Rosiers buissons

Rosier de la variété ‘Henri Delbard’. Marc Mennessier
  • Noms latins : Rosa sp.

 

  • Famille botanique : Rosacées comme l’aubépine et le laurier du Portugal.

 

  • Principaux types : Rosiers anciens, « rosiers paysage », « rosiers couvre-sol », rosiers miniatures.

 

  • Utilisations : Soulignons, d’emblée, le plaisir toujours renouvelé de prélever quelques roses au jardin pour fleurir la maison. Les roses coupées que l’on peut se procurer dans le commerce, ne sont d’ailleurs que les fleurs de rosiers-buissons sélectionnés spécialement à cet effet.

    La nécessité de pouvoir intervenir fréquemment dans l’entretien des rosiers-buissons ainsi que leur caractère épineux interdisent leur culture en massifs mélangés et compacts. C’est en les isolant les uns des autres, ou en les plantant par tout petits groupes homogènes sur un fond de belle pelouse, que leur effet sera le plus gratifiant.

 

 

DESCRIPTION

‘Elle’, obtention Meilland. Marc Mennessier
  • Origine/ histoire : En Europe occidentale, nos jardins se sont continuellement enrichis d’espèces et de variétés nouvelles. Avec le retour des Croisés, arrivèrent des roses méditerranéennes, les espèces nord-américaines suivirent quelques siècles plus tard, puis ce fut le tour des orientales (Indes, Chine, Japon): chacune additionnant par hybridation des caractères novateurs à nos «roses anciennes»: la grosseur de la fleur, la capacité à refleurir une seconde fois (caractère «remontant»), des couleurs inusitées comprenant des gammes de jaunes, des parfums plus épicés.

    Rappelons qu’aucune des roses de Joséphine Bonaparte à la Malmaison ou à Navarre n’étaient encore remontantes et qu’il fallut attendre les années 1840 pour bénéficier de ce progrès.

    Le goût des roses et le perfectionnement des sélections incita les amateurs à créer des jardins spéciaux pour les présenter et les juger. Roseraies et concours, aujourd’hui bien établis et d’ailleurs soutenus par la Société Nationale d’Horticulture de France, sont de puissants moteurs du progrès esthétique et commercial. On recherche des variétés floribondes sur de longues périodes, d’un port naturellement harmonieux et de plus en plus tolérantes aux maladies.

 

 

  • Principales caractéristiques : Présenter une classification des rosiers-buissons serait dans ce cadre, une gageure. Contentons-nous de rappeler que la gamme des roses anciennes est absolument charmante, mais que la floraison, souvent simple et délicatement parfumée, n’est pas remontante. Beaucoup d’entre elles ont gardé de leur origine sauvage, la fâcheuse habitude de fortement drageonner, ce qui exige une greffe sur une espèce plus sage.

    La vigueur des hybrides obtenus à partir du XIXe siècle est très variable, ainsi que leur résistance aux maladies et parasites. On comprend que pour la rose aussi, les variétés anciennes ne soient pas nécessairement les meilleures, surtout si l’on veut bien contribuer à réduire l’usage des pesticides au jardin.
    Depuis quelques décennies, la mode a permis la mise sur le marché de Rosiers miniatures, Rosiers de petits jardins et aussi de petits jardiniers. Ces variétés rejoignent la consommation des plantes fleuries en pot et leur intérêt est somme toute un peu limité.

    Plus significative est la mise au point de gammes destinées aux plantations en grandes masses. Il s’agit des rosiers « couvre-sol » ou encore « rosiers paysage », de coloris variés, très remontants, susceptibles d’entretien très réduit et de taille mécanisable. Destinés à être contemplés avec un certain recul ou en voiture par exemple, leur emploi au jardin d’amateur est souvent décevant.

 

 

  • Période de floraison : Mai-juin et jusqu’aux grosses gelées pour les variétés remontantes.

 

  • Rusticité : Bonne résistance au froid à l’intérieur de l’Hexagone.

 

 

CULTURE

L’églantier (Rosa canina) sert de porte-greffe à de nombreux rosiers.
  • Niveau de difficulté : Moyen.

 

  • Sol : Les rosiers-buissons sont des plantes de terre consistante et saine, telles les terres à blé du Bassin parisien. Les sols nettement calcaires posent un gros problème de chlorose et de dépérissement rapide aux rosiers greffés sur Rosa multiflora, un porte-greffe malheureusement très utilisé par les producteurs. Rosa canina, notre vieille églantine, et quelques autres sont préférables. Renseignez-vous au moment de vos achats.

 

  • Exposition : Plein soleil.

 

  • Plantation : L’opération ne présente aucune particularité. On aura seulement garde de ménager un trou de plantation d’au moins 50 cm de côté et de la profondeur d’un fer de bêche. On profitera de l’opération pour incorporer un peu de terreau, une fertilisation phospho-potassique et éventuellement un engrais azoté à libération lente, de préférence organique, comme de la corne broyée ou torréfiée, facile à trouver dans le commerce. Si vous achetez votre rosier « à racines nues », il faudra éliminer les racines abîmées et surtout pratiquer le célèbre « pralinage » destiné à faciliter la mise en contact intime des racines et de la terre ambiante. Point n’est besoin d’acheter un produit spécial. Il suffit de délayer dans de l’eau, de la terre fine, un peu argileuse de préférence et d’y tremper les racines avant la plantation.

