Hémérocalles

Hybride ‘Ruby Spider’. F. D. Richards sous licence CC.
  • Nom latin : Hemerocallis.

 

  • Famille botanique : Hemerocallidacées.

 

  • Principaux types : Le genre Hemerocallis comporte environ 30 espèces. Les études génétiques permettent de rapprocher ce genre de celui de Phormium . Un cortège de cultivars accompagne la plupart des espèces et un ensemble d’innombrables hybrides diploïdes ou tétraploïdes sont disponibles pour les amateurs.
    Hémérocalle signifie, en grec, « beauté d’un jour », car durée de vie de ses fleurs n’excède pas 24 heures.

    Les hybrides modernes diffusés en France proviennent d’Amérique du Nord, de Nouvelle-Zélande, d’Australie, mais aussi d’Allemagne et de Belgique. Ils ont été sélectionnés par les pépiniéristes pour convenir aux conditions océaniques à continentales.

 

  • Utilisations : Les hémérocalles sont des plantes vivaces ornementales, robustes, cultivées en pleine terre ou en pot dont de très nombreux hybrides sont proposés en Europe.

 

DESCRIPTION

  • Origine : Ces plantes sont originaires d’Extrême-Orient : nord de la Chine, Mongolie, nord-est de la Sibérie, Corée du Nord, moitié Nord du Japon et pour au moins deux espèces, du sud-ouest de la Chine.
Hemerocallis fulva. Swallowtail Garden Seedssous licence CC.
  • Principales caractéristiques : Les hémérocalles peuvent avoir un feuillage soit persistant soit caduc selon les espèces et les hybrides dont ils découlent.

    La partie la plus importante de la plante qu’il faut notamment protéger du gel est la couronne correspondant au point de jonction des feuilles et des racines. De façon générale, cette couronne doit être plantée à environ un centimètre sous la surface du sol. La protection de cette partie détermine la survie de toute la plante. Avec l’âge, toutes les hémérocalles finissent par constituer une colonie compacte par croissance souterraine de nouvelles couronnes.

    Les racines charnues sont généralement de couleur brun pâle à orangé. Il est fréquent d’observer des renflements, lesquels accumulent les réserves de la plante. Quelques espèces possèdent des racines non charnues dites fibreuses. Les racines parviennent à constituer une masse dense d’où émergent de nombreuses plantules autour du pied mère. Les espèces botaniques H. lilioasphodelus et H. fulva se multiplient facilement à partir des racines mais on notera que ce n’est pas nécessairement le cas pour tous les hybrides qui en descendent.

    Les feuilles sont en ruban, directement implantées sur la couronne. Elles sont vert pâle à foncé, avec parfois un reflet bleuâtre, lisses, légèrement nervurées et pliées vers le centre de la plante, le long d’une nervure centrale. Leur port ployant vers l’extérieur forme un éventail autour de la plante. Seule, l’espèce H. aurantiaca originaire d’un climat doux possède un feuillage persistant. Les autres espèces sont plus ou moins dormantes selon la température hivernale. On notera l’existence d’espèces et d’hybrides nains, moyens ou de grande taille.

    Les fleurs apparaissent à l’extrémité d’une tige rigide et sans feuille (scape) directement issue de la couronne. Les espèces naines ont des scapes mesurant moins de 5 cm (H. darrowiana) et les géantes jusqu’à 2 m (H. altissima). La hauteur des hybrides varie entre 20 cm et 1,15 m pour une moyenne de 45 à 75 cm. Le scape est plus ou moins divisé dans le tiers supérieur et supporte plusieurs fleurs. Le bouton floral est protégé par une bractée en ruban implantée à la base de chacune des branches du scape.

    Les jeunes plants obtenus par division présentent des scapes plus courts au début de leur croissance. C’est la raison pour laquelle il est recommandé de n’utiliser que des plantes de plus de deux ans dans les plates-bandes. Il faut alors prévoir une culture transitoire des jeunes plants soit en jauge ou soit en pot avec une terre riche. C’est aussi le conseil à suivre pour les jeunes plants récemment achetés.

    La fleur est constituée d’un pédicelle, 3 sépales en pointe, 3 pétales plus larges chez les hybrides, 6 étamines et un pistil. La forme est généralement en trompette plus ou moins ouverte, avec des bords recourbés, voire enroulés chez les hybrides modernes. Le diamètre de la fleur ouverte varie entre 5 et 27 cm selon les cultivars. Les coloris vont du vert chartreuse, jaune pâle, blanc, jaune vif, orange pâle à vif, vermillon, rose pâle à carmin, violet, rouge brun. Les hybrides modernes offrent des combinaisons de plusieurs couleurs sur sépale, pétale et gorge. Quelques espèces et hybrides peuvent présenter un parfum musqué à sucré selon les conditions climatiques et l’heure de la journée. Curieusement, les horaires d’ouverture des fleurs sont variables d’une espèce et d’un hybride à l’autre, ce qui doit être pris en considération dans la sélection et pour les effets désirés.

