Gommier cidre

Eucalyptus gunnii grand
© Plant Image Library

Nom latin : Eucalyptus gunnii Hook.f., 1844

Famille botanique : Myrtaceae.

Utilisations :

– L’écorce, riche en tannins, est récoltée pour produire différentes teintures.
– Les feuilles, très aromatiques, peuvent être cueillies, séchées, et disposées pour parfumer le linge. Les rameaux peuvent ajouter une note olfactive à un bouquet sec.
– On extrait des feuilles une huile essentielle riche en vertus antiseptiques, antivirales et antifongiques. Dynamisante et rafraîchissante, elle est notamment utilisée pour soulager diverses douleurs musculaires, ou accompagner les épisodes hivernaux (fatigue, migraines, manque d’énergie). Mais grâce à ses puissantes propriétés décongestionnantes et expectorantes, l’huile essentielle d’Eucalyptus gunnii est surtout utilisée en cas d’affections des voies respiratoires (toux grasses, bronchites, rhinopharyngites).

 

DESCRIPTION

Origine : Le Gommier cidre (Eucalyptus gunnii) est un arbre de la famille des Myrtaceae, qui regroupe notamment les genres Myrtus, Eugenia, Melaleuca, ou encore Syzigium. Il est originaire et endémique de Tasmanie, au sud de l’Australie. Sacré pour les populations locales, le Gommier cidre tient ce nom de sa sève, très sucrée, de laquelle les colons européens tentèrent d’en faire un alcool. L’introduction des Eucalyptus en France remonte environ au milieu du XIX e siècle, tout d’abord sur le pourtour méditerranéen, où le climat, similaire au sud-ouest du continent australien, est favorable à leur croissance.

La culture de l’Eucalyptus gunnii se répand alors rapidement, car il présente la particularité de résister aux hivers rudes de nos régions plus septentrionales. Ainsi, en y adjoignant ses qualités ornementales, le Gommier cidre est peu à peu devenu un arbre incontournable de nos parcs et jardins historiques européens. Aujourd’hui, dans son pays d’origine, les groupements forestiers sont menacés par l’élevage, qui fragmente les populations en déclin constant. Une récente évaluation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN en français), datée de 2019, a placé l’Eucalyptus gunnii sur la Liste rouge des espèces menacées, avec la mention « En danger » (EN).

Principales caractéristiques :

– Le Gommier cidre est un arbre de grand développement, au port dressé et étalé, pouvant, à maturité, atteindre les 20 m de hauteur et les 10 m d’envergure. Sa taille imposante en fait un sujet de choix pour les scénographies isolées dans un jardin de dimensions adéquates, ou dans les parcs. Sa croissance est très rapide et il dépasse facilement les 10 m de haut après seulement 5 ans de culture.

– Cet arbre présente la particularité de changer d’apparence tout au long de sa croissance : comme de nombreux individus de la même famille, son écorce et son feuillage constituent ses principales qualités ornementales, mais c’est sa forme de jeunesse qui lui a valu son autre nom d’« Eucalyptus à feuilles rondes ». En effet, ses feuilles, persistantes, mesurant entre 3-4 cm, sont arrondies, opposées, et de couleur bleue argentée durant les premières années de leur croissance, puis elles deviennent progressivement alternes et s’allongent avec l’âge (jusqu’à atteindre 8 cm de long), pour finalement arborer une teinte bleutée tirant vers le vert à maturité. Une caractéristique qui, si elle est entretenue par des tailles régulières (ou des cépées), peut être maintenue selon les préférences esthétiques : l’arbre conservera alors un port étalé et buissonnant. Son écorce, elle aussi, se métamorphose sur le même principe : lorsque l’arbre est jeune, les rameaux verts et lisses desquament par plaques entières, créant des motifs maculés brun-crème sur tout le bois. En vieillissant, la teinte du tronc perd de son intensité mais se craquèle toujours par endroits, découvrant un fût aux nuances de vert jaunâtre/gris-rosé et à la texture surprenante !

– Bien que discrètes et larges d’un centimètre, ses fleurs ont elles aussi un intérêt : de couleur blanc-crème, elles sont groupées sur les rameaux tels des petits pompons et attirent quantités de pollinisateurs. En fin d’été et début d’automne, l’arbre se couvre alors de fruits, de petites cupules vertes puis brunes à maturité, renfermant les graines.

Eucalyptus gunnii fruits
© Plant Image Library

Période de floraison : Période estivale, d’août à septembre. Fructification de septembre à octobre.

Rusticité : 

– Résistance au froid : oui, jusqu’à -18 °C (température à considérer s’il s’agit de froids secs). Zone de rusticité : 8.

