Jardins d’acclimatation sur la Riviera

Bien peu des plantes utilitaires d’aujourd’hui sont endémiques sur le sol français.

Les Romains furent en leur temps les premiers acclimatateurs en Gaule, où ils implantèrent nombre des végétaux qu’ils avaient recueillis au sein des lointaines contrées de leur empire : citron, figue, pêche, poire, prune.

La découverte du continent américain au XVIéme siècle entraînera également d’importantes introductions en Europe : haricot, maïs, pomme de terre, tomate.

Pour le cas français une ordonnance de LOUIS XV semble t-il, prescrivait aux capitaines de vaisseau de rapporter toute plante exotique susceptible d’intérêt, et à cet effet des jardins botaniques seront ouverts dans les grands ports du pays : Rochefort (1741), Brest (1768), Toulon (1785).

L’acclimatation systématique des plantes ornementales apparaît beaucoup plus tardive. S’agissant de la Riviera, le Comté de Nice jusqu’en 1860 fut possession du royaume de Piémont-Sardaigne où l’influence culturelle italienne était prépondérante. Foncièrement minérale pour son cadre de vie, c’est à dire romaine, cette tradition apparaissait étrangère à toute considération en termes d’espaces verts.

Le jardin dit à l’italienne ne reçoit de composantes végétales que dans le cadre d’un dessein structurel : ce n’est pas le royaume des horticulteurs, c’est une œuvre d’architecte et de bâtisseurs.

L'apport impérial

L’histoire retient toutefois que la première impulsion quant à l’implantation de végétaux exotiques sur la Riviera, provint d’une impératrice d’origine antillaise, Joséphine de BEAUHARNAIS. Au tout début du 19éme siècle les serres du château de Malmaison abritaient une foule de plantes d’origine subtropicale que l’on se procurait par divers moyens : – achat en Angleterre auprès des établissements LEE et KENNEDY à Hammersmith (le blocus continental imposé à ce pays connaissait certaines exceptions) ; – organisation de missions de botanistes dans les pays d’élection : Australie, Nouvelle Zélande, Afrique du sud ; – requêtes adressées auprès des grands commis napoléoniens administrant les pays conquis ; – sollicitation de correspondants extérieurs : diplomates, marins, explorateurs. Il a été noté que de 1804 année d’achèvement de la grande serre, à 1814 au décès de l’impératrice, 184 espèces nouvelles en France ont fleuri à Malmaison (3). Comme tous les authentiques introducteurs l’impératrice avait soin de partager ses spécimens, et la correspondance échangée entre J.B. MIRBEL alors intendant du domaine, et M.J. DUBOUCHAGE préfet du département des Alpes Maritimes, atteste de l’envoi sur la Riviera de nombre de plantes en provenance de Malmaison : eucalyptus pour les plus connues, mais aussi casuarina , leptospermum , melaleuca , metrosideros , phormium (4).

Toulon et Hyères

Hors cet apport impérial, la ville de Toulon abritait depuis la fin du XVIIIème siècle un jardin botanique où les amateurs locaux ont pu s’approvisionner.

Le préfet DUBOUCHAGE y aura notamment recours −seul site mentionné dans la correspondance avec Malmaison− pour satisfaire aux souhaits de l’impératrice Joséphine. Un catalogue comptant près de 1500 espèces fut édité en 1821. Cet espace disparaîtra progressivement après 1885. La proche ville de Hyères connut également diverses activités d’acclimatation, la plus notoire étant celle d’Alphonse DENIS engagée dès 1832. De cette propriété ne demeurait à la fin du XIXème siècle qu’un square public, mais son chef-jardinier Charles HUBER devait entre temps développer une importante pépinière, dont l’activité se poursuivit jusqu’au début du XXème siècle animée par un autre grand nom de la profession, François NARDY (5).

La promotion des hivernants anglais

Il est enfin peu contestable que les hivernants anglais présents à Nice depuis la fin du XVIIIéme siècle −La villa Rivers aujourd’hui Furtado-Heine, est édifiée en 1787 ; villa située en bordure de ce que l’on appelle depuis les années 1820 la « Promenade des Anglais »− et qui représentaient à eux seuls près de la moitié des résidents étrangers, aient occupé une place de choix dans la promotion de ce mouvement d’acclimatation des plantes exotiques, trouvant sur la Riviera un sol européen proche de leur mère patrie où pouvoir implanter les espèces aussi luxuriantes que colorées qui croissaient dans les aires de leur empire colonial.

Le secteur sud-est des côtes maritimes françaises relève de paramètres climatiques subtropicaux propres non seulement à la sphère méditerranéenne orientale, mais aussi à certaines régions du Chili, de la Californie, de l’Afrique du Sud, de la Nouvelle Zélande et du sud-ouest australien (ces trois dernières régions relevant alors de la souveraineté anglaise) : long et fort ensoleillement, hygrométrie élevée, protection contre les vents violents. De ce point de vue toute la végétation de ces contrées est donc apparue susceptible de pouvoir être acclimatée sur la Riviera.

Les premiers spécialistes

Les premiers spécialistes en acclimatation et production de végétaux exotiques, s’installeront dans le secteur du Golfe Juan-Cap d’Antibes :

Gustave THURET (1819-1874) : Issu d’une famille fortunée, il voyagea beaucoup et se passionna pour l’histoire naturelle. G. THURET fut en relation avec des savants du monde entier et entreprit un travail d’acclimatation à partir de 1856, lequel se poursuivit ultérieurement sous la direction de botanistes réputés : Charles NAUDIN qui siègera à l’Institut, Georges POIRAULT et J.B. TEXIER. Cet apport est celui d’une composante scientifique au sein des divers courants d’introduction des plantes exotiques. La villa THURET fut léguée à l’Etat au décès du fondateur et devait abriter tout au long du XXéme siècle divers laboratoires de recherche, dont l’INRA est aujourd’hui gestionnaire. Cet espace d’acclimatation est le plus ancien de la Riviera toujours en activité (6).

