février à mi-avril : mais si on aime, que la passion l’emporte, que l’on souhaite prolonger cette période, c’est tout à fait envisageable avec les camélias précoces qui démarrent dès le mois d’octobre et pourquoi pas aller jusqu’à la fin mai avec les plus tardifs.

Précisons au préalable que l’on retient ici, les périodes de floraison dans les régions aux hivers et printemps doux (Bretagne, côte atlantique, Manche), où le climat convient le mieux aux camélias et correspond à ses régions d’origine. Dans les zones plus septentrionales à l’hiver plus marqué, les fleurs sont naturellement moins présentes de décembre à février, ce qui provoque une explosion de la floraison sur mars et avril.

D’une année à l’autre, dans la même région, il y a également des variations liées aux facteurs climatiques changeants : été plus ou moins sec (période où se forment les boutons), automne et hiver plus froids que la normale…

Pour être complet dans l’approche, il faut aussi souligner que l’emplacement du jardin et la place des camélias dans le jardin ont aussi leur influence sur la période et la durée de la floraison (l’exposition au nord et à l’ombre retardant la période d’épanouissement).

Pour rester sur une image « Tour de France », nous allons donc évoquer les cultivars qui font la course en tête, ceux qui fleurissent dès l’automne et finir par la queue du peloton, ceux qui permettent de profiter d’une floraison tardive, jusqu’à fin mai suivant les années.

A l’automne, les fleurs sont quand même plutôt rares au jardin, raison de plus pour apprécier Camellia sasanqua au port buissonnant, aux petites feuilles et petites fleurs très faciles à associer dans les massifs ou haies fleuries, y compris au soleil car cette espèce le supporte bien et même y fleurit plus abondamment.

camélias ‘Pink Goddess’ © Pépinières Stervinou
‘Pink Goddess’ © Pépinières Stervinou

Ces variétés de C. sasanqua fleurissent pour la plupart d’octobre à décembre : le choix est vaste, citons-en quelques-uns parmi les meilleurs :

En rose : ‘Plantation Pink’, vigoureux et dense idéal en haie. ‘Showa no Sakae’, bien parfumé, au port retombant adapté aux pentes ou aux poteries. ‘Pink Goddess’, grandes fleurs simples parfumées sur une plante dressée au port régulier.

En blanc : ‘Early Pearly’, fleur parfaite et ‘Survivor’, petites fleurs lumineuses sur un feuillage vert sombre.

camélias ‘Yume’ © Pépinières Stervinou
‘Yume’ © Pépinières Stervinou

En rouge : ‘Hiryu’ (kanjiro) est une valeur sûre, excellent en haie libre ou formée. ‘Yuletide’ aux petites fleurs simples rouge vif est aussi remarquable pour sa floraison de Noël (novembre-janvier).

A la même période, ‘Yume’ (x de sasanqua) aux fleurs bicolores rose et blanc est un cultivar de petite taille, charmant en pot.

Dès la Toussaint en Bretagne et courant novembre, apparaissent les tout premiers camélias «classiques» à grandes fleurs : trois variétés anciennes, connues des amateurs peuvent garnir les bouquets, les tables de fin d’année : ‘Nobilissima’, un blanc de référence datant du 19e siècle ; ‘Gloire de Nantes’, rose semi-double très florifère à croissance lente et un peu plus tard (décembre) ‘Madame Lourmand’, autre variété nantaise, fleurs simples blanc pur.

A ces anciens, il faut absolument ajouter, parmi les précoces, certains hybrides plus récents, de grande valeur : ‘Freedom Bell’, rouge vif en clochettes ; ‘St Ewe’, très vigoureux aux fleurs simples rose vif ; ‘Inspiration’, fleur plus grande que ‘St Ewe’.

Certains C. japonica pointent aussi le bout de leur corolles dès la fin décembre : ‘Takanini’, rouge foncé, très florifère ; ‘Ave Maria’, floraison classique rose tendre ; ‘Sanpei Tsubaki’ et d’autres…

camélias ‘Madame Lourmand’ © Pépinières Stervinou
‘Madame Lourmand’ © Pépinières Stervinou

Ne pas oublier l’espèce C. transnokoensis, aux fleurs blanches miniatures parfumées.

Nous l’avons dit, février à début mars voit éclore l’essentiel des cultivars de C. japonica et ses hybrides (impossible de les citer, tellement ils sont nombreux !) ainsi que les hybrides de C. reticulata, à très grandes fleurs (et qui aiment le soleil !). Les camélias champêtres, espèces ou hybrides à petites fleurs et petites feuilles, sont aussi au mieux de leur floraison en cette fin d’hiver.

