Violettes odorantes

Viola odorata : formes naturelles de la variété ‘Reine Charlotte’ sur muret. P. Barandou/SNHF
  • Nom latin : Viola odorata ou V. alba dehnhardtii.
  • Famille botanique : Violacées.

 

  • Principaux types : Les violettes européennes présentent des formes et des couleurs très variées et les hybrides, naturels ou cultivés, nombreux. Rustiques, les variétés asiatiques et les nord-américaines perdent leur feuillage en hiver ; leurs fleurs sont inodores et diversement colorées. Celles provenant d’Amérique du Sud sont très peu connues tandis que les australiennes sont très florifères et élégantes.

 

  • Utilisations :
    – À l’extérieur en jardinière, en sac-suspension canadien, en massif, à mi-ombre, pour décoration et fleur coupée.
    – À l’intérieur en pot dans la journée l’hiver, au frais la nuit (la température doit impérativement être inférieure à + 10 °C).Les violettes servent aussi à produire de l’huile essentielle utilisée en parfumerie. On en fait également des liqueurs, des boissons, de la confiserie et des pâtisseries.

 

DESCRIPTION

  • Origine : V. odorata s’est installée en Europe, tant en plaine qu’en altitude, en Asie occidentale, en Afrique du Nord et aux Îles Canaries. Elle est cultivée depuis très longtemps au Moyen-Orient. Les Grecs l’utilisaient dès 400 avant J.-C.La seconde espèce, V. alba s’établit dans les régions moins froides. Malgré son nom ‘alba’, qui signifie blanche en latin, elle peut arborer d’autres couleurs comme le violet.

 

  • Histoire: Les fleurs de ces deux espèces cultivées sont souvent parfumées. Ce parfum très apaisant, très doux, non entêtant, est unique. Des sélections de fleurs doubles apparues dans les temps très anciens ont été conservées jusqu’à nos jours, par les monastères, les châteaux et les jardiniers. La vogue des violettes fut incroyable dès la Révolution. Le XIXe siècle les sublima avec des fleurs très belles, souvent simples (5 pétales), très grandes à longue tige, de bonne tenue et les cultures se multiplièrent dans toute l’Europe, en particulier, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Italie.

    Une V. alba dehnhardtii naturelle de couleur violette à œil blanc de la Vallée du Rhône tend à dupliquer le nombre de ses pétales. À Constantinople, des souches de teintes variées à fleurs très doubles sont décrites par Clarici P. Bartolomeo au début du XVIIIe siècle dans les jardins du Sultan. On en voit en Allemagne, à Paris, chez Souchet Père, à Saint-Cloud, en 1808, à Grasse en 1755, pour le parfum et pour nous c’est la ‘Violette de Parme’, même si la ville italienne n’y est pour rien. L’impératrice Marie-Louise en achetait chez Mme Nattier, fleuriste à Paris, en 1813. Devenue Duchesse de Parme, elle en cultiva à Colorno.

    Les cultures pour fleurs coupées se comptaient en centaines d’hectares sous châssis à Paris (200 hectares) et à Toulouse (12 hectares), abritées sous des claies à Hyères (> 500 ha) et en Provence. La France exportait sa production vers l’Angleterre et toute l’Europe.

 

  • Principales caractéristiques : Les violettes sont des plantes herbacées pérennes à végétation courte, en rosette étalée aux feuilles cordiformes, petites pendant la saison fraîche. Leurs fleurs printanières, dont la couleur va du violet au blanc sont constituées de 5 pétales : 2 dressés, 2 latéraux et 1 inférieur muni d’un éperon postérieur et de glandes nectarifères. Cinq étamines souvent stériles entourent le pistil en tête d’oiseau.

    Pendant la saison chaude, les pétioles et les feuilles grandissent tandis que les fleurs s’atrophient et les pétales disparaissent. Les boutons floraux ne s’ouvrent pas, mais dans la capsule la fleur fermée est auto-fertile et produit des graines. Les plantes émettent une multitude de stolons, sortes de tiges rampantes donnant des rosettes qui peuvent s’enraciner, fleurir et se reproduire.

    Les fleurs doubles des deux espèces sont des pélories (monstruosités) excitantes, rares et magnifiques, souvent stériles.Chez les V. odorata, les couleurs sont roses, rouge foncé ou violettes.