Gilbert NABONNAND (1828-1903) : Rosiériste mais aussi collaborateur attitré dès la fin des années 1850 comme entrepreneur-jardinier, de Lord BROUGHAM et de la première génération des hivernants anglais à Cannes, il sera amené à développer sa propre pépinière, l’établissement Sainte Anne situé en face du Fort Carré d’Antibes. Le site sera racheté en 1908 par J.B. DENTAL [le seul des grands horticulteurs du début du siècle dont les descendants exercent toujours dans la profession]. Le dernier catalogue des roses cultivées comptait près de 1500 variétés, dont quelques 300 obtentions propres. G. NABONNAND eut deux fils, Paul (1858-1936) et Clément (1864-1949) qui devaient chacun ouvrir leurs propres pépinières, l’un à Mandelieu et l’autre à Villeneuve-Loubet ; ces espaces ont aujourd’hui disparus. Les rosiers Nabonnand demeurent toujours appréciés, figurant parmi ceux qui résistent le mieux aux paramètres climatiques de la Riviera (7). Un conservatoire de ces obtentions a pu être aménégé au sein d’une propriété privée de Grasse.

Eugène MAZEL (1828-1894) : Ce négociant qui faisait le commerce des épices avec les pays asiatiques, avait réalisé à Anduze (Gard) en 1856 un arboretum et une bambouseraie d’une trentaine d’hectares, le parc de Prafrans. Il constituera peu après une modeste annexe méditerranéenne au Golfe Juan (5000 m2 ) pour y héberger des plantes trop fragiles pour le milieu cévenol, palmiers notamment. Le site sera abandonné vers 1882 à la suite d’un revers de fortune du mécène et les espèces d’intérêt seront transplantées à la villa Valetta de Cannes. La bambouseraie d’Anduze put toutefois être préservée et apparaît toujours florissante un siècle et demi plus tard (8).

Jacques DUVAL comte d’ÉPRÉMESNIL (1827-1891) : Vice-président de la prestigieuse Société d’acclimatation de Paris, co-fondateur de l’ancien jardin d’acclimatation du bois de Boulogne et rénovateur du parc du château familial de Croissy s/Seine, J. d’ÉPRÉMESNIL deviendra l’animateur du précaire jardin d’acclimatation du Riou créé par la ville de Cannes en 1876. Il devait ensuite développer ses propres collections à partir de 1879 au domaine des Cocotiers sur le Golfe Juan ; groupant quelques 5000 plantes , elles seront parmi les plus importantes de la fin du siècle . Ses héritiers transformeront la propriété en site de production, lequel sera connu sous la dénomination de Pépinières de l’Aube. Ce domaine sera loti en 1936 et la villa fera place à un hôtel, aujourd’hui en co-propriété de résidents, le château de l’Aube (9).

Henry de VILMORIN (1843-1899) : Issu d’une famille d’horticulteurs dont l’activité remontait au XVIIIème siècle, ce praticien fut aussi un agronome réputé qui publiera d’importants travaux expérimentaux. L’établissement d’Empel qu’il fonda en 1886 sur le Cap d’Antibes, était initialement voué à la culture sous châssis : environ 5000 m2 vitrés, où l’on produisait entre autres une centaine de variétés de primevères. Cet établissement deviendra ultérieurement un conservatoire pour la multiplication de plantes rares, puis les terrains seront lotis dans les années 1950. H. de VILMORIN possédait également depuis 1882 une résidence personnelle sur le Cap d’Antibes, comportant également un jardin d’intérêt, le domaine de Latil aujourd’hui disparu (10).

Des collections botaniques au sein des jardins d'agrément.

D’autres intervenants édifieront des collections botaniques au sein de leurs propres jardins d’agrément.

Villa Vigier (Nice 1862)

Acquise par Achille-Georges VIGIER petit-fils du maréchal DAVOUT, cette propriété fut configurée par le paysagiste J.P. BARILLET-DESCHAMPS et devint un lieu d’acclimatation notoire jusqu’au décès de son promoteur en 1883.
Certaines espèces étaient plantées en colonnes multiples le long des allées, voire en îlot ou même en boisement : palmeraie, verger. L’on y rencontrait encore une superbe collection de rhododendrons, espèce demandant des soins particuliers sur la Côte d’Azur.
La villa fut acquise en 1921 par un flambeur mondain, Léon de MILEANT ; un certain nombre d’éléments architecturaux furent alors réalisés dans les jardins, notamment un théâtre de verdure, le premier de la région. Le nouveau propriétaire revendra la villa en 1929 après la faillite du proche palais Castellamare, où il avait décidé de réaliser le plus gigantesque des casinos européens.
Après de longues décennies d’abandon, la résidence −édifiée sur le modèle du palais de la Ca d’Oro à Venise− fut rasée en 1967 et le parc loti ; ce qu’il en subsiste forme aujourd’hui un square public en bordure de mer à la sortie du port de Nice (11).

Villas Valetta et Camille-Amélie (Cannes 1878)

Cet espace fut constitué par un industriel du textile lyonnais Camille DOGNIN, et un chef-jardinier talentueux Pierre RIFFAUD, lequel deviendra ultérieurement l’un des principaux animateurs de la Société d’horticulture de Cannes.
Les collections de la villa faisaient l’admiration d’ Edouard ANDRÉ qui en traitera à plusieurs reprises dans la Revue horticole.
La propriété sera fractionnée peu après le décès du mécène en 1889, la composante sud dite villa Camille-Amélie, étant cédée à une grande famille de bâtisseurs et d’amateurs de jardins, les MENIER , industriels de la chocolaterie. La composante nord qui conservera la dénomination de villa Valetta, sera augmentée en 1938 du domaine contigu de la villa Saint Michel, où de beaux espaces architecturés seront réalisés par le paysagiste grassois Léon LEBEL.
Ces deux sites abritent aujourd’hui des résidences collectives, et il ne demeure que quelques spécimens à fort développement des collections végétales d’origine (12).

Villa Les Tropiques (Nice 1892)

Ce parc d’acclimatation demeura en activité pendant près d’un demi-siècle et fut dirigé par un médecin et naturaliste réputé, Axel ROBERTSON-PROSCHOWSKY (1857-1944) dont les contributions savantes étaient accueillies dans tous les périodiques spécialisés.
Au sein d’un fouillis végétal comptant quelques 2000 espèces, croissaient notamment 125 variétés de palmiers. Cet intervenant fut également un apôtre inlassable de la création de jardins de plantes publics sur la Riviera, lesquels lui apparaissaient constituer d’authentiques vitrines de la région.
Délaissé après la disparition de son concepteur, le terrain fut exproprié en 1966 par la ville de Nice puis concédé dans les années 1980 à un parc d’attraction dit « Parc des miniatures », avant de retourner à un nouvel abandon après le retrait de cette dernière structure. De nombreuses espèces d’intérêt subsistent toujours sur le site ; d’autres furent en leur temps transplantées au domaine des Cèdres (13).