A la fin de la débauche des fleurs apportée par les mois de mars et avril, il serait dommage d’oublier les retardataires qui accompagnent la floraison les azalées, rhododendrons et autres arbustes printaniers.

Voici une petite sélection de ces camélias tardifs, qui suivant les années et la précocité du printemps, peuvent encore être en fleurs à la fin du mois de mai :

Dans les coloris rose, citons : ‘Spring Formal’, rose vif classique ; ‘Nuccio’s Caméo’ à grandes fleurs ; ‘Kerguelen’, au feuillage argenté ; les hybrides ‘Olé’ et ‘Mimosa Jury’ ; ‘Spring Festival’, un hybride à petites fleurs de grand intérêt.

camélias ‘Kerguelen’ © Pépinières Stervinou
‘Kerguelen’ © Pépinières Stervinou

Dans les rouges : ‘Black Lace’, ‘Holly Bright’ au feuillage de houx, ‘Blood of China’ ou ‘Margherita Coleoni’, très vigoureux et bien sûr le célèbre ‘Coquettii’.

Parmi les derniers C. japonica blancs à fleurir, on ne peut qu’admirer ‘Janet Waterhouse’, ‘Nuccio’s Gem’ ou ‘Dahlonega’, légèrement teinté de jaune primevère.

Nous sommes début septembre, il ne reste plus qu’un mois à attendre avant de voir apparaître les premières fleurs de la prochaine boucle !

Martine Soucail et Alain Stervinou pour la section AAO

camélias ‘Holly Bright’ © Pépinières Stervinou
‘Holly Bright’ © Pépinières Stervinou

La taille « douce » des arbustes

Consciente de la multiplicité des interactions de nombreux facteurs pour chaque plante, j’ai cherché à simplifier les données. Mon but a été d’aider les jardiniers amateurs en dégageant les règles essentielles de taille.

Dans cet esprit de simplification, j’ai fait le choix de ne pas aborder les différents rôles des bourgeons apicaux ou axillaires, végétatifs ou floraux.

Pourquoi tailler ?

Le jardinier doit garder à l’esprit 2 buts essentiels de la taille :

  • stimuler la vigueur végétative de l’arbuste pour maintenir le volume et en dégager le port général,
  • favoriser la floraison.

Attention, certaines plantes fleuriront d’autant plus qu’elles ne sont pas taillées (cornouiller mâle, la plupart des viornes, cognassier du Japon, céanothes persistants…)

La taille doit donc tenir compte de 3 facteurs qui déterminent :

« Quand tailler » : l’époque et le site de fleurissement

« Comment tailler » : le mode de renouvellement des rameaux

Hibiscus syriacus

la taille douce des arbres

Automne année 1

la taille douce des arbres

Automne année 2

la taille douce des arbres

Taille hivernale

Quand tailler ?

Il y a, en règle générale, 2 périodes fortement déconseillées pour la taille :

  • juste avant la chute des feuilles. En effet il faut laisser aux substances nutritives accumulées dans les feuilles le temps de migrer vers l’intérieur pour une bonne mise en réserve,
  • juste au débourrement. Car ce sont les jeunes feuilles qui vont permettre à la plante de repartir. (sauf si on veut, a contrario, retarder le développement de la plante.)

Les périodes conseillées vont dépendre de :

L’époque de floraison :

  • hivernale : tailler après la floraison, en fin d’hiver.
  • printanière : tailler de référence après la floraison pour les arbustes acrotones. Les arbustes basitones peuvent être taillés en éclaircie sur souche en hiver, sans raccourcir les rameaux conservés.
  • estivale : prévoir une taille hivernale.

L’époque de l’induction florale qui détermine le site de fleurissement :

  • de longs mois avant l’épanouissement des fleurs pour les plantes fleurissant sur les bois d’1 an ou plus,
  • quelques semaines avant l’épanouissement des fleurs pour les plantes fleurissant en été sur le bois de l’année.

Site de fleurissement :

  • plantes fleurissant sur les bois d’1 an ou plus : tailler après la floraison.
    Exemples : Abelia, céanothe à feuillage persistant, ciste, Deutzia, Escallonia, Forsythia, Hydrangea macrophylla, serrata, quercifolia, Kerria, Neillia, Philadelphus, Physocarpus, spirées de printemps, Syringa, Weigelia, Wisteria.
  • plantes fleurissant sur les bois de l’année : tailler en fin d’hiver. Exemples : Campsis, Caryopteris, céanothe à feuilles caduques, Ceratostigma willmottianum, Diervilla, Fuchsia magellanica, Hibiscus, Hydrangea ‘Annabelle’, Indigofera, Lagerstroemia, lavatère, Lespedeza, Leycesteria, Perovskia, Phygelius capensis, rosiers remontants, spirées d’été, Vitex.

