L’Ikebana en fac de sciences

Depuis quelques années l’art floral est au programme des ateliers culturels de la Faculté des Sciences Paris Sud à Orsay. Nous avons soumis un questionnaire aux participants des ateliers pour vous donner un aperçu de ce qui se vit et se  transmet au sein de ces cours et souligner la place que cet art tient dans la vie des étudiants, des chercheurs et des docteurs en génétique et microbiologie, physique, chimie.

Le beau et le vrai s’y mêlent, l’art et la science s’y rejoignent. L’ikebana, art éphémère basé sur l’asymétrie, le vide, cette philosophie, cet art de vivre trouve ici une écoute nouvelle. En effet cet art inconnu pour la plupart des étudiants a exercé la  fascination de l’exotisme et de la découverte. Peut-être que l’art de faire revivre les fleurs, de recréer un jardin intérieur serait  très proche de la nature et parlerait ainsi aux esprits scientifiques.

Sciences ou Art :  » Tout est harmonie pour qui sait voir « 

Que vous apporte la pratique de l'art floral dans votre vie ?

Sérénité, Détente, ouverture d’esprit.

Pourquoi avez-vous choisi cette option ?

J’ai toujours rêvé d’associer l’art et la science.

Que vous apporte la pratique de l’art floral dans votre cursus universitaire ?

Un état d’esprit plus serein qui m’aide à gérer le stress des études et parce qu’il y a un rapport avec la nature.

Quelles sont les qualités que vous pensez travailler en pratiquant cet art ?

  • La sérénité d’abord, et aussi l’équilibre. Pour moi, c’est aussi apprendre à aller à l’essentiel. De manière importante, cela m’apporte un moment pour moi-même, avec moi-même, ce que j’ai du mal à m’accorder.
  • Patience, créativité, développement du sens de l’harmonie, être dans l’instant.

Avez-vous l’impression de créer ? Est-ce que les règles ne vous brident pas trop ? Etes-vous satisfaits de vos réalisations ?

  •  Oui, j’ai réellement le sentiment de créer. Cela m’apporte un certain plaisir de composer avec un minimum de règles et de dépasser ces contraintes. Je suis le plus souvent satisfaite de mes réalisations. Elles correspondent souvent à ce que je veux exprimer. De voir sa propre évolution dans le temps est aussi une source de joie.
  • Oui la création a sa place, les règles ne brident pas trop, elles guident. L’imaginaire peut se développer. Il peut être parfois difficile de créer mais le résultat peut être impressionnant.

Pensez vous que la création et la beauté sont liés dans l’art de l’Ikebana ?

Oui mais aussi la simplicité et l’harmonie. C’est un privilège de pratiquer l’Ikebana, de pouvoir entrer insensiblement dans la sphère de la création tout en réalisant quelque chose qui vous parle, que vous trouvez beau. C’est un moment d’émotion, un pur bonheur. Et si on commence ainsi la journée, c’est tout simplement fantastique.

Comment vivez-vous votre atelier ?

  • Pendant l’atelier, je suis capable de faire abstraction, dans une certaine mesure, de ce qui m’entoure et j’éprouve un sentiment profond de liberté. C’est un moment tout à fait privilégié, empreint d’authenticité pendant lequel je ressens une certaine intimité, une sorte de complicité avec les plantes, les fleurs. Elles me sont livrées, mais il y a tout un chemin à parcourir pour les sentir véritablement proches. Cela devient somptueux quand les fleurs dialoguent entre elles, sous vos yeux. Par exemple, récemment, lors d’un atelier, j’ai eu envie de donner un nom à mon bouquet  » La rencontre « . Pourquoi pas ? Les peintres, les sculpteurs donnent un nom à leurs œuvres. La nôtre est éphémère, certes, mais n’en est pas moins une. Je crois qu’elle nous apporte le même type de bonheur, de plénitude, d’abord pendant, mais aussi après. Il peut s’y ajouter une certaine fierté. C’est moi qui ai réalisé cet arrangement ?
  • Au-delà des réalisations elles-mêmes, l’Ikebana modifie doucement notre vision du monde, en tout cas notre rapport à la nature.
  • C’est une joie d’apprendre un art qui m’était totalement inconnu et une reconnaissance du  travail par mes collègues et proches.

Essayez vous de vous inspirer des cours pour créer une décoration florale chez vous ?

Oui, je crée souvent des bouquets chez moi en gardant l’esprit de l’Ikebana. Je prends beaucoup de plaisir à imaginer un bouquet avec ce que je peux trouver chez le fleuriste, dans mon jardin, parfois des éléments de structure que j’ai gardés. C’est un grand moment de vie. C’est une création réelle, surtout si l’enjeu est important et si je peux disposer de suffisamment de temps.

Est-ce important pour vous ce contact avec des plantes et fleurs ? Pourquoi ?

  • Oui, le contact avec les plantes et les fleurs est important pour moi. Outre la beauté des éléments utilisés, il me révèle à moi-même, me permet de découvrir en moi des zones cachées, secrètes. Il se crée un véritable cheminement en soi, pendant qu’on réalise un bouquet et il est différent à chaque fois. Parfois, on cherche son chemin avec acharnement, on construit son bouquet, on le modifie, on apporte de nouvelles touches, ou même on détruit tout et on repart à zéro. Parfois, au contraire, le chemin s’impose à vous, on l’empreinte sans même y penser. Cela m’est arrivé de dire à la fin d’une séance d’atelier : ce bouquet, il s’est fait tout seul !
  • Oui, c’est important pour moi de toucher les fleurs, de les arranger, c’est une manière de se rapprocher de la nature qui devient trop distante dans nos vies.

Est-ce important pour vous ce contact avec des plantes et fleurs ? Pourquoi ?

Oui, sans aucun doute.

Merci à Simone, Marjorie, Emilie, Elisabeth, Marie-Coralie.

 

Propos recueillis par Claire Delort et Valérie Lehmann.

Petite exposition pour les journées du Printemps de la culture à Orsay – © C. Delort

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