Domaine des Cèdres (Saint Jean Cap Ferrat, 1924)

Il s’agit du plus important jardin botanique français, quoique uniquement voué aux flores subtropicale et tropicale, groupant selon le dernier bilan établi près de 16 000 plantes. Cet espace présente en outre l’avantage sur les autres grands sites européens, d’exposer une large part de ses collections en plein air. Le domaine compte par ailleurs 24 serres (1000 m2 pour la plus importante) couvrant au total près d’un hectare, sur les 14 ha de la propriété.
Le répertoire de jardins botaniques dressé par E. HYAMS classe Les Cèdres au premier rang mondial pour ses collections de broméliacées et de succulentes.
Situé au cœur de l’ancienne résidence azuréenne du roi des Belges LEOPOLD II ( initialement 75 ha, aménagements architecturaux de Jules VACHEROT) le domaine fut acquis en 1924 par Alexandre MARNIER-LAPOSTOLLE, créateur du spiritueux Grand Marnier et antérieurement propriétaire de la villa L’Africaine à Nice.
Le développement des collections sera toutefois pour l’essentiel, l’œuvre de son fils Julien. Les recherches entreprises par A. et J. MARNIER-LAPOSTOLLE pour la mise au point de leurs liqueurs ( à base d’écorce d’orange amère, dite bigaradier) les ont sans doute conduit à étendre leur intérêt vers la végétation de la sphère tropicale. A. ROBERTSON-PROSCHOWSKY témoignera très tôt de la passion du jeune Julien, qui dix ans après l’acquisition des Cèdres par ses parents, y avait déjà réuni près d’un millier d’espèces. Julien MARNIER-LAPOSTOLLE (1902-1976) deviendra un expert en plantes succulentes, dont les travaux seront régulièrement publiés par les revues botaniques. L’entretien de ces fabuleuses collections est aujourd’hui assuré par la Société des produits MARNIER -LAPOSTOLLE , qui ouvre généreusement l’accès du domaine (privé) aux visites de groupes et aux chercheurs scientifiques (14).

La région de Menton

La région de Menton, zone climatique idéale pour la végétation d’origine subtropicale, devait par ailleurs voir l’éclosion d’un certain nombre de sites de grande notoriété (15).

Jardin Bennet (Grimaldi 1859)

James Henry BENNET (1816-1891) fut l’un des promoteurs anglais du séjour thérapeutique sur la Riviera. Physiologiste et gynécologue ayant effectué ses études à Paris et publié de nombreux travaux, il hivernait à Menton depuis 1859 chez sa nièce, propriétaire de la villa Saint Louis. (Celle-là comportait un jardin réputé alors placé sous la responsabilité de Eugène DELRUE, dont la famille développera ultérieurement une pépinière de succulentes à proximité de la villa). J.H. BENNET acquit pour sa part à Grimaldi sur la frontière franco-italienne, un flanc de colline composé de quelques restanques aboutissant à une petite tour médiévale en ruine. Il effectuera une présentation de son domaine dans un ouvrage intitulé Winter and spring on the shores of the Mediterranean (1ére ed. 1863, trad. 1880 avec trois gravures sur la propriété) et diffusera en 1868 d’importantes contributions dans le Gardener’s chronicle sur l’état de ses collections : quelques 350 espèces de plantes fleuries. La serre de culture qu’il fit édifier, fut l’une des premières connues au sein du comté de Nice. Une pierre gravée à l’entrée du jardin, portant l’inscription SALVETE AMICI (Ami, bonjour à toi) informait les passants qu’ils pouvaient circuler librement dans les allées. Un château fut ultérieurement réalisé sur le site, les terrasses seront reconfigurées par Jacques COUELLE en 1927, mais la propriété n’abrite plus d’espace botanique (16).

Villa Hanbury (La Mortola 1867)

Proche de la frontière franco-italienne, le Palazzo Orengo fut acquis par les frères HANBURY en 1867 ; Thomas (1832-1907) négociant anglais commerçait avec la Chine, Daniel (1825-1875) était botaniste et pharmacologue. Les premières acquisitions de végétaux seront effectuées à Hyères auprès de Charles HUBER ; Gustave THURET apporta également un appui apprécié. A la fin du siècle le jardin comptera plus de 3000 espèces et près du double à la veille de la première guerre mondiale. Dorothy HANBURY belle-fille de Thomas, publiera en 1938 avec l’Université d’Oxford un monumental « hortus mortolensis« , comportant notamment un précieux index des plantes cultivées à cette date. Les introductions de plantes firent par ailleurs l’objet de notices régulières pendant des décennies dans les pages du Gardener’s chronicle. Le domaine sera légué à l’Etat italien en 1960. Après une phase d’entretien minimal viendra une période d’abandon et la perte d’une large part des collections. En 1983 le site sera pris en charge par l’université de Gênes qui s’efforce depuis de le restaurer (17).

Villa Africa (Menton, fin XIXème)

Ce fut un site d’acclimatation important sur la Riviera, notamment en fruitiers tropicaux, dont l’activité s’étendit tout au long de la première moitié du XXéme siècle. Le promoteur fortuné de cet espace, R. JARRY-DESLOGES (1868-1951) est surtout connu de l’histoire des sciences pour son mécénat envers la discipline astronomique. Il avait financé de ses propres deniers l’édification d’un certain nombre d’observatoires, dont les travaux étaient diffusés par un luxueux périodique privé, Observations des surfaces planétaires (10 vol. parus, 1908-1946). S’agissant de la botanique, ses contributions savantes à la Revue horticole courent de 1903 à 1949. Le domaine, situé entre le boulevard et la gare SNCF de Garavan, est aujourd’hui loti (18).