Comment tailler ?

Avant tout, il faut comprendre la classification des arbustes suivant leur mode de renouvellement des rameaux : basitone, mésotone ou acrotone.

Arbustes basitones

Basitonie : faculté de la plante à développer chaque année à partir de la souche ou à partir de la base des rameaux, des ramifications (peut disparaitre en l’absence de taille).

Les arbustes basitones sont régénérés à la base en supprimant de vieux bois.

Exemples : Abelia, Caryopteris, Cornus alba, petits Deutzia, Fuchsia magellanica, Kerria japonica, Perovskia, petits Philadelphus, Potentilla, Rubus idaeus (framboisier), Salvia grahamii, Spiraea, Weigelia.

Arbustes mésotones

Mésotonie : faculté de la plante à développer vers le milieu des rameaux préexistants des pousses vigoureuses (avec une perte de vigueur des rameaux de plus d’1 an).

Les arbustes mésotones accroissent leur volume soit à partir de rameaux verticaux (par exemple le Sambucus), soit à partir de rameaux inclinés (par exemple le Kolkwitzia).

Pour ces arbustes la taille n’est pas une nécessité mais permet une limitation du volume et une régénération partielle des rameaux.

Exemples : grands Berberis, Buddleja alternifolia, Cotoneaster, Deutzia, Kolkwitzia, grands Philadelphus, Sambucus.

Arbustes acrotones

Acrotonie : faculté de la plante à développer plus fortement les bourgeons situés à l’extrémité des rameaux de l’année précédente que ceux situés à leur base ou sur la souche.

Les arbustes acrotones forment des rameaux vigoureux à longue durée de vie. La taille permet une mise en valeur de la structure. L’acrotonie peut être stricte, c’est-à-dire que la souche n’émet aucun rejet et que l’arbuste ne se développe que par le prolongement des rameaux préexistants.

Exemples : Buxus, Callistemon, c éanothes persistants, Cercis, Elaeagnus persistants, Euonymus persistants, Ilex, Ligustrum, Malus, Osmanthus, Photinia, Pieris, Prunus, Pyracantha, Viburnum tinus.

L’acrotonie peut être forte avec une basitonie plus ou moins importante. Le renouvellement des rameaux se fait simultanément sur la souche et à partir des rameaux préexistants.

Exemples : Amélanchier, Chaenomeles japonica, Corylus avellana, Syringa, nombreux Viburnum.

Attention : il est rare qu’une plante n’ait qu’un mode de renouvellement des rameaux. Elle présente simplement une tendance plus ou moins forte vers un de ces trois modes.

Les méthodes conseillées

Il y a différents types de taille en fonction du mode de renouvellement des rameaux :

Recépage annuel (rabattage total sur souche) : juste en fin d’hiver

Arbustes concernés : ceux dont le bois meurt pendant l’hiver sous nos climats, fleurissent sur le bois de l’année et ont une basitonie variable.

Exemples : Artemisia, Ceratostigma willmottianum, Elsholtzia stauntonii, Fuchsia magellanica, Indigofera, lavatère, Lespedeza, Leycesteria, Perovskia, Phygelius capensis, Salvia grahamii.

NB : Il est possible de laisser une charpente à Ceratostigma, Indigofera, Lespedeza, Salvia.

Taille sur charpente qui confère une stature plus élevée et un port plus rigide : en fin d’hiver.

a

a + 1

a + 2

Arbustes concernés : ceux capables de former une charpente ou dont les bois d’un an ne gèlent pas, fleurissent sur le bois de l’année et ont une forte acrotonie.

Exemples : Campsis, Caryopteris, céanothes caduques, Hibiscus, Hydrangea arborescens, paniculata, rosiers remontants.

Sélection des bois d’un an sur souche ou suppression sur la souche d’un tiers des rameaux par an (pour aérer la souche et favoriser le départ de nouvelles pousses) : en fin d’hiver.

Arbustes concernés : végétaux de développement assez faible et à basitonie forte.

Exemples : Cornus alba, Hydrangea ‘Annabelle’, Kerria, potentilles, spirées d’été.

Réduction du volume à la cisaille.

