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La renaissance d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest

À l’origine de ce projet extraordinaire, Francis Hallé

Botaniste, biologiste, dendrologue, Francis Hallé s’est spécialisé en écologie des forêts, plus particulièrement des forêts tropicales humides. Il est aussi un grand spécialiste de l’architecture des arbres. C’est un fervent défenseur des forêts primaires. Il est à l’origine de nombreuses missions scientifiques. Il a initié grâce au « Radeau des cimes » de nouvelles méthodes d’études de la canopée des forêts tropicales.

De très nombreuses publications, la participation à la réalisation de films et d’émissions lui ont permis de transmettre ses convictions et ses immenses compétences sur le monde végétal et plus particulièrement sur les arbres.

Au cours de ses pérégrinations, Francis Hallé a réalisé une multitude de croquis des espèces et des spécimens étudiés. Ces œuvres ont fait l’objet d’expositions. Ses croquis sont de véritables illustrations botaniques.

Dessin Francis Hallé, à droite : Agroforêt / à gauche : Couroupita Guianensis.

L’association Francis Hallé pour la forêt primaire

Autour d’un double constat fait par Francis Hallé de la disparition des grandes forêts tropicales d’une part et des attaques extrêmement graves portées à la dernière forêt primaire d’Europe, la forêt de Bialowieza en Pologne.

En effet, la forêt de Bialowieza est depuis 2016, sous prétexte de stopper les attaques d’insectes xylophages, menacée par un programme d’abattage, mettant en danger le caractère spécifique de cette forêt primaire.

Malgré la condamnation de la Cour de justice de l’Union européenne, de l’UNESCO et de l’ensemble de la communauté scientifique, la Pologne et son gouvernement restent sourds à ces réactions internationales.

Enfin, un mur « anti-migrant » barbelé de 187 km de long pour 5 m de haut, construit en juin 2022 à la frontière biélorusse, est une source de fragmentation forestière particulièrement néfaste pour la faune (ours, loup, lynx et autres espèces).

Une mobilisation citoyenne était nécessaire.

Forêt de Białowieża © Jessica BUCZEK

 

De multiples contacts entre scientifiques, naturalistes, cinéastes, photographes, artistes et une rencontre de 13 de ces personnes en février 2019, décidèrent de fonder une association qu’ils nommèrent : Association Francis Hallé pour la forêt primaire.

L’association aujourd’hui

L’association compte aujourd’hui plus de 4200 adhérents dans 21 pays différents. Elle est reconnue d’intérêt général à vocation environnementale et son équipe d’animation compte 16 collaborateurs dont 5 salariés et 11 bénévoles ainsi que divers prestataires externes. Son conseil scientifique compte des experts de disciplines variées : agronomie, géographie, foresterie… Ses adhérents sont présents sur l’ensemble du territoire français (dont 507 dans la région Grand Est). Outre les cabinets experts associés (Acadie, Forestallia, AcTeon) l’association est liée à plusieurs institutions universitaires et de recherche comme le CNRS (Ladyss), l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (Master Bioterre), l’École supérieure d’Architecture de Versailles.

Aujourd’hui, plusieurs fondations et fonds de dotation apportent leur soutien financier à son activité : Lemarchand, Iris, Ginkgo, Nature et découvertes, Anyama, Botanic, La Boulangère Bio, 1 % Pour La Planète, Reforest’action, Klorane.

Un grand projet européen – La renaissance d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest

À gauche : Forêt de Białowieża © Jessica Buczek. À droite : Bison d’Europe réintroduit dans la forêt de Białowieża © Henrik Kotowski

 

Une forêt primaire est une forêt qui n’a été ni défrichée, ni exploitée, ni modifiée de façon quelconque par l’homme. Ou, si elle l’a été, un temps suffisant (multiséculaire) s’est écoulé pour qu’elle ait recouvré l’ensemble des processus dynamiques naturels s’observant au sein d’un écosystème forestier. C’est un joyau de la nature, un véritable sommet de biodiversité. Captation du CO2, production d’oxygène, régulation du climat, réserve de biodiversité, enrichissement des sols, reconstitution des ressources hydriques… ses bénéfices sont inestimables. En Europe, les forêts primaires, beaucoup plus riches en biodiversité que les forêts secondaires, ont pratiquement disparu pour laisser place à des forêts gérées.

Forêt primaire en Indonésie – (CIFOR / flickr.com) et forêt primaire tropicale.

En phase avec tous les niveaux de politiques publiques aujourd’hui affichés,

Un projet audacieux qui correspond aux engagements internationaux de la France ; s’aligner sur les enjeux mondiaux qui font consensus, en particulier dans le nouveau cadre mondial pour la biodiversité, adopté lors de la COP15 de Kunming et Montréal qui détermine des objectifs de 30% de restauration effective des écosystèmes dégradés et la protection de 30% des terres et mers mondiales.

Un projet qui répond aux intentions européennes en faveur de la biodiversité ; placer 10% des territoires de l’Union européenne en protection stricte n’interdisant « pas nécessairement l’accès des personnes, mais n’autorisant aucune perturbation significative des processus naturels afin de respecter les exigences écologiques des zones en question ».

Deux espaces possibles en région Grand Est : Les Ardennes et les Vosges du Nord

Sur environ 70 000 hectares, une forêt intacte évoluera de façon autonome, renouvelant et développant sa faune et sa flore sans aucune intervention humaine, et cela, sur une période de plusieurs siècles. Cette zone sera transfrontalière, avec une base française. Nous agirons pour que soient créées les conditions concrètes (scientifiques, techniques, juridiques, foncières) de son développement et de la constitution d’un réseau de grands espaces naturels intacts.

Une telle surface favorise notamment la circulation des espèces, le retour de la grande faune et la dissémination des graines, renforçant la diversité génétique. Elle assure les processus naturels de perturbations contribuant à la régénération du milieu et au respect du cycle de vie naturel d’une forêt en pourvoyant en particulier la présence de nombreux arbres de grande dimension et de bois morts.

Enfin, l’association ne souhaite pas avoir recours à la plantation d’arbres et vise à s’appuyer sur les dynamiques forestières naturelles. Pour cela, le projet partira d’une base forestière naturelle existante, et d’autres types d’espaces laissés en libre évolution.

Un projet pilote de développement territorial

Ce projet de forêt primaire en Europe de l’Ouest se positionne comme projet de territoire, comme exercice unique de prospective territoriale. Il s’agira de créer une grande région écoforestière.

Ce sera un ensemble de sites, de dispositifs, d’activités liées aux secteurs du bois, de l’agriculture, du tourisme de nature, etc. prenant en compte l’existant et la présence humaine dans le territoire.

Remerciement

Il faut remercier Damien Saraceni, responsable communication de l’association, d’avoir bien voulu que nous fassions une présentation résumée du projet, grâce à la richesse du site interne et du document de synthèse réalisé avec l’aide de Solène Wollf (dont je me suis largement inspiré).

Enfin, le soutien de tous ceux que cela intéresse sera bien entendu bienvenu.

Christophe Villain, section Arbres et Arbustes d’Ornement.

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Découvrez les nombreux ouvrages de Francis Hallé, disponibles à la bibliothèque de la SNHF.

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