Villas Kahn (Cap Martin, 1902)

L’on désignait sous cette appellation la villa Zamir, à laquelle viendront s’ajouter ultérieurement les résidences contiguës des villas Dunure et Miramar, propriétés d’Albert KAHN (1860-1940) banquier et mécène culturel éminent du premier tiers du XXéme siècle. Les Archives de la planète constituées par les opérateurs qu’il missionna, sous la tutelle du géographe Jean BRUNHES, comptent notamment 72.000 clichés autochromes et 180 km de films.
La villa Zamir offrait un témoignage raffiné de l’assimilation d’une implantation de masse de végétaux exotiques, par l’art des jardins. La crise économique de 1929 eut raison de la fortune d’Albert Khan. L’absence d’entretien de la propriété à partir des années 1930 ne diminuera toutefois qu’assez peu l’intérêt des visiteurs pour les collections : Ernest de GANAY en 1936, historien d’art auquel on doit beaucoup, puis Auguste GIUGLARIS en 1950, animateur de la Société d’horticulture pratique de Nice. Le domaine changera plusieurs fois de propriétaire dans l’après-guerre, mais conserve nombre d’espèces d’intérêt ayant acquis un fort développement. La ville de Boulogne est par ailleurs devenue propriétaire de la résidence francilienne d’Albert KAHN, laquelle comporte toujours de beaux jardins d’agrément (19).

Villa Roquebrune (Roquebrune 1902)

Cet espace de collection fut constitué par une hivernante anglaise et jardiniste passionnée, Norah WARRE qui y résida jusqu’à son décès en 1976. La Royal Horticultural Society de Londres publiera en 1966 un imposant catalogue des plantes acclimatées dans la propriété. La villa et ses belles composantes fleuries connurent par la suite divers aléas. (20).

Clos du Peyronnet (Menton 1915)

Jardin réalisé par la famille WATERFIELD et constamment enrichi depuis. C’est l’une des rares propriétés anglaises sur la Riviera, peut-être la seule, qui soit demeurée dans le même patrimoine familial depuis le début du XXéme siècle. Nous marquerons donc ici notre admiration envers une communauté historique à laquelle nous devons tant (21).

Serre de la Madone (Menton 1924)

Les collections furent réunies par Lawrence JOHNSTON (1871-1958) hivernant issu d’une famille qui avait fait fortune avec l’or du Klondyke. Ce prestigieux « gardener » avait été en Angleterre le créateur de Hidcote Manor où fut engagé un renouvellement de l’art des jardins, notamment par une structuration de l’espace reposant sur des architectures végétales. Le site de Serre de la Madone est constitué de larges terrasses, dont chacune est traitée d’une manière spécifique. Egalement ornithologue, L. JOHNSTON avait par ailleurs recouvert d’un filet toute la colline surplombant la résidence, et lâché dans cette semi-liberté une foule de volatiles. A l’époque de sa splendeur la propriété employait 23 personnes. Après diverses épreuves la villa est devenue propriété du Conservatoire du littoral, et a pu être restaurée grâce aux fonds réunis par une association privée animée par M. LIKIERMAN, par ailleurs rénovateur du Domaine des Colombières à Menton −chef d’œuvre de Ferdinand BAC réalisé dans les années 1930 (22).

On gardera par ailleurs mémoire de la Société d’horticulture de Cannes. Fondée en 1865 par des notables locaux, elle poursuivra ses activités jusqu’aux années 1930, et comptera dans ses rangs la quasi totalité des hivernants titrés.

Une part importante de son activité, essentielle à l’origine −elle est visée au chapitre IV des statuts− se rapportait à l’organisation d’expositions florales. Les monographies des grands jardins d’agrément qu’elle publiait, comportaient un descriptif minutieux de la foule des plantes que l’on y déversait alors (23).

Les plantes succulentes

Il convient enfin de ne pas oublier un secteur marginal de l’acclimatation par rapport aux précédents, celui des plantes succulentes, quoique infiniment plus présent dans les jardins d’autrefois sur la Riviera ; ces composantes étaient alors qualifiées de jardins mexicains du fait que la plupart des succulentes d’alors provenaient de cette région.

Deux grands établissements d’horticulture marqueront leur temps : celui des frères JAHANDIEZ à Carqueiranne, et celui d’Eugène DELRUE à Menton (ce dernier site existe toujours, mais il n’est plus en activité). Quant aux collectionneurs,

Colline de la paix (Villefranche 1892)

Cet espace fut créé par Robert ROLAND-GOSSELIN et perdura jusqu’à son décès en 1925. La propriété demeura ensuite à l’abandon, jusqu’à ce que la très belle résidence tombe sous les coups d’un promoteur en 1982. Un certain nombre de spécimens des collections purent toutefois être transplantés au domaine des Cèdres (24).

Jardin exotique de Monaco

Il fut initialement constitué par Augustin GASTAUD vers 1905, afin d’abriter la collection réunie pour le prince ALBERT . Le site devait être ensuite ouvert au public au début des années 1930.

Pour disposer d’une vue d’ensemble et complémentaire au présent exposé, quant à la réception de ce mouvement d’acclimatation des végétaux exotiques sur la Riviera, l’on pourra se reporter aux nombreuses recensions de jardins publiées dans les périodiques spécialisés de l’époque, notamment : Bulletin de la Société d’horticulture de Cannes (1865-1934) , Petite revue agricole et horticole (Antibes, 1895-1943) , Vie à la campagne (1906-1939).

On consultera également les comptes-rendus des « Concours de bonne tenue de jardin » organisés par la Société d’horticulture pratique de Nice dans les années 1900-1930.

Par ailleurs Emile SAUVAIGO alors directeur du Muséum d’histoire naturelle de Nice, devait publier en annexe de son Enumération des plantes cultivées dans les jardins de la Provence et la Ligurie (1899) une imposante liste de jardins de toute taille, recelant des collections botaniques (25).

Edouard ANDRÉ, Albert MAUMENÉ et le paysagisme exotique

Deux grands intervenants ont accompagné ce courant que nous qualifions de « paysagisme exotique », au regard de l’histoire des jardins sur la Riviera, Edouard ANDRÉ et Albert MAUMENÉ.

Paysagiste de notoriété internationale et passionné de botanique, Edouard ANDRÉ (1840-1911) soutint avec enthousiasme dans les revues qu’il dirigeait le mouvement d’acclimatation des plantes exotiques sur la Riviera, et participa à la configuration de nombreuses propriétés : à Monte Carlo les jardins publics du Casino, à Nice les jardins du palais Massena et du château Miramar, à Cannes les jardins des villas Lotus, Mon-joli et Pommery, enfin à Menton les jardins de la vallée du Carrei, devenus jardins Biovès.