Arbustes concernés : Ceux strictement acrotones, n’ayant aucune basitonie ni aucune aptitude à repercer sur bois âgé dépourvu de feuilles. Les jeunes bois doivent être taillés régulièrement à la cisaille pour les régénérer.

Exemples : Buxus, Cistus, Cytisus, Erica et Calluna, Genista, Lavandula, Rosmarinus, Salvia officinale, Santolina, Teucrium, Thymus.

Eclaircissage de branches et mise en valeur de la structure.

Arbustes concernés : ceux à forte acrotonie avec ou sans mésotonie.

Basitonie, mésotonie, acrotonie peuvent être des termes rébarbatifs. Mais en regardant nos plantes, on en comprend bien le sens. Par exemple, la spirée d’été a une souche qui s’élargit, on la dit basitone. Le buis n’a qu’un seul pied, dont les rameaux grandissent. Il n’émet aucun rejet de façon naturelle. On le dit acrotone.

Tailler n’est plus alors une tache obligatoire et parfois fastidieuse. En plus des 2 buts cités en introduction, elle offre le plaisir de comprendre la plante et de l’aider à « s’épanouir » pour embellir notre jardin.

Texte de Nicole Sallé, membre de la section AAO
Schémas de Pascal Prieur

Bibliographie

PRIEUR Pascal, La taille raisonnée des arbustes d’ornement, Editions Ulmer, 2006, 256 p.

Février : c’est le moment d’élaguer !

Tous les mois, retrouvez les conseils de la section arbres et arbustes d’ornement pour bien entretenir vos plants, découvrir ou redécouvrir des variétés originales…

La nature est endormie et dans certaines régions, sous la neige. Mais la section AAO (Arbres et arbustes d’ornement) veille !

C’est le moment d’élaguer vos arbres d’ornement pour leur donner ou leur conserver une structure.

Après le nettoyage des branches mortes ou dangereuses, il faut supprimer les branches malingres et celles qui reviennent vers le centre de l’arbre.

Ensuite, vous pouvez continuer en effectuant une taille de transparence. Comme son nom l’indique, cette taille n’arrête pas le regard et permet de profiter de la vue et des plantations effectuées plus loin, tout en donnant plus de lumière et donc plus de place pour des plantations sous leurs ombrages.

élaguer vos arbres et arbustes d’ornement
La première opération est assez facile à réaliser. La seconde demande du temps car chaque geste effectué doit l’être avec une notion esthétique.

Cela demande un peu plus de réflexion mais le résultat en vaut la peine et il est aussi valorisant pour l’arbre que pour celui qui a réalisé ce toilettage !

Et si votre jardin vous laisse encore un peu de temps, admirez ces beaux résineux rencontrés et identifiés à l’Arboretum de Chèvreloup lors de notre sortie le 31 janvier avec Georges Callen.

Cedrus atlantica avec ses cônes entiers au premier plan et au second plan, les « chandelles » qui subsistent lorsque les cônes ont perdu leurs écailles.

Deux beaux juniperus chinensis Aurea.

Janvier : les conseils de la section AAO

Tous les mois, retrouvez les conseils de la section arbres et arbustes d’ornement-camélia pour bien entretenir ses plants, découvrir ou redécouvrir des variétés originales…

Janvier : les conseils de la section AAO

Arroser les camélias

Pour les camélias particulièrement mais pour les arbustes persistants en général  !

Mettre un paillage avant le froid d’environ 15 cm pas plus, sans enterrer le collet et à 5 cm autour du tronc.

En période de grand froid et si la terre est sèche et non gelée, il faut penser à arroser.

Écarter le paillis et arroser à l’eau tiède et non calcaire, sur les 50 cm du paillis autour de l’arbre.

Remettre le paillis sans couvrir le collet et recommencer l’opération si nécessaire (quantité d’un arrosoir).

Attention, le camélia n’aime pas la neige. Il faut le protéger ou secouer l’arbuste pour faire tomber la neige.

Les camélias en fleurs

Après les Camellia sasanqua, les Camellia japonica prennent le relais. Le Camellia x williamsii ‘Ste Ewe’, rose vif, simple est magnifique en ce mois de janvier.
Certains Camellia sasanqua sont toujours en fleurs.

Des arbustes à découvrir

Le Chimonanthus praecox

Merveilleuse douceur d’hiver, le Chimonanthus praecox est un arbuste caduc originaire de Chine qui porte sur ses rameaux dénudés des fleurs en coupe de 2 à 3 cm de diamètre, jaune ivoire, cireux à cœur marron pourpré et très parfumées en janvier-Février.