– Résistance à la chaleur : oui. Entre 30-40 °C, il arrive que des branches se brisent.

Toxicité connue : Pas de toxicité connue.

 

CULTURE

Niveau de difficulté : Facile.

Sol :

– Profond, frais, riche, drainé et pas trop sec.
– pH : neutre privilégié mais tolère les sols légèrement acides, légèrement calcaires, et légèrement argileux.

Exposition : À l’extérieur, en situation très lumineuse à ensoleillée, à planter à l’abri des vents forts et desséchants.

Semis/plantation :

– Semis :

  • Période : sous nos climats, on commence à récolter les fruits à partir de fin septembre. Les graines sont petites et peuvent être semées immédiatement, à condition de maintenir une température comprise entre 18-24° C pour permettre la levée (serre chauffée en hiver ou sous châssis au printemps).
  • Matériel et méthode : Le semis s’effectue dans un substrat riche (en terrine ou en pot), lequel est maintenu humide mais sans excès, car cela entraînerait une pourriture de surface ou une fonte des semis. Dans ces conditions, les graines germent environ 4 semaines après avoir été semées. De croissance rapide, il est important de repiquer les jeunes sujets et de les rempoter rapidement afin d’éviter aux racines de former un « chignon ».

– Plantation :

  • Période : peut s’effectuer de mars à mai ou de septembre à novembre. On évite les périodes de gelées matinales ou de fortes chaleurs, et on privilégie les périodes de demi saison où la terre est encore chaude (ou se réchauffe) la nuit. L’idéal étant de planter quand les températures nocturnes ne descendent plus/pas encore sous les 10° C.
  • Matériel et méthodes : l’Eucalyptus gunnii apprécie les emplacements chauds et ensoleillés et les sols profonds, qui permettront à ses racines de correctement se développer. Mais il faut éviter de le planter en situation trop venteuse, à laquelle il est sensible. En pot, utilisez un terreau de rempotage classique, riche et bien drainé, et un contenant profond. En pleine terre, utilisez un mélange de 50 % de terreau et 50 % de terre de jardin. La fosse de plantation devra être assez large et profonde de 2 à 3 fois la hauteur de la motte. Il est bien sûr nécessaire de l’amender et de l’arroser avant la plantation. L’arrosage devra être copieux après la plantation.

Conseil : bien qu’il soit possible de le conserver en pot durant les premières années de sa vie, une plantation en pleine terre sera préférable pour profiter de son plein potentiel et pour éviter à la motte de former un chignon racinaire qui épuiserait l’arbre.

Eucalyptus
© Plant Image Library

Conduite de culture :

– Utilisation et espacement : l’Eucalyptus gunnii peut être utilisé en plantation isolée ou groupée. Dans le dernier cas, un espacement minimum d’1m 2 doit être respecté entre chaque sujet.
– Fertilisation : non nécessaire. C’est un arbre robuste et résistant, qui s’accommode de tous types de sols, s’ils sont bien drainés, pas trop calcaires ou argileux. Dans ce cas un amendement sera requis.
– Besoins en eau : en pot, on laissera sécher la motte avant un nouvel arrosage. En pleine terre, des arrosages seront nécessaires durant les premiers mois pour aider à la reprise, hors périodes de gel.
– Taille : afin de conserver une silhouette buissonnante et bleutée, une taille de formation peut être pratiquée au moins une fois par an, au printemps. S’agissant d’un arbre vigoureux, qui peut pousser d’un à deux mètres par an, ne pas hésiter à rabattre court, au-dessus du troisième nœud de chaque rameau, au départ de la végétation, en mars. Si l’on préfère un développement naturel, une simple taille d’entretien peut se réaliser une fois par an, à la même période, en supprimant les branches qui se croisent ou en allégeant la silhouette.

Maladies et parasites courants : L’Eucalyptus gunnii est assez robuste. Cependant, dans les régions méditerranéennes, il peut être sujet aux :
– Parasites : longicornes, charançons et psylles, notamment Phoracantha semipunctata, Gonipterus scutellatus et Blastopsylla occidentalis..

– Maladies : galles, causées par Ophelimus eucalypti, Ophelimus maskelli ou Leptocybe invasa.
Ces derniers peuvent causer des dégâts importants dans les jeunes plantations et les pépinières. Les feuilles se couvrent de boursoufflures et affaiblissent l’arbre. Nos hivers de plus en plus doux et l’absence de prédation sont favorables à l’implantation durable de ces insectes galligènes.

Solutions : en cas d’infestation, taillez et brûlez les feuilles ou rameaux atteints.

 

Fiche réalisée par Lise-Margot Dumargne, responsable adjointe de culture à l’Arboretum de Versailles-Chèvreloup, Muséum national d’Histoire naturelle de Paris