    Les graines se développent dans une capsule oblongue vert foncé à 6 loges. Leur maturité intervient entre 60 et 80 jours après la fertilisation. L’ovaire s’ouvre en trois parties où apparaissent autant de rangs de graines noires, rondes à oblongues.

 

  • Les espèces d’hémérocalles adaptées aux climats doux :
    H. aurantiaca : (rusticité -10° à -5°C) sud de la Chine et Japon, introduite au Royaume-Uni en 1870 dans les jardins botaniques de Kew d’où proviennent la plupart des plants européens (France, 1890). Racines charnues à renflements formant de nombreux stolons. Feuillage large et persistant formant une touffe de 80 cm de haut. La tige florale courbée atteint 90 cm de haut. Une vingtaine de fleurs par tige possèdent un très court pédicelle, d’un diamètre de 13 cm, tubulaires, orange foncé avec une nervure jaune. Le gène « persistant » étant dominant, il a pu être exploité par les obtenteurs. Il est également à l’origine des hybrides à larges pétales et à longue floraison.

    H. nana : (rusticité -5 à 0°C) Sud-ouest de la Chine (Yunnan). Racines épaisses aux extrémités. Feuilles non persistantes, formant une touffe de 45 cm de haut. Une tige florale de 25 cm de haut non divisée, avec une bractée et une seule fleur orange foncé.

 

  • Les espèces d’hémérocalles adaptées aux climats moins cléments :
    H. altissima : (Rusticité -20 à -15°C) – Chine (Basse vallée du fleuve Yangzi), les graines ont été introduites aux États-Unis vers 1930. Racines épaisses à renflements. Feuilles non persistantes formant une touffe de 1,20 m de haut. Une tige florale d’au moins 2,20 m de haut divisée dans le quart supérieur, avec bractées de 10 cm. Floraison nocturne et tardive de septembre à octobre, fleurs en trompette, larges de 7,5 cm, jaune pâle, parfumées. Les gènes « haute taille », « floraison nocturne », « floraison tardive » et « parfum » sont dominants et ils ont été utilisés par les obtenteurs. L’espèce est à l’origine des hybrides aux fleurs de type « araignée ».

    H. citrina : (Rusticité -30 à -25°C) – Chine méridionale, introduite vers 1897. Parmi ses caractères : vigueur, rusticité, résistance à la sécheresse. Racines épaisses à renflements, passant de l’orange au brun avec l’âge. Larges feuilles non persistantes aux reflets bleuâtres, formant une touffe de 1,10 m de haut. Une tige florale de 1,20 m de haut divisée dans le quart supérieur produisant plus d’une soixantaine de fleurs de juin à août. Floraison nocturne mais s’ouvrant tôt dans l’après-midi, boutons floraux pourpre, fleurs en trompette large de 12 cm et longues de 17 cm, couleur jaune citron avec le revers des sépales, verdâtre. Cette espèce débute sa dormance tôt en fin d’été. Les obtenteurs ont utilisé le gène « parfum ». Les Chinois ont un usage gastronomique de ses boutons floraux séchés.

    H. dumortieri : (Rusticité -30 à -25°C) – Est de la Sibérie, Mandchourie, Corée, Japon. Introduite aux Pays-Bas en 1830 par von Siebold puis diffusée par semis (France, 1834) qui donnèrent lieu aux variétés botaniques H. d. rutilans (1929), H. d. altaica (1952). Feuilles non persistantes, couchées après la floraison, formant une touffe de 35 cm de haut. Une tige florale penchée de 35 cm de long, non divisée, produit quatre fleurs en juin-juillet. Boutons floraux brun roux, fleurs en trompette jaune foncé, larges de 7 cm.

    H. esculenta : (Rusticité -25 à -20°C) – Originaire des prairies des montagnes japonaises et de l’île de Sakhaline. Introduite en 1935. Racines épaisses, sans renflement, étalées. Feuilles non persistantes, arquées, formant une touffe de 80 cm de haut. Une tige florale de 90 cm de haut, divisée au sommet, produit plus 5 à 6 fleurs en trompette, larges de 9 cm et longues de 10 cm, couleur orange.

    H. exaltata : (Rusticité -30 à -25°C) – Endémique de l’île japonaise de Tobishima (Ouest de l’archipel), introduite en 1934. Racines épaisses, à renflements. Feuilles non persistantes (début de dormance en fin d’été), repliées sur la nervure, formant une touffe de 90 cm de haut. Une tige florale de 1,20 m de haut divisée au sommet produisant des fleurs orange clair d’un diamètre de 12 cm. Floraison diurne s’ouvrant le matin. Les pétales sont larges (spatulés).