    Chez les V. alba dehnhardtii ou violettes de Parme, ce sont les tons violets, mauves pour les 40 pétales à base blanche, parfois rayée de rouge (var. ‘Marie-Louise’), ou blanc pur (var. italienne ‘Conte de Brazza’). La célèbre ‘Violette de Toulouse’ est une Parme magnifiée par le terroir, le climat et la rigueur des professionnels qui, sur 12 hectares de culture, ont mis au point une production exceptionnelle depuis le Second Empire jusqu’à l’hiver rigoureux de 1956. Elle était reconnue dans toute l’Europe.

 

CULTURE

  • Niveau de difficulté : Facile.
  • Sol : Terre légère, fraîche, bien drainée, humifère avec un pH proche de la neutralité.

 

  • Exposition : À mi-ombre dans les régions chaudes et, si possible, abritée pendant l’hiver pour les ‘Parme’.

 

  • Période de floraison : Maximale en mars, avec un petit pic en automne.

    La température nocturne joue un rôle crucial :
    – En dessous de 10 °C, la fraîcheur induit la floraison dite « parfaite », parfumée et riche en pétales colorés, que nous aimons,- Au-dessus de 10 °C, la floraison estivale fermée et reproductrice, plus discrète, est privilégiée par la plante.

    Il semblerait que des vagues de quelques jours plus chauds ou plus froids suffisent pour désorganiser les violettes sauvages, mais aussi les cultures professionnelles. Depuis des années, les températures nocturnes hivernales perturbent la végétation dans un sens et dans l’autre occasionnant un désordre végétatif complet.

 

  • Semis/plantation : Les V. odorata se sèment en novembre-décembre. Les graines germent au pied et les plantules sont récupérées en mars et repiquées, puis rempotées en grand godet. La mise en place définitive s’effectue en octobre ou au printemps suivant. Notez que les semis naturels obtenus à partir de plantes mères installées à plusieurs mètres les unes des autres donnent de bons résultats.

    Vous pouvez également procéder à un semis en terrine à l’extérieur à mi-ombre ou au nord d’un muret, dans les régions à hiver doux. Protégez le semis avec un grillage mais sans vitrage : la graine de violette est dite « froide ». Elle se réveille avec les températures basses !Bouturage possible pour les deux violettes. Jeunes rosettes au bout des stolons.

 

  • Conduite de culture : Arrosez abondamment en été. Fertilisez avec des engrais complets.

 

  • Maladies et parasites courants : La liste des maladies et des ravageurs est importante. Mais si les violettes sont sensibles, une bonne maîtrise technique permet d’obtenir de bons résultats.

    Utilisez, pour commencer, des plants sains, des pots et du matériel propres, des terreaux neufs pour les rempotages.

    Observez régulièrement feuilles, tiges et fleurs afin de noter d’éventuelles taches, déformations, piqûres ou variations de couleur ainsi que la rugosité du limbe des feuilles, l’état des racines…Essayer de reconnaître les agressions à l’aide d’un manuel ou consulter un professionnel.

    Par temps humide, éviter d’arroser les pots, le sol et de mouiller le feuillage et les fleurs surtout le soir, les pourritures seraient favorisées sur les plantes et leurs racines… Botrytis et parfois rouilles sur les parties aériennes, Pythium, Rhizoctonia, Thielaviopsis sur les racines.

    Les insectes, comme la cécidomyie (Dasyneura), peuvent s’avérer très dangereux. Ce parasite qui réalise trois à quatre générations par an, pond sur la bordure des feuilles qui s’enroulent sur les larves et les tissus gonflent. Toutes les feuilles des rosettes peuvent être atteintes. Les pucerons noirs bloquent le bourgeon terminal des tiges et annulent la floraison si bien que la végétation se répartit sur les stolons inférieurs. Notez également la possibilité d’attaques de chenilles défoliatrices en été.

    Les acariens envahissent le dessous du feuillage par temps chaud et très sec et le feutrent de leur toile. Humidifier plusieurs fois l’atmosphère avant la forte chaleur. Faucher les feuilles en été, dernier délai: fin juillet.

    Attention aux nématodes introduits par les plantes nouvellement acquises.

 

Fiche rédigée par Pierre Barandou, SNHF, section Fuchsia et Pélargonium.

 

Pour en savoir plus :
Nicholson, Dictionnaire d’horticulture. – Les Violettes d’A. Millet, réédition 1999. – Article F. Tesnier 1913.

Le chant de la violette, revue Jardins de France, janvier-février 1999.

Bibliothèque horticole de Berlin-Charlottenburg. – Impératrice Marie-Louise, Archives Barilla, Parme. – Clarici P. B., Internet.

Viola alba dehnhardtii : V. Malécot… Max Henry et al. Internet.

Parasites : Gilbert Chauvel, 5ème Congrès de la violette Toulouse, 1999.