L’Ikebana, un art traditionnel

POURQUOI L'IKEBANA EN FRANCE ?

La pratique et l’enseignement ont été introduits par Kikou Yamata, écrivain franco-japonaise. Elle fait les premières démonstrations à Paris en 1930 au salon d’automne.

Mais, il faut attendre les années 60 pour que cet art se développe grâce à un groupe d’amies passionnées :

  • Madame Carpentier dont le père pépiniériste a introduit le KENZAN (pique-fleurs) en France
  • Madame Samsom-Baumann qui fut à bonne école auprès de son père, grand fleuriste et orchidophile
  • Madame Boulongne et Madame Trembouze

Le 17 septembre 1974, elles créent IKEBANA de France puis IKEBANA INTERNATIONAL PARIS DE FRANCE en 1994. Ces deux groupes se réunissent pour répondre à la demande du Japon et deviennent IKEBANA INTERNATIONAL PARIS – chapitre 219 le 26 mars 1997.

Cette association (loi 1901) parrainée par l’Ambassade du Japon à Paris organise régulièrement des expositions. Elle joue un rôle formateur très large avec le concours de professeurs hautement qualifiés. D’ailleurs, IKEBANA INTERNATIONAL PARIS entretien des relations étroites avec la Maison de la Culture du Japon où elle organise des démonstrations, en vue de promouvoir l’Ikebana et son enseignement, à travers des cours d’initiation trimestriels (janvier-avril-octobre-prochaines dates : 25-29 SEPTEMBRE 2012) et des expositions. Son siège est à la SNHF.

Définition de l’Ikebana

L’Ikebana est un art traditionnel japonais, consistant à réaliser des arrangements floraux selon des règles d’harmonie définies. Ces règles permettent de mettre en valeur les végétaux, en dégageant des lignes et des espaces. Il s’agit de donner « une nouvelle vie » aux fleurs et autres végétaux.

« Ikebana » du terme « ikeru » ou « vivre, respirer, être vivant » et de « hana » ou « fleur ».

Historique de l’Ikebana

C’est lors de la conquête de la Corée au Vsiècle que le Japon découvre la riche culture chinoise : écriture, philosophie, arts… Ces arts évoluent dans le temps pour correspondre au mieux à l’âme et à la sensibilité japonaise. Avec l’arrivée du Bouddhisme vers le VIsiècle, une manière de plus en plus harmonieuse est adoptée dans l’offrande des fleurs et leur mise en place. Le moine Senmu, qui consacre sa vie à orner l’autel de Bouddha en recherchant à travers les fleurs la voie vers la beauté et la perfection, est à l’origine des bases de l’Ikebana.

Au Xsiècle, cet art sacré pratiqué uniquement par les moines gagne la cour, séduite par son esthétique. Seuls les hommes cultivés et de haute lignée (prêtres, seigneurs, samouraï…) pouvaient prétendre à cet art.

Au XIIsiècle, il se codifie et est l’expression d’événements de la vie sociale japonaise : mariage, majorité d’un garçon, départ d’un guerrier…

L’Ikebana atteint sa maturité artistique à l’ère Muromachi (1338-1573). C’est à cette époque que sont conçus les jardins de pierre de Kyoto. C’est également à cette époque que se développent des compétitions d’arrangements floral Hana-awase et de poèmes. Elles avaient lieu en juillet dans les temples et opposaient samouraï et prêtres.

Au XVe siècle le grand Maître Senkei Ikenobo formule de manière précise les premières règles de l’Ikebana et crée l’école IKENOBO.

Au XVIesiècle, cet art gagne les demeures des riches marchands et se démocratise pour enfin pénétrer dans les maisons, dans une pièce réservée aux études, à la calligraphie, à la cérémonie du thé et au recueillement. Sur le mur nord de cette pièce, couverte au sol par des tatamis, se trouve une alcôve appelé « tokonoma », où un hommage particulier est rendu aux saisons sous la forme entre autre de « rouleau suspendu » ou peinture japonaise, associé à un Ikebana, tous deux très dépouillés. Puis, cet art floral gagne les faveurs de la caste militaire à l’époque Momoyama (1568-1600) et le tokonoma s’agrandit avec la taille des résidences. Dans la première moitié du XVIIe siècle, le grand maître Seno II, reconnu par l’Empereur, codifie l’arrangement floral dans un style appelé Rikka, style composé de trois lignes principales représentant la trinité bouddhiste. Il organise de nombreuses expositions d’Ikebana à la cour impériale et invente l’arrangement monumental. Une large diffusion à travers des manuels imprimés fait naître de nombreux disciples. Le style Rikka atteint son acmé à la fin du XVIIe siècle.

A l’ère EDO (1603-1867), la richesse des marchands permet la diffusion encore plus large de cet art. Au sein de l’école Ikenobo, Inoue Tomosa,jeune maître, codifie un nouveau type d’arrangement proche de la philosophie confucéenne, appelé Seika. L’univers étant un cercleles 5 principales branches dans ce cercle représentent les 5 éléments.

