PALMARÈS DES LAURÉATS DU CONCOURS “JARDINS SECRETS” 2023
La cérémonie de remise des prix a eu lieu à Paris, le 5 mars 2024 en présence du chef étoilé de l’Arpège, Alain Passard : “Je cultive mes légumes pour conjuguer la main du cuisinier et du jardinier, deux «métiers-passion». Avec mes jardins, j’ai confié ma créativité à la nature, c’est elle qui dicte mon geste.”
La remise des prix, dont Pierre Nessmann était le maître de cérémonie, a réuni une centaine de personnes dans l’amphithéâtre de la SNHF.
La Société Nationale d’Horticulture de France, prestigieuse institution œuvrant depuis presque deux siècles, a souhaité reconnaître et primer le talent des jardiniers, qu’ils soient débutants ou aguerris, et révéler au public des jardins d’agrément privés d’exception.
Avec le mécénat de Vincent Gombault, elle a organisé le concours “Jardins Secrets”.
D’avril à juin 2023, des jardiniers de la France entière se sont portés candidats pour participer à “Jardins Secrets” et tenter d’en être les lauréats en tenant le plus grand compte des critères de jugement des jardins, tels que l’insertion du jardin dans son environnement, la composition paysagère, le choix de la palette végétale et sa diversité, la qualité et les méthodes d’entretien.
La SNHF a réuni pour cette première édition des jurys composés de professionnels du jardin et de l’horticulture, membres de la SNHF, personnalités, journalistes sous la présidence d’Anne-Marie Slézec, vice-Présidente de la SNHF.
Dès la fin juillet, le jury national a sélectionné, parmi tous les dossiers de candidature reçus, quatorze jardins appelés à être visités et évalués par des jurys régionaux, situés en régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Grand-Est, Île-de-France, Normandie, Occitanie et Pays-de-Loire.
Suite à leurs visites, le jury national de “Jardins Secrets” a décidé de récompenser cinq très beaux jardins, imaginés, aménagés et entretenus avec soin par des propriétaires soucieux de leur cadre de vie, mais aussi d’environnement, et férus de botanique et de jardinage. En contrepartie, leurs propriétaires se sont engagés à les ouvrir occasionnellement au public et à partager leurs secrets de jardinier.
LE PRIX LUCIE ET ROLAND GOMBAULT
Patrick Genty – Le Mas du Pré à Verrières (Vienne)
Verrières est un petit village de presque mille habitants, dans la Vienne, entouré par une campagne de bocage et de cultures céréalières, village vert que l’on apprécie quand le soleil d’été est à son apogée.
S’y trouve le Mas du Pré, jardin que peu de gens connaissent, celui de Patrick Gentil. Ce lieu, qui nous a rapidement transportés sous des latitudes un peu plus méditerranéennes, fait tout de suite place à l’intimité. Un oculus ouvert dans la haie de charmes laisse apercevoir la campagne environnante. On se sent protégé dans cet endroit si beau et si confidentiel, le végétal omniprésent est souvent coloré.
La diversité végétale avec des sauges de différentes variétés, des lavandes, des euphorbes, des cyprès, ainsi que la présence de poteries, crée cette ambiance du sud.
Malgré la chaleur du moment, l’impression de fraicheur nous invite à nous arrêter et nous asseoir sur les fauteuils qui nous tendent les bras. Un grand Tetrapanax attire notre regard, une fontaine laisse entendre le bruit de l’eau qui coule dans un magnifique bassin peuplé de vie aquatique et végétale où Cyperus, nénuphars et autre Pontederia renforcent cette impression de sud. Un instant le temps s’est arrêté. Est-ce la senteur des lavandes et la douceur des cheveux d’ange à l’approche de la terrasse qui nous rappellent à la réalité ? C’est sous l’ombrage de la magnifique clématite « Armandii » que nous écoutons l’histoire de ce jardin et de Patrick le jardinier.
LE PRIX DU JARDIN DE VILLE DE MOINS DE 1000 M2
Anthony Bazin – Le jardin de Bésignoles à Privas (Ardèche)
Pour découvrir le jardin d’Anthony Bazin, situé dans les faubourgs de la ville de Privas (Ardèche), il faut descendre une rue en pente, dont les larges côtés sont plantés d’espèces appartenant pour la plupart à la famille des Crassulacées. Un travail collectif entre voisins… Une belle façon d’aborder ce jardin privé après avoir sonné à la petite porte bleue… Voilà bien un jardin secret.
C’est un petit jardin, clos, un univers particulier où pousse une végétation méditerranéenne pour laquelle la densité du feuillage est primordiale. Si les bambous sont admis et maitrisés, les arbres comme les palmiers ne sont pas admis.
Ce jardin « végétal » est dense, très proche de la nature. Protégé des vents dominants, il y règne un microclimat où 650 espèces sont ordonnées sur les strates végétales. Toute la maitrise et la gestion des végétaux se fait à la main, l’eau de pluie récupérée en citerne, les tailles broyées deviennent paillage.
Une mise en scène permanente à la fois par la densité des plantes et les différents étages de végétalisation, trois bassins en cascades, une petite serre. Pas de pelouse, mais un arrangement des pierres et des cailloux. En 2015, ce jardin a obtenu le prix Bonpland.