Janvier : les conseils de la section AAO
KENPEI, CC BY-SA 2.1 jp, via Wikimedia Commons

De croissance lente, il peut atteindre 3 mètres  de haut sur 2 mètres de large dans un sol même calcaire mais bien drainé et une exposition abritée du vent.
N’hésitez pas à le planter. Il est sans problème.         

Le Correa backouseana

Un arbuste persistant peu connu : le Correa backouseana est un arbuste à petites feuilles rondes,  qui se couvre de clochettes jaune pâle pendant tout l’hiver.

D’une rusticité moyenne, (-6 -7), résistant aux embruns, il se plaira  dans les régions océaniques mais aussi dans des endroits protégés.

Retour sur les inondations de printemps [section AAO]

L’eau du ciel, cette bien aimée !

Elle nous est indispensable à tous et pour ma part, je l’aime autant que le soleil. Mais parfois il y en a trop, ce fut le cas ce printemps, fin mai début juin, en Essonne, dans la communauté de communes du Val d’Essonne , dans le secteur de Mennecy, Ballancourt, Auvernaux.

retour sur les inondations du printemps 2016

Les terrains agricoles de toute la plaine environnante étant saturés d’eau ainsi que les fossés de drainages et les mares existantes qui la recueillent, l’eau a comblé tous les points bas et a mis plus d’un mois à disparaître, laissant quelques dégâts au passage…

Le bilan après l’évacuation de l’eau

Les plantations existantes dans les cuvettes ont été noyées , et lors du bilan après l’évacuation de l’eau, la résistance des végétaux fut intéressante à constater.

Certaines plantes ont été très sensibles à l’asphyxie des racines : Choisya ternata, Viburnum tinus, Cotoneaster franchettii, d’autres moins sensibles et de nombreuses ont très bien résisté ou ont fait de nouvelles pousses deux mois plus tard.

Toute la partie potager avec oignons, tomates, haricots vert, pommes de terre courges et courgettes n’a bien sûr pas survécu.

Les plantes qui n’ont pas résisté Les plantes qui repartent au bout de deux mois Les plantes ayant bien résisté mais à suivre
Prunus lusitanica Forsythia Cassis
Ligustrum japonicum Rosier ‘Pierre de Ronsard’ Liquidambar
Corylus contorta   Quercus ilex
Cotoneaster franchetti Ficus carica
Viburnum tinus Deutzia gracilis
Prunus ‘Reine Claude’ Juglans
Prunus cerasus Euonymus japonicus
Prunus domestica Rosier ‘Ghislaine de Féligonde’
Photinia Betula
Philadelphus  
GROSEILLER
FRAMBOISIER
Lonicera fragrantissima
Choisya ternata
LIERRE (en tapis sous les arbustes)

Des travaux d’ampleur importante : nettoyage des fossés, vidage des mares pour désenvasement et nettoyage, agrandissement ou création de nouvelles mares ont été réalisé ou sont en cours d’étude pour remédier à ce problème.

nettoyage des fossés, vidage des mares pour désenvasement et nettoyage, agrandissement ou création de nouvelles mares

 

En Île-de-France et en province, des dégâts matériels importants ont été constatés lors de ces  inondations du printemps 2016  et les grosses pluies, les tornades ou les ouragans font des ravages partout dans le monde, en ce moment à Haiti… avec des dégâts énormes qui donnent froid dans le dos quand on voit l’ampleur des dégâts et le nombre de victimes.

Il faut compter avec Dame Nature  qui nous offre aussi des moments paisibles…

Claudine de la section AAO

[section AAO] Les arbustes font de la résistance !

Malgré les journées ensoleillées, les matinées et les nuits d’octobre sont fraîches. L’automne est là et petit à petit, le jardin tombe dans une douce léthargie sans sombrer pour autant dans une « langueur monotone ».

En observant bien son jardin, on constate que courageusement quelques plantes fleurissent encore ou bien attirent l’attention par leur fructification.

Petit inventaire de ces arbustes qui font de la résistance

 

Dans la famille Abelia : Abelia grandiflora n’en finit pas de fleurir pour accompagner son cousin Abelia chinensis, actuellement en pleine floraison. Ce dernier joue la vedette en diffusant son délicieux parfum aux alentours.

Arbustes
Abelia Grandiflora CC-BY-2.0 Juni de Kyoto, Japan

L’Heptacodium miconioides  avec sa floraison blanche et légèrement parfumée a pris un peu de retard et certains sont en fleurs actuellement. Nous avons décrit cet arbuste peu connu dans notre bulletin 2015.