    H. forrestii : (Rusticité -25 à -20°C) – Originaire du sud-ouest de la Chine (Yunnan) où, contrairement aux autres espèces, elle trouve des conditions sèches et un sol rocheux. Introduite en 1912. Racines épaisses. Larges feuilles non persistantes, vert moyen, formant une touffe de 30 cm de haut. Une tige florale de 30 cm à 60 cm de haut, divisée au sommet, produisant plus de huit fleurs. La fleur, portée par un pédicelle de 2 cm, a une forme tubulaire d’un diamètre de 7 cm, de couleur jaune à orange foncé.

    H. fulva : (Rusticité -30 à -25°C) – Chine et Japon (tolère les milieux humides). Introduction en Europe dès le XVIe siècle. Il s’agit d’une espèce triploïde naturelle aux fleurs stériles, se multipliant à partir de ses racines épaisses, à renflements, parmi les plus développées du genre et donnant lieu à de nombreux stolons. Larges feuilles non persistantes au-dessous de +10 à +13°C, pliées sur la nervure, formant une touffe de 90 cm de haut. Une tige florale de 1,10 m de haut divisée dans le quart supérieur, produit plus d’une vingtaine de fleurs. Floraison diurne, fleurs tubulées, larges de 10 cm, sépales et pétales recourbés aux bords plissés. La couleur varie de l’orange vif au rose et au rouge, avec parfois un œil brun. Des variétés sont apparues avec une nervure sombre sur chaque pétale. Les graines sont oblongues.

    Ce genre est à l’origine des premiers hybrides dont la plupart, triploïdes, sont stériles. Les premières hémérocalles rouges furent obtenues par croisement de H. fulva var. rosea avec H. aurantiaca. H. fulva ‘Europea’ est très répandu pour ses fleurs régulières orange foncé, des veines foncées, des nervures abricot et un large œil brun. Ses racines forment un rhizome dont les morceaux fournissent autant de plantules. C’est un hybride triploïde et stérile, mais son pollen est fertile et très employé pour l’obtention des premiers hybrides qui ont abouti aux hybrides modernes. H. fulva ‘Flore Pleno’ était connue en Chine et présentée en Europe dès 1860. Elle est très proche de la précédente et un des deux seuls hybrides à fleurs doubles du genre.

    Les fleurs orange à œil brun ont un diamètre de 15 cm dont les pétales et sépales extérieurs sont recourbés. H. fulva ‘Kwanso Variegata’ a été importée du Japon avant 1864. Les fleurs sont doubles et moins régulières que ‘Flore Pleno’. La couleur est orange foncé. Les feuilles sont rayées de blanc dans la longueur. H. fulva ‘Vieux Carré’ est la seule forme persistante de l’espèce fulva. Très répandu aux États-Unis (Louisiane et États du Sud) où elle est arrivée avec les premiers colons. Originaire de Chine et connue depuis 1924 en Occident, H. fulva var. rosea, caractérisé par sa couleur rose et son œil clair, donna naissance à une lignée d’hybrides roses.

    H. multiflora : (Rusticité -30 à -25°C) – Chine (Hunan) sur sol rocheux, introduite en 1929. Feuilles non persistantes et disparaissant à l’automne avant la fin de la floraison, étroites, formant une touffe de 75 cm de haut. Nombreuses tiges florales de 1 m de haut très divisées dans la moitié supérieure, produisant plus de 100 fleurs orange pâle aux pétales recourbés et de couleur brun rougeâtre au revers. Fleurs larges de 7,5 cm apparaissant à la fin de l’été et s’ouvrant au cours de la journée. Les gènes « petite fleur » et « scape divisé » sont très utilisés par les obtenteurs.

    H. plicata : (Rusticité -25 à -20°C) – Étages alpin à subalpin dans le S.O. et l’O. de la Chine, introduite en 1923. Racines fibreuses avec renflements aux extrémités. Feuilles non persistantes, pliées sur la nervure, formant une touffe de 40 cm de haut. Tiges florales de 55 cm de haut diversement divisées produisant plus de 11 fleurs jaune orangé. Fleurs en trompette sur un pédicelle de 2 cm.

    H. thunbergii : (Rusticité -30 à -25°C) – Nord de la Chine, Corée, Japon. Introduite en 1873 au Royaume-Uni (Kew). Une espèce vigoureuse et très robuste. Racines compactes. Feuilles semi-persistantes en climat océanique, vert moyen à foncé, formant une touffe de 0,60 m de haut. Tiges florales de 1,15 m de haut divisées dans le quart supérieur produisant plus de 15 fleurs tubulaires jaunes à gorge verte et très parfumées. Nombreuses graines. La longue durée de la floraison et le parfum sont recherchés par les obtenteurs.