En 1880 lors du lotissement Cannes-Eden, la municipalité lui offrira une parcelle pour édifier outre sa résidence, « un jardin paysager qui sera un spécimen de son art » et qui devra demeurer accessible au public pendant dix ans : la villa Colombia (aujourd’hui villa Endymion, le site n’abrite plus d’espace botanique) (26).

Deux des élèves d’Edouard ANDRÉ à l’Ecole nationale d’horticulture de Versailles, Auguste GIUGLARIS (1882-1963) responsable dans l’entre-deux guerre du Service des parcs et jardins de la ville de Nice, et Octave GODARD (1877-1958) architecte paysagiste de la Riviera, accompagneront l’art des jardins au cours de la première moitié du XXème siècle.
Ils seront aussi les animateurs de la Société d’horticulture pratique de Nice fondée en 1907 et qui poursuivra ses activités jusqu’aux années 1960 (27).
Outre un travail doctoral de premier plan, De l’acclimatation des végétaux exotiques dans le midi de la France (Thèse science, Université de Marseille, 1940), Auguste GIUGLARIS a publié un grand nombre de textes d’intérêt sur les jardins de la Riviera et l’acclimatation des végétaux ; ils mériteraient tout à fait d’être réunis au sein d’une publication d’ensemble. Dans l’attente on retiendra notamment ses contributions aux recueils collectifs Le comté de Nice (1945) et Le mémorial de Nice (1960).
Octave GODARD a concentré sur la Riviera son activité de paysagiste. Attaché au classicisme français, il concevra des ensembles d’une belle élégance, notamment les villas Croix des Gardes à Cannes ; Les Palmiers, Sainte Anne, Roseland et Château Azur à Nice ; Fantasia à Eze ; quelques uns figurent dans son recueil de planches Jardins de la Côte d’Azur (Massin 1927). O. GODARD animera pendant de longues années des « concours de bonne tenue de jardins », dont les résultats seront publiés par les périodiques spécialisés de la Riviera ; ces recueils apportent rétrospectivement de précieux témoignages sur les composantes horticoles des propriétés de l’époque.

Issu d’un milieu d’agriculteurs, puis d’une formation d’horticulteur, Albert MAUMENÉ (1874- 1963) partagera son existence entre l’animation du grand périodique Vie à la campagne, et une activité de conception de jardin qui lui vaudra la reconnaissance de ses pairs, puisqu’il sera élu à la présidence de la Société française des architectes de jardins lors de sa constitution en 1933.

A une époque où la fortune s’élevait assez largement encore sur une assise terrienne, Vie à la campagne visait à apporter informations et conseils à un lectorat d’implantation rurale, mais disposant du meilleur accès à une consommation de produits et services de luxe. De 1906 à 1939 ce périodique de grand format comptera 435 numéros. Il poursuivra sa parution sous la direction de collaborateurs de 1947 à 1966, mais dépourvu de son lustre d’avant-guerre. Enfin de 1920 à 1940 sera publiée une série dite exceptionnelle, composée de 118 numéros. Vie à la campagne à laquelle collaboreront de grands intervenants, notamment E. ANDRÉ , A. DUCHÊNE , J.C.N. FORESTIER , A. VERA et J. VACHEROT , publiait au moins une monographie de jardin à chaque livraison. Une soixantaine de ces recensions comportant photographies et descriptions de végétaux, sera consacrée aux propriétés de la Riviera, contribuant ainsi largement à les faire connaître, mais aussi à susciter sur place de nouvelles réalisations (28).
La revue avait absorbé un périodique antérieur du même type, Fermes et châteaux publié de 1905 à 1914, où la chronique jardiniste était assurée par J.C.N. FORESTIER (29). L’une comme l’autre de ces publications s’inspirait ouvertement d’un luxueux périodique anglais Country life , qui diffusera aussi nombre de monographies sur les jardins de la Côte d’Azur [fondée en 1897 cette dernière revue est toujours publiée].

La période après-guerre

L’après guerre apparaîtra peu prodigue en création de jardins de plantes.

Les principales réalisations nous paraissent être les suivantes (30).

Villa Leonina (Beaulieu 1948)

L’ex-villa Marinoni est implantée dans le secteur dit de la « Petite Afrique » à Beaulieu, particulièrement privilégié sur le plan climatique, étant à peu près enfermé par une falaise tombant à pic auprès du bord de mer.
Les volumineuses collections de la propriété réunies au fil de voyages dans le monde entier, furent constituées par un acteur de la finance internationale, grand amateur de chevaux de courses, de livres anciens et de botanique : Arpad PLESCH (1889-1974).
Après avoir fait l’objet d’un catalogue abondamment illustré de 331 pages in 4° (Lechevalier 1962), ces collections disparurent progressivement après le décès du mécène.
L’architecte et paysagiste Jacques COUELLE devait réaliser sa chapelle funéraire au cimetière de Monaco (31).

Val Rahmeh (Menton 1963)

Ce très beau jardin botanique auquel est généralement attaché le nom de sa dernière propriétaire anglaise (1958-1967 : informations cadastrales) Maybud CAMPBELL botaniste passionnée(32), est assez largement l’œuvre des dirigeants locaux du Muséum national d’histoire naturelle de Paris notamment Yves MONNIER, qui développeront la propriété à partir de 1963.

Comme pour toutes les collections vivantes du Muséum de Paris, celle du Val Rahmeh ne nous semble toutefois pas avoir d’avenir assuré, puisque leur suppression −au moins pour les importantes serres tropicales parisiennes du site de Chèvreloup− a pu être froidement décidée par le conseil d’administration de cette institution (33).

Jardin botanique de la ville de Nice (1983)

C’est à notre connaissance la seule création d’importance sur la Riviera qui soit due à l’initiative publique, quoique les moyens accordés pour l’entretien, et à fortiori le développement de cet espace d’intérêt régional majeur, semblent avoir beaucoup fluctué au fil du renouvellement des édiles municipaux.

Parc Phoenix (Nice 1991)

Réalisé dans le cadre de la loi sur l’urbanisme, cet espace de 7 ha comportant notamment une grande serre de 7000 m2 permettant une gestion différentiée des paramètres climatiques, ne constitue pas un jardin de collection, mais une somptueuse vitrine de végétaux choisis pour le plaisir des sens : coloris (fleurs, feuillages, écorces), port, fragrances, etc.