Heptacodium miconioides
Heptacodium miconioides

Le Camellia sasanqua, peu répandu dans les jardins, est pourtant un bel arbuste qui fleurit à l’automne, solide et très florifère, parfumé,  dont la floraison précède celles des camélias japonica de plusieurs mois et, qui plus est, accepte le plein soleil. A découvrir absolument.

CC-BY-2.0 junichiro aoyama
Camellia sasanqua CC-BY-2.0 junichiro aoyama

Deux fructifications originales

Celle du Leycesteria formosa appelé arbre aux faisans.

Et celle du petit arbre injustement méconnu le Clerodendron trichotomum décrit dans notre bulletin AAO sorti en septembre 2016  dont les fructifications sont spectaculaires.

Éliane de Bourmont, présidente de la section AAO

Leycesteria formosa CC-BY-2.0 H. Zell
Leycesteria formosa CC-BY-2.0 H. Zell
Clerodendrum trichotonum
Clerodendrum trichotonum

[Section AAO] Visite du fruticetum de l’école du Breuil

Le 18 mai dernier, la section arbres et arbustes d’ornement se rendait à l’école du Breuil pour une visite du fruticetum.

Ce domaine – ouvert au public – comprend un arboretum qui compte plus de 1200 arbres d’une part et d’autre part la partie jardins de 13 ha où sont implantés les bâtiments de l’école.

Les jardins comprennent des carrés de vivaces, un jardin de rocailles, un plan d’eau aménagé, une roseraie, des vergers, un jardin de plantes dites commerciales (les annuelles) et enfin le fruticetum, jardin botanique spécialisé dans la présentation d’arbustes.

fruticetum de l’école du Breuil

Un fruticetum est un jardin botanique spécialisé dans la présentation d’arbustes.

La visite

Nous sommes accueillis par Gérard Barbot, directeur des études. Lors de notre cheminement jusqu’au fruticetum, il nous présente les lieux, leur histoire et leur fin pédagogique, leur rôle dans le cadre de la formation des futurs jardiniers paysagistes.

fruticetum de l’école du Breuil

A titre d’exemple, dès l’entrée se trouvent des carrés de plantes vivaces entourés de petites haies différentes : aubépine, laurier-tin, weigélia et en particulier Syringa x laciniata ou lilas persil formant une haie au feuillage très découpé et léger, d’un beau vert franc en cette saison.

fruticetum de l’école du Breuil

Nous longeons une plate-bande de vivaces et nous remarquons qu’elles sont toutes soigneusement étiquetées comme le sont d’ailleurs tous les végétaux du jardin. En effet, les étudiants doivent apprendre entre autres choses le nom de toutes ces plantes et c’est d’une grande utilité pour la visite.

De l’autre côté se trouve un jardin de rocaille sous les arbres, joliment planté de petits œillets, d’ancolies, d’heuchères…

 

Le zéro pesticide à l'école du Breuil

Les bâtiments de l’école se trouvent au fond de la roseraie. On en profite pour nous expliquer les difficultés rencontrées lors du passage au « zéro phyto, zéro engrais et le moins d’entretien possible » pour tout le jardin, mais en particulier pour la roseraie et le verger. nous avons également parlé de l’intérêt du mélange des plantes pour limiter l’expansion de maladies, notamment. Ainsi on conçoit maintenant une roseraie avec des roses et des vivaces.

fruticetum de l’école du Breuil

L'école du Breuil

L’école du Breuil assure la formation à différents niveaux (Bac pro, BTSA, licence professionnelle) aux métiers de l’aménagement paysager : jardinier, chef de chantier, chef d’entreprise de paysage.

http://www.ecoledubreuil.fr/

Retrouvez la suite de cet article de Monique Gervais et bien d’autres dans le prochain bulletin AAO à paraître à l’automne.

Multipliez les camellias

Retrouvez tous les conseils de la section pour multiplier les camellias.

Le greffage

La meilleure saison pour greffer vos camellias se situe de février à avril, avant le départ de la végétation.
Les porte-greffes ont vécu 3 à 5 ans dans leurs pots. Ils mesurent environ 5 à 10 millimètres de diamètre.

Après l’avoir étêté, fendez votre porte greffe selon la diagonale, sur 2 cm de longueur. Le greffon est une brindille de l’année précédente. Gardez trois feuilles et raccourcissez-les afin de diminuer l’évaporation. Taillez votre  greffon en biseau.

Insérez le greffon. Les cambiums du greffon et du porte-greffe doivent être en contact. Ligaturez (raphia par exemple) et recouvrez d’une bouteille en plastique qui maintiendra l’atmosphère humide.