 

  • Greffage : Le Rosier-buisson a longtemps fait la fierté spéciale des jardinières et jardiniers qui se faisaient une obligation et un plaisir de savoir les greffer en écusson sur des cannes d’églantier récoltées dans les haies. L’opération requiert une certaine minutie, mais reste à la portée de chacun. Le bouturage au printemps ou en automne est également possible dans de nombreux cas, mais n’apporte pas la même satisfaction. Les pieds obtenus, pas toujours bien adaptés au terrain, affectent parfois un port plus irrégulier, voire drageonnant pour les variétés anciennes ; leur longévité est parfois compromise et le taux de reprise n’est pas idéal, les rosiers jaunes ont à ce sujet mauvaise réputation.

 

  •  Conduite de culture : Le rosier-buisson traditionnel, le vrai, ne souffre au jardin aucune négligence. Le sécateur bien affûté pour ne pas blesser les rameaux lors de la taille est presque sans arrêt en action: il faut retirer les fleurs fanées, disgracieuses et compromettant les boutons suivants, éliminer les éventuelles parties malades, effectuer un premier nettoyage général par une taille haute en automne et enfin, appliquer au printemps, lorsque les gelées ne sont plus à redouter (quand refleurit le lilas), une taille de simplification et d’aération de la touffe (de 3 à 7 branches selon la vigueur de la variété) et surtout encourager les ramifications de la base. Là encore, on conservera 3 à 5 bourgeons, selon la vigueur du sujet.

 

  •  Maladies et parasites courants : Les rosiers sont surtout victimes de pucerons verts et d’oïdium ou «blanc», un champignon microscopique tout comme le marsonia qui est à l’origine des fameuses taches noires des feuilles, ou encore la rouille. Ces maladies et ennemis compromettent la floraison et provoquent une chute prématurée des feuilles. On en élimine une grande partie lors des tailles des sarments et lors du ramassage des feuilles, que l’on exportera du jardin (incinération, dépôt en déchetterie). La lutte chimique, toujours modérée, fera appel aux matières actives encore homologuées à cet effet.

 

 

Fiche rédigée par Daniel Lejeune, administrateur de la SNHF

 

 

À propos des rosiers « Thé »

Nous avons déjà fait remarquer la généalogie extrêmement complexe des rosiers de jardins. Malgré les efforts des spécialistes, collectionneurs ou sélectionneurs, il est impossible d’y voir réellement clair. De plus, la notion de race en horticulture n’est pas homologuée comme chez les animaux domestiques où règnent standards et pedigrees.

Une race horticole caractérise plutôt une descendance mise au commerce à partir d’une première plante intéressante entrée ensuite parfois par hasard dans diverses combinaisons génétiques. Il en est ainsi des rosiers Noisette, dont l’origine remonte à un semis de Rosa semperflorens, reçu de Philippe Noisette, installé en Amérique. Au bout de quelques semis, la race Noisette ne partageait plus grand chose avec le pied de départ. Ce n’était plus le rosier de Philippe Noisette, mais un choix de rosiers commercialisés par son frère Louis Noisette !

On en dirait autant de la race Bourbon, issue d’un hybride rapporté de l’île de la Réunion par le jardinier Bréon. Il en serait de même, et pire encore, de la race Boursault, issue peu clairement d’un sujet obtenu chez ce riche amateur, dont le nom aurait sinon été oublié depuis.

Les rosiers « Thé », « Hybrides de thé », « à odeur de Thé » portent un nom qui a marqué les esprits et qui s’est imprimé dans notre mémoire collective.

Leur gloire coïncide avec l’âge d’or de l’horticulture et l’avènement des roseraies modernes. Il faut dire que la plupart des rosiers Thé partagent bien des qualités : ils sont remontants, parfumés. Leur fleur atteint souvent l’élégance définitive d’un bouton turbiné s’ouvrant sur une large corolle à nombreux pétales. Certaines variétés sont même sarmenteuses (Climbings). Les nuances jaunes ou crème font partie de leurs couleurs.

Seule l’origine extrême-orientale des géniteurs pourrait avoir une quelconque relation avec le thé et sa culture, car on éprouve des difficultés à trouver qu’une rose sente le thé, sente un thé, Quel thé, d’ailleurs ? Soyons pourtant étonnés, car la célèbre Charlotte Testu prétendait que leur parfum provenait… de leur feuillage froissé ! Cela montre bien que lorsqu’on veut trouver, on trouve.

Les rosiers Thé descendent des Rosa indica fragrans cultivés de toute ancienneté en Chine et introduits en Europe dès la fin du XVIIIe siècle, à nouveau en 1809, en 1824 et enfin en 1845 par Robert Fortune. C’est de l’hybridation de cette « espèce » avec nos rosiers galliques (Rosa gallica) que sont nés les premiers hybrides remontants, malheureusement plutôt frileux.

Il s’ensuit une longue liste de variétés, elles-mêmes regroupées en deux descendances plus un grand ensemble n’ayant pas encore trouvé sa place aux yeux des classificateurs. Finalement, les roses Thé, outre leur beauté, ont surtout pour elles un parfum d’exotisme !

D. L.