LE PRIX DU JARDIN DE MOINS DE 1500 M2
Georges Méar – Brest (Finistère)
Situé à Brest, ce jardin est bien un jardin secret, accroché au coteau dominant le Vallon du Stang-Alar. Dès l’entrée le ton est donné. Un jardin japonisant entoure une maison à l’architecture moderne. Georges Méar a donné libre cours à sa passion pour le Japon.
Protégé par de grands arbres, notamment deux vénérables chênes, il se prolonge jusqu’au fond du vallon, bien intégré dans le paysage.
Une longue pelouse impeccablement tondue est bordée d’arbustes et d’acers aux feuillages colorés taillés en nuage. Des arbustes persistants à petites feuilles, azalées, houx nain du Japon, buis, ifs, fusains du japon, utilisés pour le karikomi, forment un moutonnement aux multiples nuances de verts.
Un petit jardin zen, çà et là quelques lanternes japonaises, un Shisho Doshi se déversant dans un bassin complètent le décor.
Derrière la maison, érables, magnolias et rhododendrons protègent des camélias et autres arbustes qui seront en fleur tout le printemps. Un étroit « chemin de douanier » conduit entre des Lonicera nitida taillés à mi-hauteur, vers un enrochement où des arbustes en boule dissimulent de petits « passe-pieds ».
Aucun pesticide n’est utilisé, l’eau de pluie est récupérée, les tailles sont compostées et des nichoirs sont disséminés.
Au printemps les azalées, rhododendrons et magnolias sont les stars. L’été, le vert domine avec toutes ses nuances. En automne les ors, orangés ou pourpres des érables s’enflamment avant le repos hivernal.
LE PRIX DU JARDIN DE 1500 M2 À 5000 M2
Monique et Louis Quéré – Pordic (Côtes-d’Armor)
Dans les Côtes-d’Armor, à Pordic, ce jardin de 4 500 m2, a été soigneusement repris et remis en scène par les propriétaires, autour d’un beau bâti en pierres datant du 18e siècle. Un important travail de terrassement a permis de créer un amphithéâtre pour protéger une terrasse autour de la maison. Les pentes ont été plantées d’arbustes persistants taillés en larges coussins où se mêlent différents tons de verts. Des vivaces de belles statures habillent les pieds de murs, hydrangeas, roses trémières, lauriers roses, rosiers buissons.
Dans la zone surplombant la terrasse, protégée des vents par de grands arbres, s’abritent plusieurs dépendances en pierres de schiste noir local, les allées gravillonnées permettent de découvrir différentes ambiances.
Des massifs mixtes de rosiers, arbustes et vivaces, un arc de rosiers grimpants sur des pylônes en bois, un coin zen sous le séquoia, et bien d’autres surprises…
Ce jardin à quatre mains est un jardin familial, un jardin de clins d’œil : personnages en pierre dédiés aux petits enfants sur les murs, arbres des naissances, nichoirs, bancs dissimulés, escaliers fleuris…
Ce jardin est intéressant toute l’année, avec les floraisons printanières des bulbes, camélias et cerisiers japonais, laissant la place à celles des rhododendrons, magnolias et azalées, puis aux hydrangeas et aux 270 rosiers.
Monique et Louis, jardiniers éclairés, sont deux passionnés de nature. Leur jardin coloré est à leur image, accueillant, tonique.
LE PRIX DU JARDIN DE PLUS DE 5000 M2
Bernard Gagnant – Le parc arboretum de la Barthe à Brommat (Aveyron)
Enclavé entre deux routes, le parc de Bernard Gagnant, situé à Brommat (Aveyron), se développe autour d’un habitat de 1840, s’étalant sur 9 000 m2, planté et engazonné sur un sol résultant à la fois d’une coulée basaltique et d’un socle granitique. Le propriétaire a dû s’adapter en créant à la fois un jardin d’agrément et un arboretum. Rosiers, hortensias, pivoines, azalées voisinent avec les conifères, les arbres d’ornements, les fruitiers.
Un bel aperçu du monde végétal, entre arboriculture dans l’espace supérieur, plat, et petits jardins fleuris limités par des murets de pierre, vestiges des constructions du passé. De petits espaces où rhododendrons, azalées, roses… Et vivaces font bon ménage.
Toutes les plantes, 1 400 sujets, sont inventoriées, étiquetées selon la nomenclature officielle. Certains sujets font l’objet d’attention particulière : Métaséquoia, certains Acer, Magnolia… Seize panneaux pédagogiques renseignent les visiteurs occasionnels. Une fois par an, une visite à thème est ouverte au public, organisée autour des « Feuillages d’automne ».
L’atmosphère particulière est rendue par la proximité des lacs de barrage sur la Truyère qui apportent une température et des brumes bienfaisantes les matins d’été.
L’entretien est mécanique et manuel, soit en faisant appel à un fermier local, soit en famille. L’arrosage est intégré, l’eau est récupérée, le centre équestre voisin fournit le fumier. La mise en place de ruches, l’absence de pesticide font de ce lieu une promenade apaisante.