Placez dans un endroit abrité et ombragé. N’arrosez pas avant le démarrage du greffon. Puis, arrosez avec parcimonie. Aérez légèrement en enlevant le bouchon de la bouteille Quand les premiers bourgeons apparaissent, habituez la plante à l’air ambiant en enlevant progressivement le bouchon de la bouteille puis toute la bouteille. Déplacez progressivement la plante vers un espace plus lumineux.

Le marcottage

Vous devrez enterrer une branche basse de l’arbuste ou la recouvrir d’une butte de terre après l’avoir ancrée au sol.

Auparavant vous aurez prélevé sur cette branche, à l’endroit que vous désirez enterrer, un anneau d’écorce  de 2 centimètres de longueur.

Vous devrez saupoudrer ou badigeonner cet anneau d’hormone de bouturage. N’oubliez pas de supprimer une partie du feuillage.

Le marcottage aérien

Choisissez l’extrémité d’une branche vigoureuse. Découpez et supprimez un anneau d’écorce de 2cm de longueur.

Saupoudrez ou badigeonnez  d’hormone de bouturage. Entourez la blessure de mousse des bois.

Empaquetez avec du papier d’aluminium et fermez aux deux extrémités de votre manchon. Les racines apparaitront au mois de juin.  Vous planterez votre camellia après l’avoir sevré du pied mère en septembre / octobre.

Françoise Brivet
section Camellia

L’histoire du Camellia

Qui ne connait au moins le célèbre titre d’Alexandre Dumas fils : “la Dame aux Camelias”, paru en 1848 et préfacé par Jules Janin ?

L’histoire est celle de Marie Duplessis, grande courtisane du temps de Louis-Philippe et qui fut célèbre, dit-on pour cette fleur dont elle ornait volontiers son corsage. Marie Duplessis est-elle d’ailleurs la Femme-Camellia, du beau livre de Grandville “Les Fleurs animées”, paru sous l’Empire ?

Dumas est à l’origine d’une confusion orthographique regrettable, car le nom de la plante s’écrit en toute orthodoxie Camellia, avec deux « L » !
Charles Linné¹ dédia en effet cette plante au père Georges Joseph Kamel ou Camellus, qui était alors réputé avoir voyagé en Chine et au Japon et avoir introduit le premier Camellia en Europe… On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien et que Kamel, qui fut par ailleurs un remarquable naturaliste, ne quitta jamais les Philippines et ne put donc rencontrer le Camellia ! L’histoire botanique est d’ailleurs coutumière de ce genre de confusion, car Magnol n’a probablement jamais vu de Magnolia, ni Bégon de Bégonia !

Si l’on en croit la légende, Marie Duplessis, atteinte comme on le sait de phtisie, aurait préféré cette fleur belle et inodore, à tout autre pour ne pas être incommodée par un parfum. Une facture de son fleuriste Ragonot, parvenue jusqu’à nous² authentifie ce goût pour le Camellia. Elle portait ”vingt cinq jours du mois un Camellia blanc et les cinq autres jours, un Camellia rouge”… élégante et coûteuse enseigne pour une femme de son état !

A cette époque, le Camellia passe pour plaire aux “flambards”³ et symbolise bien le train de vie qu’elle imposait à ses admirateurs, avant que de les ruiner. Très demandées, les boutonnières de Camellias nécessitaient d’ailleurs de maîtriser la culture de forts sujets, sous abris froids ou chauds, afin d’en échelonner la floraison depuis le mois d’octobre jusqu’à mai. Les fleuristes savent bien que, grâce aux chemins de fer, les fleurs de Camellia, cueillies le matin à Nantes, étaient immédiatement façonnées en boutonnières et acheminées le soir même à Paris pour la sortie des théâtres.

Mais sait-on la singulière histoire de cette fleur indispensable aux salons romantiques ?

Il faut chercher l’arrivée du Camellia en Europe à travers celle du Thé, le Camellia sinensis, dont la végétation lui ressemble beaucoup et que les botanistes considèrent d’ailleurs aujourd’hui comme une espèce voisine. Erreur d’importation ? Tromperie délibérée des Chinois voulant protéger leur patrimoine économique ?
Les premiers Camellias sont arrivés par hasard à Londres, à la grande déception des anglais voulant installer des cultures de Thé dans leurs colonies. Cette erreur fit néanmoins le plus grand bonheur des jardiniers qui commençaient à diversifier activement leurs collections ornementales.

