Art floral en Inde : un partage du savoir

L’association I N D P Inde (interculturelle pour le développement et la paix) a deux grands axes : l’éducation et la culture dans les milieux défavorisés. L’information et la sensibilisation aux réalités socio-économiques, culturelles et spirituelles indiennes s’accomplissent dans le partage du savoir. Jacqueline Boch, adhérente à cette association nous parle de son expérience.

Séjour en Inde – © J. Boch

« Le directeur m’a demandé d’intervenir dans les écoles et collèges du gouvernement de la région de Pondichéry, dans le cadre d’un volet éducatif sur la conservation de la nature et l’assainissement de l’eau par les plantes dans des bassins de décantation. Ne parlant pas la langue de la région, et très mal l’anglais, sans subventions et peu de moyens (du raphia et un sécateur qui ne me quitte jamais…) je suis partie dans la campagne à la rencontre des écoliers et des professeurs ravis de voir arriver une Européenne, sur une mobylette, entourée de sacs de plastiques remplis de feuillages de couleur. Les fleurs sont chères, celles des arbres sont inaccessibles pour moi.

Des vaches qui mangent tout

Avec l’assistant du district, parlant un anglais que je ne comprenais pas toujours, nous avons communiqué tant bien que mal dans la bonne humeur. Et notre « tandem » a bien fonctionné, le langage des fleurs n’est-il pas universel…? Seuls les arrangements liés à la main étant possibles, grâce aux couleurs flamboyantes des éléments et à leurs formes intéressantes, le résultat fut assez satisfaisant. L’herborisation prenait pas mal de temps, les alentours des villages sont détruits par les nombreuses vaches et chèvres en liberté qui mangent tout, même les affiches sur les murs. Et puis nous devions tout laver, la fine poussière rouge soulevée par les camions lors de leur passage sur les routes non goudronnées recouvrait tout.

Le bonheur des enfants

La discipline est très stricte dans les écoles, les instituteurs ont des baguettes dont ils savent se servir…. L’arrivée de deux ou trois classes est impressionnante. Les garçons devant, les filles derrière, tous biens alignés s’asseyaient par terre, dans la cour, sous un arbre car la chaleur est Intense dans la journée. Nous donnions des explications simples sur les lieux de pousse, les arbres, les lianes pour les philodendrons de toute beauté, les plans d’eau pour les papyrus, les buissons à fleurs épineux, les fougères luxuriantes, les nénuphars et les lotus dont les fleurs fanent si vite. Nous leur conseillions de ne pas couper les arbres et d’empêcher les animaux de tout saccager. Le bonheur des enfants et des grands repartant avec leurs « mini bouquets « faisait plaisir à voir et me comblait de joie.

L’impression d’être utile

J’intervenais dans trois écoles chaque jour. Les rencontres duraient deux heures environ, beaucoup d’enfants voulaient s’exercer. Il m’est arrivé de revenir l’année suivante dans le même endroit avec le même bonheur. J’étais reconnue et leur manifestation amicale était un réel plaisir pour moi.

Qu’en est-il resté ? Je doute fort d’avoir provoqué des vocations de fleuristes ! L’utilisation des fleurs dans la culture indienne, dans les campagnes, est très éloignée de la nôtre. Les guirlandes et les fleurs pour les mariages, décès ou autres manifestations, sont très codifiées. En ville et dans les hôtels on peut trouver de beaux arrangements. Durant mes voyages à l’Ashram et à Auroville je suis allée donner des cours d’art floral occidental, j’ai même été l’élève d’un maître en ikebana durant le temps de mon séjour. Mais c’est avec les enfants, dans les écoles, que je suis heureuse et que j’ai l’impression d’être utile. »

Jacqueline Boch

Confection de bouquets avec les enfants – © J. Boch
Confection de bouquets avec les enfants – © J. Boch

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