Chen Haozi, Le miroir des fleurs

Cet ouvrage du 17éme siècle est le plus célèbre des traités d’horticulture chinoise. Une traduction partielle avait été publiée en 1900 par un haut fonctionnaire français J. Halphen, mais ce travail était devenu une rareté. La BNF ne le possèdait pas, et le seul exemplaire accessible au public se trouvait dans la bibliothèque d’un laboratoire du Muséum à Paris.

Cette heureuse réédition [Actes Sud, 2006] est l’œuvre d’un savant intervenant, Georges Métaillié. Linguiste devenu botaniste et historien des sciences, l’auteur s’est spécialisé sur les pays d’Extrême Orient.

La traduction initiale a été resserrée et les désignations de plantes revues conformément aux spécifications des flores d’aujourd’hui ; l’index botanique de l’ouvrage porte sur près de 400 espèces.  Enfin cette reprise a été enrichie de quelques 300 gravures issues de la première édition japonaise effectuée en 1773.

Le Miroir des fleurs dans son édition originale est divisé en six livres :

– livre 1 : calendrier du jardinage sur les 12 mois de l’année

– livre 2 : tâches principales du jardinier (avec un chapitre original  : Comment changer la couleur des fleurs)

– livre 3 : arbres

– livre 4 : plantes grimpantes

– livre 5 : plantes à fleur

– livre 6 : faune des jardins

Cette nouvelle édition en est toutefois restée à la structure éditoriale de J. Halphen : seuls les deux premiers livres avaient été traduits intégralement, les quatre autres n’étant représentés que par des extraits : livre 3 : plaqueminiers et pêchers ; livre 4 : bambous ; livre 5 : chrysanthèmes (152 variétés citées) ; livre 6 : poissons rouges.

L’ histoire est un bilan de l’expérience du passé, et sur ce point le Miroir des fleurs ne manque pas quelques trois siècles plus tard, de motifs d’interpellation de nos pratiques horticoles. Une illustration : la transplantation des végétaux (p.118sq) : il est ici instamment recommandé de toujours conserver l’orientation initiale de la plante.

Cette sensibilité des végétaux au magnétisme terrestre est toujours revendiquée par les spécialistes asiatiques du bonsaï : il est notamment déconseillé de « faire tourner » une plante au motif de lui assurer un développement harmonieux.

Alphonse Karr promoteur de la floriculture sur la Côte d’Azur au siècle dernier, relevait également cette influence du magnétisme en matière de production de roses (Journal des roses, 1881 p.3sq). Et toujours au sein de cette même Provence, la tradition agricole enseigne par exemple depuis longtemps, que l’olivier adulte, plante endémique et symbolique de l’aire méditerranéenne résistant pourtant à bien des dommages, survit difficilement et s’épanouit rarement lorsqu’on le transplante sans respecter son orientation initiale.

Le Miroir des fleurs (Hua jing, 1688) est un traité d’horticulture. Il est à distinguer d’un ouvrage chinois antérieur tout aussi classique, le Yuanye publié par Ji Cheng en 1634 consacré à l’art des jardins, et dont Che Bing Chiu a donné une traduction française ( L’Imprimeur [puis Ed.Verdier] 1997) suivie d’une importante bibliographie.

Norbert Parguel

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

5 × deux =