Prendre la direction d’une vénérable institution n’est jamais chose aisée. J’aborde ma prise de poste avec l’humilité du jardinier confronté aux aléas de la nature et avec l’ambition de celui qui plante pour ses successeurs, puisque j’aurais l’honneur, sous la houlette des dirigeants de cette société savante et avec le soutien de ses personnels comme de ses nombreux bénévoles, dont je salue l’engagement et la fidélité, de jeter les bases du troisième siècle de la SNHF, dont nos successeurs auront à récolter les fruits.
Mes précédents postes m’on conduit à diriger ou co-diriger successivement une grande, du moins par l’image et l’enjeu, association patrimoniale et une fondation consacrée au développement agricole dans les pays en développement, sous la houlette, notamment, du groupe Crédit Agricole.
Patrimoine et impact auprès de la société civile constituent deux racines de la SNHF et ma transition vers cette société était, dès lors, presque évidente, confronté à l’universalité de la question du jardinage.
Universel, le jardin l’est par sa pratique, du balcon fleuri des citadins aux plus beaux jardins savants et aux pépinières, en passant par les jardins ouvriers, tous vecteurs d’émotions ou de rencontres qui forgent d’heureux souvenirs. La jardin est également au cœur de notre culture générale, à commencer par le jardin d’Eden, lieu du commencement et, étymologiquement, des délices, à celui de Gethsémani, jardin de la Passion, ou à celui de la Résurrection. La philosophie et les arts y trouvent, enfin, leurs plus belle expressions, ce dont témoignent les initiatives de la SNHF, sa bibliothèque, ses voyages ou ses prix.
J’ai eu la chance de grandir dans une famille qui voit le jardin comme vecteur de beauté, de santé, de gout et de sens, la joie aussi d’évoluer entouré de vrais amateurs ds jardins. A ce titre, je veux rendre un hommage appuyé à Béatrice de Andia, dont les jardins ligériens, construits ex nihilo comme un hommage à cette si belle province et comme réceptacle des cultures du monde. Ce message d’universalité et de beauté a considérablement marqué mon histoire personnelle et restera gravé dans mes souvenirs le jour où, peut être, ce jardin – car rien n’est plus éphémère que cet art – n’existera plus que dans les quelques ouvrages. C’est par lui, en tout cas, que j’ai connu la SNHF, puisque son potager a reçu en 2010 le grand prix du concours national des jardins potagers.
De la SNHF, j’ai été sensible à l’effort de diffusion de la connaissance auprès des jardiniers amateurs de notre pays qui doivent apprendre des meilleurs pour faire face aux enjeux climatiques ou écologiques, si cruciaux pour les jeunes générations au sein desquels se recruterons les bataillons de jardiniers du siècle en cours. C’est un enjeu auquel je suis, depuis longtemps, sensibilisé et qui explique mon parcours, tant dans l’univers du patrimoine monumental qu’en matière de lutte en faveur d’agricultures plus durables, mais aussi plus performantes économiquement, dans les pays du Sud.
Historien de formation, mais également communiquant et sensible aux enjeux socio-politiques, je vois à quel point est profonde l’aspiration de notre société à trouver su sens en revenant aux fondamentaux de l’humanité, à se nourrir mieux, à réduire son impact sur le vivants et à mieux nous intégrer à nos écosystèmes, je me félicite d’avoir rejoint la SNHF qui peut en la matière jouer un rôle central dans le XXIe siècle. C’est l’intuition brillante de ses fondateurs en 1827 que j’aurais la charge et l’honneur de contribuer à prolonger.