Après l’ouverture du Japon à l’Occident, en 1868, à l’ère Meiji, les femmes commencent à s’adonner à cet art jusque-là réservé aux hommes. Rapidement la maîtrise parfaite de l’Ikebana devient gage de « bonne éducation » au même titre que l’art de la cérémonie du thé, la poésie, la calligraphie, la peinture, la musique… Mais l’art floral reste pratiqué avec excellence par les hommes. Avec l’ouverture du Japon à la fin du XIXesiècle, les japonais connaissent un véritable engouement pour tout ce qui vient de l’étranger mais les décorations florales très chargées et très colorées ne correspondent pas au tempérament et à la perception japonaise. L’Ikebana est néanmoins influencé, notamment par l’introduction de fleurs occidentales, ce qui entraine l’émergence de nouveaux styles.

C’est à cette époque que le sculpteur Unshin Ohara (1861-1916) crée sa propre école : l’école OHARA, entre tradition et modernité, basée sur la représentation de la nature, des paysages, des peintures de lettrés.

Au début du XXe siècle, Sofu Teshigahara, dans le but de donner naissance à un art floral qui puisse se perpétuer dans le monde moderne et évoluer dans le temps, se renouveller sans cesse tout en demeurant profondément ancré dans la tradition japonaise crée sa propre école : l’école SOGETSU, basée sur la sculpture des végétaux et l’emploi de nouveaux matériaux dans les compositions.

Aujourd’hui le Japon compte un nombre infini d’écoles d’Ikebana dont chacune a son caractère propre, exprimant son style et ses règles précises.

Philosophie et pratique de l’Ikebana

Les occidentaux ont toujours insisté sur la quantité et la couleur des végétaux dans une perspective purement décorative de leurs bouquets. Les Japonais, au contraire, donnent un sens philosophique à leurs compositions. Les lignes, les masses et les couleurs vont créer l’atmosphère et la signification du bouquet. Dans l’Ikebana se trouvent toutes les techniques des arts plastiques : l’architecture pour l’élaboration de la structure du bouquet, la sculpture pour la recherche des formes et des volumes, la peinture pour l’harmonie et les effets de contrastes dûs aux couleurs et la texture des végétaux.
Comprendre les plantes au-delà de leur simple aspect, les analyser de manière intérieure, voilà une démarche enrichissante pour l’esprit.

Une approche globale

L’approche peut se faire de deux manières :

soit la nature est prise comme modèle et on la reproduit en miniature dans la limite d’un vase, le plus fidèlement possible.
soit les branches ne sont plus utilisées comme végétaux mais comme objets avec lesquels on va tracer des lignes dans l’espace. On choisira alors les branches pour leur aspect insolite, leur couleur, leur forme.

Une idée

Pour donner de la force au bouquet il est intéressant de privilégier un aspect :
naturel en cherchant à replacer les végétaux à l’état originel, tout particulièrement pour les paysages.
linéaire en dégageant la plus belle ligne d’une branche et en la mettant en valeur.
plastique en mettant l’accent sur une couleur ou sur des feuilles.
abstrait en transformant totalement l’aspect d’origine des matériaux et en les utilisant comme éléments de sculpture.

Le vase

Le vase ne doit pas être pris comme simple récipient, mais comme participant, par ses qualités, à l’œuvre d’art qu’est le bouquet. Il faut harmoniser le vase avec les éléments utilisés, tant par la matière et la forme, que par la couleur. En Ikebana, nous pouvons aussi parler de « contenant » pour tous les objets aussi bien traditionnels (HANAKAGO ou panier en bambou tressé) que non conventionnels (bouteilles en plastique…)

Les lignes

Le bouquet traditionnel comprend au moins trois lignes principales. Les trois éléments arrangés dans un vase et s’élevant au-dessus de l’eau symbolisent l’unité entre le ciel, l’homme et la terre. La branche la plus forte représente le ciel, elle est essentielle pour donner force et élégance à l’arrangement. Les deux autres éléments sont disposés de manière précise de façon à former un angle par rapport à une ligne imaginaire qui traverse le centre du bouquet. Le but de cette disposition, symbolisant l’univers, permet de créer un volume, un bouquet en trois dimensions.

Une asymétrie

La nature ne produit jamais de symétrie absolue. La symétrie est synonyme d’immobilité, d’absence de vie. Ce qui est asymétrique, au contraire, donne une impression d’inachevé, de mouvement et donc de vie. Une composition se construit donc de manière asymétrique.

Le vide

Le vide est l’une des caractéristiques majeures de l’Ikebana. De par sa structure dissymétrique, l’arrangement  présente une partie pleine et une partie vide. Le plein met en valeur le vide. La pureté des lignes et la profondeur ressortent. Ce vide fait aussi partie de la recherche du minimalisme. Tous les arts traditionnels japonais mettent en évidence cette notion fondamentale, celle du « vide » : ne pas remplir totalement un espace, dire ou faire l’essentiel avec un minimum de moyens, afin de laisser la part au rêve et à l’imagination. Le calme, le vide en soi, permettent de considérer chaque élément et de lui trouver la place « évidente » qu’il trouvera dans la composition.

Ikebana : exprimer l’essence de la nature et sa beauté, avec des lignes maîtresses et peu de végétaux.

L’Ikebana traditionnel a donc survécu à l’influence occidentale et s’est raffermi. La vitalité et la beauté qui jaillissent de l’Ikebana viennent de ce chemin parcouru à travers les siècles.

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