Ultimes réflexions.

Si l’histoire sur un plan épistémologique apparaît bien comme un bilan de l’expérience du passé, cette tranche que nous venons d’explorer, d’un siècle et demi d’acclimatation des végétaux exotiques sur la Riviera −et d’enrichissement de notre patrimoine botanique− nous paraît dégager au moins deux enseignements peu contestables : – l’histoire des jardins botaniques sur la Riviera se confond, à très peu d’exceptions près, avec l’histoire de leur disparition ; – la création, le développement, et le cas échéant la sauvegarde de ces jardins, a presque toujours relevé de l’initiative privée. Comment dès lors assumer les carences congénitales de la collectivité, avec un impératif devoir de préservation patrimoniale ?

Norbert PARGUEL

Publication originale, Nice historique, n°1-2009 −volume spécial

Sigles utilisés :

S.H.C. pour le Bulletin de la Société d’horticulture de Cannes
P.R.A. pour la Petite revue agricole et horticole (du littoral )
V.C. pour Vie à la campagne
R.H. pour la Revue horticole
B.S.B.F. pour le Bulletin de la Société botanique de France
S.H.P.N. pour la Société d’horticulture pratique de Nice

1) Alphonse KARR : Promenades hors de mon jardin (Lévy 1856, p.154sq) .
2) Présentation du domaine BERMOND par H. DOGNIOL : La palme d’honneur des Alpes maritimes, 1865 ; l’ouvrage comporte un plan de la propriété.
3) L’impératrice Joséphine et les sciences naturelles (Réunion des musées nationaux, 1997).
4) La correspondance des collaborateurs de JOSEPHINE avec le préfet DUBOUCHAGE a été publiée par G. MAUGUIN : Une impératrice botaniste (Revue des études napoléoniennes, 1933 p.234sq).
5) F. NARDY : Le jardin de M. Denis à Hyères (R.H. 1874 p.178sq). B. CHABAUD qui recense notamment les propriétés de Hyères où l’on trouvait des plantes exotiques au cours de la première moitié du 19éme siècle, estime que ces végétaux provenaient au moins pour partie du Jardin botanique de la Marine ; Jardins de la côte d’Azur, 1910 (in) La résistance au froid des palmiers (Champflour 1998, p.175sq)
6) Villa Thuret : descriptif des collections par Henry de VILMORIN (B.S.B.F. 1883, session extra. p. 26sq) puis par son petit-fils Roger de VILMORIN (B.S.B.F. 1950, session extra. p.105sq).
7) Recensions sur le domaine Sainte Anne dans S.H.C. vol. 1878, n°1-1886, n°3-1887, n°7-1888 et n°15- 1890. L’itinéraire des NABONNAND a fait l’objet d’un vol. spécial de la revue Hommes et plantes (n°45-2003) animé par François JOYAUX. Monographie sur le « Mas di roso » résidence de Clément NABONNAND dans P.R.A. des 8 et 22 juin 1930. Notons enfin que Lord (Henry Charles) BROUGHAM, 3éme du titre et neveu du pionnier des hivernants anglais, diffusera à Londres en 1898 une imposante List of roses now in cultivation at Château Eléonore (Cannes) comportant les qualifications de rigueur, notamment année d’obtention et origine.
8) Biographie de Eugène MAZEL dans S.H.C. n°1-1895 et monographie sur le domaine du Golfe Juan par H. de VILMORIN (B.S.B.F. 1883, session extra.)
9) J. d’EPREMESNIL effectuera lui-même une présentation du site Les Cocotiers dans S.H.C. n°5-1887 ; autres contributions : E. ANDRÉ (R.H. 1883 p.24) , H. de VILMORIN (B.S.B.F. 1883, session extra.), B. CHABAUD : Jardins de la côte d’Azur, 1910 (in) La résistance au froid des palmiers (Champflour 1998, p.200sq) et pour les Pépinières de l’Aube, S.H.C. n°4-1907.
10) Descriptif du domaine d’Empel dans S.H.C. 1er trim.1878 et B.S.B.F. 1950, session extra. p.108sq. Une monographie illustrée sur la famille VILMORIN a été publiée par G. TREBUCHET et C. GAUTIER (ed. locale 1982, Verrières Le Buisson).
11) Villa Vigier : Contributions de E. ANDRÉ (L’illustration horticole, 1874 p.124sq), R. ROLLAND-GOSSELIN (R.H.1896 p.279sq) et A. MAUMENÉ (V.C. n°58-1909). Pour la décoration intérieure de la villa, H. de MONTAUT (Voyage au pays enchanté, 1880 p.145) puis L’Eclaireur du dimanche (26 septembre 1926) et Mediterranea (août 1928) . Notice sur la propriété par D. GAYRAUD : Belles demeures en Riviera (Gilletta 2005, p. 176sq).
12) Villa Valetta : Monographies de E. ANDRÉ (R.H. 1882 p.117sq, 1883 p.29sq et R.H. 1888 p.112sq avec plan d’implantation des végétaux), H. de VILMORIN (B.S.B.F.1883, session extra.), P. RIFFAUD (Revue des sciences naturelles appliquées, 1889 p.120-148), S.H.C. n°11-1889 et ultérieurement A. MAUMENÉ (V.C. n°31-1908 et n°405-1937). Pour la villa Camille-Amélie dite encore villa Menier : S.H.C. n°1-1893, A. MAUMENÉ (V.C. n°6-1906) et C. GROSDEMANGE : Un bienfait horticole, 1913. Pour les aménagements de la nouvelle villa, depuis dénommée Saint Michel-Valetta, réalisés par Léon LEBEL : V.C. n°405-1937.
13) Axel PROSCHOWSKY a diffusé une foule de textes sur les jardins de plantes exotiques, notamment dans la Petite revue agricole et horticole, dont il fut un collaborateur régulier ; un descriptif de ses collections propres a notamment été publié tout au long de l’année 1915. Parmi les derniers exposés de l’auteur notons, Les parcs et jardins publics attrait principal de la Côte d’Azur (R.H. 1934 p.256sq et 1936 p.44sq). Diverses contributions d’époque ont également été réunies dans un recueil intitulé La résistance au froid des palmiers (Champflour 1998).
14) J.P. DEMOLY : Les cèdres, un jardin botanique d’exception (ed. Franklin Picard, 1999), l’ouvrage est illustré des somptueux clichés de Mme [Julien] MARNIER-LAPOSTOLLE. Citons également E. HYAMS : Great botanical gardens of the world (Nelson 1969), R. de VILMORIN (B.S.B.F. 1950, session extra. p.110sq) et A. PROSCHOWSKY (R.H. 1937 p.428). Un recueil d’hommages envers Julien MARNIER-LAPOSTOLLE et son chef-jardinier René HEBDING a été publié par le Journal de botanique, n°18 et 19-2002. On trouvera par ailleurs une monographie sur le domaine des Cèdres au temps de LEOPOLD II dans Vie à la campagne, n° 80 du 15 janvier 1910.
