Archives de jardins sur la Côte d’Azur
L’âge d’or des jardins sur la Riviera s’étend sur un demi-siècle : 1880 – 1930. Certains historiens avancent qu’on trouve là, sur ce seul littoral du département des Alpes Maritimes, près du tiers des créations de jardins pour toute l’Europe à cette époque. Les membres de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie européenne qui avaient coutume d’hiverner dans cette région, s’étaient attachés à l’édification de résidences aussi fastueuses que celles dont ils disposaient dans leurs pays d’origine. Une substantielle documentation nous en a été conservée, incomparablement supérieure à celle relative aux autres créations de la même période.
Le présent exposé qui recense les principaux sites de conservation n’est pas exclusif. Pour des recherches ciblées il existe nombre d’autres sources d’informations, tant publiques que privées.
Archives publiques
Archives municipales de Cannes.
Il s’agit de la plus riche institution documentaire de la Riviera, quoique plus particulièrement vouée à la région cannoise.
Parmi les trésors qu’on y trouve, figurent les archives de l’ancienne agence immobilière ANDRAU : quelques 2000 dossiers de villas (dont un bon tiers comportant un recueil photographique) couvrant la première moitié du XXéme siècle ; leur descriptif figure sur le site internet de l’institution, l’un des plus riches que nous connaissions.
Archives départementales des Alpes Maritimes à Nice.
Elles furent (et demeurent) avec la BNF de Paris, l’un des dépositaires obligatoires des périodiques édités sur la Riviera. Les catalogues sont disponibles sur internet.
Bibliothèque Cessole à Nice.
Important fonds sur le XIXème siècle.
DRAC / Service de l’inventaire (Marseille).
Depuis près de 20 ans le regretté François FRAY et ses collaborateurs ont entrepris de sillonner le terrain, et d’élaborer de soigneux dossiers sur les sites d’intérêt qu’ils rencontrent. L’œuvre de F. FRAY notamment, recense au fil de près d’une décennie de travail sur la seule ville de Cannes, un peu plus de 400 villas, dont une soixantaine de sites historiques comportant descriptif détaillé et photographies aériennes
Base Mérimée, accessible sur le site internet du Ministère de la Culture.
Périodiques de la Belle Epoque
La Bibliographie de la presse française éditée dans les Alpes Maritimes sous la IIIéme République, regroupe près de 1500 titres, soit un volume de publications comparable pour la même époque, à celui de la presse éditée sur Paris.
Les périodiques locaux les plus réputés semblent avoir été La saison de Cannes et Menton and Monte Carlo news. L’un comme l’autre a publié nombre de monographies de jardins, tout comme les grands périodiques mondains du moment : L’Illustration, Vogue (l’édition états-unienne aussi bien que l’édition française : les séries étaient autonomes, et lorsqu’elles ont publié les mêmes monographies, les clichés furent généralement différents), mais aussi Art et industrie, publication des promoteurs de « l’art nouveau » à Nancy, puis Country life et surtout Vie à la campagne.
A une époque où la fortune était encore largement terrienne, et où les propriétaires résidaient dans leurs châteaux, Country life en Angleterre ־la revue vit toujours־ puis Vie à la Campagne en France (ce titre n’est que la démarque du précédent) visaient à apporter à leur lectorat une information sur les produits et services de luxe, notamment sur les grandes créations de jardin, celles de la Riviera au premier titre : on compte une soixantaine de monographies pour Vie à la campagne, et une trentaine pour Country life, toutes abondamment illustrées.
Enfin il convient de mentionner ici les périodiques des sociétés d’horticulture locales, dont l’ensemble des dépôts inventoriés au sein des sites de conservation français, est encore loin de former pour chacun de ces périodiques une collection complète des parutions :
- Bulletin de la Société d’horticulture de Cannes (1865-1935).
- Bulletin de la Société d’horticulture pratique de Nice.
- Petite revue agricole et horticole du littoral (Antibes).On ajoutera à ces publications la collection des Guides JOANNE pour la Provence et la Côte d’Azur, ancêtres des actuels Guides bleus toujours publiés chez Hachette qui recensaient à la Belle Epoque les grandes propriétés de la Riviera, mentionnant au passage celles dont les jardins étaient accessibles à la visite.
Archives photographiques
Archives des périodiques
La librairie Hachette conserve dans ses fonds près de 40 millions de clichés, liés à la foule des revues qu’elle a diffusée au cours de son histoire.
Malheureusement il n’en existe pas d’inventaire détaillé. Nous avons retrouvé les maquettes de la série exceptionnelle de Vie à la campagne (une centaine de livraisons) mais le contenu de la prodigieuse photothèque de la revue, si elle a été conservée, demeure noyé dans la masse.
A l’inverse, la Picture library de Country life dispose non seulement de tous les clichés publiés, mais aussi de tous ceux qu’elle a acquis sans les avoir utilisés.
Photographes locaux
Les 20.000 clichés subsistant de l’opérateur Niçois Jean GILETTA (1856-1933) sont déposés dans quatre fonds principaux.