Le XIXème siècle verra arriver diverses variétés d’origines chinoise ou japonaise, notamment, grâce à un grand “corsaire” botanique anglais : Robert Fortune. Le XXème siècle sera à son tour redevable à Forrest de nouvelles espèces.

Grands arbustes ou petits arbres persistants, dont on a longtemps cru qu’ils exigeaient la serre et la terre de bruyère, les Camellias peuvent dépasser dix mètres à l’air libre, pourvu que l’acidité du sol et la douceur du climat leur soient favorables, comme c’est notamment le cas sur la façade atlantique française(4).

Parmi les grandes espèces de Camellias aujourd’hui cultivées par les jardiniers, citons essentiellement :

  • le Thé de Chine (Camellia sinensis) ;
  • la Rose du Japon (Camellia Japonica), qui est le Camellia classique, longuement sélectionné en Extrême-Orient, en particulier par certains Samouraï dont il était l’emblème et dont les formes parfaites à fleurs simples “Higo” sont l’exemple le plus accompli ;
  • le Camellia sasanqua, dont les petites fleurs sont délicatement parfumées et très précoces ;
  • le Camellia saluenensis, originaire de Formose et très tôt hybridé avec le Camellia du Japon ;
  • le Camellia reticulata, dont les grandes et belles fleurs rachètent la fragilité. Cette espèce, introduite en 1820 par Robert Fortune, entra dans de nombreuses hybridations et donna entre autres la célèbre race des X Williamsii.

Cette trop courte liste s’enrichit cependant d’apports plus récents, collectés dans les domaines botaniques de la péninsule indochinoise, et sur lesquelles les hybrideurs fondent d’importants espoirs depuis plusieurs décennies. C’est notamment le cas du Camellia Granthamiana, découvert à Hong-Kong en 1955, puis de diverses espèces à fleurs jaunes telles que Camellia chrysantha… les plus récentes découvertes porteuses d’importantes promesses pour l’avenir ayant été faites au Vietnam par Rosman entre 1992 et 2002.

De grands collectionneurs et sélectionneurs européens ont puissamment contribué à la renommée de cette “Rose du Japon”, ou Tsubaki (l’arbre aux feuilles luisantes), rencontrée et décrite par Kaempfer en 1682 (5) .
En France, ce furent les Soulange-Bodin, horticulteur à Ris-Orangis, les Napoléon Baumann, pépiniéristes à Bollwiller, les Ferdinand Favre et autres Nantais (6), les Leroy et autres Angevins, les Cels, Tamponet ou Fion, pépiniéristes collectionneurs près de Paris et, surtout, l’abbé Laurent Berlèse, à qui l’on doit l’une des premières monographies de cette plante et de ses nombreuses variétés horticoles (7) (trois éditions illustrées de quelques gravures en noir : 1837, 1840, 1845).

De 1841 à 1843, parut en souscription une superbe édition présentant 300 variétés simples ou doubles, peintes directement par Jung dans les cultures de l’abbé Berlèse (8) . Cette édition mythique, aujourd’hui du domaine de la confidentialité, malgré quelques tentatives de réédition, figure parmi les richesses de la SNHF.

Les fleurs représentées semblent très grandes parce qu’il était alors d’usage d’en réduire le nombre en culture afin d’en augmenter les proportions… au plus grand avantage des fleuristes et de leurs célèbres boutonnières !

Daniel LEJEUNE,
Ingénieur Horticole
Administrateur de la Société Nationale d’Horticulture de France

Notes et références

  1. Charles Linné, Genera plantarum, première édition de 1737
  2. Facture de Ragonot correspondant à des livraisons de novembre 1843 à janvier 1844, et citée par Gibault dans le bulletin de la SNHF de 1939
  3. Appellation attestée dès 1837. Les flambards étaient les snobs du régime de Louis-Philippe
  4. La Ville de Nantes détient le Conservatoire National du Camellia. On peut voir de nombreuses variétés anciennes au Jardin des Plantes. Roland Jancel, son Directeur honoraire, m’a fait l’honneur et l’amitié de relire la présente introduction
  5. Kaempfer, dans Amœnitates exoticæ, paru en1712, décrit et figure une variété à fleurs simples, le Tsubaki
  6. Service des Espaces Verts de la Ville de Nantes « A propos de Camellia », plaquette rédigée sous la direction de Roland Jancel
  7. La seconde édition de la monographie de Berlèse fut couronnée par la Société Royale d’Horticulture de Paris en 1840
  8. Berlèse, “Iconographie du Camellia”, chez Cousin à Paris, 3 volumes 1841-1843, gravures de Duménil, Gabriel et Oudet, d’après des peintures de J.J. Jung