    H. yezoensis : (Rusticité -25 à -20°C) – Japon (Hokkaido) et cultivé en Europe et en Amérique du Nord. Racines épaisses et longues. Feuilles non persistantes, larges, formant une touffe de 75 cm de haut. Une tige florale de 90 cm de haut divisée au sommet produisant plus de 12 fleurs jaune vif et parfumées. Fleurs larges de 10 cm.

 

  • Rusticité : Les espèces botaniques sont les plus rustiques. En situation abritée et avec un sol bien drainé les hémérocalles peuvent survivre jusqu’à -15 °C sur une période courte.

 

  • Toxicité connue : Aucune. Les fleurs de certaines espèces sont consommées en Asie.

 

CULTURE

  • Niveau de difficulté : Très facile.

 

  • Sol : Leurs milieux naturels varient des plaines et marais humides aux lisières de forêt, en sol profond et riche. Dans la nature, les hémérocalles acceptent toutefois des situations difficiles et sont indifférentes au pH du sol. En culture, il conviendra de prévoir un sol organique enrichi, drainant pour l’hiver.

 

  • Exposition : L’habitat ouvert d’origine correspond à un minimum de 4 à 5 heures d’ensoleillement par jour. L’ombre inhibe la floraison. En Asie, cette plante est soumise à un régime de mousson d’été humide et d’hiver sec.

 

  • Semis/ plantation : La meilleure période pour la division se situe entre août et septembre, avec un délai pour les variétés à floraison tardive. Les hémérocalles supportent d’être divisées au printemps et même plus tard. Un pied mère de 5 à 10 ans convient parfaitement à cette opération, laquelle devient nécessaire au bout de 20 ans. Il convient de séparer chaque rosette de feuilles avec les racines charnues qui les accompagnent. Les jeunes plants peuvent être provisoirement mis en pots individuels, mais la jauge en pleine terre est préférable (humidité et compost) avant mise en place définitive.
    Le semis conduit à un résultat aléatoire, notamment en termes de fidélité.

 

  • Conduite de culture : La réalisation d’un massif s’obtient en espaçant les plantes de 60 cm à 1,20 m selon la taille adulte, à raison de 6 plantes au mètre carré. Il est nécessaire de creuser un trou assez profond pour permettre un bon étalement des racines charnues. La couronne (base des feuilles) doit se retrouver à environ un centimètre sous la surface du sol. Attention : une plantation trop profonde peut limiter la floraison. On devra arroser assez abondamment pendant trois semaines après la plantation et pour, plus de sécurité, pailler les jeunes pieds pour leur premier hiver.

    L’apport de fumier décomposé ou de compost est à faire au printemps, avant fin juin. On peut aussi recourir à un engrais NPK 7-11-11 ou à l’apport d’un peu de cendres de bois riches en potasse, laquelle assurera la qualité de la floraison.

    Pendant la floraison, le nettoyage quotidien des fleurs fanées et des ovaires allonge la durée de la floraison. C’est aussi à ce moment-là que des apports d’eau sont nécessaires, en situation sèche.

    Après la floraison, la suppression des hampes évite la montée en graine au profit de la formation des réserves racinaires.

 

  • Maladies et parasites courants : Les hémérocalles disponibles sont résistantes au gel et aux maladies, elles ne demandent presque aucun soin, sauf à la plantation. Dans certaines régions sévit le moucheron Contarinia quinquenotata. Il se manifeste entre début mai et début juillet par la déformation des boutons floraux sous l’effet des larves de l’insecte dont le cycle est d’une génération par an. Le meilleur moyen de lutte est de piéger l’adulte pondeur à sa sortie de terre, fin mai, sur des plaques jaunes et collantes. En complément, le bon sens du jardinier « écoresponsable » sera de supprimer les boutons déformés pour réduire avec le moindre impact le risque de propagation de ce petit problème.

    En terrains contaminés par Pythium, Phytophthora, Rhizoctonia ou Fusarium, la pourriture de la couronne est possible. Les nématodes produisent le même effet et on se méfiera des limaces, lesquelles, après un hiver doux, seront nombreuses à convoiter les jeunes pousses, somme toute, rien de très spécifique aux hémérocalles.

 

 

Fiche rédigée par Frédéric Pernel, SNHF, section Art des jardins .

 

Pour en savoir plus :
The gardener’s Guide to growing daylilies, Diana Grenfell, David & Charles, 160 p., 1998,

Vivaces, Ulmerium Plantes de jardin, Didier Willery, Ulmer, p. 170-171, 2012.

Encyclopédie des plantes vivaces, Graham Rice, Royal Horticultural Society, Gallimard, pp. 241-249, 2006

Spinning magic, The Garden, Royal Horticultural Society, pp. 439-441, June 2001.

Spider daylilies by the hundreds, The Garden, Royal Horticultural Society, p.11, January 2002.