Une large part des 10.000 plaques en possession du Ministère de la culture, a fait l’objet d’une numérisation et figure sur la base Mémoire du Ministère de la culture.
On y trouve plusieurs centaines de photographies des propriétés de la Riviera, dont un grand nombre a aujourd’hui disparu. Les hivernants étrangers, tout comme les animateurs des périodiques mondains anglo-saxons, recouraient préférentiellement aux services du photographe Mentonnais G. BALLANCE, qui regagna l’Ecosse dans les années 1930 après quarante années de travail sur la Riviera. Ses collections n’ont pour l’instant pas été retrouvées (à l’exception de ses contributions pour Country life) et nos échanges avec ses héritiers sont demeurés sans réponse.
Ce praticien de notoriété européenne sous la Belle Epoque, apparaît en outre ignoré des grandes institutions britanniques. Les travaux des frères DETAILLE, actifs dans la première moitié du XXéme siècle, mériteraient certainement d’être mieux connus : le fonds niçois a été légué à la Principauté de Monaco, et le fonds marseillais demeure propriété de la branche familiale locale, toujours en activité ; malheureusement ils sont tous deux inaccessibles.
La société TRANSACPHOT spécialisée dans la photographie aérienne, a réalisé dans les années 1960 plusieurs milliers de clichés sur les villas de la Côte d’Azur. Bien que récents ces clichés de grande qualité ont néanmoins été effectués à une époque où l’urbanisation et le goût du jour n’avaient pas encore opéré les ravages que l’on a observé depuis. Ce fonds a été acquis par les Archives départementales des Alpes Maritimes et du Var.
Archives de paysagistes et d'architectes de la Riviera
De source fiable, les dossiers professionnels de Aaron et Gaston MESSIAH, édificateurs d’une foule de villas et de jardins prestigieux sur la Riviera, ont été détruits. Un mémorial familial qui nous fut remis par le gendre de G. MESSIAH, a été déposé à la Bibliothèque nationale.
Les archives françaises de Harold PETO, de notre point de vue le plus talentueux des paysagistes de la vieille Riviera, par ailleurs fréquemment associé aux MESSIAH, n’ont pas été retrouvées.
H. PETO avait toutefois regagné l’Angleterre peu après le 1er conflit mondial, mais sa propriété de Iford Manor en Angleterre ne conserve aucun papier, ayant été bombardée pendant la dernière guerre.
Les dossiers de Raffaele MAINELLA sont toujours en possession de sa famille, à Venise. Ceux de Octave GODARD sont généralement considérés comme perdus ; sa correspondance avec Paul GIROD alors promoteur cannois, permet toutefois de retracer le début de sa carrière (Recension effectuée par T. JEANGEORGES pour la revue Polia , n°4 -2005).
L’on ne dispose pas d’informations fiables sur les archives de Jacques GREBER ; l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Paris (aujourd’hui Paris XII) conserve toutefois un certain nombre de documents. Même incertitude concernant Jacques COUELLE, à l’exception des dossiers des années 1960-1980 déposées au C.A.M.T de Roubaix.
Une mention particulière doit être portée envers l’œuvre de Ferdinand BAC (1859-1952) qui avait lui-même organisé le dépôt de ses archives dès les années 1930. L’essentiel des manuscrits et de la correspondance reçue (quelques 12.000 lettres, souvent annotées) est déposé à la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris. Personnalité mondaine hivernant sur la Riviera, son volumineux livre-journal qui couvre la période 1879 à 1933, est une source d’information de premier ordre sur la Belle Epoque et ses résidences. Quatre cahiers complémentaires intitulés Souvenirs de la Côte d’Azur ont été déposés à la Bibliothèque Cessole de Nice. Les archives conservées jusqu’à son décès ont été recueillies par des fonds privés.
Catalogues de pépiniéristes
La collection la plus importante se trouve dans un département fantôme de la Bibliothèque nationale −il ne figure pas dans l’organigramme officiel : le Service des recueils (documents publicitaires, tracts politiques, etc.).
Un important travail de doctorat présenté à l’ E.P.H.E par Michel TRAVERSAT a permis d’en prendre la mesure. Malheureusement pour nous la recension s’arrête vers la fin du XIXéme siècle, à un moment où le comté de Nice vient tout juste d’être rattaché à la France (CR de soutenance dans Jardins de France, septembre 2001).
On trouve d’autres catalogues de pépiniéristes de la Riviera dans les fonds de la Société Nationale d’Horticulture de France et de l’Académie d’agriculture à Paris, enfin du Muséum d’histoire naturelle de Nice.
Librairies régionalistes
Certaines librairies spécialisées de la région PACA sont également dirigées par d’éminents érudits. L’on mentionnera notamment René BORRICAND à Aix en Provence (tel. 04 42 50 01 51) et Jean Claude BOTTIN à Nice (04 93 85 36 69). Leurs établissements ont toujours réservé le meilleur accueil aux chercheurs.
Norbert PARGUEL. Publication originale : Jardins du Sud, n°3 -2005 et 4 -2006