15) N. PARGUEL : Les jardins du Mentonnais, 1880-1930 (Bulletin de la Société d’art et d’histoire du Mentonnais, septembre 2003, vol. spécial « jardins »).
16) Jardin Bennet : Comptes-rendus de visite par C.A. BERTALL : La comédie de notre temps (vol.3-1876 p.160sq), S. LIEGEARD : La Côte d’Azur (1ére ed. 1887, ed. 1894 p.458sq) et E. VALLERAND (R.H. 1882 p.290sq). Contributions de R. CAMERON : Golden Riviera (Weidenfeld 1975, chap.17) et antérieurement de J.H. BENNET : La Méditerranée, la Riviera de Gênes et Menton (1880). Etat des collections dans Gardener’s chronicle des 11 avril, 16 mai et 6 juin 1868. Nous remercions par ailleurs Rolland GHERSI pour ses travaux inédits sur J.H. BENNET qu’il a bien voulu accepter de nous communiquer.
17) Villa Hanbury : Historique par M. MURATORIO et G. KIERNAN : Thomas Hanbury and his garden (Bacchetta 2004). Commentaires d’intérêt par C. QUEST-RITSON : The English garden abroad (Viking 1992, chap.IV) , S. LIEGEARD : La Côte d’Azur (ed. 1894 p.466sq) , A. P. MARTINEAU : Gardening in sunny lands (Cobden 1924, p.181sq) et G.R. BALLANCE (Menton and Monte Carlo news, 21 janvier 1928). Descriptif des collections par A. MAUMENÉ (V.C. n°8-1907) , Cecil HANBURY (Country life, 11 février 1928) enfin Dorothy HANBURY [épouse de Cecil, fils de Thomas] : La Mortola Garden (Oxford university press, 1938). Etat des plantes en fleur au mois de Février 1882 par E.VALLERAND (R.H.1882 p.291sq).
18) Une partie des collections de la villa Africa a été décrite par R. de VILMORIN (B.S.B.F. 1950, session extra. p.120sq) ; biographie du mécène et astrophysicien R. JARRY-DESLOGES dans le Bulletin de la Société astronomique de France (Octobre 1951).
19) Villas KAHN : Monographies sur les collections botaniques dans P.R.A. du 8 octobre 1922 , E. de GANAY (Gazette illustrée des amateurs de jardins, vol. spécial « Côte d’Azur » 1936 ) et A. GIUGLARIS (Eclaireur agricole et horticole n°23-1922, puis B.S.B.F. 1950 session extra. p.130sq).
20) Villa Roquebrune : Présentation par C. QUEST-RITSON : The English garden abroad (Viking 1992, p. 52sq) et V. RUSSELL : Gardens of the Riviera (Little Brown 1993, p.71sq) ; descriptif des collections par Basil LENG et P. SYNGE (Journal of the Royal horticultural Society, octobre 1966), Charles de NOAILLES (Gazette illustrée des amateurs de jardins, année 1976) et biographie de Norah WARRE par B. GORIS-PONCÉ (Bulletin de la Société d’art et d’histoire du Mentonnais, septembre 2003, vol. spécial).
21) Monographie sur le Clos du Peyronnet par G.R. BALANCE (Menton and Monte Carlo news, 12 février 1927) et plus récemment E. BOURSIER-MOUGENOT et M. RACINE : Jardins de la Côte d’Azur (Edisud 1987 p. 154sq et pour les collections p.169sq).
22) La seule biographie existante de Lawrence JOHNSTON a été rédigée par F. et J.C. BOTTIN (ed. refondue, Jardins de France, avril 2005) ; recensions de visite par E. de GANAY (Gazette illustrée des amateurs de jardins, vol. spécial « Côte d’Azur » 1936 et Plaisirs de France, octobre 1939) puis R. de VILMORIN (B.S.B.F. 1950, session extra. p.121sq).
23) N. PARGUEL : La société d’horticulture de Cannes (in) Demeures anciennes et beaux jardins (Ville de Cannes, 2005).
24) Notice sur la villa Colline de la paix par L. THEVENON : Fantaisies architecturales de la Belle Epoque à Nice (Serre 1999, p.38sq).
25) Pour d’autres repères, N. PARGUEL : Archives de jardins sur la Riviera (Jardins du Sud – Bulletin de l’Association des parcs et jardins de PACA, n° 3-2005 et 4 -2006). Un recueil de photographies d’époque est à paraître aux Editions Gilletta.
26) Le dossier Cannes-Eden est conservé dans le fonds ANDRAU des Archives municipales de la ville de Cannes.
27) Biographie d’Auguste GIUGLARIS par E. HILDESHEIMER (Nice historique, n°1-1995). Notice sur Octave GODARD par son fils Marcellin (in) R.CAWKER : Cathédrales vertes de Nice (Institut français d’urbanisme, 1996) ; sa correspondance avec Paul GIROD fondateur de la société Ugine et mécène de la villa Croix des gardes à Cannes, permet de retracer le début de sa carrière (Présentation effectuée par T. JEANGEORGES , Polia n°4 -2005).
28) Les archives professionnelles et éditoriales de Albert MAUMENÉ n’ont semble t-il pas été conservées. De la monumentale photothèque de jardins qu’il avait constituée au fil d’un demi-siècle d’investigations, un espoir existe peut-être d’en identifier un jour les composantes au sein des quarante millions de clichés entassés dans les fonds du Groupe HACHETTE. Pour l’instant n’ont été retrouvées que les maquettes des volumes de la série exceptionnelle de la revue.
29) J.C.N. FORESTIER publiera notamment une belle monographie sur le jardin de Claude MONET à Giverny (Fermes et châteaux, septembre 1908). On ne lui connaît sur la Riviera qu’une seule réalisation, la Bastide du Roy, et en Languedoc la fastueuse propriété Joseph Guy. Entre temps il aura édifié en Espagne d’imposants espaces mauresques ; on se reportera à son ouvrage : Jardins. Carnets de plans et dessins (1920, Picard 1994).
30) Un recueil portant sur quelques jardins de collection de la Riviera en activité au tournant du 21éme siècle, a été publié dans un vol. spécial de Jardins de France (avril 2005) animé par N. PARGUEL.
31) Petite Afrique et villa Marinoni : Bulletin de la SHPN, n° 6 -1908 p.130 sq. Le tombeau de A. PLESCH, abrité par une abside médiévale de remploi, se trouve à l’entrée basse du cimetière de Monaco.
32) Maybud CAMPBELL : The English contribution to the knowledge of the flora of the Alpes Maritimes (Riviera scientifique, vol. 1959-1961), I. CHAMBERLAIN : Common objects of the Riviera, 1913 et J. KIRALY : L’influence anglo-saxonne sur le développement de la Côte d’Azur (Université de Nice, Département d’anglais, 1997 p.615sq).
33) N. PARGUEL : Les collections tropicales vivantes du Muséum national d’histoire naturelle (Bulletin de la Société des gens de jardins méditerranéens, n° 35-1998).

