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Les locaux de la SNHF construits sur un ancien marais

Les locaux de la SNHF sont situés sur une ancienne propriété religieuse qui appartenait aux « Filles de la Visitation », communauté baptisée également « Les Visitandines ». Cet ordre, exclusivement féminin, jouissait d’une grande prospérité économique qui lui permit d’acheter de nombreux terrains au sein de la capitale. Celui qu’elles acquièrent pour 8 500 livres, le 8 janvier 1673, rue de Grenelle, consiste en un demi-arpent de « terre de marais ». Il est « clos de murs de devant et derrière et de l’un des deux côtés » (M. Cointat, Histoire du 84 rue de Grenelle, p. 9). Deux ans et demi plus tard, le 16 septembre 1675, elles feront l’acquisition tout à côté, rue du Bac, d’une maison à porte cochère, réservée à leurs diverses activités.

Pourquoi un tel engouement pour un marais ?

À cette époque, les zones humides (marais, lacs, étangs…) étaient associées aux sciences occultes et aux maladies. Cependant, les Visitandines souhaitaient ardemment ce marais.

Elles en achèteront d’ailleurs plusieurs autres lors de leur expansion immobilière. Pour celui-ci, rue de Grenelle, elles n’hésitèrent pas à payer un pot de vin conséquent (44 livres) afin de remporter l’affaire. La raison en est fort simple : les Visitandines avaient compris très tôt les enjeux de l’eau.

Il est fort probable qu’elles disposaient de connaissances scientifiques poussées associées à un pragmatisme évident. A l’époque, l’eau courante dans les habitations n’existait pas. Il fallait quotidiennement aller chercher de l’eau et la ramener. Même si les habitudes d’hygiène et la consommation domestique étaient loin d’être celles d’aujourd’hui, les besoins en eau n’en étaient pas moins réels et ne cessaient de croître.

Les Visitandines créèrent rapidement un jardin de carrés de légumes sur leur domaine. Elles utilisaient l’eau de leur marais pour son arrosage, par l’intermédiaire d’un puits aménagé qui leur assurait aussi une consommation domestique régulière. Sans qu’il soit tenu compte de la qualité de cette eau, ce potager fut vite réputé pour sa magnificence.

Cette réussite s’explique par la présence d’une « zone humide » : le marais jouait à la fois le rôle d’une éponge – concentrant d’importantes quantités d’eau et servant de réserve en cas de pénurie – et de filtre, retenant les impuretés et augmentant d’autant la qualité de l’eau. Les Visitandines avaient donc réalisé un bon investissement.

L'après Visitandines

Après l’expulsion des religieuses en 1792, le terrain connut divers propriétaires, démolitions et ré-agencements mais l’accès au puits était conservé. Dès son installation, la SNHF exploite le potentiel en eau de cette nouvelle résidence : en 1863, deux fontaines agrémentent la cour (M. Cointat, Histoire du 84 rue de Grenelle, p. 30) et sont accessibles au voisinage, en plus du puits mitoyen. Cela témoigne que la SNHF prenait au sérieux les enjeux de l’eau et sa mission d’utilité publique (c’est vers la même époque que seront mises à disposition de la population parisienne les fameuses fontaines Wallace).

En 1970, l’hôtel particulier est détruit et remplacé par un immeuble moderne, conçu par un ancien élève de Le Corbusier. Le puits mitoyen est actuellement devenu une propriété privée et n’est plus, hélas, ni en service, ni accessible aux passants, mais il existe toujours. Parallèlement, l’histoire du puits artésien de la rue de Grenelle, au XIXe siècle, devait montrer que la qualité de l’eau dans cette partie de la capitale laissait tout de même à désirer. Sous l’impulsion d’Héricart de Thury (fondateur et président de la SNHF) des travaux furent entrepris pour l’aménagement d’un puits artésien rue de Grenelle, mais les résultats restèrent décevants. Au milieu du XXe siècle, la médiocrité de cette eau conduira à l’abandon de ce puits artésien qui fut finalement comblé.

Article paru dans Jardins de France
Octobre 2008

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