Edouard ANDRÉ : Promenade dans les jardins du midi (Revue horticole, 1883 p.21sq)

B.CHABAUD : Jardins de la Côte d’azur, 1910 (in) La résistance au froid des palmiers (Champflour 1998)

P. CHOUARD : Jardins botaniques de la Côte d’Azur (La terre et la vie, mars 1932)

A. GIUGLARIS : De l’acclimatation des végétaux exotiques dans le midi de la France (Université de Marseille, Thèse Sciences 1940)

J.L. HADJI-MINAGLOU : Les jardins d’agrément de Nice et du pays niçois (Université de Nice, Département de sociologie, 1991) ; travail regrettablement inédit.

A.P. MARTINEAU : Gardening in sunny lands (Cobden 1924, préface de Edith WHARTON) ; l’ouvrage comporte également un glossaire anglais-français remarquable.

Y. MONNIER : Promenade aux jardins du pays mentonnais (Ville de Menton, 2007)

C. de NOAILLES et R. LANCASTER : Plantes de jardins méditerranéens (Larousse 1977)

J.B. de VILMORIN : Le jardin des hommes (Pré aux clercs, 2éme ed. 1996)

R. de VILMORIN : La flore exotique acclimatée sur la Côte d’azur (B.S.B.F. 1950, session extra.) ; le plus imposant des bilans.

Les beaux jardins de la Côte d’Azur (Jardinage, février 1924 et janvier 1937, vol. spéciaux) ;
le périodique Jardinage (1911-1939) était édité par les Etablissements TRUFFAUT.
Les botanistes à Marseille et en Provence (catalogue d’ exposition, Ville de Marseille 1982).
Jardins de la Côte d’Azur (Actes du congrès international d’horticulture de Nice, S.H.P.N. 1958)
Le voyage des plantes (Musée Balaguier, 2008)

Alphonse KARR

Nice t’a donc prêté le bord de ses corniches
On dit que d’écrivain tu t’es fait jardinier
Qu’en un carré de fleurs tu as jeté l’ancre

A. de LAMARTINE Lettre à Alphonse Karr , 1857

Alphonse KARR fut niçois à partir de 1853. Passionné de plantes et de jardins depuis toujours, contribuant à l’occasion à la chronique des publications horticoles, il prolongera ce penchant vers une activité professionnelle.

Il constituera à Nice un site de floriculture à grande échelle aux abords de l’église Saint Etienne. Il en sera exproprié quelques années plus tard lors de la création du PLM, et se déplacera plus à l’ouest, alentour de la rue Balzac.

Alphonse KARR fut semble t-il un innovateur en entreprenant le commerce des fleurs à Nice, jusqu’ici l’apanage des quelques cultivateurs qui tenaient un banc de fruits et légumes sur les marchés locaux.

Le succès de son établissement suscita des émules : « Je suis ici le dernier jardinier, tous mes confrères sont horticulteurs », déclarait-il.

En 1865 il sera désigné comme rapporteur de l’exposition florale régionale. Les hivernants titrés qui recouraient à ses services pour leur décoration, le sollicitèrent bientôt au profit de leurs résidences européennes.

Soutenue par une publicité effectuée dans Les guêpes, périodique qu’il animait depuis 1839, l’exportation horticole fut un succès.

Ouverte à l’enseigne ALPHONSE KARR JARDINIER l’entreprise produisait essentiellement des roses (6000 pieds en culture) des violettes de Parme, et des anémones. Ultérieurement on se lancera également dans le commerce des fraises.

En 1867 Alphonse KARR se retirera à Saint Raphaël au sein d’une propriété qu’il dénommera Maison Close, et cédera son activité niçoise, laquelle se poursuivra encore pendant près d’un siècle à l’enseigne des Etablissements Lambert.

Bibliographie :

A. KARR : Promenades hors de mon jardin (Lévy 1856, p.154sq) , Rapport sur l’exposition florale régionale (1865) et La maison close (1870 p. 113sq).

Biographie horticole de A. KARR par l’un de ses pairs et proches, F. NARDY (P.R.A. 9 avril 1895).

Autres proches : L. SÉCHÉ, Alphonse Karr jardinier (Revue des Français, 20 février 1914) et E. BLAVET : L’ami des roses (Le Gaulois, 30 juillet 1912).

Sur la résidence de Saint Raphaël, F. SAHUT : Les jardins de Maison Close (Annales de la Société d’horticulture et d’histoire naturelle de l’Hérault, 1890 p.93sq) et S. LIEGEARD : La Côte d’Azur (1ére ed. 1887, ed. 1894 p. 61sq).

Gravures sur l’établissement niçois dans L’Illustration du 5 février 1859 et Le Monde illustré du 8 février 1868 ; sur Maison Close, dans L’Univers illustré des 20 février 1864 et 18 octobre 1879, L’Illustration du 4 octobre 1890 et le recueil précité de S. LIEGEARD. Biographie de référence par Derek SCALES (Droz 1959).

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